Dans quel monde voulons-nous vivre ?
Plus de sept mois se sont écoulés depuis que Emmanuel Macron a prononcé ces mots devenus célèbres, ces mots qui marquaient le début d’un changement drastique de notre mode de vie : « nous sommes en guerre ».
Le 17 mars dernier, la société française a ainsi accepté de se confiner pendant deux mois, de stopper tout son train de vie et ses projets sous l’appel de son président à faire front commun contre ce nouvel ennemi que représentait le Covid-19.
Toute vie s’est stoppée sous l’épée de Damoclès du virus. Les conversations de table n’ont plus tourné qu’autour de ce satané virus. On s’est surpris à prier pour que ce confinement passe vite et qu’on puisse enfin reprendre notre train de vie habituel. Utopisme sans aucun doute. Car la vie n’a pas repris « comme avant ». Ni même comme dans « le monde d’après » auquel nous nous étions pris à rêver. L’économie a repris oui, tout a été fait pour sauver notre sacro-saint PIB. Mais les moments de convivialité, le partage, la joie, ça non. Cela nous a bien vite été interdit. « C’est pas très Covid ça » est devenu l’expression courante pour plaisanter lorsque la distanciation sociale, devenue la norme, n’était pas respectée.
Et puis, l’annonce tant redoutée est tombée. Un reconfinement. Ce que toutes ces mesures de distanciation sociale étaient censées nous éviter. Le bâton qu’on pensait éviter en acceptant la carotte des autres mesures plus « douces », avec toujours la menace d’un reconfinement si on n’était pas assez « sages ». On s’est tenus sages, ça oui. On a accepté de sacrifier bien des choses. Et pourtant, aujourd’hui nous nous retrouvons de nouveau confinés. A qui la faute ? Ce n’est pas mon propos.
Aujourd’hui, je ne veux pas me perdre en récriminations. Aujourd’hui, je veux juste vous demander quelques minutes pour réfléchir à la suite. Car si ce qui a été fait ne peut pas être changé, ce qui reste à venir ne dépend que de nous.
J’ai envie aujourd’hui de vous demander ce que vous souhaitez pour demain. Ce monde d’après dont nous avons tant rêvé, pourquoi le laissons-nous en suspens en attendant qu’on daigne nous l’offrir ? Le monde dont nous rêvons ne se construira pas tout seul, ni ne se construira grâce à la bonté de nos dirigeants, cet espoir est mort il y a bien longtemps.
Et si nous construisions ensemble un monde d’après qui commence dès demain ? Et si nous recommencions à vivre tout simplement ?
Par peur de mourir, nous sommes en train d’oublier de vivre. Et si nous arrêtions d’avoir peur ? Et si nous prenions tous ensemble le risque de mourir par amour de la vie ?
La vie ce n’est pas de rester terré chez soi en attendant que ça passe. En laissant mourir à petit feu le monde de la culture, les petits commerces, les bars et restaurants. La vie ce n’est pas de se méfier de son voisin parce qu’il pourrait être contagieux. La vie ce n’est pas d’être en compétition les uns avec les autres pour voir qui respectera le mieux les mesures sanitaires.
La vie est faite d’amour, de rires, de joie, d’espérance, de liberté.
Sans ça nous ne vivons plus, nous ne faisons que survivre. Et quel est donc l’intérêt de survivre si c’est en étant seul ou presque ?
Il est temps de prendre conscience que cette situation ne passera pas. Le virus ne disparaîtra pas du jour au lendemain. Et quand bien même, il y en aura d’autres. La crise écologique augmente chaque jour le risque de nouvelles épidémies. La crise écologique augmente chaque jour les risques tout court. Allons-nous rester enfermés pour le restant de notre vie en attendant que cette crise-là passe aussi ? Ou allons-nous agir ? Qu’attendons-nous pour créer ensemble un monde plus respectueux de l’environnement et du vivant ? Le monde de demain dans lequel nous voulons vivre.
Il est temps de sortir de cette logique du court-termisme une bonne fois pour toute. En restant dans l’inaction par peur de la mort, nous laissons notre monde se dégrader de plus en plus. Au lieu d’avoir peur d’attraper le coronavirus, n’est-il pas temps de s’inquiéter sérieusement de l’avenir de notre planète et de tous les êtres la peuplant, nous compris ?
N’est-il pas temps aussi de s’inquiéter pour l’avenir de notre société ? Pour l’avenir de notre démocratie ? L’état d’urgence sanitaire permet au gouvernement de prendre toutes les mesures qu’il souhaite sans aucun débat démocratique. On peut se leurrer en se disant que c’est temporaire mais l’Histoire nous a montré que les mesures liberticides prises en situation d’urgence se sont pérennisées une fois la crise passée. L’exemple récent de l’état d’urgence de 2015 nous l’a montré. N’est-il pas temps de se réveiller et de défendre nos libertés ? Nous avons su le faire bien des fois, pourquoi cette situation différerait-elle ? La peur de la mort nous aurait-elle rendus inertes avant l’heure ?
Je finirai ce texte avec une citation de Benjamin Franklin qui résume bien, à mon sens, le choix face auquel nous nous trouvons : « un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre ». Il est temps de décider où sont nos priorités et de choisir le monde dans lequel nous voulons vivre.
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