Contre la réforme territoriale libérale-régionaliste, jacobin et fier de l’être !
Pendant qu'on distrait les gogos avec un redécoupage régional aussi ridcule qu'inutile, l'essentiel se trame en toute discrétion. L'essentiel, c'est la suppression des assemblées départementales que prépare le projet présenté par Hollande. Ce caprice présidentiel ne sera pas, nous dit-on, soumis à référendum. Double déni de démocratie ! Les français, voyez-vous, pourraient avoir le mauvais goût de manifester leur attachement à ce cadre républicain menacé par la réforme libérale-régionaliste...
On croyait pourtant avoir touché le fond avec l'inepte projet de conseiller territorial. L'UMP, souvenez-vous, voulait faire siéger les élus des départements... dans les conseils régionaux. Motivation purement politicienne : faciliter la reconquête des régions par la droite, mieux implantée à l'échelle départementale.
Avec l'alternance, cette réforme idiote a heureusement rejoint la poubelle de l'histoire avec son concepteur à talonnettes. Las, les solfériniens avaient à coeur de démontrer qu'ils n'étaient pas en reste en matière de bricolages institutionnels stupides. Leur trouvaille : le binôme d'élus départementaux. But de la chose : éradiquer les forces minoritaires, notamment celles qui subsistent à la gauche du PS, en augmentant la taille des cantons.
Mais le pire était à venir. Le pire, je le dis d'embléee, ce n'est pas ce puzzle assez grotesque que nous a présenté Hollande. Car voyez-vous, l'essentiel du projet est tellement scandaleux qu'il fallait bien distraire l'attention du bon peuple. A cet égard, le PS ne remerciera jamais assez les rebelles de café du commerce, qui babillent jusque sur les forums citoyens leur haine du "millefeuille territorial" et de ses élus supposés avides de prébendes et de sinécures. Curieux spectacle que celui de ces contributeurs qui croient faire oeuvre d'indépendance d'esprit en répétant les poncifs véhiculés par l'oligarchie médiatique. Il devra aussi une fier chandelle à ceux qui s'écharpent déjà sur la future carte des régions.
Le projet annoncé par Hollande vise en effet principalement à préparer la suppression des assemblées départementales en dépouillant les départements de leurs compétences. Double déni de démocratie : l'idée est rien de moins que supprimer une assemblée élue (il y a trop de démocratie dans ce pays ma bonne dame !). Et on ne consultera évidemment pas les français sur le douteux caprice d'un président démonétisé (trop de démocratie, vous dis-je).
Car les français, voyez-vous, ont le mauvais goût de ne pas toujours adhérer aux vues de l'oligarchie, comme on l'a vu en 2005. Pour le sujet qui nous occupe, gageons que dûment éclairés sur les enjeux du projet, ils ne tarderaient pas à rejeter avec force ce projet libéral-régionaliste.
Il y a d'ailleurs une coéhrence entre le projet euro-libéral refusé en 2005, et l'actuel bricolage hollandiste. Dans les deux cas, l'idée est de défaire par tous les bouts l'édifice républicain traditionnel : Etat, département, commune. Autant que faire se peut, on cherche à faire sortir la décision du cadre habituel de délibération démocratique. La suppression des assemblées départementales et les transferts de compétence qui l'accompagnent ferait disparaître en catimini des pans entiers de l'intervention publique. S'ajoutant à la mort déjà imaginée par certains des petites communes, ce seraient ainsi d'inombrables territoires et populations fragilisées qui se trouveraient privés du soutien de la puissance publique.
L'oligarchie vomit la tradition républicaine, obstacle à sa rapacité. Elle la baptise jacobinisme. Eh bien messieurs les puissants, je suis fier d'être jacobin, car c'est là l'expression la plus belle de la solidarité nationale.
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