COP 21 dernière chance pour le climat ?
Les négociations pour la Conférence internationale sur le changement climatique qui doit se finaliser en décembre piétinent au grand dam de notre ministre des affaires étrangères. L’enjeu est de taille : limiter la hausse des températures à 2° pour éviter les effets en chaine : fonte des glaces arctiques qui libéreraient du méthane (au potentiel 23 fois supérieur au CO2 par molécule en terme de capacité de réchauffement). Mais arrivera-t-on à un accord suffisant ? Rien n’est moins sûr !
D’abord parce que la hausse des températures est déjà là : nous sommes à plus 0,9 ° par rapport à l’ère préindustrielle. Le charbon et le pétrole déjà utilisés font leur œuvre et ce pour encore longtemps (le CO2 reste 200 ans dans l’atmosphère). Les effets sont déjà là aussi : la fonte de la banquise autour du Groenland qui donne accès à de nouveaux trajets maritimes prouve bien qu’il y a une accélération du réchauffement (le niveau actuel de la banquise était prévu pour 2025 !). De même, le fait que les années actuelles soient les plus chaudes depuis que l’on effectue des relevés n’est pas bon signe (voir http://www.christophebugeau.fr).
Les participants de la conférence sont conscients de ces réalités mais les intérêts immédiats prennent le pas sur l’intérêt de long terme. Chacun essaie de tirer la couverture à soi, pour faire le moins d’effort possible et concernant les pays développés pour faire le moins de contribution possible vers les pays pauvres (ils s’étaient engagés à verser 100 milliards d’aide annuelle à compter de 2020).
Selon les fuites qui sont sortis des négociations, les engagements proposés par les différents états limiterait la hausse à 3-4 °, ce qui est moins que les 6-7° prévus à l’heure actuelle selon le scénario le plus pessimiste qui consisterait à continuer la tendance actuelle. Mais c’est très insuffisant pour assurer la stabilité du climat.
Il est donc impératif que les Etats progressent dans leurs engagements même si ce sera très difficile : depuis le premier rapport sur le changement climatique en 1990, non seulement les émissions n’ont pas diminuées, mais elles ne se sont pas stabilisées, ni même connu une augmentation régulière, elles ont augmenté de façon exponentielle pour atteindre un niveau jamais égalé. Il est donc difficile d’inverser la tendance !
Aujourd’hui l’essentiel est donc de prendre conscience que s’il faut éviter au maximum la hausse des températures et l’effet de serre au niveau mondial, une partie du réchauffement ne pourra pas être évité et il faudra en gérer les conséquences : en France si l’on se base sur une hausse de 3° au niveau mondial la hausse des températures sera plus forte (et encore plus forte dans l’arctique !). Or, une hausse de 1° correspond à une remontée des zones climatiques vers le nord de 180 km. Ainsi, selon les estimations actuelles en 2025, Lyon aura un climat méditerranéen et en 2050, ce sera Colmar ! En 2100, ce serait tout le pays qui aurait probablement un climat assez chaud…
Il est donc nécessaire de prendre d’ores et déjà des mesures, notamment pour économiser l’eau et la stocker (pour l’agriculture en particulier). Une hausse des températures entrainera une baisse des rendements si nous n’irriguons pas.
D’autre part, il sera indispensable de relever les digues le long du littoral et des estuaires : l’on table officiellement sur une hausse du niveau de la mer de 1m en 2100, or il pourrait bien atteindre 2-3m. Si aucune précaution n’est prise il est clair que des submersions auront lieu en cas de tempêtes.
Et c’est notre dernier gros problème, ces dernières risquent de se multiplier, il sera donc nécessaire là-aussi de prendre des précautions, notamment vis-à-vis des bâtiments légers ou fragiles, et une action de long terme devra être menée pour protéger les forêts.
Enfin, il est probablement que sauf changement majeur de stratégies des Etats (fin des émissions de gaz à effet de serre et donc arrêt d’utilisation du pétrole), il sera impératif de mettre en place une ingénierie climatique afin de limiter les dégâts. Nous serions amenés à « contrôler » le climat après l’avoir déréglé en espérant que le remède ne sera pas pire que le mal !
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