De quoi le refus « laïc » des crèches est-il le nom ?
Encore une fois, cette année, nous avons un affrontement médiatique sur la mise en place de crèches dans les municipalités et/ou les places publiques (Crèche de Noël : la mairie de Beaucaire au tribunal pour violation de la laïcité après une plainte de la Ligue des droits de l’homme).
Le fait que cette polémique soi-disant de "laïcité" soit récurrente en France (et pas seulement à noël et pas seulement sur les crèches Ici par exemple) indique que le problème n'est pas traité/encadré correctement.
Diverses explications affleurent pour expliquer cet affrontement permanent, mais aucune ne semble être satisfaisante.
En particulier la théorie du grand remplacement, voulu par les élites, qui demande donc l'éradication de la culture traditionnelle française.
Je pense que ce n'est pas le problème ici. Il y a bien un enjeu de changement qui apparait (les statistiques sont assez éloquentes- ici par exemple) et qui aboutira (ou pas) à une évolution culturelle mais il n'est pas voulu par les « élites » (cette évolution est certainement instrumentalisée mais pas provoquée).
Comme je l'ai déjà écrit, une « élite » n'a aucun intérêt à changer la culture. Sa position dominante est assurée, entre autres, par la culture (merci à Antonio Gramsci Hégémonie culturelle — Wikipédia) : Quel est l’intérêt de risquer sa position pour un gain hypothétique ? Le manque de courage de l’« élite » est prouvé au vu de l'absence de projet et de direction du pays depuis 40 ans.
Notons également qu'une religion rigoriste (liée, par exemple, à un bédouin du 7eme siècle…) n'est pas le choix idéal pour une élite ploutocrate hédoniste (avec une très nette ascendance "marquis de Sade", voire pire).
Cette hypothèse de remplacement culturel ne me semble donc pas être l'explication principale.
Je ne parle même pas de l'enjeu laïc qui n'explique rien. Au vu de la faiblesse du clergé en France, l'enjeu n'est pas un projet politique concernant la religion et/ou les rapports religions/état. Nous ne sommes plus en 1905. La laïcité est ici un prétexte qui cache autre chose.
Cet autre chose est un fait un choix politique fondamental caché par la sémantique dissimulatrice de « laïcité ».
En effet, deux camps s'affrontent bien en France actuellement. Mais non pas "Catholiques contre Laïques", comme "on" voudrait le faire croire mais "Conservateurs vs Kapos".
Revenons en arrière. Dans le passé, il y avait effectivement une chape de plomb posée sur l'esprit de la population française par la religion catholique et il était tout à fait raisonnable de souhaiter un développement de l'esprit critique de la population pour pouvoir l'émanciper d'un clergé dominateur et manipulateur.
De nos jours, reconnaissons que ce n'est plus le cas. Le clergé catholique actuel ne peut plus être considéré une menace ou une référence pour la population française. Il n'a plus aucun pouvoir politique et aucun prêche ne peut prétendre à avoir un pouvoir persuasif supérieur (qualitativement et/ou quantitativement) au journal de 20h sur l'une ou l'autre chaine.
Par contre une autre chape de plomb est venue poser sur la population et souhaite museler l'esprit critique : Il s'agit de l'état français (qui au passage cherche à homogénéiser, dans un sens conforme à ses intérêts, le message transmis à travers les journaux télévisés de 20h …).
Bien évidemment, en France, il est difficile d'accuser l'Etat. Au contraire, il est plutôt classique de dire qu'il faut que "l'état fasse quelque chose" dès qu’apparait une difficulté.
Pour gérer cette dissonance, les gens sont prêts à trouver beaucoup de boucs émissaires pour expliquer cette lutte contre les symboles religieux (franc maçonnerie, satanisme, wokisme, etc....) mais surtout à ne pas pointer le vrai problème.
La réalité apparait beaucoup plus simple, à mon sens, en utilisant l'Histoire comparée.
Comme à la fin de la république romaine / début de l'empire romain, l'Etat (et tout son appareil administratif) souhaite devenir sacré (divinisation d'auguste, culte impérial, sol invictus, etc.) pour ne plus avoir de concurrence dans l’esprit de ses « citoyens ».
C'est le graal d'un état. Ne pas être simplement un pourvoyeur/organisateur de biens matériels et de relations entre les Hommes-citoyens, mais également le programmateur des consciences de ces sujets-"citoyens".
Ce positionnement pouvait être sujet à discussion jusqu'à peu (un état même « équilibré » n’est pas sans défaut critiquable). Mais après la gestion calamiteuse (et à la fois arbitraire et autoritaire) du Covid-19 par l'Etat, le doute n'est plus permis. L'état français ne veut pas seulement ordonner le monde physique. Il veut également être le maitre des consciences des français.
L’état français est donc en train de muter en un état totalitaire. (Je préfère ne pas reprendre le terme de fascisme qui est lié à une période historique de l’Italie mais force est de reconnaitre que la définition de Benito M est très parlante « Tout dans l'Etat, rien contre l'Etat, rien en dehors de l'Etat".
Les thuriféraires de la laïcité ne sont en fait que des laquais et des notables qui veulent montrer Leur fidélité de caniche à leur oppresseur étatique en espérant avoir les avantages mineurs dont disposent tous les kapos dans les systèmes carcéraux.
S'opposer, de la manière la plus médiatique possible, à tout ce qui limite le pouvoir de l'état, notamment ce qui apparait symbolique et donc porteur d’un sens hors-état (une croix, un drapeau français, un faciès de "souche", une crèche de noël, la Princesse de Clèves, etc. ...) leur permet d'espérer être identifié comme des "personnes de confiance" à qui l'état doit une sucette et surtout quelques miettes de pouvoir (je pense qu'ils s'illusionnent mais c'est un autre débat).
Un kapo politique actuel va donc s'opposer de manière structurelle à tout ce qui limite le pouvoir de son état-oppresseur chéri ( une forme avancée de syndrome de Stockholm …) et va chercher à attaquer (légalement en général mais il existe aussi un mode "physique" avec lumpenprolétariats (« sauvageons » et/ou black blocs) ou polices instrumentalisées) tous ceux qui refusent d'abandonner des systèmes qui ont fait leur preuve dans le temps (notamment dans la capacité à s'opposer à un pouvoir étatique arbitraire...).
La religion imprégnant la France depuis plus de 1000 ans, le christianisme catholique, est, au vu de ce projet, un obstacle pour eux (car obstacle pour leur "suzerain") à la fois comme source de symboles mais aussi comme une des puissances politiques capables de s'opposer réellement à un état totalitaire (ce n'est pas l'URSS ou le Raj Britannique qui diront le contraire au vu du résultat du match contre une puissance religieuse).
Mais comme également le Covid-19 l’a montré, en face de ces kapos, des personnalités émergent et résistent. Et cette résistance s’appuie, souvent intuitivement, sur un principe politique (= un moyen pas une doxa) théorisé par E. Burke : Le conservatisme.
Un conservateur, actuellement, n’est donc pas quelqu'un qui cherche à maintenir à tout prix une position de pouvoir infondée en s’appuyant sur un passé idéalisé, le « roman national » (c'est le sens péjoratif que lui donne la gauche "Kapo").
C’est plutôt ,de manière rationnelle, suivant en cela la théorie de E. Burke, une personne qui cherche à maintenir les choses qui ont bien marché dans le passé et qui refuse de changer tant qu'il n'y a pas eu la démonstration qu'un nouveau système est plus avantageux et est accepté par tous ou, au minimum, par ceux qui « financeront/porteront » ce nouveau modèle (un référendum est classiquement le moyen retenu pour s’assurer d’avoir l’adhésion au changement des concernés).
Ainsi dans le cas de Noël et de la crèche, la plupart des gens ne voient plus un acte religieux mais d'abord un symbole culturel et festif (aspect très sympathique en ce temps de crise) et pour ceux qui vont au-delà de l’aspect traditionnel, également un symbole de la lutte contre un état totalitaire.
Approfondissons le mythe « européen » que porte ce symbole : Un enfant est né dans une étable (notons que c'était dû à une mesure étatique administrative contraignante, un recensement pour pouvoir lever l’impôt…). Il s'opposera ensuite à son clergé et aux puissants de son pays, puis, suivant son modèle, ses disciples s'opposeront à l'empire romain totalitaire (la suite est discutable, tout finit par se corrompre dans ce bas monde).
Notons qu'il n'y a pas besoin de croire en un « dieu chrétien » pour trouver son parcours exceptionnel.
Jésus de Nazareth mettra au-dessus de lui, de sa vie, certaines valeurs humanistes quitte à y perdre la vie, prouvant ainsi la vérité de son engagement. Il n’est pas le seul (Socrate, Gandhi, Jaurès, etc.) mais ils ne sont pas nombreux (même le futur Saint Pierre n’a pas réussi).
Une autre des leçons du Covid 19 (et de l’emprisonnement d’Assange) est que le courage est plus rare que l’intelligence… J’y pense à chaque fois que j’écris un article. Toute bonne stratégie de résistance doit utiliser les leçons de ce symbole.
Il est assez ironique et rassurant que ce symbole de la naissance de la résistance à l'oppression d’un état totalitaire (symbolisé par l’hiver) soit célébré dans et par les mairies.
Si on ne veut pas célébrer ce symbole lors de Noël, que propose en remplacement nos kapos laïcistes intégristes ?
La fête du « bel hiver » ? « Bel hiver », « Voyage en hiver » : des villes ont-elles rebaptisé leur marché de Noël pour « invisibiliser » la fête chrétienne ? – Libération ? Je ne crois pas que cela montre le même enjeu et que la riche symbolique initiale de Noël soit maintenue (ou alors, de manière perverse, dans le sens que l’ « hiver » gagne sans opposition et qu’il faut se taire et courber l’échine car "There Is No Alternative - TINA" ?)
Je vois, par contre, très clairement pourquoi un état totalitaire préférerait enlever un symbole de résistance à un état (« hiver ») qui prend des mesures dures pour soumettre la population (histoire de bien pouvoir prélever l'impôt ensuite sur une population harcelée et domestiquée).
Comment faire évoluer les choses et prendre place dans l’affrontement titanesque qui s’annoncent ? En Europe, il est une manière particulière de régler les conflits : la disputatio, la rhétorique encadrée par la logique (ceci pouvant aboutir, en France, à un changement de loi, notamment une amélioration de la loi de 1905).
Pour que le débat soit constructif et non sectaire, Il faut maintenant donner la parole de manière publique (réseaux sociaux, agoravox….) à ceux qui veulent la laïcité extrémiste vis à vis de la crèche et qu'ils répondent pourquoi ils n'impliquent jamais la laïcité sur d’autres religions (que les politiques françaises courtisent de manière plus ou moins officielle), pourquoi ils considèrent qu’une mairie (élue) ne peut pas avoir un budget crèche (par nature public) alors que des budgets municipaux concernant la politique étatique (politique migratoire, wokisme, clientélisme religieux, etc.) sont votés en toute opacité et sans que les administrés soient au courant et/ou d’accord.
Vous noterez que les idéaux « humanistes » de l’état ne sont pas discutables (même la justice ne s’oppose pas, c’est prévisible : la justice relève de l’état. Encore une fois le Covid-19 a servi de révélateur à ce proto-totalitarisme). Ce qui est très proche du fonctionnement d’une secte et d’une religion révélée ….
Là, les laïcards, « défenseur de la liberté de conscience » sont aux abonnés absents. Incapacité à comprendre le monde ? Pourtant ils sont censés avoir une "compréhension supérieure" par rapport aux pauvres vilains que nous sommes.
Heureusement une justice supérieure à ces beaux parleurs arrive : Le wokisme/étatisme ne permet plus d’être élus (K. Harris, O. Scholz, etc....) et le discours républicain/inclusif ne passe plus. Mais c’est juste une bataille qui est en passe d’être gagnée. La guerre ne fait que commencer.
Tout ceci pour dire que l'on peut ne pas être chrétien catholique et être malgré tout un ardent défenseur de la crèche à Noël, un symbole qui mériterait d'être repris par toutes les religions et toutes les philosophies humanistes.
J’espère que nous nous retrouverons autour de ce symbole de Noël avec d’autres pour fêter le retour de la Lumière contre les forces de l'obscurité.
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