Conte d’un enfumage pour supprimer les libertés publiques
Il était une fois un beau pays, naguère prospère et à la pointe du progrès humain et social. Meurtri par deux guerres mondiales et la perte de son empire colonial, il a sombré dans le déclin et la crise économique depuis la mort d'un valeureux général, dernier chef d'état dôté d'un certain sens de l'intérêt général. Les démagogues élus par un peuple sous l'influence de médias dignes de certaines dictatures des années 30 ont oeuvré pour dénationaliser ce charmant pays : perte de sa monnaie, abandon de sa souveraineté, division de sa plèbe par l'abrutissement consumériste, délocalisation de son industrie, marginalisation des jeunes, ainsi que corruption... Rien n'a été épargné à ce pays, qui tenait encore debout grâce à ses acquis républicains, dont la liberté d'expression et celle de manifester, ainsi que de faire grève.
Qu'à cela ne tienne, nos contremaitres aux ordres des marchés financiers allait remédier à cela. Pour supprimer les quelques libertés individuelles encore en place, un véritable frein pour l'économie libérale, il fallait des prétextes, des motifs justifiant la mise en place d'une dictature de salut public. Pour cela, on mettait en scène le désordre. Le hooliganisme, par exemple, dans la malheureuse ville de Marseille, déjà sinistrée par la délinquance, où les voyous anglo-russes ont démontré qu'il n'est jamais bon de laisser le peuple en liberté... Mais cela n'était qu'un hors d'oeuvre annonçant la suite.
Le mardi 14 juin, une gigantesque manifestation était organisée à Paris, par des salariés refusant une réforme qui entreprenait de ramener le code du travail à la législation en vigueur vers 1860. Il fallait discréditer les mécréants qui osaient braver l'ordre libéral et défier le CAC 40. D'où les casseurs, vieux procédé pour démolir un mouvement social. "On" téléguide des simples d'esprits, en leur associant des indicateurs de police et quelques infiltrés, et on casse tout : commerces, vitres d'appartements, et même hôpitaux et laboratoires d'analyses médicales. "On" tague les murs de slogans crétins pour faire bonne mesure...
Rien de nouveau au royaume de la voyoutocratie. Il y a plus de trente-cinq ans, les manifs de la CGT étaient déjà inflitrées par des policiers en civil chargés de faire de la casse (affaire du défilé des métallos).
Seul hic, le baratin des médias aux ordres est désormais contrebalancé par les progrès technologiques. Le peuple filme et produit sa propre information, diffusée sur le web. Et voilà le résultat :
Sur cette vidéo d'amateur, on aperçoit des types camouflés, dont aucun n'a été interpellé, casser en marge de la manifestation. Les policiers reculent en bon ordre (vers 1:00) pour permettre aux lascars de "travailler". Bref, du grand classique...
Rien à voir avec les manifestants, dont certains ont encaissé des coups il y a quelques temps en assurant la sécurité de cortèges (un instituteur du Snuipp notamment).
Le sociologue Noam Chomsky avait décrit ces processus en citant le Chili de Pinochet en exemple : désordre/répression/suppression des libertés et des lois sociales. Il ne faisait que reprendre Orwell. A présent, c'est le royaume des droits de l'homme qui encaisse.
Mais non. Les méchants princes n'auront pas le dernier mot. Nous ne voulons pas d'un système où toute liberté serait surveillée et restreinte, où le quidam devrait trimer soixante heures par semaine pour gagner sa vie de serf. Nous voulons rester en démocratie. Que tous ceux pour qui la collectivité représente encore quelque chose, patriotes républicains, syndicalistes ouvriers, jeunes et vieux, s'unissent. La résistance française très diverse, de 1940 à 1944, a montré l'exemple face aux tyrans. Que ces derniers tremblent pour les vitres de leur Mercédès, qui valent beaucoup moins que celles de nos hôpitaux sinistrées par leurs chiens de garde !
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