Copé / Marine Le Pen : à quand le PACS ?
La ligne Buisson a mis KO debout les centristes de l'UMP.
Si l'on veut bien saisir les enjeux posés par la victoire de Jean-François Copé sur François Fillon, il faut revenir non pas sur l’épisode du pain au chocolat, propos de tribune anecdotique, mais plutôt sur l'acte fondateur du vainqueur, à savoir la publication de son livre, “Manifeste pour une droite décomplexée” (Fayard, paru le 3 octobre dernier).
Le maire de Meaux y évoque sans détours le "racisme anti-Blancs", une expression dont le copyright appartenait jusqu’alors au Front national. "Un racisme anti-Blancs se développe dans les quartiers de nos villes où des individus – dont certains ont la nationalité française – méprisent des Français qualifiés de “gaulois”, au prétexte qu'ils n'ont pas la même religion, la même couleur de peau ou les mêmes origines qu'eux", écrit-il.
Cette formulation choc a provoqué il y a quelques semaines un tollé à gauche, ce qui est normal ; elle fut aussi critiquée à mots couverts par François Fillon ou Nathalie Kosciusko-Morizet, attelage libéral à qui tout semblait sourire à ce moment là.
Le député de Seine-et-Marne savait-il ce qu'il faisait en utilisant une formule chère au FN ? Aucun doute là-dessus : "Je brise un tabou en employant le terme de 'racisme anti-Blancs', précise-t-il dans son livre, mais je le fais à dessein, parce que c'est la vérité que vivent certains de nos concitoyens et que le silence ne fait qu'aggraver les traumatismes."
M. Copé a assumé ses propos par la suite. "Personne n'est propriétaire ni des mots ni des idées. Ou alors, ce serait le monde à l'envers", a-t-il expliqué. "Je ne vais pas m'excuser de dire une réalité", a-t-il poursuivi, en soulignant que son expérience de maire de Meaux, sur laquelle il revient sans cesse dans son ouvrage, le rend légitime à "traiter les sujets qui indignent, qui exaspèrent, qui inquiètent les Françaises et les Français".
Dans son ouvrage, M. Copé s'adresse du reste nommément "à tous ceux qui se sentent ignorés et méprisés" par les "bobos" de Saint-Germain-des-Prés et du petit monde parisien" qui ne comprendraient pas leurs interrogations. Ceci est un thème classique du FN (les élites méprisent le peuple).
Le futur président élu de l'UMP s’est donc - et dans une certaine mesure avec audace car c’était un coup de poker très risqué - distingué de son concurrent sur la position à adopter au sujet du Front National, et ce face aux militants.
Et le choix final de ceux-ci, en creux, c’est qu’ils ont dit oui à ce cap.
Si Copé et Fillon refusent officiellement les alliances avec le parti d'extrême droite, M. Copé a en effet reproché à M. Fillon son manque de "clarté" sur le "ni FN ni gauche" quand la droite est absente du second tour. "C'est une différence entre François Fillon et moi, je n'appellerai jamais à voter pour le PS, qui est allié avec l'extrême gauche de Mélenchon".
Ceci signifie, si on comprend bien le français, qu’en cas de duel au second tour PS / FN, l’UMP copéiste ne mettra désormais plus de bâton dans les roues au FN, en appelant au “vote républicain”. C’est exactement le contraire de ce que prône, par exemple, Nathalie Kosciusko-Morizet.
Voilà un virage doctrinal important. La victoire de Copé implique peu ou prou un virage assumé à droite pour l’UMP. Beaucoup d’observateurs ont écrit à juste titre qu’avec l’échec relatif des centristes liés à Fillon, c’était la ligne Buisson qui avait gagné.
Les mois qui viennent montreront si cette analyse est juste, et si l’UMP y survit : l'UDI de Borloo rôde dans les couloirs, prêt à accueillir d'éventuels clônes de Chantal Jouanneau.
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