Covid-19 : un mal pour l’homme et l’économie, mais un bien pour la planète
Les mesures prises aux quatre coins du monde pour enrayer la pandémie de Covid-19 par des mesures de confinement et des restrictions d’activités, y compris en France par le report du second tour des élections municipales, ne vont pas seulement protéger les humains, elles vont aussi offrir un répit à l'environnement.
Le coronavirus, un mal pour l’homme et l’économie mondiale, mais un bien pour la planète
Il ne s'agit en aucun cas de se réjouir de l'épidémie. Ce n'est pas parce que des gens souffrent et meurent que la Terre va mieux se porter. C'est parce que notre économie carbure aux énergies fossiles et qu'en conséquence, tout ce qui peut la ralentir est bon pour l'environnement. Toutefois si l’on ne parvient pas à terme à une décroissance démographique choisie et équitablement répartie, la situation ne pourra que s’aggraver, avec ou sans Covid-19 et toute forme de guerre contre cet ennemi invisible s’avérera inutile...
Il est évident que les mesures prises pour lutter contre la prolifération du virus vont avoir un impact catastrophique sur l'économie. Cela a déjà commencé et ne peut qu'empirer. Des activités gelées, les bourses qui dévissent, usines à l’arrêt, aéroports paralysés, bref tous les ingrédients sont réunis pour une crise réelle amplifiée par la sphère financière. Ce qui se traduira mécaniquement par une baisse des émissions des gaz à effet de serre (GES). Car moins d'activité, c'est moins de besoin d'électricité, donc moins de charbon brûlé dans les centrales chinoises ou allemandes, c'est moins de déplacements, donc moins d'essence brûlée dans les voitures, de kérosène dans les avions et de fuel lourd dans les paquebots. Ainsi, le Covid-19, en provoquant une grave crise économique, entraîne un répit pour la planète.
Depuis le début de la pandémie, les émissions de gaz à effet de serre et la pollution ont chuté. Par exemple, en janvier et février dernier, la concentration de dioxyde d’azote (NO2), un gaz très toxique émis par les véhicules et les sites industriels, a diminué de 30 % à 50 % dans les grandes villes Chinoises par rapport à la même période en 2019. Le taux de monoxyde de carbone (CO) a quant à lui baissé de 10 % à 45 % dans toute la région entre Wuhan et Beijing. Les niveaux de particules fines ont aussi chuté de 20 % à 30 % en février par rapport aux trois années précédentes ( https://reporterre.net/Pour-le-climat-il-y-aura-un-avant-et-un-apres-coronavirus ). Il aura donc fallu le virus Covid-19 pour que l'activité devienne plus soutenable en terme d'émission de gaz à effet de serre (GES)...
Avec le Covid-19, allons nous vers une décroissance économique obligée qui sous d’autre forme ne ferait qu’anticiper notre vécu futur ?
le gouvernement tablait jusqu'à présent sur une croissance de 1,3 %. Mais, la Banque de France qui prévoit une croissance de 1,1 % en 2020 a annoncé que sa prévision devrait être abaissée lors de sa prochaine publication le 23 mars.
L'OCDE a fortement revu en baisse ses prévisions de croissance pour 2020. La croissance mondiale devrait être de 2,4 % contre 2,9 % auparavant. La zone euro devrait passer de 1,1 % à 0,8 %. En France, la chute serait aussi brutale en passant de 1,2 % à 0,9 %.
Sans compter "l'intelligence artificielle"
En dehors de la crise sanitaire provoquée par le Covid-19, Dans tous les domaines : entreprises, services, santé, hôpitaux, enseignement, transports, militaires etc. désormais « l’Intelligence artificielle » s’installe partout avec des applications de substitution totale de l’intervention humaine aux robots par phases successives.
Avec le changement de statut des robots par internet et l’interconnexion entre eux où aujourd’hui on peut faire fonctionner des entreprises (dites entreprises 4.0) sans peu d’intervention humaine, ce qui va s’amplifier demain avec la 5 G dans les entreprises de la grande distribution, compte tenu des nouvelles habitudes d’achat et de livraisons. Il n’y aura d’ailleurs pas que les entreprises de la grande distribution qui seront concernées par la nouvelle révolution numérique, dont nous en sommes qu'à la préhistoire.
La nouvelle révolution numérique par le changement de statut des robots avec interconnexion entre eux et internet, les méthodes de gestion, production et distribution vont profondément affecter notre vie quotidienne. Cela va modifier nos comportements, nos habitudes de consommation et de déplacements, ainsi que le rapport au travail, notamment par la remise en cause de la notion de « présentéisme » grâce au travail à distance. Cette nouvelle révolution des « intelligences artificielles » va provoquer une mutation anthropologique en totale rupture avec les précédentes. La crise sanitaire que nous vivons ne fait-elle pas, au fond, qu’anticiper sous d’autres formes notre vécu futur ?...
Si la nouvelle révolution numérique offre des avantages concernant la réduction des mobilités avec mise en place de s-hub d'accueil de télé travail proche du domicile, elle suscite des craintes justifiées, tant sur le plan économique et sociétal, voire culturel, ainsi que sur le plan environnemental et énergétique. N’oublions pas que les terres rares (qui ne le sont pas toutes) dont sont issus les métaux rares indispensables aux intelligences artificielles, mais aussi à l’éolien et au photovoltaïque, sans compter l’usage quotidien des ordinateurs, smartphone, télévision, appareils ménagers etc . sont une énergie fossile qui n’est pas inépuisable. Quand on sait que la Chine détient plus de 90 % de la production mondiale alors qu’elle possède moins de 30 % des réserves mondiales, on peut imaginer le pire.
2020 serait-elle la première année où l’homme parviendrait à réduire ses émissions de GES ?
En raison du coronavirus, 2020 cela pourrait être la première année où l'humanité parviendra à réduire ses émissions de GES depuis que les énergies fossiles sont exploitées. Bel et désespérant exploit en même temps. Autrement dit, en l’absence d’une décroissance maîtrisée et équitablement choisie, seules les crises, les dépressions et les récessions produisent des effets environnementaux positifs. Il faut prendre acte que les intérêts de l'humanité et de la nature sont contradictoires, car quand les hommes souffrent, la planète souffle.
Le Covid-19 pourrait-il enfin éveiller les consciences des responsables politiques et espérer qu’ils soient devenus plus attentifs aux appels des scientifiques ?
Quelque part, il est regrettable que pour évoluer vers un zeste de transition écologique, nous devions aller dans ce type de retranchements. Mais également Il aura fallu un virus pour que l'avis de la science, celui des médecins et scientifiques revienne au centre du débat républicain.
Quand plus de de 15 000 scientifiques de 184 pays publient le 13 Novembre 2017 une alerte solennelle au monde et soulignent le danger de voir l’humanité pousser « les écosystèmes au-delà de leurs capacités à entretenir le tissu de la vie ». Cela n’a guère ébranler les consciences politiques, alors que ces scientifiques exhortaient l’humanité à freiner la destruction de l’environnement et avertissaient : « Si nous voulons éviter de grandes misères humaines, il est indispensable d’opérer un changement profond dans notre gestion de la Terre et de la vie qu’elle recèle. » Dans leur manifeste, les signataires montraient que les êtres humains se trouvaient sur une trajectoire de collision avec le monde naturel. Ils faisaient part de leur inquiétude sur les dégâts actuels, imminents ou potentiels, causés à la planète Terre, parmi lesquels la diminution de la couche d’ozone, la raréfaction de l’eau douce, le dépérissement de la vie marine, les zones mortes des océans, la déforestation, la destruction de la biodiversité, le changement climatique et la croissance continue de la population humaine. Ils affirmaient qu’il fallait procéder d’urgence à des changements fondamentaux afin d’éviter les conséquences qu’aurait fatalement la poursuite de notre comportement actuel.
Par le Covid-19, y aurait-il une réelle prise de conscience environnementale d’Emmanuel Macron ?
Emmanuel Macron aurait-il enfin réussi sa conversion environnementale et écologique ? En combattant la pandémie, le gouvernement mettra-t-il enfin en oeuvre une politique de transition écologique digne de ce nom ?... Dommage que ce soit involontaire… Pour rappel voir un extrait de son discours du 12 mars 2020. :
« Mes chers compatriotes, il nous faudra demain tirer les leçons de la crise que nous traversons, interroger ce modèle de développement dans lequel s'est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles, au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties. Ce que révèle d’ores et déjà, cette pandémie, c’est que la santé gratuite, sans condition de revenus, de parcours ou de profession, notre état providence, ne sont pas des coûts et des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre santé, notre cadre de vie, à d’autres, au fond, est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle. Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiterons des décisions de rupture en ce sens. »
Serions-nous enfin entrés en phase préliminaire de transition écologique par cette crise sanitaire ? L’annonce par le discours du président de la république des diverses mesures préventives à la prolifération du virus l’aurait-elle acté ?
Pour conclure
Et si l’on passait à coté de l’essentiel ? La croissance démographique se poursuit (un milliard d’habitants de plus pour la période 2009-2019), avec une perte annuelle de 100 000 km² de terres arables, la déforestation, la destruction de la biodiversité, l’extinction massive des espèces dont l’homme est le seul responsable. Malgré tous les constats réalistes et remise en cause des stratégies économiques et politiques exprimées par le Président de la république, sans décroissance démographique choisie et équitable, nous ne gagnerons aucune guerre, ni contre la dérive climatique, ni contre le virus, le Covid-19 aujourd’hui, ou un autre demain...
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