De l’arme primitive à l’arme à feu individuelle
L’arme désignée par les paléontologues sous l'euphémisme d’outil apparaît dès l’aube de l’humanité et elle ne va plus jamais quitter l'évolution de la société. Dès qu’il y eut sur terre des hommes, ceux-ci commencèrent par se battre à mains nues et les générations suivantes utiliser les premiers outils comme armes contondantes. Celles-ci produisent leur effet sous l’impact à faible vitesse d’une masse (morceau de pierre de bois os) plus ou moins importante : fléau d’arme, massue, nunchaku, tonfa, matraque, canne, gants plombés, poing américain, etc.

L’apparition du néolithique allait permettre de couper (silex) et donner naissance aux premières armes blanches (objet capable de produire une blessure mortelle ou non en coupant ou en pénétrant profondément dans le corps). Armes utilisées telles quelles ou enchâssées dans un morceau de bois pour devenir un poignard ou une hache rudimentaire. il y a près de 3.000 ans avant notre ère apparut l'âge du bronze, les hommes purent forger ce métal ce qui entraîna l’essor des armes « froides » dont la plus célèbre fut le glaive. A la renaissance, la possibilité de travailler le fer donna l’épée et bien plus tard le rasoir à main (XIX°). On distingue l’arme à frappe : linéaire qui a un bord tranchant (coupe-coupe) - punctiforme qui a une pointe capable de pénétrer les chairs (pic à glace, dague, baïonnette, lance). Il peut y avoir combinaison de ces deux principes comme l'épée ou le sabre.
L'inconvénient de ces armes était l’obligation de combattre face à face. Dès lors se posa la question de savoir comment tuer le gibier ou son congénère à distance. La réponse fut l’apparition des armes de jet contondantes. Au début, l'énergie pour propulser le projectile était fournie par la seule force du lanceur (boomerang, crosse de jet), puis l’homme chercha le moyen de propulser une faible masse à une vitesse plus élevée, c’est l’exemple de la fronde et des bolas d'Amérique Latine. Un lance pierre peut projeter une bille d’acier de quelques millimètres à une vitesse pouvant atteindre 160 mètres seconde et une vitesse de 60 m/s suffit pour occasionner une blessure !
L'idée de projeter non pas une masse mais une flèche à l’aide d’un lanceur mécanique, apparut il y a près de 30,000 ans. L’arc moderne à poulies de 80 livres projette une flèche de 40 grammes à une distance de 330 mètres (tir effectué sous un angle de 45°). Cette arme est capable de traverser un bloc de gélatine de 30 centimètres ou 5 cm de sapin à une distance de 6 mètres. Autre arme qui à courte distance est aussi précise qu’une arme à feu, l’arbalète. Cette arme « du diable » capable de percer une armure de l’époque qui était déjà connue des Chinois trois siècles avant notre ère, permit de remporter la victoire d’Arsouf en 1191. Une arbalète moderne de 220 livres, dite « commando » qui envoie un trait de 24 grammes à 273 mètres de distance, est capable de traverser 2,4 centimètres de sapin ou un bloc de gélatine de 30 centimètres à une distance de 6 mètres. Le pistolet arbalète d’une puissance de 45 livres expédie son trait de 9 grammes à 164 mètres, est capable de pénétrer 7 centimètres de gélatine ou 0,8 cm de sapin à la distance de 6 mètres. En ce qui concerne la sarbacane, qui fut rapportée en Europe avec les grandes expéditions en Amérique du sud au XVI° siècle (ainsi que le curare), allait donner naissance aux cannes à vent (air comprimée) vers 1840. Dans la même veine, les fusils harpons sous-marins, les carabines hypodermiques, le "poignard" qui libère le CO" d'une petite cartouche contenue dans son manche à travers un trocart (cette arme destinée à tuer un requin est devenue rarissime).
L’aspect rudimentaire de certaines armes ne doit pas faire nous oublier quelles n’en sont pour autant moins mortelles. Le corrélat de cette réflexion est que de nombreux accessoires usuels peuvent devenir des armes redoutables bien que leur utilisation première ne soit pas cette finalité, raison pour laquelle le code pénal prévoit le cas des armes par destination. Cela signifie que n’importe quel objet servant à infliger une blessure à autrui est alors considéré comme une arme, un mousqueton, un trousseau de clefs etc. En ce qui concerne certaines armes dont le port n’est pas libre, il y aura pour la justice (selon le pays) circonstances aggravantes et ou port d’arme prohibée.
Les mises à feu mécaniques par l'intermédiaire d’un mécanisme apparurent vers la fin du XIV siècle. La platine à mèche : une pièce en forme de « S » (serpentine) est percée en son centre pour recevoir un pivot qui la transforme en détente à une extrémité, et à l’autre une tête sur laquelle est enroulée une mèche de soufre. Lors d’une pression sur la détente, l'extrémité incandescente de la mèche s’abat sur le trou de serpentin venant enflammer la poudre d'amorçage contenue dans le bassinet. Une lumière débouchant à l'intérieur du canon transmet la propagation de la chaleur à la charge qui fait partir le coup. Ce développement permettait au tireur de ne pas quitter sa cible des yeux lors du tir, mais était inutilisable par temps de pluie.
La Platine à rouet (1525) : le principe rappelle celui du briquet à pierre. La mise à feu est assurée par les étincelles produites par le frottement d’une roue cannelée sur un morceau de pierre de pyrite. Le tireur remontait le mécanisme pour comprimer le ressort qui était libéré en pressant la détente, ce qui entraînait le frottement du rouet faisant saillie à la base du bassinet contre la pyrite, produisant des étincelles faisant partir le coup.
La platine à pierre : fit son apparition vers 1640 et allait rester en usage pendant deux siècles. Une petite quantité de poudre était déposée dans le bassinet puis l’on rabattait un couvercle pour la protéger. Un chien composé de deux mâchoires enserrait un silex et l’ensemble était ramené en arrière. Une pression sur la détente le faisait revenir violemment vers l’avant où il venait frapper une plaque d’acier (la batterie) qui s’ouvrait pour permettre aux étincelles de tomber sur la poudre contenue dans le bassinet.
La platine avec percussion : ce principe que l’on doit à Alexandre Forsyth (1805), est similaire au précédant. Une capsule de fulminate qui sert d'amorce vient coiffer une cheminée débouchant à l'intérieur du canon. Lors d’une pression sur la détente, le marteau s’abat pour venir écraser l’amorce qui transmet la flamme à la charge principale.
Il faut attendre 1830 pour que les armes de poing atteignent un degré de développement qui permet de les considérer comme armes individuelles d’attaque ou de défense. Les armes combinées, revolver et poing américain, revolver et stylet, canne-fusil apparaissent vers le milieu du XIX° siècle. Les armes à feu modernes sont presque exclusivement des armes à répétition. Elles permettent de tirer plusieurs coups de feu consécutifs sans devoir, entre chaque tir, réintroduire manuellement une nouvelle cartouche dans la chambre. Les principes les plus courant sont : arme à chambres multiples (principe du revolver) - arme à magasin ou chargeur - arme à canons multiples (fusil de chasse).
Le revolver (to revolve = tourner) à poudre noire participa à la conquête de l’ouest américain. Les pionniers chargeaient l'arme en introduisant dans la chambre située sur le devant du barillet une dose de poudre noire qui était recouverte d’un patch, suivi de l’introduction d'une balle sphérique. Avec le levier de chargement articulé situé sous le canon, il exerçait ensuite une pression pour repousser, tasser la poudre et la balle dans le fond du barillet. Un corps gras venait compléter l’espace vide de la chambre pour emprisonner les particules de poudre qui risquaient de s’enflammer lors du tir, entraînant le départ des autres charges (réaction en chaîne). Dans sa forme moderne, le revolver fut rendu possible par un employé de Colt, Rollin White, qui eut l'idée qui semble aujourd’hui évidente, de percer le barillet de part en part pour y introduire les cartouches par l'arrière. Cette idée fut protégée par un brevet et il fallut attendre que celui-ci tombe dans le domaine public pour que les fabricants le reprennent.
Le simple action appelé aussi à simple effet, repose sur un principe que l’on doit à plusieurs précurseurs qui travaillaient simultanément à l'amélioration des armes. Jusque vers les années 1830, on devait tourner le barillet à la main pour amener une chambre pleine face au canon. Avec l’apparition du simple action, cette manipulation fut supprimée, le fait de ramener avec le pouce, le chien en arrière jusqu’au cran d’armé, faisait dans le même temps tourner le barillet qui alignait une autre chambre. Ce principe permettait d’effectuer le faning, c’est à dire de pouvoir tirer sans avoir à presser à chaque tir la détente. La main libre venait frapper rapidement le chien vers l'arrière, tandis que l’index de la main qui tenait l’arme, maintenait la queue de détente pressée en arrière. Le barillet tournait sous la poussée arrière du chien et venait s'abattre sur l’amorce, puisque la queue de détente ne faisait plus son office de verrou, jusqu'à épuisement du barillet. L’avantage essentiel d’une arme en simple action, la faible pression (parfois voisine de 1kg) nécessaire sur la détente pour faire partir le coup tout en permettant une course de la détente très réduite. Cela est un avantage en tir de précision, puisque l’on ne dépointe pas l’arme par une résistance exagérée de la détente, mais il y a un risque de départ accidentel du coup (bavure), puisque la détente est très souple.
Le double action (1867) : la détente a pour rôle de libérer le chien permettant le départ du coup, mais elle a aussi pour fonction, par l'intermédiaire d’un ergot, d’armer le chien et de faire tourner le barillet pour aligner une nouvelle chambre. Cette série d’actions nécessite une course de détente plus longue que dans un SA et une plus grande pression sur la queue de détente (environ 4,7kg) pour vaincre la résistance du mécanisme. L’avantage d’un DA est un premier coup très rapide, il suffit de presser la détente à fond, par contre la plus grande résistance à vaincre nuit à la précision. Si on a le temps d’armer le chien manuellement, rien ne s’oppose à tirer le 1er coup en SA.
Daniel Wesson et Horace Smith mettent au point un revolver en calibre 22 à canon tombant en 1857, et Colt va présenter le barillet tombant vers 1882. Dans ce principe, le canon est solidaire de la carcasse du revolver, on dégage le barillet en poussant un verrou qui le libère, lui permettant de basculer sur le côté gauche (rarissime sur la droite) de l’arme. Le barillet pivote sur un axe longitudinal lui même placé sur un bras articulé relié à la carcasse sur le devant du pontet. Pour éjecter les étuis vides, il suffit de donner une tape vive sur la tige d'éjection placée sur le devant et au centre du barillet. Le chargement se fait en introduisant les munitions une par une dans le barillet toujours ouvert. Pour aller plus vite lors du chargement, il existe ce que l’on appelle un speed loader, une pièce circulaire qui solidarise les 5 ou 6 cartouches que l’on peut ainsi introduire en une seule fois dans les chambres du barillet.
Revolver à brisure : canon et barillet pivotent autour d’un axe situé sur la carcasse en avant du pontet, ce qui a pour effet de dégager l'arrière du barillet et de permettre son chargement en pliant l’arme, un peu à la façon d’un fusil de chasse. Cet ensemble canon barillet est maintenu fermé par un verrou venant se rabattre par dessus le cran de mire situé sur la carcasse devant le chien. En 1869, Smith & Wesson présentèrent un revolver en DA avec extracteur en étoile. L’extraction des étuis se produit automatiquement lors de l’ouverture du système. Une « étoile » dont l’axe est placé à l'arrière et au centre du barillet est repoussée par la tige d’extraction, elle même activée par une rondelle excentrique qui vient buter sur la carcasse lors de l’ouverture. L'inconvénient de ce principe qui se veut automatique dès l’ouverture de l’ensemble canon-barillet, est qu’en cas d’ouverture trop brusque, les étuis gonflés par l’expansion des gaz restent engagés dans leurs chambres... A suivre : les armes longues.
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