De l’irresponsabilité gouvernementale
S’il est une coutume française quand la promotion nous élève, c’est de savoir respecter le travail de notre prédécesseur, nous gardant bien d’invectiver les précédentes erreurs pour camoufler les nôtres. Coutume de courtoisie et de respect, elle a l’immense avantage de se voir normalement appliquée à toutes les échelles de l’institution sociale, de la petite PME locale à la plus haute magistrature politique de notre Nation.
Or, en jetant un coup d’œil au niveau présidentiel, force est de constater que le changement est décidément bien pour maintenant. Tous les français ont pu constater les récurrentes bassesses de l’actuel gouvernement socialiste à l’encontre de son prédécesseur sarkozyste, fustigeant quasi-hebdomadairement les multiples erreurs dont ils doivent assumer aujourd’hui les répercutions. Les récents propos de l’actuel Ministre de l’Economie et des Finances Pierre Moscovici sont d’ailleurs édifiants et révélateurs : « Madame Pécresse et Monsieur Fillon n’ont rien foutu pour réduire les déficits pendant cette année et c’est à nous que revient le poids de réformes structurelles justes. Qu’ils se taisent, nom de Dieu ! »
Ces sorties verbales, affligeantes au demeurant, sont révélatrices de deux intrinsèques défaillances républicaines : l’absence totale du sens de responsabilité gouvernementale et de continuité politique.
En premier lieu, les nombreux pics lancés à l’encontre de l’ancien gouvernement ne sont pas récents : ils servirent même de lignes de conduites électorales lors des deux campagnes du printemps 2012. Ainsi, faisant fi de tout débat réellement politique, les socialistes fondèrent leur programme sur une opposition acharnée, vindicative et constante à l’omni président français, en prônant le « changement salutaire ».
Or, la France connaît aujourd’hui un gouvernement qui voudrait couvrir son incompétence en rejetant la faute sur son prédécesseur, essayant de poursuivre la recette qui leur apporta le succès. Fuyant toute charge inhérente au poste tant convoité, le gouvernement consacre de fait l’irresponsabilité gouvernementale comme postulat de ses actions, ne revendiquant que les bonnes et laissant les mauvaises aux absents qui, décidément, ont toujours tort.
En second lieu, ces multiples diatribes montrent avec clarté l’aberration inhérente au système républicain : en consacrant la volatile majorité comme garante de la vérité, le système républicain catalyse l’instabilité politique et, pire encore, l’absence totale de continuité gouvernementale. Ainsi, un gouvernement peut à son aise et légitimement défaire tout ce que le précédent a fait, revenir sur les réformes amorcées et démolir ce qui a été bâtit. Dès lors, comment mettre en place une véritable politique de long terme ?
Ces deux erreurs fondamentales expliquent partiellement la courte vie des républiques : se fondant sur le sable de la majorité, elles usent et abusent de démagogie et de manipulations pour survivre. Or, la Nation française ne saurait se contenter de cette politique frénétique et aberrante : pour s’épanouir, la France et les français ont besoin de constance gouvernementale, d’un pouvoir équilibré et tempéré, respectant leurs libertés locales.
Article paru dans le dernier numéro de Prospectives Royalistes de l'Ouest
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