Crypto monnaie : gare aux arnaques
...
Les milliers de particuliers qui avaient investi dans une crypto monnaie auprès de RR Crypto en seront-ils pour leurs frais ? Le président de l’association dijonnaise qui gérait leurs placements financiers leur a adressé un dernier courriel le 20 juin 2021 : « J’ai le regret de vous informer qu’à ce jour les fonds ne sont plus présents sur le portefeuille ». Depuis ce dernier message, entre 40 et 58 millions d’euros se sont volatilisés du jour au lendemain sans signe annonciateur ! Les investisseurs lésés ont déposé plainte, mais une question déjà se pose. Les épargnants sont-ils confrontés à une arnaque, à de mauvais placements ou à leur crédulité car l’association n’était pas enregistrée auprès de L’autorité des marchés financiers... Cette dernière établit une liste des prestataires de services sur actifs numériques, et qui se doivent de : proposer des services de conservation de crypto-actifs ou d’accès à des crypto-actif ou bien d’achat/vente de crypto-actifs contre des monnaies ayant un cours légal.
L’association RR Crypto (créée en 2019) proposait l’achat de crypto monnaies sur Internet et se chargeait d’en faire fructifier les sommes investies. Si les premiers clients se sont vus servir des rendements de 38 %, la suite s’est écroulée comme un château de sable, ou plutôt une pyramide ou système de Ponzi. Les premiers investisseurs étaient rémunérés avec l’argent des nouveaux investisseurs, petit manège qui n’a duré que quelques mois. Les exemples sont légions. Au mois de février 2019, le PDG d’un site canadien a fait plus de 76 000 victimes et entraîner une perte de 169 millions de dollars. Il était le seul à disposer du code d’accès aux portefeuilles de ses clients...
Une crypto-monnaie, quesaco ? La crypto monnaie introduite en janvier 2009 (Token Bitcoin) et non indexée sur l’or ou une autre valeur est déterminée uniquement par le marché (offre/demande) en font une monnaie « hautement volatile » ; aujourd’hui on en compte plusieurs milliers ! Une crypto monnaie est une monnaie électronique virtuelle (aucun support physique) et autonome reposant sur un réseau informatique décentralisé (peer to peer) faisant appel à la cryptographie. Les crypto monnaies ne dépendent d’aucune autorité centrale (banque ou État) et son protocole est Open source. Son réseau repose sur un maillage d’environ 10.000 nœuds publics (2020) offrant diverses voies pour se rendre d’un point à un autre, et sur l’absence de « tiers de confiance ». Les participants intervenants, ou « mineurs », valident chacun la transaction via la blockchain (idée des cryptologues Haber et Stornetta en 1990). Il s’agit d’un registre horodaté qui consigne les transactions d’échange de valeur dont les blocs validés par tous les mineurs sont chaînés les uns aux autres (la blockchain du Bitcoin représente environ 120 Go).
Tous les échanges sont sécurisés par un dispositif cryptographie à clefs asymétriques (clef publique et clef privée), principe utilisé dans de nombreux domaines de signature numérique. La modification d’un seul bit bouleverse complètement l’arrangement, chaque block contient le hash (résumé) du précédent, et un nouveau bloc est généré toutes les dix minutes. Si briser le code en un point reste envisageable, le faire pour tous les points et en simultané est quasi impossible, d’autant que chaque nouvelle modification entraîne une nouvelle modification de l’ancien code publié dans le registre public. Les « mineurs » ne sont plus des particuliers mettant leurs ressources informatiques à la disposition de la blockchain, ils ont été remplacés par des sociétés (fermes).
Les crypto monnaies sont la deuxième plus grosse source d’arnaques après le FOREX. Le Bitcoin (digit et pièce de monnaie) qui coûtait environ un millième de dollar en 2009, a vu son cours atteindre 11 220 dollars dix ans plus tard ! L’opportunité offerte n’a pas tardé à retenir l’attention des délinquants pour l’achat de marchandises illicites (drogue, armes), le blanchissement d’argent sale, celle des pirates informatiques (ransomware) et de la cyberdélinquance. Au mois d’août 2021, des pirates informatiques ont réussi à dérober 270 millions de dollars d’Ethereum, 250 millions de dollars de BinanceChain et 84 millions de dollars d’OxPolygon avant d’en restituer une partie... La traque judiciaire risque d’être problématique dans ce genre d’affaire, surtout si le cyberdélinquant utilise un mélangeur (1inch, Tornado, Arbitrum, etc.) qui contribue à renforcer la confidentialité des transactions en y ajoutant de nouvelles couches cryptées et en effaçant tout lien entre l’adresse de l’expéditeur et celle du destinataire.
Depuis le mois de juin (2021), il est possible d’investir à la Bourse sur le Bitcoin qui représente 40 % des crypto monnaies ou sur l’Etehereum via des produits cotés. Autre innovation, les Stable coins indexés sur des actifs traditionnels (Dollar, Euros, Yen, etc.) ou sur des métaux précieux. La crypto monnaie est aussi utilisée dans le crowdfunding ou financement participatif, et les plus-values (actifs numériques) sont à déclarer auprès de l’administration fiscale. Les transactions ne sont cependant imposables que s’il y a conversion de la crypto monnaie en devises FIAT, ou que l’actif reste sur la plateforme d’exchange.
Si 51 % des Français seraient prêts à investir dans une monnaie virtuelle, dix-huit pour-cents seulement ont franchi le pas (octobre 2021). Nous sommes nombreux à ne pas maitriser l’opacité de la crypto monnaie ni le système sur lequel il repose, et à craindre l’arnaque... Faire un achat en ligne est simple, il suffit de se rendre sur un site qui accepte cette forme de paiement (ils sont de plus en plus nombreux), de cliquer sur un QR puis de le scanner et de vérifier le montant de la transaction avant de cliquer sur envoyer. La transaction étant irrévocable, le risque encouru est que le site web n’expédie pas le produit commandé et payé ! Un bitcoin pouvant se révéler une somme trop élevée pour un achat, l’unité monétaire est divisible en 0,00000001 ou un Satoshi.
Satochi Nakamoto est le pseudonyme ou cryptonyme du mystérieux personnage à l’origine de la blockchain appliquée à une monnaie numérique en 2008. Craig Steven Wright, un informaticien australien qui ne cessait de clamer depuis 2016 être celui qui se cache derrière Satoshi Nakamoto, a gagné son procès. Le tribunal l’a reconnu comme l’héritier d’un portefeuille de 1,1 million de Bitcoins appartenant à son ami et collaborateur David Kleiman décédé en 2013. Selon les experts : « seule une personne impliquée dans le Bitcoin depuis le tout début aurait pu avoir accès au portefeuille contenant ceux-ci, puisqu’ils font partie des premiers Bitcoins jamais extraits. (...) Wright et Kleiman avaient créé le Bitcoin ensemble » Ce jugement devrait lui permettre d’engranger 1,1 million de Bitcoins, soit 54 milliards de dollars (cours au jour du prononcé du jugement) faisant de lui l’une des 30 personnes les plus riches du monde (classement Forbes) !
À la fin de l’été 2021, les crypto monnaies représentaient plus de 2 000 milliards de dollars (l’équivalent de la valorisation cumulée de toutes les sociétés du CAC 40), soit le double de leur valeur en début d’année ! Les arguments avancés par les vendeurs de crypto monnaies font florès : le nombre total de Bitcoins est produit en nombre limité : 21 millions de Bitcoins disponibles (moins ceux qui sont irrémédiablement perdus), près de 17 millions en circulation - l’usage est internationnal - assurer un revenu complémentaire : trading, faucet, investissement dans un nœud-maître (environ 50.000 euros) - la possibilité de contourner le contrôle des changes - son augmentation est prévisible et stable - une inflation massive et arbitraire est exclue. Certains de le percevoir comme une valeur refuge (crise monétaire grecque et chypriote avec la crainte de voir une partie de l’épargne au-dessus de 100.000 euros retenue par l’État).
L’achat de crypto monnaie est le fait des mineurs (rémunération) qui peuvent ensuite la revendre sur des plateformes (Coinbase, Binance, Kraken, etc.) qui permettent d’acquérir et d’échanger des crypto actifs sans passer par des produits dérivés. Pour convertir les monnaies FIAT (Euros, Dollars, etc.) en crypto monnaies, il faut s’enregistrer sur une plateforme d’exchange et fournir copie électronique d’une pièce d’identité et d’un justificatif de domicile (cette étape peut être contournée en passant par TOR aux risques et périls de chacun). Autre possibilité, ouvrir un wallet (portefeuille) et de proposer un service ou un bien payable en crypto monnaie.
Chaque client reste responsable de la sécurité de son portefeuille numérique et des clefs secrètes associées à son compte (softwarre wallet). Toujours s’assurer d’avoir une copie (clé USB ou Cloud) protégée par un mot de passe fiable. Si vous oubliez votre mot de passe ou que votre disque dur « plante », il vous sera impossible de récupérer vos actifs ! En 2013, un père de famille Gallois qui « minait » le Bitcoin a perdu son portefeuille qui renfermait plus de 7 500 BTC après que son disque dur se soit retrouvé dans la corbeille et que sa femme ait vidé celle-ci ! L’homme a promis 25 % de la somme totale à la ville de Newport pour rechercher son HD dans les 200 000 tonnes de déchets.
Début décembre 2021, le Bitcoin qui avait atteint plus de 69 000 dollars au mois de novembre (record historique) chutait de 32 %, et les crypto monnaies figurant au top ten des capitalisations boursières affichaient des pertes de 15 % (Ethereum ) à plus de 27 % (Polkadot). Cette chute, plus d’un milliard de dollars de la capitalisation envolé en 24 heures, risque de ruiner des millions de particuliers ! Selon Louis Navellier : « le prix du Bitcoin pourrait passer sous la barre des 10 000 $, soit une chute de plus de 80 % par rapport à son record historique établi le mois dernier à près de 70 000 dollars ».
Le Président du Salvador qui a fait du Bitcoin une monnaie légale avec le Dollar, a annoncé l’acquisition de 150 BTC supplémentaires aux 1.270 Bitcoins déjà détenus par le Salvador. Le président interrogé sur le gaspillage de l’argent public a précisé : « Nous avons 44 106 onces d’or dans nos réserves, d’une valeur de 79 millions de dollars, en baisse de 0,37 % par rapport à il y a un an. Si nous l’avions vendu il y a un an et acheté du Bitcoin, nos réserves seraient maintenant évaluées à 204 millions de dollars » ! Lors de l’adoption du BC, le 7 septembre 2021, le Chef de l’État avait déclaré : « le bitcoin permettra aux Salvadoriens d’économiser 400 millions de dollars de frais bancaires lors des envois d’argent par la diaspora, notamment installée aux États-Unis, qui représentent 22% du PIB du pays ».
La Chine et les États-Unis ont déjà créé leur crypto monnaie et d’autres pays s’apprêtent à suivre. La réflexion du Japon implique 70 grandes entreprises nipponnes et porterait, à terme, sur le DCJPY un stablecoin adossé au Yen. La première phase portera sur une Central Bank Digital Currency, c’est à dire sur une devise utilisant une blockchain contrôlée par les banques partenaires. La population qui plébiscite les espèces et les numismates ne semblent pas ravis. Après la « monnaie hélicoptère », ces initiatives monétaires ne sont pas sans nous évoquer les bonds MEFO des années trente de l’Allemagne nazie..., et ont le mérite de nous poser de nombreuses questions sur la monnaie. Les crypto monnaies, vraie ou fausse monnaie parallèle ?
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
18 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON