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Accueil du site > Tribune Libre > Corvéable ? A qui dit-on merci ?

Corvéable ? A qui dit-on merci ?

La corvée (du latin corrogare, « demander ») est un travail non rémunéré imposé par un seigneur/maître à ses dépendants, qu'ils soient de statut libre ou non. Elle est un rouage essentiel du système politico-économique médiéval et tire son existence de la rareté de la monnaie à cette époque. C'est un impôt perçu de manière non pécuniaire.

Toi aussi cher ami, tu es rassuré de savoir que cet impôt en nature a été aboli en 1789. Que tu n'auras pas à prendre une pioche pour aller construire une cabane à outil dans les jardins de l'Elysée. Mais attendez... J'ai travaillé moi lundi, et je n'ai pas été payé... Pourtant je n'ai pas souvenir de m'être impliqué dans du bénévolat ce jour là en particulier. Que m'est il arrivé ? Où est mon salaire crénom !?

Voila je me suis renseigné, j'ai travaillé le lundi de Pentecôte, qui est jour de fête depuis plus de mille ans. Mais pourquoi ? L'Etat m'y contraint en tout état de cause. Je travaille donc une journée entière pour que l'Etat encaisse 2 milliards d'€... MAIS C'EST EXACTEMENT COMME LA CORVEE ?!?! Non non rassurons nous, notre République n'est pas du tout sur la pointe des pieds en train de réintégrer doucement des impôts médiévaux. Et pour preuve ! Ce n'est pas une corvée mais une "journée de solidarité" qu'elle a réinstitué en 2004. Me voila rassuré, je ne me suis pas fait enfler, j'ai été solidaire.

Je ne suis pas corvéable à merci, je suis solidaire avec les vieux. Ça sonne mieux non ? Je ne suis pas une vache-à-lait, je suis un contribuable, je suis une pierre dans l'édifice d'une grande cause. (Je ferai un article complet sur ce dont Marcuse nous avait prévenu en 1968, comme le rappelle Franck Lepage dans Inculture, que les mots sont manipulés pour que nous ne puissions pas réfléchir convenablement). Mais de qui se moque-t-on franchement, ce n'est pas à un goupil qu'on va apprendre à faire des pirouettes lexicales !

"Journée de solidarité". Il fallait au moins cette dose de mièvrerie pour lubrifier suffisamment ce nouvel impôt. Et même au pays des schtroumphs la pilule est difficile à avaler (j'essaye ici de me persuader que cet impôt s'administre par voie orale... et c'est très dur). Qui dans la salle osera mobiliser son intellect de bonsaï et me prétendre que c'est pour une bonne cause ? Il n'y a pas de bonne cause. Voici les faits : Si les personnes âgées avaient besoin de 2 milliards, il était du devoir de l'Etat de dégager cette somme de son budget, pas d'augmenter les impôts de la dite somme sous une forme fourbe dont la vache-à-lait (contribuable) ne se rendrait pas compte.

Nous avons pas assisté en 2004 à une grande oeuvre de solidarité mais à une augmentation des impôts et à une manipulation des masses de la pire sorte. Celle qui utilise les bons sentiments contre ceux qui les éprouvent. Si j'en parle maintenant c'est qu'il est question d'ajouter un petit frère à cette journée de solidarité... Je ne sais quel nom ils trouveront : "Don de soi pour une gloire éternelle dans l'au delà", "Allègement programmé des vicissitudes du monde matériel", "Croissance de l'impact de l'acteur fiscal pour un monde meilleur." Je vous laisse en trouver d'autre j'ai la flemme là.

Tout ceci pour vous prévenir qu'à laisser des énarques puiser des idées dans le monde médiévale, on va finir par voir des tout petits présidents venir réclamer les cuisses de nos filles en brandissant la loi. Nous n'aurons qu'à nous en prendre à nous même (mais si vous voulez vous en prendre à eux auparavant je suis partant hein)

Fiscalement vôtre 
Renart


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13 réactions à cet article    


  • Robert GIL ROBERT GIL 20 juin 2011 11:35

    voici une lettre a LAURENT WAUQUIEZ ecrit par un allocataire du RSA :

    http://2ccr.unblog.fr/2011/06/17/rsa-lettre-a-laurent-wauquiez/


    • Taverne Taverne 20 juin 2011 11:42

      Et si on vous propose un massage des pieds, dites bien « non merci pas Tron ! »


      • Kalki Kalki 20 juin 2011 12:54

        Au fait montrez moi simplement une seule personne qui travaille

        il faut peut être aller plus loin que la revendication et la lutte parcellaire pour imbéciles divisés ?

        Bah alors vous voulez pas de l’hypercroissance, et l’hyperchomage ?

        Il faudra plus que des mots, mais des convictions , des choix de sociétés et des actes

        0) La démocratie politique ou la voie d’une seule conscience vaut celle de tous les autres : et le seul système de gouvernement a venir : la démocratie politique est une précondition de la démocratie économique

        Liberté, égalité, Fraternité

        Soit libre, soit conscient, Partage : ou Meurt !

        L’échaffaud est là : quick


        2) L’autonomie matérielle, forcément libre, y compris pour les besoins primaires doit être assuré : et pour ceci il va falloir bouger dans vos cerveaux : l’état ne peut pas tout et l’état économique de l’oligarchie joue contre VOUS
        Hydroponie : 50 euro de matériel et vous produisez assez de nourriture pour vous et votre famille, le problème de nourriture dans le monde et de dépendance est terminé. Construisez vos panneaux solaire : c’est rentabilisé tout de suite, EN UN AN. LA SINGULARITE : C’EST MAINTENANT

      • jymb 20 juin 2011 13:29

        Rien à redire, j’aurais aimé être l’auteur de cet article .

        Ajoutons que dans le système dit médiéval, le seigneur avait en retour le devoir de défendre ses sujets, l’épée à la main et jusqu’à la mort en cas de besoin. 
         


        • Renart De Maupertuis Renart De Maupertuis 21 juin 2011 17:33

          Humble remerciement.

          J’en ai d’autres sous le coude, je ne connaissais pas Agora Vox mais le principe me plais beaucoup :)

        •  C BARRATIER C BARRATIER 20 juin 2011 16:35

          C’est un impôt cette journée de solidarité, qui a été calculé pour n’être payé que par les salariés ! Vous connaissez un seul agriculteur exploitant, un seul artisan, un seul commerçant, un seul pdg qui le paie sur ses émuluments ?
          Un impôt fait pour diviser. Aucun retraité ne le paie, aucun chômeur..Diviser pour régner, sous couvert de financer un petit bout de la perte d’autonomie.

          Car avec le concept de dépendance on a refusé dans les années 90 aux personnes âgées de plus de 60 ans ce à quoi elles avaient droit auparavant en cas de maladie invalidante. L’auteur de l’article connaîtra, son tour venu, la perte d’autonomie.

          En créant cette foutue journée de solidarité on a brouillé le message. Afin de régler le problème de la perte d’autonomie au profit de qui vous savez. Voir « Dépendance, profIts privés pour qui ? »

          http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=185

          La Révolution n’avait pas supprimé les « journées de prestations » gratuites dans les campagnes. Dans les années 60, dans les campagnes françaises, un impôt en nature existait sous la forme de la participation à un travail d’intérêt général. La « journée de prestation », chaque homme en devait 3 par an, chaque cheval aussi....Avec cela on libérait les écarts en cas de neige, on réparait le cimetière communal, on nettoyait les bois communaux. Tout le monde travaillait dans une équipe, les prétendus nobles « De je ne sais quoi » avec leur équipage comme le pauvre diable dans la misère, comme l’instituteur et le curé ou son équivalent local : pioche, hache, pelle, scie, chacun apportait ce qu’il avait, et un casse croûte avec coup à boire qui était partagé.
          On s’appropriait le lieu public où on intervenait, et à l’occasion, un autre jour, on remontait une pierre d’un parapet, on ramassait une branche.
          Je trouvais très citoyen cet impôt local, et finalement très sympathique. Car on savait où allait le fruit de notre effort.


          • Renart De Maupertuis Renart De Maupertuis 20 juin 2011 18:00

            Attention, je n’ai rien contre les vieux. Je dis « vieux » volontairement parce que c’est une vérité.... Comme un noir est noir ou un nain est nain. Je pense que les personnes réellement politiquement incorrectes sont celles qui trouvent que dire « vieux » est péjoratif et qu’il faut remplacer le terme par un autre. Ce sont ces personnes là qui sont insultantes, racistes, intolérantes etc... 


            Je ne suis absolument pas en train de remettre en cause l’aide aux vieux.... Mais plutôt la méthode sournoise du gouvernement qui me hérisse le poil certainement. 

            (L’image c’est à but humoristique :p)

          • eric 21 juin 2011 06:01

            Bah ! Pas tellement le choix....Je crois que c’est Emmannuel Todd, chantre de la deglobalisation qui cite l’OCDE dans un de ses bouquin. Notre systeme de redistribution serait le plus couteux de l’OCDE avec un cout de un euro en frais de fontionnement pour un euro redistribue. Évidemment, si les agents public acceptaient une hausse de leur productivité de par exemple 10%, on aurait très largement de quoi financer les vieux, les jeunes, les murs et les autres. Seulement voila, a la moindre proposition de reforme, ils desendent dans la rue aux cris de faisons payer les riches ! Pas question que nous changions nos mode de travail. Non au demantellement du service public. Si on prend 100% de l’argent des 13 000 plus gros contribuables de France, de toute façon cela ne va pas loin et ne marche qu’une foi. Reste tous les autres, nous....
            Ah si nous avions un gouvernement socialiste de type Suédois qui a fait une évaluation de la productivité des agents publics et a vire tous ceux qui ne servaient a rien ! Mais faut pas rêver...


            • DonKiChut 19 juillet 2011 09:58

              eric, d’accord pour toute évaluation de productivité ... (mais encore faudrait-il pouvoir s’entendre sur le sens de ’productivité’ ...) 

              sinon, vous dites : « Si on prend 100% de l’argent des 13 000 plus gros contribuables de France, de toute façon cela ne va pas loin et ne marche qu’une foi. »
               Si vous l’affirmez, c’est sans doute que vous avez pu faire le compte détaillé : ce serait sympa de nous en communiquer les chiffres

              De mon côté, en me référant au magazine « Le Point » du 14 jiullet 20111, page 57 je peux établir ceci :

               « Les 10 % des Français les plus riches gagnent au moins 37 000€ en 2008 » 
               Ces mêmes 10% seraient sensés pouvoir survivre avec seulement un RSA ( soit, en étant gentils, 500*12 = 6000 € par an) ; c’est à dire qu’ils pourraient redistribuer aux autres au moins 37 000-6000=31 000€ par an.
              - en tablant sur une estimation de 33 Millions de foyers fiscaux (http://www2.impots.gouv.fr/documentation/statistiques/annuaire2001/a1/tab12 .htm) et en voulant bien réduire les « 10 % de Français » au nombre de 3.3 Millions.
              on pourrait redistribuer à chacun des 90% des Français ( soit 65 Millons * 90/100 = 58.5 Millions de Français ) :
               3 300 000 * 31 000) / 58 500 000 = 1748€ par an !

              Qu’on ne me dise pas que « ça ne marche qu’une fois et que ça na va pas loin » !!!
               Ou alors qu’on reconnaisse au moins aussi que déclasser des forces vives de la nation (souvent fort bien formées et expérimentées) pour les reléguer progressivement mais sûrement à un RSA corvéable : « ça ne marche qu’une fois et ça na va pas loin » !!!

               Autre considération :
               Le Point nous apprend encore que « les 10% de Français les plus riches possèdent 46% de la fortune nationale »
               d’où l’on peut déduire que : "  (10+epsilon)% de Français les plus riches possèdent la moitié de la fortune nationale«  
               et que :   »Si on prend 100% de l’argent des (10+epsilon)% de Français les plus riches  de France, cela ne marche peut-être qu’une foi." ... mais ça double la fortune de tous les autres Français !!! Qu’on ne nous pas pas que cela ne va pas loin ! ( cela sous-entendrait que la fortune de 90% de Français est négligeable !) 


            • adrien69 21 juin 2011 10:30

              Je viens de découvir un site de réseau social pour le monde entier , ceci peut vous aider , www.evodoo.com


              • hacheii 21 juin 2011 11:09

                C’est la gauche qui a commencé avec tous ces stages bidons, payés une misère, pour soi-disant aider la jeunesse à s’insérer dans la société.

                On ne travaille pas gratuitement on fait un « stage d’insertion. » On « acquiert de l’expérience »

                C’est la gauche qui a fourni le plus gros contingent de main d’oeuvre gratuite, ou quasi,(stagiaires payé par l’état) aux patrons. Stages qui ne débouchent jamais sur rien, puisque sitôt le stage fini, plutôt que d’embaucher un jeune au smic, les patrons préfèrent reprendre un stagiaire gratuit.


                •  C BARRATIER C BARRATIER 21 juin 2011 22:14

                  J’ai eu l’occasion « d’embaucher » plus de 100 bénéficiaires de ces contrats emplois solidarité, et 70 % sont repartis avec un emploi. Nous avions un système de tutorat et on exigeait beacucoup d’eux. Avec leur travail à mi temps nous organisions des formations qualifiantes. J’ai été surpris du résultat, ils s’accrochaient, se dépassaient !
                  Je ne fais qu’un constat, je n’ai pas de théorie sur le sujet.


                  • DonKiChut 19 juillet 2011 11:02

                     Si votre propre score de rentabilité pour l’embauche de « bénéficiaires » est au moins de 70%, c’est que vous avez bénéficié vous-même d’au moins 143 bénéficiaires (= 100 / 70%).
                    Bravo !

                     autres constats, sans faire de théorie sur le sujet :
                    * parmi ces « bénéficiaires » dont vous exigiez beaucoup, qui s’accrochaient, se dépassaient ... au moins 43 (= 143* 30%) n’ont pas été embauchés.
                    * les Français qui n’ont pas été « bénéficiaires » ont sans doute contribué quelque part au système de tutorat et de formation qualifiante dont ont bénéficié vos embauchés et non embauchés : il leur est difficile, à partir de votre message, d’accéder à une évaluation démocratique et objective de la pertinence et du bilan global des « bénéfices », obtenus par vos « bénificiaires » et qu’ils n’auraient pas pu obtenir si les contributions publiques avaient été plus directes ou gérées plus directement par les services publics.

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