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Coup d’état en Bolivie : Pourquoi Evo Morales a été renversé par Washington

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Discours du Président de la République de Bolivie, Evo Morales, lors du Briefing du Conseil de Sécurité consacré à la non-prolifération, le 26 septembre 2018.

Exceptionnellement, Donald Trump en personne présidait la séance, et s’est donc directement entendu dire ses quatre vérités par le Président d’une nation du Tiers-Monde authentiquement souveraine et populaire. Ce crime de lèse-majesté dans l’arrière-cour des Etats-Unis, chasse gardée de l’Empire, n’a pas tardé à être châtié.

 

 

Transcription :

Donald Trump : Je donne maintenant la parole au Président de la Bolivie.

Evo Morales : Président des Etats-Unis d’Amérique, mon frère António Guterres, Secrétaire Général des Nations Unies, mes frères Présidents, mes frères et sœurs (membres) du Conseil de Sécurité,

Aujourd’hui, la présidence (américaine) du Conseil de Sécurité a invité les membres de ce corps pour discuter de la non-prolifération des armes de destruction massive. La Bolivie se trouve dans une région qui a été déclarée dépourvue d’armes nucléaires depuis plus d’un demi-siècle. Pour cette raison, je m’estime en position de rappeler l’article I du Traité interdisant l’emploi d’armes nucléaires, qui stipule que chaque Etat ayant ratifié ce Traité s’engage à ne jamais, sous aucune circonstance, développer, tester, produire, manufacturer, acquérir de quelque manière que ce soit, posséder ou stocker des armes nucléaires ou tout autres engins nucléaires.

J’appelle tous les Etats réunis autour de cette table à signer, à ratifier et à mettre en œuvre immédiatement cette provision du Traité. C’est le meilleur moyen d’éviter la possibilité catastrophique de l’utilisation de telles armes. C’est une obligation morale et un devoir que nous avons envers les générations futures.

Frères et sœurs du monde,

Les Etats membres de l’ONU sont obligés de se conformer aux principes et objectifs fondamentaux de la Charte de 1945. Par-dessus tout, nous sommes obligés de nous conformer au principe de résolution des différends internationaux par le biais de mécanismes de résolution pacifiques. Aucun de ces mécanismes n’inclut l’usage d’armes de quelque sorte que ce soit, bien au contraire. C’est un appel à la négociation, à la diplomatie, au dialogue et à la résolution légale des conflits : tels sont les principes qui doivent guider les actes des pays de l’ONU pour résoudre les conflits ou différends qui peuvent surgir. La Bolivie est convaincue que ce n’est qu’en recourant à ces moyens pacifiques que nous pourrons construire des sociétés plus justes, et des sociétés qui sont à même d’assumer leur part de responsabilités. Nous devons être capables d’abandonner et de reléguer aux livres d’histoire l’usage primitif de la force des armes entre les peuples.

Je tiens à souligner, en guise d’exemple, la contribution de la Cour Pénale Internationale, l’instance judiciaire principale du système des Nations Unies, qui a été capable de résoudre efficacement des disputes entre Etats dans diverses parties du monde, des Etats qui faisaient face à diverses situations et avaient des plaintes & revendications variées.

Mes frères et sœurs,

Nous sommes convaincus qu’il est crucial d’établir un dialogue non seulement sur les effets, mais également sur les causes structurelles et premières qui mènent à la guerre, et sur les motivations réelles des assauts contre la paix, la sécurité et la justice dans le monde dont nous sommes témoins.

Considérons l’exemple de l’Iran, un pays qui a été mentionné ce matin (comme pays violateur des Traités internationaux par les Etats-Unis et ses vassaux d’Europe occidentale). En 1953, les Etats-Unis ont financé, orchestré et mis en œuvre un coup d’Etat contre un gouvernement démocratiquement élu, qui, dans l’exercice légitime de sa souveraineté, a nationalisé les ressources énergétiques du pays, les reprenant aux mains des compagnies pétrolières anglo-américaines. Après cela, durant de nombreuses décennies, les Etats-Unis ont soutenu un gouvernement autoritaire qui a permis que les profits de la production pétrolière aillent dans les poches des compagnies transnationales. Cette situation a perduré jusqu’à la révolution de 1979. Et maintenant que l’Iran a repris le contrôle de ses propres ressources, il est une nouvelle fois victime d’un état de siège imposé par les Etats-Unis.

La Bolivie condamne catégoriquement l’action unilatérale imposée par le gouvernement des Etats-Unis contre l’Iran. De même, nous condamnons le retrait de Washington du Traité sur le nucléaire iranien (JCPOA), qui se réfugie derrière de vains prétextes pour continuer sa politique d’ingérence dans les affaires intérieures de ce pays frère, l’Iran.

Mes frères et sœurs du Conseil de Sécurité,

Nous voulons aborder la question du Moyen-Orient, une région riche en ressources naturelles, qui est pour cette raison ravagée par les invasions, les guerres et les agressions injustifiées qui continuent à causer des souffrances pour les peuples du Moyen-Orient. C’est dans cette région du monde que les actes d’agression les plus flagrants du XXIe siècle ont eu lieu.

La première agression est l’invasion illégale de l’Irak (en 2003), basée sur le mensonge selon lequel ce pays possédait des armes de destruction massive. Cette invasion a causé plus d’un million de morts.

Le second acte d’agression est le renversement du gouvernement de Libye (en 2011), qui a causé des dizaines de milliers de morts, tout en prétendant que c’était une action humanitaire. La conséquence est une grave instabilité politique et une crise humanitaire dans tout le Nord de l’Afrique.

Le troisième acte d’agression que je dénonce est la guerre civile en Syrie, qui, durant les 8 dernières années, à coûté la vie à plus d’un demi-million de personnes. Cette guerre est le résultat direct de l’ingérence étrangère et du financement de groupes armés et d’organisations terroristes qui se sont dressés contre le gouvernement syrien.

Mes frères et sœurs,

Durant les derniers mois, les Etats-Unis ont une nouvelle fois manifesté leur mépris souverain pour le droit international, pour le multilatéralisme et pour les principes et objectifs de la Charte des Nations Unies. Chaque fois que les Etats-Unis envahissent des nations, lancent des missiles ou financent des opérations de changement de régime, ils le font en se cachant derrière une campagne de propagande qui répète inlassablement le mensonge selon lequel ils agiraient pour réaliser la justice, la liberté et la démocratie, pour les droits de l’homme ou pour des raisons humanitaires.

Je tiens à déclarer franchement et ouvertement en cette assemblée que les Etats-Unis se contrefichent de la démocratie. Si ce n’était le cas, ils n’auraient pas financé des coups d’Etat et soutenu des dictateurs. Ils n’auraient pas menacé d’intervention militaire des gouvernements démocratiquement élus, comme ils l’ont fait avec le Venezuela.

Les Etats-Unis ne pourraient pas avoir plus de mépris qu’ils n’en ont pour les droits de l’homme et la justice. S’ils s’en souciaient un tant soit peu, ils auraient signé les Traités internationaux pour la sauvegarde des Droits de l’Homme. Ils n’auraient pas menacé les mécanismes d’investigation de la Cour Pénale Internationale. Ils ne feraient pas la promotion du recours à la torture. Ils n’auraient pas quitté le Conseil des Droits de l’Homme. Ils n’auraient pas séparé de leurs familles les enfants de migrants, et ne les auraient pas enfermés dans des cages.

Les Etats-Unis ne souhaitent guère le multilatéralisme. Si c’était le cas, ils ne se seraient pas retirés de l’Accord de Paris ou du Pacte international sur les migrations. Ils n’auraient pas lancé d’attaques unilatérales, pas plus qu’ils n’auraient pris des décisions telles que déclarer illégalement Jérusalem comme la capitale d’Israël.

Ce mépris pour le multilatéralisme est motivé par la soif des Etats-Unis pour l’hégémonie mondiale, le contrôle géopolitique et l’accaparement des ressources naturelles (des autres pays)

Mes frères et sœurs,

A la lumière de la situation que je viens d’évoquer, je tiens à saluer les pays – la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine et la Russie – qui ont fermement soutenu l’accord sur le nucléaire conclu avec l’Iran. Nous saluons également les pays qui n’ont pas abandonné l’Accord de Paris, qui défendent le principe de la souveraineté et de l’égalité des Etats, qui appliquent les principes de non-ingérence dans les affaires intérieures, qui respectent le droit international, respectent librement tous ces engagements et défendent le multilatéralisme.

La responsabilité de notre génération est de transmettre un monde plus juste et plus sûr aux générations futures. Nous ne réaliserons ce rêve que si nous travaillons ensemble à consolider un monde multipolaire régi par des règles qui s’appliquent également à tous, et qui sont respectées et défendues face à toutes les menaces qui pèsent sur les Nations Unies.

Je vous remercie.

Voir également ces autres manifestations magistrales de la souveraineté bolivienne, autant de casi bellorum pour Washington.

 

 

 

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5 réactions à cet article    


  • phan 18 novembre 2019 16:57

    Le coup d’État contre le gouvernement d’Evo Morales en Bolivie s’est produit le 10 novembre. Maintenant, la répression la plus terrifiante commence à s’abattre contre le peuple bolivien, contre la classe ouvrière, contre les organisations paysannes et indigènes de base, contre la pensée critique, contre toute personne qui s’oppose au pillage capitaliste, à la déprédation de la nature, à l’exploitation. Le fondamentalisme catholique déclaré et le racisme abject, la misogynie la plus brutale et la nostalgie du temps colonial prennent place avec les putschistes : leurs actions et proclamations annoncent des temps d’effroi. Le coup d’État déclenche l’intensification du pillage du lithium, du gaz, de l’argent, de l’or, de l’étain, du fer, des sources d’eau et autres richesses naturelles. Le coup d’État déclenche l’intensification de l’exploitation contre les travailleurs et les travailleuses, la faim et la répression brutale, la capitalisation des montagnes et des rivières par une poignée de multinationales et par les grands propriétaires termines.
     Sous le gouvernement d’Evo Morales, l’éducation gratuite a été garantie, l’accès à l’eau potable a été universalisé, les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées ont bénéficié de garanties essentielles, l’assurance universelle de santé a été créée, les peuples indigènes sont sortis d’une exclusion séculaire. Maintenant, ce qui vient avec les putschistes fanatiques religieux et avides d’intensifier le pillage capitaliste, c’est la privatisation de l’éducation, le démantèlement de l’assurance universelle de santé afin qu’une poignée de capitalistes puissent tirer des profits de leurs assurances médicales privées. La privatisation de la santé va assassiner par non-assistance médicale des millions de personnes, celles qui ne peuvent pas payer les assurances privées. Peut-être introduiront-ils aussi des caisses de retraite privées, pour spéculer sur des capitaux gigantesques, tandis que les pensions des personnes âgées se réduiront à une misère macabre, comme ils l’ont fait au Chili. Quant aux peuples indigènes, les putschistes font déjà état de leur haine et mépris raciste illimité.
    Sous le gouvernement d’Evo Morales, une partie substantielle des capitaux générés par l’ industrie extractive et les impôts ont été investis dans les services sociaux afin d’améliorer la qualité de vie des personnes les plus appauvries de la classe exploitée (mais les racines du capitalisme n’ont pas été remises en question, et de ce fait une classe exploitée et une classe exploiteuse ont continué d’exister). Les mesures sociales ont évidemment été un soulagement pour des milliers de familles boliviennes, mais comme toute mesure qui ne modifie pas la structure même du système socio-économique, leur durabilité avait une date de caducité. Une date de caducité parce que la classe exploiteuse ne cesse jamais dans son empressement d’approfondir les niveaux d’exploitation et de pillage, étant donné que c’est sur la base de ces mécanismes qu’elle s’enrichit.

    • Lambert 18 novembre 2019 18:08

      @phan
      C’est ce qui se fait aussi chez nous par l’intermédiaire de l’UE.


    • Lambert 18 novembre 2019 18:15

      @Lambert
      Je parle évidemment de la destruction de tout ce qui a été fait pour le bien de la population. Je préfère préciser.


    • lloreen 18 novembre 2019 18:43

      La menace la plus occulte. Celle évoquée par Eisenhower et JFK lors de leurs discours à la nation américaine et plus connue sous le nom du complexe militaro-industriel dont le but est leur dictature mondiale et le plan massif de dépopulation.

      https://www.youtube.com/watch?v=uWAT33oauI4

      Leur façon de procéder est toujours la même : infiltrer et exploser les institutions et les nations de l’intérieur.


      • Marius Morin Marius Morin 20 novembre 2019 00:41

        C’est le Lithium : l’or blanc de la Bolivie que les États-Unis veulent s’approprier illégalement (criminellement) comme ils le font pour le pétrole du Moyen-Orient. Ces Amérindiens boliviens n’ont pas le droit de posséder une telle richesse. Nous qui produisons de la richesse, nous avons besoin du lithium pour nos batteries et nos appareils numériques.

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