Cours particuliers : discrimination supplémentaire ?
Curieux contraste entre l’enseignement officiel gratuit et les soutiens scolaires payants. Encouragé par son efficacité, le cours particulier conforte tous ses acteurs : un complément de rémunération pour les enseignants, le sentiment du devoir accompli pour les parents, la sensation de l’excellence pour tous. Cependant, cette discrimination scolaire supplémentaire réduit l’ascenseur social à une illusion, bien visible par ceux qui en sont exclus.
Dès les premières notes en dessous du niveau requis, dès les premières appréciations défavorables , le recours à des cours particuliers paraît inévitable. Il est en général indiqué par les professeurs eux-mêmes, qui avouent que le système déraille. Ainsi, pour quelques euros de votre poche, ils promettent de redresser la courbe des notes au moyen d’une méthode traditionnelle efficace et individualisée. Dès la foire aux livres de la rentrée, le racolage commence, l’association des parents d’élèves propose souvent son propre réseau, ses profs attitrés, ses bons tuyaux.
Cette proposition est incontournable quand les notes du quotidien plombent définitivement le dossier de l’élève qui se transforme en boulet pour ses études supérieures. Je vise en particulier la classe de première, qui présente un palier parfois surprenant, où les notes de la seconde se divisent par deux, comme si votre enfant entrait seulement à cet instant dans la réalité, et qu’auparavant, c’était pour rire...
Publicité sur tous les médias, ou démarchés directement par courrier ou par Internet, beaucoup de parents considèrent dorénavant normal de faire appel à cette aide externe, à condition cependant d’en avoir les moyens. De 12 à 30€, à raison de deux heures en moyenne par semaine, la note s’alourdit de stages intensifs pendant les vacances. Mais pour celui qui paye des impôts, il est possible de faire des déductions intéressantes, au motif qu’il s’agit d’un emploi à domicile, même si les cours se déroulent ailleurs... qui irait vérifier ?
Ce qui encore plus surprenant, c’est la critique parfois sévère du programme officiel dispensé le jour par ces mêmes professeurs qui, le soir, proposent des méthodes du passé, celles qui selon eux, assurent la réussite.
Disparaissent ainsi les bavardages, les chahuts et autres troubles permanents qui stérilisent les cours . Le soir et le samedi, les coupables sont absents des salles de cours, lesquels cours se déroulent dans des lieux qui seraient considérés comme inadaptés par ces mêmes parents, pour les cours du service public. Parfois, les fauteurs de troubles de la semaine sont les élèves studieux du samedi. En second lieu, le contenu des cours s’intéresse à des aspects négligés ou abandonnés du système scolaire, mais qui forment le socle préalable à l’assimilation des connaissances.
Programmes inadaptés ? Classes surchargées ? Les causes sont probablement plus complexes, mais des solutions existent bel et bien, elle sont en vente libre dans ces cours particuliers, à condition d’en avoir les moyens.
L’égalité des chances est encore mise à mal, c’est pourtant l’effet recherché pour se distinguer des autres , avec la complicité de nombre d’enseignants qui, curieusement, se réclament toujours du service public .
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