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Accueil du site > Tribune Libre > De gauche à droite à en être déboussolé

De gauche à droite à en être déboussolé

A quelques mois de l’élection présidentielle, petite réflexion sur les notions de gauche et de droite sur l’échiquier politique français.

Tout droit revenu d’un gala de boxe que j’avais à couvrir, je rentre chez moi et allume mon téléviseur dans la foulée. Le samedi soir, c’est incontestablement France 2 qui occupe l’espace médiatique et télévisuel. Pour parler politique sous les yeux du duo Zemmour-Polac, Ruquier a invité Roland Dumas et Doc Gyneco. Mais après le passage du soi-disant comique Mustapha qui confond insultes et humour, les esprits s’échauffent quelque peu autour du débat gauche-droite. Ainsi, deux clans bien distincts s’affrontent. L’axe Ruquier-Mustapha-Polac face au trio Gyneco-Genest-Zemmour, le tout dans un contexte tendu, probablement en raison de la proximité des élections. De l’altercation minable entre Gyneco et Mustapha, « j’apprends » de la part de Ruquier qu’être de gauche, c’est préconiser une hausse des impôts profitable à l’ensemble de la population et synonyme d’avancée sociale. Bien heureusement, Eric Zemmour -le plus conscientisé politiquement de tous- déballera certaines vérités implacables sur les actions passées de gauche et de droite. Quant à Fabrice Lucchini et à Roland Dumas, ils intervinrent avec à-propos pour détendre l’atmosphère. Et ceci avec intelligence, eux qui connaissent très bien les enjeux du moment.

Personnellement, pour parler de politique, j’aimerais bien voir plus souvent Alain Soral, Henri Pena-Ruiz ou Jean-François Kahn raisonner sur des sujets importants plutôt que de subir des incultes (Debouzze, Gyneco, Berling, Steevy, Balasko, Cali, Ruquier, Fogiel...) nous donnant des leçons à longueur d’antenne. Malgré ma frustration, je dois avouer que ce débat au niveau bien bas m’a tout de même interpellé sur cette notion de gauche et de droite. Ainsi, plusieurs interrogations me vinrent à l’esprit. Que signifie être de droite ? Qu’est-ce qu’être de gauche ? Sur quoi doit-on se fonder pour y répondre ? Le PS est-il plus de gauche que l’UMP ? L’est-il plus que Bayrou ou Le Pen ? L’est-il tout court ? Les extrêmes sont-elles à leur place sur l’échiquier politique en France ?

Si, sur le papier, la rigueur économique des uns fait face à la dimension sociale des autres, certains points méritent d’être éclaircis.

Encourager le libéralisme mondialisé actuel dans l’intérêt des patrons et entrepreneurs est clairement de droite. Opter pour une politique exclusivement répressive en matière de délinquance aussi. Baisser les impôts, qui profitent à tout le monde, peut être malgré tout considéré de droite. Privatiser aussi.

A l’opposé, augmenter les bas salaires et rétablir la lutte des classes sont incontestablement de gauche. Pour certains, régulariser tous les sans-papiers et encourager l’immigration sont des idées de gauche, alors qu’indirectement pas vraiment. Notamment lorsque cela profite au patronat et tire le prolétariat vers le bas. Que l’Etat s’investisse sur les problèmes de logement, de pauvreté ou de chômage est aussi une perspective de gauche.

Tout ceci étant purement théorique, restent les actes. A partir de ces quelques éléments, Strauss-Kahn et Royal sont-ils plus à gauche que de Villepin et Borloo ? Probablement pas. Plus à gauche que Sarkozy ? Tout juste. Car sur les actes, peu de choses différencient les deux grands partis français. Quant au FN, ayant peu de certitudes sur le sujet, il n’est pas simple pour moi de le situer. A la droite de l’extrême droite si on le diabolise, ou bien plus au centre si on le respecte comme tout parti politique.

Le centre se situe bien au centre justement. « Entre les deux, mon cœur balance », semble se dire avec malice un François Bayrou en confortable position vis-à-vis des deux grands partis pour négocier ses probables 10%.

Outre ceux qui ne sont rien du tout, comme les écologistes, restent les petits candidats antilibéraux. Sur la ligne éditoriale, tous sont plus ou moins de gauche, même si certains programmes paraissent inapplicables. Le problème vient surtout de leur alliance avec le PS et de leur suspecte division qui arrange indéniablement le clan Royal. Mais lorsqu’on parle de gauche aujourd’hui et qu’on est intrinsèquement de cette mouvance pour les raisons évoquées précédemment, la première question à se poser c’est : existe-t-elle vraiment ?


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12 réactions à cet article    


  • Bill Bill 7 février 2007 11:52

    Il ne faut pas oublier que le gouvernement de Jospin est l’un de ceux qui ont le plus privatisé et que le gouvernement actuel a fait quelque chose tout de même pour les logements !

    C’est sous Napoléon III que les ouvriers ont vu leurs conditions de vie évoluer correctement, ceci après la Révolution, gouvernement de Napoléon III qui est peut-être le seul gouvernement vraiment libéral que nous ayons connu !

    Les différences entre la gauche et la droite actuelles sont de plus en plus minimes ! Il y a même des Français d’origine immigrés pour dire que c’est la droite et pas la gauche qui a fait quelque chose pour eux...

    Vos questions sur leur position dans l’échiquier sont donc parfaitement légitimes !!!

    Bill


    • filux (---.---.220.222) 7 février 2007 17:41

      En 1850 la durée hebdomadaire de travail était de 83 heures et les conditions de travail déplorables. Rien de comparable avec ce que nous vivons aujourd’hui donc. Injecter un peu de progrès social était avant tout à cette époque le prix à payer pour éviter une nouvelle révolution, or nous ne sommes plus du tout dans une logique pré-révolutionnaire. D’autant que ce que vous appelez « libéralisme » était à l’époque encore assez éloigné des grandes lignes du livre blanc du MEDEF par exemple. Voir par exemple la constitution de 1870. Bref, si on pouvait éviter les débat stériles sur le paléolitisme libéral et autres tocquelleries grand public par pitié.


    • jujubinche (---.---.235.222) 8 février 2007 09:11

      Cher Bill,

      Je trouve pour le moins bancale d’appeler Napoléon 3 à la rescousse de la droite. Cela reviendrait à légitimer aussi les periodes plus noires de son histoire, ce qui est injuste. Le libéralisme du milieu du 19eme est, vous en conviendrez, impossible à imaginer dans son fond comme dans sa forme dans la france du 21eme s.

      Ensuite, un libéral, et par libéral, on entend « vrai libéral », est celui qui respecte ces principes en économie, certes, mais aussi dans les questions de société .. Le vrai libéral respecte la liberté la plus complète de chacun, le faux libéral, le capitaliste de droite, ne l’utilise que comme étendard à l’imposition de ses valeurs, morale, sociétales, et bien entendu économiques.

      A cet égard, les vrais libéraux en france sont certainement affiliés au PS, et leur meilleur représentant est certainement DSK.

      Sarkozy, souvent taxé de « libéral » ne l’est, en fait, absoluement pas. Il n’est qu’un réactionnaire droitier de plus, qui refuse le mariage homosexuel, intervient facilement pour sauver alstöm, et se rêve en souverain tout puissant. Le terme libéral pour définir sarko est, comme souvent, une tromperie, et de la part de l’habitué, une grotesque imposture.


    • Bill Bill 8 février 2007 09:30

      Cher Jujubinche

      Allons, ne me prétez pas toutes ces intentions !!! Je ne cherche pas à défendre la droite, et je suis parfaitement d’accord avec vous sur le fait qu’il existe un courant libéral au sein du PS...

      Je cherchais simplement à dire que les séparations entre gauche et droite sont minimes, et que ni l’une ni l’autre n’ont le monopole de quoi que ce soit...

      Bill


    • jujubinche (---.---.162.94) 9 février 2007 10:56

      Oui il est vrai que mon post est un peu à coté de la plaque. Que voulez vous, je dois avoir un fond polémiqueur marqué .. (sans ironie)

      Au plaisir.


    • caramico (---.---.227.71) 7 février 2007 14:47

      Quand on voit le grand capital en ordre de combat derrière Sarko, ils sont prêts à nous bouffer tout cru, tous ceux qui se disent de gauche et également ceux qui se disent à droite. Continuez à vous chamailler, pendant ce temps vous ne voyez rien venir.


      • Bruno (---.---.109.53) 7 février 2007 15:29

        pfffff espece de bolchevique


      • Non666 (---.---.230.161) 7 février 2007 23:20

        Si les français sont deboussolés, c’est d’abord pour une simple raison.

        La frontière a été tracée par la gauche, pendant 80 ans sur une base claire et nette : Etaient de gauche tous ceux qui se reconnaisaient dans le marxisme ou en etait ses alliés objectifs.

        Etaient de droitre tous les autres...

        Nationaux, Chretiens democrates et Liberaux forcé de cohabiter dans « La » droite.

        Et puis, a l’occasion d’un mur qui tombe a Berlin, patatras : la definition change. Desormais les gauchistes se definissent comme etant le camps du progrès...rien que ça. Les autres, en face, restent les affreux.

        La seule erreur est que bien sur,qu’on a « oublié » d’en informer les masses votantes.

        Alors evidemment quand les socialistes se reveillent un matin avec pour leur investiture, une Blairiste, un social-liberal et Fabius, le rève marxiste reformiste de ceux qui se disent encore socialiste doit etre un peu perturbé, c’est sur.

        Quand dans le camps des droites, on decouvre que le gaullisme du parti dominant a été racheté a l’occasion d’Une OPA en fusion-acquisition par un liberal atlantiste qui declare le parti unique, on est perdu.

        La réponse n’est evidemment pas que les electeurs sont deboussolés. C’est juste que leurs leaders ont trahis leurs ideaux, se sont reniés et sont prets a tous les parjures, a toute les conversions pour rester en place.

        La morale de cette histoire est logiquement que ceux qui incarnent des valeurs et n’en ont pas bougé, finiront forcement par etre reconnus pour ce qu’ils sont.

        Que ce soit LePen chez les nationalistes, Bayrou chez les chretiens democrates ou Besancenot chez les marxistes.

        On trouve toujours des fosses communes pour ceux qui ont trahis, dans les jours de grands changement.


        • Johan Livernette Johan Livernette 8 février 2007 00:37

          Je suis globalement d’accord avec votre analyse, sur la question du marxisme déjà évoqué dans mon billet, sur la trahison des idées de gauche tout court, sur les errements à droite. Force est de reconnaître que les choses évoluent et que tout n’est pas si simple et si cadré qu’on veut nous le fait croire aux heures de grande écoute.

          http://livernette.noosblog.fr


        • (---.---.144.164) 8 février 2007 00:29

          En fait, n’oubliez pas que l’UMP est PLUS A GAUCHE que le New Labour de Blair..

          Bref, la france, c’est spécial.

          Non, la différence entre la droite et la gauche, c’est que la droite fait relativement confiance à l’homme, tandis que la gauche pense qu’il est un animal qui doit être dressé et enfermé.

          Sinon, pour l’immigration, certes cela profite aux entreprises, mais attention ! Même le PDG d’un grand groupe industriel du CAC40 n’a jamais réclamé que quelque millier d’immigrés, pas du tout des millions ! En fait, l’immigration a pour but de favoriser la monté du FN afin de diviser la droite, ainsi que d’augmenter la pauvreté dans le pays afin de justifier une politique de solidarité, avec des postes juteux à la clef pour la gauche. Vous allez dire que ce n’est pas vrai, etc.. Mais prenez vous vraiment Mitterand et ses épigones pour des débiles mentaux ? On ne prend pas une décision aussi grave (« Une rupture dans l’histoire de France ») sans y avoir murement réfléchi, et ils savaient, ils savent encore ce qu’il faisaient, et d’un point de vu politique de prise et de conservation du pouvoir, cela à été trés intelligent, trés efficace, jusqu’au 21 avril.. N’oublions pas que la gauche est minoritaire dans le Peuple Français. La seul façon pour elle de gagner, c’est de diviser la droite. Et puis les immigrés, ca fait des voix suplémentaires, n’est ce pas !


          • Non666 (---.---.7.210) 8 février 2007 11:32

            Je ne pense pas que l’immigration ait été une arme machiavelique.

            C’est juste un sujet qui ne pouvait plus avoir d’opposant après les guerres coloniales, la seconde guerre mondiale et la logique anti-raciste qui a suivie.

            L’Internationnale du fric, au nom d’une main d’ouvre moins chère et l’Internationnale du Travail, au nom des ideaux marxistes et universalistes ne pouvaient pas s’y opposer. Il y avait meme objectivement interet.

            Le reste n’est qu’une recherche de justificatif pour expliquer qu’on a meme pas oser poser la question au peuple :

            « Voulez vous devenir un territoire a coloniser après avoir été une puissance coloniale ? »

            Et oui, dire les choses brutalement, ça calme. Ne pas les dire, c’est les subir aux elections. Le probleme a t’il été evoqué, résolu par le gouvernement sortant et son illustre ministre de l’Interieur en charge du dossier ? Non. Donc il ressurgira aux presidentielles.


          • (---.---.144.163) 8 février 2007 11:38

            « C’est juste un sujet qui ne pouvait plus avoir d’opposant après les guerres coloniales, la seconde guerre mondiale et la logique anti-raciste qui a suivie. »

            Non, l’immigration ne date vraiment que de 78. Avant, on n’en avait rien à faire du racisme, de l’antiracisme et autre idée tier mondiste. C’est le résultat de la marxisation de la France, et de l’idée Léninisme du tier monde victime du capitalisme etc..

            Mais cette idéologie avait un but pratique pour la gauche, le Pouvoir.

            « L’Internationnale du fric, au nom d’une main d’ouvre moins chère et l’Internationnale du Travail, au nom des ideaux marxistes et universalistes ne pouvaient pas s’y opposer. Il y avait meme objectivement interet. »

            L’immigration commence à une époque ou l’on avait justement plus besoin de main d’oeuvre. D’ailleur vous savez que c’est une immigration de peuplement, pas de travail.

            « Le reste n’est qu’une recherche de justificatif pour expliquer qu’on a meme pas oser poser la question au peuple : »

            La gauche est dans son essence imorale.

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