Consensus, et vous ?
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Le consensus mou est un pléonasme ; un accord qui convient à une majorité , une foutaise ou plus probablement un foutage de gueule.
Le consensus ce n'est pas simplement un accord en vue d'une action, c'est un accord plus vaste qui frise les idées reçues, les choses classées sans suite, de celles qui ne valent pas la peine d'y mettre le nez ; ainsi une multitude de détails, d'anomalies, d'injustices, d'à-peu-près, d'erreurs sont laissés pour compte par tous ceux qui sont trop pressés, trop oppressés, trop contraints et néanmoins bienheureux. Quand on n'a pas le temps, c'est qu'on est important.
Voilà, j'ai envie de hurler, mais je n'ai pas envie que vous m'entendiez, j'ai envie que cette énergie qui se coince dans ma gorge dans un cri que je ne pousse pas se transforme en actes soutenus, partagés. Que quelque chose se dénoue. Mais je n'ai pas plus que les autres de solutions, moi-même !
C'est toujours la même chose : on nous balance des leurres – on parle des municipales, hein, mais on n'en parle pas ! Pour les uns, ce sont les Roms, pour les autres, dénoncer qu'on nous balance que ce sont les Roms.
Alors admettons : on les fout tous dehors, ils retournent tous « chez eux », et ils ne reviennent pas ! Problème réglé ? Je vous le demande ! (1)
Les immigrés grillés sur leur rafiot : on ferme les frontières ou « on fait des couloirs » ; problème réglé ? Je vous le demande !
La Gauche ( avec majuscule, tiens) , s'acoquine avec le PS ou bien pas : problème réglé ? Je vous le demande ; Et ainsi de suite...
J'ai l'impression que la Grande Épée, c'est Fukushima ; eh bien, à Fukushima personne ne veut ni ne peut rien faire, parce que les jap's sont trop fiers pour qu'on les aide ! Non, mais où en sommes-nous ?
Déjà on a fait une croix sur les retraites, Le GMT rapplique à grands pas, mais bof, au point où on en est ! Parce que nous en sommes à ce point.
Alors je parle de soupe, de papillon et de mouches... c'est pas qu'il faille absolument parler, mais c'est un peu de ce cri qui cherche diversion dans des choses plus profondes, peut-être plus essentielles.
Et puis tout ça ne nous empêche pas d'avoir chacun ses petits soucis, sa santé, son boulot, ses désespérances...
On dit, c'est la peur de l'avenir, bah caca, quelle engeance que tous ces pauvres types qui ne comprennent rien à rien , qui ont peur et se plaignent et geignent et râlent..
Non, ce n'est pas la peur : c'est l'horreur d'un pouvoir qui ne dit jamais son nom et contre lequel seulement le grand nombre peut faire quelque chose ; l'horreur de comprendre que le grand nombre ne se bouge que quand il est atteint au cœur, tous ensemble parce que manipulés par quelque beau parleur.
Alors ?
Qu'avons-nous en magasin pour nous tirer vers le haut ? Quel choix ? Quel modèle ? Quel but ? Quel courage, quelle audace, quelle imagination, et combien de temps ?
Je regarde autour de moi ; d'abord moi : je ne fais rien, chaque fois que j'ai tenté des rapprochements, que j'ai fait des propositions- très locales il est vrai tant je sais qu' hors le local, la politique n'est qu'affaire d'ambition-, elles tombaient toujours à plat, au point de me lasser ; retour à la case départ, mon petit monde fidèle à mes idéaux, exemplaire en petit, mais j'y étouffe. Alors je cause et vais me remettre à chanter. Donc il n'y a rien à voir de ce côté là.
Les autres, il y a plusieurs catégories :
Ceux qui bossent, gagnent peu, n'ont aucun espoir de mieux et trouvent leur bonheur en famille ou avec les copains . Ceux-là ne veulent pas entendre parler de politique, ont vite fait de juger les râleurs de paresseux et n'ont aucun espace pour développer une largeur de vue. On pourra les dire préoccupés d'eux-mêmes mais ceux que je connais bien ne sont pas assez meneurs pour tenter de remuer quoique ce soit dans leur entreprise ; ils se plient aux restrictions en essayant de ne pas trop se ratatiner. Certains développent une vraie sagesse de vie, les humbles qui ne s'attendaient pas à ce que le monde tourne autour d'eux, et votent NPA !
Ceux qui cherchaient d'autres voies, se sont ramassés, tombés dans la déglingue ou sont morts.
Les nantis ; un gros paquet par ici. Paradoxalement, tellement nantis ( et je ne parle pas d'argent spécialement, mais de culture, d'aise, de classe sociale dite moyenne moyenne supérieure, du bien-fondé de leurs valeurs acquises et pas remises en question, bref un fondement, des assises d'une personnalité, solides, qu'on pourra dire bétonnées pour ceux qui apparaissent peu enclins à l'ouverture,) qu'ils se plient aux dégradations insensées de leurs conditions de travail mais plus encore du bien fondé de leur travail, de l'utilité de leur travail ; beaucoup d'enseignants, d'éducs là-dedans ; ils foncent en Orient l'été pendant leurs vacances, pour se ressourcer, tombent ou sont tombés amoureux et s'en contentent ! Je leur reproche ça : la recherche de leur équilibre personnel, avec ce qui reste. Assez de fric pour déguerpir, la société est faite pour eux : le fric comme dérivatif, le malheur est qu'ils s'en contentent car, malgré leurs diplômes, leur culture – quoique- ils n'ont guère d'idéaux ni d'idées personnelles en ce qui concerne la marche du monde. Néanmoins, ils votent Mélenchon !!
Chez les nantis toujours, les gros gros nantis ; j'en ai parlé souvent, le formatage a très bien réussi avec eux, ils lisent Nouvel Obs, croient BHL, votent verts tout en étant libéraux même s'ils ne savent pas très bien ce que cela implique et sont convaincus que le peuple est con, car s'il ne l'était pas, il serait comme eux !
Les artistes : aucun maudit dans mes connaissances ; des gens bien dans leurs basketts, libres qui mènent leur vie, épanouis, cultivés, généreux, ouverts, hospitaliers, agréables à fréquenter, donnent du bonheur – surtout les musiciens- flippent de ce qui se passe, voient leur niveau de vie baisser, mais il en reste assez quand même ; des gens biens, pas sectaires, pas coincés ; tentent des coups à la façons des situas ou bien se fendent d'événements culturels où ils laissent une partie de leur peau en bénévolat ; ah, si tout le monde était comme ça !!
Les artistes plastiques, plus égocentrés, très écolos qui mènent une vie en harmonie totale avec leurs idéaux ; ils mènent une vie sociale amicale mais ne militent pas ni n'agissent au cœur d'associations, on va dire qu'ils sont individualistes, certains se disent anars ; alors même qu'ils sont très au fait de ce qui se passe de par le monde ; eux aussi votent Mélenchon !! ou vert.
Les paysans ; tout un programme ; il y a ceux qui se sont engagés politiquement, ceux de la Conf', et tous les autres. Sans plus de commentaires ici !
Les artisans, les entrepreneurs : ceux qui réussissent bossent 110 heures par semaine et ont encore deux ans d'espérance de vie, les plus petits trouvent un équilibre, les micro n'existent plus, les faux se ramassent à la pelle... je ne vois pas beaucoup d'idées de paroles ou d'actes pour changer les choses, par là.
Et puis il y a les autres, les vieux, les célibataires, les veufs les veuves, les abandonnés, les solitaires ; de ce côté là non plus il n'y a pas beaucoup de chance de trouver le déclenchement du début de la fin.
Enfin, il y a les partis politiques, le lieu où, de manière privilégiée, les idées se brassent, les actions se décident, l'avenir se dessine ; eh bien il semble pourtant que les idées soient bloquées en amont, sûrement pour être plus visibles ; indéboulonnables pour qu'on n'y perde pas son latin ; ce sont des lieux d'adhésion qui rend l'obéissance douce mais au fond j'y perçois, en toute nécessité d'efficacité, un indépassable canevas aux dessins bien banals. Une armée dont les soldats s'alignent, tandis que les généraux se déchirent, et oeuvrent en silence en vue des élections. Mon dernier espoir s'est écroulé : personne ne semble avoir assez d'à propos, le réflexe indispensable pour enclencher le frein à cette force d'inertie qui nous rend lourds, nous handicape et nous tuera, pour amorcer l'élan qui nous fera sortir de la roue infernale, celle qui nous sert d'environnement professionnel autant que culturel.
Alors certes, j'ai fait mon tour de table, je ne vis pas dans la mêlée des villes, la foule des gares le matin, la ruée des soldes, les queues au cinéma américain, les embouteillages du vendredi soir sur les périphes, les bouchons sur l'A1 en été, mais je ne suis pas sûre non plus que ce soit là qu'on trouve l'idée pour en finir avec ce foutu temps des faux jetons.
Au niveau local je vois et je profite de réseaux agricoles et marchands qui ne sont pas des boutiques de luxe pour bobos exclusivement, mais des coopératives ou des producteurs dont le travail et la profession sont étroitement liés aux idéaux ; et ceci, c'est parfait, mais seulement lié à la nourriture, et si l'élevage de poules viande bio tout proche n'a rien à voir avec l'élevage en batterie, mon cœur se serre quand même, quand j'y promène les chiennes, de regarder ces poules et ces pintades s'ennuyer en attendant la mort ; les céréales, légumineuses et oléagineux sont inexistants chez moi en bio et en France largement insuffisants pour la consommation intérieure ; cependant personne ne songe au prosélytisme : le département subventionne, couci couça, mais des professionnels qui s'installent ou se convertissent, qui doivent être gros, encore et toujours gros, matos, espaces, bâtiments, il faut être gros...
À cet endroit précis on va essayer de ne pas trop trouver à redire, -je ne m'en prive pas pourtant !- ni dans l'organisation de lutte contre les gaz de schistes où tout ne s'est pas toujours passé tout seul mais, bon an mal an, il y a un bon réseau prêt à mordre.
Alors, quand on voit l'ampleur des dégâts, le travail à faire pour réparer, remédier et tout et tout, sûr que j'apprécie mes salades mais elles ne suffisent pas à me rendre heureuse !
Au bout du compte, on pédale de plus en plus vite dans notre roue, que ce soit pour payer nos dettes ou acquérir le dernier colifichet qui nous consolera ou, comme ici, à dénoncer, dénigrer, moquer, râler, se plaindre, s'exprimer, décompresser, sans parler des coups de gueule, des insultes, toute cette énergie, cette intelligence, cette conscience et cette expérience parfaitement inutiles sitôt qu'on a mis le nez dehors, avec cette lancinante résignation qui nous taraude du repli sur soi, de l'échine courbée, de l'égoïsme volontaire ou même, faire le mort, comme le font les animaux piégés, hiberner, comme le font ceux face au temps des conditions de vie trop difficiles. Il y a toujours eu les épris de boisson, pour oublier ou s'anesthésier, les drogués les joueurs et les petits joueurs !! Pourquoi ai-je l'impression que ces catégories d'humains se sont développées, et, comme on dit vulgairement, ont fait des petits. À d'autres les scénarios les plus éculés : on ne peut inventer qu'à partir de ce que l'on sait déjà, guerre, coups d'État, écroulement, révolutions, émeutes récupérées, on ne sait pas, on se prépare, mais nous ne serons jamais prêts, on n'est jamais prêt, et personne n'envisage la victoire aux élections d'un Parti de l'Humain, d'un Parti du respect du vivant, un pari de partage, un parti dans les parages de nos aspirations... pourquoi ?
J'avais tendance à penser que c'était moi et ma névrose bonbon, ma vue, mon exigence ; mais bon sang pas du tout, pourquoi sommes-nous si nombreux à...
Attendre. Godot sans doute... unis dans un même sentiment ?
(1 : il y a une pétition qui se balade pour que la Roumanie soit exclue de l'Europe, parce qu'elle extermine atrocement ses chiens errants.)
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