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Accueil du site > Tribune Libre > De la jeunesse, du jeunisme... et de notre avenir commun

De la jeunesse, du jeunisme... et de notre avenir commun

Plus de huit semaines que nous nous prenons du jeune plein la vue. Plus de huit semaines que ce sont les “jeunes” qui font l’actualité. Avec, pour certains, rien d’autre à avancer que leur jeunesse. Et voilà la France entière les yeux braqués sur sa jeunesse. Et l’on écoute les étudiants, et l’on écoute les lycéens faire la leçon au pays. Les collégiens, ce sera pour plus tard. Une situation qui porte en elle-même un certain degré d’exaspérant jeunisme.

Compte tenu de l’ampleur du mouvement - Chérèque disait avant hier que c’était le plus long depuis la Libération - il y a de bonnes raisons de penser que le sort des jeunes fera partie des thèmes de campagne. Or, si l’on peut estimer justifiée cette attention portée à la jeune classe, la nature même d’une campagne fait craindre - me fait craindre - qu’elle ne soit traitée avec cette démagogie ciblée qu’est le jeunisme.

Oui, l’angoisse des jeunes est légitime. Rappellerai-je une fois de plus l’analyse bienvenue d’Yves de Kerdrel, le CPE, catalyseur d’angoisses collectives ?

“C’est la première fois, depuis des générations, que des jeunes ont la prémonition qu’ils vivront moins bien que leurs parents”

Il reste toujours l’espoir que la prémonition soit mal fondée. Mais on peine à croire que, sans un sursaut, la France ait véritablement le moyen de contrer cette angoisse viscérale. Yves de Kerdrel souligne que “le montant annuel moyen des loyers acquittés par les moins de 25 ans est quatre fois supérieur à ceux versés par les plus de 65 ans“. Il pointe également ce fait que la génération actuelle devra assumer le poids de la dette correspondant aux dépenses de santé de 1990 à 2006, en plus des siennes, ce à quoi j’ajouterai qu’il lui faudra également assumer les retraites de générations plus nombreuses, tout en étant somme toute assurée qu’elle devra elle-même travailler plus longtemps. On ne semble plus pouvoir évoquer l’”ascenseur social“ autrement que pour souligner qu’il est ”en panne“. Et pour corser le tout, ces putains de glaciers fondent comme vache qui pisse, et nous devrions bientôt finir noyés sous les océans par la faute des bétaillères parentales.

Encore pouvons-nous relever que nous ne sommes point seuls : Patrice de Plunkett, qui s’interroge judicieusement au-delà de l’article 8 d’une loi n° 2006-396 appelée à disparaître, rapporte notamment le cas espagnol des mileuristas. "Le mille-euriste, dit-elle, est un jeune diplômé qui possède des langues étrangères, des masters, des doctorats, des stages de formation (‘‘idiomas, posgrados, masters y cursillos’’), et qui ne gagne pas plus de mille euros. Il dépense plus du tiers de son salaire en loyer, parce qu’il aime la ville. Il ne met pas d’argent de côté, il n’est pas propriétaire, il n’a pas de voiture, pas d’enfants, il vit au jour le jour..."

Avouez que ça donne des envies de lancer de pavés. A ceci près que le lancer de pavé est probablement aussi efficace que le tapage du pied de nos tendres et insouciantes premières années, lorsque nous étions - déjà - confrontés à la vision de cette part de gâteau que finissait d’engloutir la génération antérieure.

Mais ne nous abîmons pas dans le jeunisme. S’il y a très probablement des pistes spécifiques à explorer, telles qu’une meilleure adaptation de la formation au monde professionnel - sur laquelle il semblerait, ô miracle, qu’un consensus s’établisse alors qu’il y a peu encore on pouvait entendre que l’école n’avait pas vocation à produire des salariés - je redoute la multiplication de propositions démagogiques à l’égard des jeunes, comme une focalisation déplacée sur la jeunesse.

Je suis en train d’aborder la lecture de l’ouvrage du - semble-t-il - controversé Philippe Muray, Festivus Festivus, dans lequel il fustige ce nouvel homme et son insignifiante fascination pour la fête. Une fête frénétique masquant le réel. Je ne suis pas assez avancé dans ma lecture pour connaître son appréciation de la jeunesse, mais j’ai comme une... prémonition.

Si l’on suit Muray, notre société cherche la fête comme un but ultime. Ne faut-il pas y voir également une fuite ? Une fuite dans laquelle se fond parfaitement la fascination pour la jeunesse. Au risque de me trouver vieux con par anticipation, à quoi vous font penser ces raversdansant” seuls devant un mur d’enceinte au rythme de basses répétitives ? Pourquoi chercher cette pseudo-transe si ce n’est pour déconnecter, oublier, fuir ? Et à moindre dose, la techno-parade...

On fait la fête. Mais qu’est-ce qu’on fête ? On ne fête plus rien, on fête la fête. C’est à vrai dire pathétique et angoissant. C’est Eva Braun dansant sur la table dans le bunker. Quand tout s’écroule, on fait la fête.

C’est d’autant plus pathétique que, si la fête pour la fête est insignifiante, la focalisation sur la jeunesse ne l’est pas moins. Car la jeunesse n’est qu’un état transitoire. Citons Paul Morand : “Ils nous demandent quel sera l’avenir des jeunes ; comment leur répondre que l’avenir de la jeunesse, c’est la vieillesse ?

Avouez que voilà une raison de plus de s’angoisser. Au vu de la place centrale complaisamment offerte aux jeunes, vieillir, c’est non seulement... vieillir, mais devenir insignifiant.

Le “salut” de la jeunesse passe par un projet commun. Pour les jeunes, comme pour la société entière, il faut un avenir commun, un projet, une ambition, une occasion de relever la tête des contingences quotidiennes.

Bien évidemment, la portée religieuse du message délivré par Monseigneur Vingt-Trois aux jeunes lors du pélerinage de Chartres n’est pas d’emblée parlante pour l’ensemble de mes bien-aimés lecteurs, mais je vous le livre tout de même :

”Je vous disais que nous vivions une crise qui exprime une anxiété par rapport à l’avenir. Il me semble que cette anxiété doit nous faire réfléchir sur la manière dont nous nous représentons l’avenir. Qui a les solutions de l’avenir ? Qu’attendons-nous de l’avenir ? Quelle est notre espérance ? Pour beaucoup, la seule espérance qui les motive est celle de la sécurité : sécurité de l’emploi, sécurité du niveau de vie, sécurité de la santé, etc. Mais qui peut vous laisser croire, ou vous faire croire, qu’il vous apportera ces garanties ? Honnêtement, je ne crois pas que quiconque aujourd’hui puisse vous garantir cette sécurité, pas plus que vous assurer que vous aurez un niveau de vie comparable à celui de vos parents.

Derrière cette promesse en trompe-l’œil, il y a un jugement qui se dessine sur les valeurs communément admises dans notre société. La question radicale est de savoir à quoi nous accordons le plus de prix et ce qui peut vous conduire à une véritable maîtrise de votre vie et à un accomplissement de vos capacités, à un équilibre qui vous permette de connaître le bonheur. Pas seulement un petit bonheur mesurable par les sécurités du contrat social, pas seulement le bonheur d’un CDI ou d’une profession protégée, mais le bonheur réel et profond qui donne la joie d’être au monde et de vivre.”

Je ne demande bien évidemment pas à mes lecteurs agnostiques de se précipiter dans les églises, mais cette intervention témoigne, je pense, de la nécessité de porter notre regard plus haut, vers l’horizon. La fête éternelle, l’obsession de la société pour sa jeunesse comme une sorte de narcissisme, la société de consommation, sont autant de symptômes d’une perte de sens.

On peut douter que les présidentielles à venir soient les meilleures garantes d’une vraie réflexion. Mais si nous voulons vraiment rassurer “la jeunesse“, cela passera par un projet collectif, un projet de société. Cela demande de porter le regard un peu plus haut qu’au ras de l’élaboration de quelques mesures ciblées. Et nous gardons l’espoir que cela soit possible...


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18 réactions à cet article    


  • éric (---.---.166.26) 6 avril 2006 13:09

    En effet, il manque un but à notre société. Les manifestants nous en proposent peut-être un : une société qui ne soit pas axée sur le seul gain financier, la redécouverte de l’humain derrière les statistiques et les ratios en tout genre. Le modèle économique fondé sur une croissance permanente et infinie touche à sa fin. Réinventons une nouvelle société, la religion n’est pas forcement nécessaire pour y arriver.


    • ifelhim (---.---.104.168) 6 avril 2006 14:06

      Certes mais la laicité n’est pas une valeur en soit, elle peut (doit sous peine d’auto-destruction) être porteuse de valeurs, mais encore faudrait-il les définir et les défendre, or, actuellement, la seule valeur pronée est la liberté. Cette liberté est, maintenant, tellement portée au pinacle par l’individualisme, que plus personne ne semble se rappeler qu’il faut un minimum de morale dans la société, notamment celle-ci : La liberté d’un individu fini là où commence celle d’autrui. Il faudrait que les gens ré apprennent que la frustration est normale, qu’elle n’est pas synonyme de malheur...

      Nous sommes dans une société qui confond « achats » et « opulence » avec « bonheur ». Notre société confond « avoir » et « être ». Beaucoup de choses, qui nous sont présentée comme essentiellles, (via la publicité notamment) ne sont en fait que des leurres. On nous fait croire (et beaucoup de gens se laissent faire) que l’on est ce que l’on consomme, ce que l’on a, alors que nous sommes ce que nous faisons... Le reste n’est qu’apparences... (Pensez à la chanson d’Alain Souchon « Foule sentimentale », les paroles sont pleines de bon sens)


    • (---.---.224.225) 6 avril 2006 14:39

      Merci Koz pour cette belle réflexion...

      Et pourtant le PIB français par habitant n’a jamais été aussi élevé.... ; on sait bien qu’il s’agit d’un indicateur assez fallacieux, mais tout de même !!!!

      Bref B Pascal que ne démentirait pas je pense, Mgr Vingt Trois a également fort à dire sur tous ces sujets...

      Cordialement

      Marc P


      • BB (---.---.139.70) 6 avril 2006 15:34

        “C’est la première fois, depuis des générations, que des jeunes ont la prémonition qu’ils vivront moins bien que leurs parents”

        Ben non, ça fait 20 ans que çà dure, mon père pendant l’occupation avait aussi ce sentiment, en 36 idem, en 14/18, 70...

        Les seules « premières fois » qui se proposent à nous désormais semblent être d’échelle planétaire !

        Boommmmm !


        • wiper (---.---.41.91) 6 avril 2006 16:31

          Bravo a nos médias d’adhérer si parfaitement aux projets de nos élites, grâce à eux nos jeunes sont devenus démons.

          Djeuns vous avez bien raisons de ne pas vous laisser faire, nous sommes dans le monde de la prédation, et ce n’est pas quand vous aurez 40 ans et que vous serez moulé par le système, que vous pourrez défendre vos droits. En vous défendant c’est aussi nous que vous défendez et je vous en remercie. Non le monde n’as pas qu’une seule destinée possible, et c’est aujourd’hui que tout se joue, quand a nous les vieux de 30@moultes années nous devrions étre méfiant sur ce qui se passe, car ce n’est pas quand nous serons affaiblis par le poids d’innombrables années de labeur, que nous pourrons manifester pour réclamer le droit à une pitance que nous avions crus gagner.

          Les restos du coeur ont encore de belles années et je crois savoir que beaucoup d’entre nous en serons dépendant.

          Patrick vieux dans l’âge


          • l1dit (---.---.54.30) 6 avril 2006 18:14

            Et que font-ils de si interessant, de si nouveau, de si créatif que çà ces jeunes, là quand ils sont dans la rue ( y compris à 12 ans) ? La seule chose qui soit vraiment différente c’est l’intensité et l’absurdité des violences commises - le reste c’est du déjà vu, déjà fait par d’autres ailleurs.


            • Pascal (---.---.222.146) 6 avril 2006 19:43

              A ce propos, je ne vois ce que tu apportes par ton commentaire, d’une part la violence chez l’Humain est certainement bien plus vieille que les rues elles-mêmes et d’autre part Koz l’auteur de l’article te parle d’avenir et d’horizon et toi tu lui parles de déjà vu. Evidemment la plupart de ce qui va se faire ou se dire à déjà été vécu ou dit (personne ne naissant dans une bulle coupée du monde ou par l’opération du sain esprit n’en déplaise à koz) mais c’est justement le petit détail qui va enrichir l’Humanité. Ce qu’ils sont en train de créer ou de recréer (puisqu’on apprend rarement de nos ainés) c’est dia-loguer au lieu de smser c’est déjà pas si mal. En fin je comprend ta réaction contre la violence et même je la partagerais si elle était réelle (je parle pour la majorité des localités ou il y a des étudiants dans la rue) mais en fait la plupart d’entre eux sont bon-enfants et ne veulent pas entrer dans la violence car ils ne s’y reconnaissent pas (il ne faut pas croire tout ce que l’on voit à la télé), laissons leur l’opportunité de s’exprimer même si c’est pour dire des « conneries » que l’on a déjà dit avant eux. Cordialement Pascal


            • l1dit (---.---.54.30) 6 avril 2006 20:53

              Rappel : il est question des « jeunes ». Je veux bien prendre ce terme comme référentiel même s’il ne renvoie à rien de précis. Et dans ce cas, il n’est pas question de compacter « étudiant » avec « jeune » ; mais pas non plus « beur, black,musulman,juif,banlieusard »....« avec »jeune". Je contaste que lancer un pavé dans la mare n’est pas toujours plaisant ! Aucun « jeune », de ces jeunes « compactés » par les médias, les partis politiques (tous les partis politiques, çà les arrange !)ne feront rien en vérité : les brailleurs braillent, les casseurs cassent, les leaders se montrent à la télé ( ils se font tout beaux pour qu’on les prennent en photo) puis quoi ? J’ai beau chercher le « petit détail qui va changer l’humanité », je ne trouve pas. Je crois d’ailleurs c’est c’est autre chose qu’un détail qui fera que çà va changer !


              • Pascal (---.---.222.146) 6 avril 2006 22:16

                Je vois toujours pas en quoi tu te différencies, a part que comme moi tu ne sembles plus jeune. Tu continues à vitupérer et à seriner des lieux-communs. Je repète que je partage une partie de ce que tu dis mais je reconnais que c’est aussi des banalités et ton défaitisme n’apportera rien non plus. Je crois de plus que ta critique s’adresse à une image « médiatique » de la jeunesse qui n’est pas réel, oui les jeunes manquent de recul oui certains sont cons mais pas plus que nous l’étions, et j’apprécie qu’aujourd’hui même si c’est en pensant « déformé » que les jeunes se remettent à penser au lieu de regarder la bm de leur voisin comme si c’était le but de toute une vie. Cela dit, pour finir sur une note d’humour en reprenant ton texte les braillards braillent ... et les cons cognent (surtout s’ils sont crs) Pascal


              • B Dugué (---.---.189.31) 6 avril 2006 21:57

                Tu Koz trop et tu lis mal, à côté, Muray parle en profondeur mais tu l’utilises en surface dans un contre emploi. Evidemment tu n’iras pas te coltiner des réflexions sur le capitalisme, la société, l’inégalité, tu préfères les solutions simples, tu causes comme un membre des trentenaires sarkozystes. Aucun recul historique, récupération de discours religieux sortis de leur contexte comme Muray du reste. Tu confonds critiques esthétique, spirituelle et sociale mais ça fonctionne assez bien, tu as du succès Man, continue


                • L’ingouvernable UE+Olmert (---.---.43.89) 7 avril 2006 00:56

                  Le UE-Non des Jeunes d’Hollande[Neerlandais] VS « demagogie ciblee[Olmert] » est encore a savourer ... a Bruxelles : Les Flammands reagisseront d’une maniere semblable !


                  • Thucydide (---.---.101.8) 7 avril 2006 09:43

                    Article plein de bon sens, auquel il faudrait ajouter un élément majeur de ce « djeunisme » : il est entretenu par une quantité non négligeable de vieux chnoques qui ne sont pas près de renoncer à leurs acquis « sociaux » (en réalité totalement asociaux). Malgré les réformettes sous Raffarin, combien admettent déjà qu’il n’est pas tenable de vivre toujours plus vieux et de prendre sa retraite toujours plus tôt ? Et qui donc paiera pour les derniers à profiter de ce système moribond ? Ces mêmes jeunes, qu’on excite contre l’état. L’état, c’est-à-dire... nous tous. Cherchez l’escroquerie.


                    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 7 avril 2006 12:14

                      Le seul but d’une société libérale, laïque et pluraliste possible est le justice, à savoir la mise en oeuvre du droit au bonheur et à la liberté de chacun, lequel ne dépend pas d’un sens commun transcendant de la vie des individus (à ce sujet aucun accord n’est ni possible ni souhaitable) mais du désir de chacun de se sentir solidaire des malheurs des autres et de leur accorder les mêmes droits réels que ceux dont il désire jouir pour lui-même.

                      Si, pour certains, la fête collective pour la fête fait partie du bonheur c’est leur droit et nous n’avons pas à en juger au nom d’une morale supérieure qui n’aurait de sens que pour nous, sauf à croire que notre morale serait la seule authentique et devrait devenir celle des autres. Seul chaque individu peut juger du bonheur qui est le sien.

                      Tout autre sens qui prétendrait définir un bonheur collectif commun et/ou une éthique du bonheur obligatoire (salutaire) serait religieux et partant liberticide. Il faut se faire à l’idée que nous sommes dans une société libérale donc individualiste ; ce qui ne veut pas dire injuste ou dépourvue de sens de la solidarité mais ce sens ne signifie en rien une vision universelle du bien vivre en commun.

                      Vivre avec les autres ce n’est pas vivre pour les autres d’une manière indifférenciée, ni même vivre ensemble avec n’importe qui un projet commun de vie ; c’est vivre pour soi dans le cadre des meilleurs rapports possibles avec les autres. Si ont construits des projets collectifs, ceux-ci doivent être choisis comme doivent être choisis ceux avec qui nous les poursuivons dans un cadre contractuel. Que tous aient le droit à cette autonomie est le seul immanent possible dans un société qui n’est plus une communauté, car elle n’est plus religieuse et donc unie dans ses valeurs éthiques positives (vision du Bien)

                      De la défense de l’individu

                      Egoïsme et altruisme

                      Le rasoir philsophique


                      • Marc P (---.---.241.89) 8 avril 2006 15:13

                        Merci Mr Reboul, difficile de ne pas adhérer une fois de plus à votre intervention -et aux « auto-liens »(bien que j’aie toujours été un cancre en philo.)

                        cependant on est bien d’accord que dans notre société l’individualisme sans doute mal assumé se traduit par le fait de vivre, comme je l entendais chez Finkielkraut ce matin, à côté les uns des autres et non ensemble ou avec les uns les autres... qui plus est dans un conformisme ou un suivisme forcenés, renforcés par une instruction peu individualisante. Combien d’entre nous, essaient de penser par eux mêmes ce que nombre de philosophes considèrent comme le comble du courage...

                        Il semble que beaucoup d’entre nous n’aient le choix qu’entre la relation pour ainsi dire fusionnelle (corporatisme, clanisme, quasi indifférentiation intellectuelle, nous-mêmisme, bougisme -c’est à la mode-...) ou la relation fonctionnelle, juxtaposition matérielle ou professionnelle des corps, elle aussi régie par l’argent ou un salaire, pour faire tourner la roue -bougisme encore- comme les hamsters ds la cage...). Je crois certes à des entreprises comme vous diriez « choisies » mais trop rares à mon sens.

                        Je ne suis pas quant à moi indifférent à ce qu’un autre agnostique -que vous iil me semble- nous explique (A Jacquard), à savoir que « je » est « les autres » et que nous serions bien « la relation » que nous avons aux autres ou son produit comme son agent... autant sinon plus que ce « corps terrestre » qui « se » prend pour un démiurge particulièrement « inspiré ».

                        « comme doivent être choisis ceux avec qui nous les poursuivons dans un cadre contractuel. »

                        Comment ce propos peut-il prendre en compte ceux qui ne sont pas en situation de choisir un « co-contractant » (la majorité d’entre nous je le crains) et qui soit seront choisis par d’autres ou au contraire choisis par personne... ??? Je crains même que « le système » le plus souvent choisisse le co-contractant lorsqu’il existe, pour nous...

                        Spinozza qui je crois a fini sa vie dans la misère devait sans doute avoir une idée sur la question...

                        Quel est le liant qui peut permettre d’assurer que « autonome » ne rime jamais avec isolé, abandonné, relégué, exclus ou tout ce que vous voudrez...

                        Enfin faut il comprendre qu’il n’y a de communautés que de religeuses ? et j’imagine que le terme « religieux » prend alors un sens particulièrement, disons générique ou étymologique.... ou sont ce des coquetteries de vocabulaires car on sait que le mot « communauté » est un épouvantail ou en fait office en France ... (y compris la « communauté européenne »).

                        Bref la main invisible serait elle autant économique que sociale... ?

                        Bien sincèrement

                        Marc P


                      • (---.---.38.140) 7 avril 2006 13:00

                        Et n’oubliez pas votre culture mes chers français. Vous n’etes pas americains quand meme !!!

                        Les touristes que nous sommes ne vous reconnaissent plus avec vos fast foods a l’americaine a chaque coin de rue de Paris et vos immitations de rap américain en français...

                        Vive l’accordéon et Edith Piaf à la radio et dans les rues. Memes les Americains etaient sous le charme en 1944. OK on vous demande pas d’avoir le béret, garder juste vos baguettes !!! Mais quand meme est ce que les espagnols renient leur guitare (flamenco) ? Et les grecs leur bouzouki ? les italiens leur mandoline ? Ils sont ou les fameux « french lovers » ?

                        Bref ou est passé tout ce qui fait votre charme ?


                        • Christophe (---.---.58.18) 9 avril 2006 13:55

                          Belle intervention Koz.

                          Le “salut” de la jeunesse passe par un projet commun. Pour les jeunes, comme pour la société entière, il faut un avenir commun, un projet, une ambition, une occasion de relever la tête des contingences quotidiennes.

                          Mais n’est-ce pas là le paradoxe ?

                          Construire un projet commun consiste à trouver un compromis le plus largement partagé par l’ensemble des citoyens. Or, cela ne colle pas aux aspirations de chaque individu. Le compromis pose en lui certaines contingences.

                          N’est-ce pas justement l’un des points qui s’oppose aux revendications de 1968 ?

                          A force d’abonder dans le sens de liberté individuelle poussée à son paroxisme, n’avons nous pas fourvoyé la valeur qu’est l’individualisme ? N’avons-nous pas basculé vers le narcissisme ? Ainsi, nous aurions perdu la notion de compromis ; vivre sans contingence n’est-il pas utopique si nous souhaitons contruire une société ?

                          Une société est constitué de sujets et d’objets (en résumé). Dans quelle catégorie doit être classée le citoyen ? Jusqu’à présent, l’Homme était sujet ; ne sommes nous pas dans une phase où certains sujets le resteront, mais la grande majorité est vouée à passer de sujet à objet ou pour être plus optimiste passer de sujet à sujet/objet selon l’environnement, le périmètre ?


                          • Variations (---.---.184.5) 9 avril 2006 22:59

                            Le vrai problème des jeunes concerne ceux qui n’ont aucune qualification. Or ils sont 60 000 à quitter chaque année le système scolaire dans cet état-là. Et quatre ans plus tard, 40% d’entre eux sont toujours au chômage, les autres se partageant ent


                            • f senior 72 ans (---.---.220.22) 10 avril 2006 07:52

                              vendredi dernier, à 11h sortant d’un cabinet de radiologie j’ai repris ma voiture au parking souterrain mais à la sortie, blocage, toutes les voitures sortantes stoppées par notre belle jeunesse qui manifestait son profond désarroi en grimpant aux arbres, sous l’oeil attendri de notre police municipale, 4 jeunes gens très attentifs à ne pas faire de bavure. cela a duré une heure, une heure pendant laquelle, arrêtée en pleine côte, je suis restée très concentrée et attentive à mon voisin précédent qui ne se servait pas de son frein à main. quand enfin nous avons pu sortir nous nous sommes faits copieusement insulter, doigt d’honneur et vociferations.... vrai, j’étais très fière de cette jeunesse qui voulait en découdre. j’ai hautement apprécié leur vitalité et leurs manières, cela m’a rassurée sur l’avenir qui à mon âge est bien reduit mais quand meme pour les 10/15 ans qui me restent dans le meilleur des cas je sais que la relève est assurée par une jeunesse travailleuse, consciente des evolutions du monde moderne et de leur avenir. ils auraient du bruler ma voiture, comme elle a 17ans, ca m’aurait rendu service. dommage !

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