De victor Jara à Guantanamo : la même CIA (39)
Certains avaient pu s’étonner, à la lecture de mes épisodes, de l’opération visiblement menée par la CIA visant à importer des voitures neuves des Etats-Unis, ou des véhicules récents volés, pour les retrouver au milieu des explosions de Bagdad ou d’autres villes du pays. Opérations douteuses de « cover up » visant à déstabiliser le pays, en montant l’une contre l’autre les deux factions religieuses chiite et sunnite. Or, à tout bien regarder, on ne doit pas en être trop étonné : ces opérations de déstabilisation avaient commencé bien avant l’invasion du pays en 2003, et elles visaient à cette époque à tenter de pousser Saddam Hussein à se venger de ses propres généraux, qu’une habile opération secrète aurait rendu responsable d’attentats contre sa personne. Un Saddam rendu fou furieux n’aurait pas hésité à s’en prendre à ses propres cadres, on le sait. C’était bien là le plan prévu, qui comportait donc des contacts avec des dissidents parmi le staff de militaires de Saddam Hussein. Six ans après la capture de celui-ci, ses liens existent toujours, à n’en point douter. La CIA les a gardés, au cas où.

Le projet s’appelait Anabasis, avait été autorisé par Bush en février 2002, et avait été mijoté par Georges Tenet et des membres de la CIA, dont un surnommé Luis, et par John Maguire (un ancien des SWAT de Baltimore), l’homme à la tête de "l’Iraq Operations Group". Maguire était en réalité un vétéran des opérations tordues, il avait trempé dans l’affaire des contras contre les sandinistes. On l’avait retrouvé un jour sous la couverture d’un vendeur de bateaux, à la Johnson Outboard Motor Repair Shop de La Union, au Nicaragua. La nuit venue, il utilisait ses bateaux de touristes pour transporter des mines flottantes pour empêcher les sandinistes de se ravitailler en armes. L’affaire, ébruitée avait provoqué un beau scandale : Barry Goldwater avait alors parlé de grave violation des droits internationaux. William Casey, directeur de la CIA avait dû faire machine arrière et arrêter les opérations de minage des ports nicaraguayens. Maguire avait été envoyé juste après en Afghanistan… pour aller expliquer à Massoud et à l’Alliance du Nord comment utiliser des mines terrestres, les fameuses IEDs contre les chars russes… avant de quitter officiellement la CIA et de devenir instructeur à "La Ferme" (The Farm), en Virginie… "La Ferme", le surnom de Camp Peary, le chef-lieu des Armed Forces Experimental Training Activity (AFETA), qui est aussi depuis toujours le camp d’entraînement privilégié de la CIA près de Williamsburg…. Maguire n’avait donc jamais quitté véritablement la CIA ! A Camp Peary, où on s’occupait de pas mal de choses... (que nous avons vues déjà ici).
Les techniques d’entraînement qui prévalaient à Camp Peary, qui allaient jusqu’à celles d’assassinats, ont été décrites dans le détail en 2004 par une femme, Lindsay Moran, d’origine bulgare, dans son ouvrage "Blowing My Cover : My Life as a CIA Spy". Selon elle, les tactiques étaient dépassées, dataient de la guerre froide, et le recrutement d’espions aux cocktails d’ambassades un peu trop stéréotypé ! Selon elle également, en Irak, les actions de la CIA étaient… inadéquates. Surtout, pour elle, la CIA passait trop de temps à combattre les scandales la concernant au lieu de faire réellement dans la lutte contre le terrorisme. Au moins avait-elle appris les techniques pour résister à un interrogatoire, la spécialité de la CIA...programme SERE oblige, et avait clairement défini qu’espionner, c’est avant tout mentir... aux autorités.
Mentir, en affirmant comme le dira G.W Bush fin 2002 qu’il n’avait rien en vue contre Saddam, alors qu’il venait de signer les ordres autorisant les cover-ups en Irak (*1) . Des opérations préparées par John Maguire et "Luis", un exilé cubain, qui était l’assistant particulier de John McLaughlin, un des dirigeants de la CIA, successeur par intérim quelques mois de Georges Tenet, dont le père avait participé à l’opération de la baie des cochons. Pour l’opération envisagée, il fallait envoyer sur place une équipe de paramilitaires qui devaient contacter les généraux dissidents du dictateur. Le plan contenait l’assassinat de proches de Saddam, assassinats qui auraient été imputés à d’autres généraux pour que le dictateur se lance dans une épuration catastrophique pour son régime (il l’avait commencé par une purge magistrale, filmée et archivée).
Pour le déroulement de l’opération, une insurrection menée dans le sud du pays aurait été fomentée, près de Nukaib, où Saddam aurait dû se rendre en avion en violant la condition des vols interdits depuis la précédente opération militaire américaine : un tir sur cet avion imputé aux insurgés aurait servi de prétexte à l’invasion du pays (*2) . Coût estimé des opérations : 400 millions de dollars, y compris les liasses destinées au généraux "retournés". Une réunion au QG de la CIA avec Dick Cheney , qui semblait selon certains observateurs "possédé par l’Irak" et avec Lewis Libby, surnommé "Scooter", avait scellé la directive : Libby y avait affirmé que Saddam avait acheté au Niger du Yellow Cake pour faire une bombe atomique : on découvrira bien après que c’était de l’intox pure, provenant… de la CIA. De même qu’on découvrira que l’informateur irakien de Colin Powell, le surnommé "Curveball" avait lui aussi tout inventé !!! Les camions épandeurs de gaz toxiques, c’était aussi du flan (*3) , comme nous l’avions exposé ici dans l’épisode N°6. A la réunion assistait aussi le sous secrétaire à la défense Douglas J. Feith, avec son staff, que Colin Powell appelait "le bureau de la Gestapo" !
En janvier 2003, "Curveball" présenté comme "fiable" par la CIA avait été littéralement démonté, pourtant, par un homme de la maison : Tyler Drumheller, (*4) a l’époque toujours en poste, qui avait rédigé une note ravageuse à l’intention de Powell. Dans cette note, il accusait "Curveball" d’être un "menteur" et un être "mentalement instable" qui ne devait en aucun cas être crû sur parole. un affabulateur, que Drumheller avait bien cerné. Il ne sera pas suivi. Les "laboratoires mobiles" inventés avaient été ajoutés à la dernière minute dans le discours de Powell : on sait ce qu’ils étaient, où plutôt qui en détenait : les américains, pour leurs essais du Nevada et en Utah, mais pas Saddam Hussein ! C’est ainsi que l’on apprit bien après que de stations mobiles on n’en n’avait aucune photo, et que les graphiques Powerpoint de l’exposé de Powell furent dessinés selon ses racontars... George Tenet, qui n’y croyait pas davantage sera quand même juste derrière Powell durant tout le speech à l’ONU. Entre menteurs, un pacte avait visiblement été passé : Tenet, s’i voulait garder sa place, n’avait pas à aller à l’encontre du pouvoir et de ses décisions, fussent-elles basées sur des mensonges.
En novembre 2007 la supercherie Curveball, alias Rafid Ahmed Alwan, qui n’avait jamais été physicien, contrairement a ce qu’il avait clamé, éclatait au grand jour, donnant une revanche tardive à Drumheller. Tout ce qu’il avait raconté été faux de bout en bout ! La CIA avait bien deux écoles désormais : celle des "classiques", loyaux et patriotes, de vrais hommes de l’ombre, et les "nouveaux venus", ou plutôt les parvenus véritables, prêts à s’acoquiner avec le pouvoir en place, contre l’échange d’une belle carrière. Le régime de Bush ayant misé sur les deux, en rappelant de vieux briscards de l’époque anti-castriste et de jeunes loups avides d’argent. Ceux ayant travaillé sous Carter ou Clinton furent mis sur une voie de garage, ce furent les anciens reaganiens qui regagnaient des postes en vue : une nette droitisation des services secrets fut mis en place. Le régime se durcissait et avait besoin de relais sur la même longueur d’onde.
Pour arriver à présenter une équipe qui se tienne, des entraînements eurent lieu en plein désert du Nevada, dans la zone connue des anciens essais nucléaires US (un lieu bien connu des agents de la CIA, voir les épisodes précédents). On pense qu’environ 80 irakiens ont participé à ces opérations., sous le nom de code de Scorpions 77 Alpha (selon le livre "Hubris"), auxquels s’ajoutaient 15 égyptiens et libanais (pour contrecarrer les manques flagrants de personnes parlant la langue). Les mercenaires auraient été déposés à la frontière irakienne par les mêmes avions que ceux dont se servira la CIA pour ses "renditions flights". "AirCia" amenait sur place les troupes ! A camp Peary, su le petit aéroport discret, le plus en vue étant le C-130 immatriculé N2189M (N2731G) de Tepper Aviation.
A New-York, en septembre 2002, un des leaders soufistes avait même été invité à participer aux préparatifs. Des généraux de Saddam Hussein, qui étaient soufistes auraient fait le lien. L’homme s’appelle Muhammad al-Kasnazani, c’est le leader de la confrérie soufie Casnazaniyya, branche de la Qadiriyya, un homme en cheville avec Izzat Ibrahim al-Douri, un informateur donc, devenu "Le pape" comme nom de code à la CIA, assisté de ses deux fils. "D’après des documents saisis par les Américains, au siège des services secrets irakiens en 2003, Muhammad al-Kasnazani et ses fils Nehru et Gandhi – au nom de code « Rockstars » - jouaient double jeu". Avec la CIA, les rencontres se passaient parfois au Maroc, à Marrakech, dans un restaurant réputé, le Maroc où la branche boutchich de la confrérie était née au milieu du xviiie siècle. Selon certaines sources (le livre d’Isikoff et Corn), la CIA aurait alors proposé à al-Kasnazani le tarif de 1 million de dollars par mois contre des renseignements sur l’environnement proche de Saddam Hussein.
Muhammad al-Kasnazani était en relation directe avec le général Izzat Ibrahim al-Douri, soufiste lui aussi, celui qui un jour avait hérité de la carte de "roi" parmi les personnages de haut rang recherché par les américains. Or, à l’évidence, ce personnage, à ce jour encore, a évité tous les écueils de l’après-bataille, continuant semble-t-il à diriger en sous-main la résistance irakienne sans jamais être arrêté. Annoncé à plusieurs reprises comme mort, notamment de leucémie en 2005, l’homme ne cesse encore aujourd’hui d’intriguer. Nous avions déjà parlé de ses étranges facultés à disparaître au bon moment : "sans nul doute, l’homme était informé des recherches le concernant. Un autre point avait mis la puce à l’oreille aux militaires de base américains : le 11 décembre dernier, un haut dignitaire du régime de Saddam Hussein, Izzat Ibrahim al-Douri, a échappé on ne sait comment aux soldats qui le pistaient. Il avait été repéré dans le village d’Al-Sada Al-Nuaim, près de Tikrit, à 180 km au nord de Bagdad. Washington avait offert en novembre 2003 une récompense de 10 millions de dollars pour sa mort ou sa capture", avait-on déjà écrit ici-même. Aurait-on fait de al-Douri, déjà contacté pour renverser Saddam, un interlocuteur privilégié ? En continuant à l’accuser de fomenter des actes de résistance... tout en discutant régulièrement avec lui ? C’est plus que probable en effet comme on le supposait déjà il y a plus d’un an déjà : "aujourd’hui, à l’heure de la "réconciliation" , certains évoquent déjà ce jour-là un coup de fil au bon moment... un échappé de haut rang qui se fait s’interroger tout le monde sur la rapidité à vouloir supprimer physiquement les hauts dirigeants du régime, mais pas tous. Un Saddam Hussein, dont le parti n’est donc plus considéré comme hors la loi, ou du moins ces anciens fidèles. Pour Paul Wolfowitz, c’était pourtant bien al-Douri le chef de la résistance baassiste, le roi de trèfle du jeu de cartes, et le 6e dirigeant le plus recherché. Régulièrement vu entre-temps en Syrie et au Yemen, l’homme à la moustache rousse y aurait rencontré en novembre 2007, des dirigeants américains pour parler non pas reddition, mais... reconversion et insertion professionnelle ! L’intermédiaire s’appelant... Tony Blair ( "Blair made Britain a satellite for the US").
Une réunion se tenant le 31 janvier 2003 dans le salon ovale de la Maison Blanche avec ce même Tony Blair, avait précisé davantage encore le projet : pour arriver coûte que coûte à l’invasion de l’Irak malgré la seconde résolution de l’ONU l’en empêchant, le président des Etats-Unis avait élaboré un bon vieux coup de Golfe du Tonkin, version aérienne cette fois. Un U-2, peint aux couleurs de l’ONU (? ??) aurait été lancé au dessus de l’Irak, et se serait fait obligatoirement tiré dessus...(*5) donnant alors l’occasion d’intervenir. Une idée personnelle de W.Bush parait-il ! Il va sans dire que l’U-2 repeint en blanc aurait été préparé dans les ateliers de la CIA. Ces deux là étaient prêts à tous les mensonges pour arriver à leurs fins !! Blair ayant beau jeu aujourd’hui de minimiser l’entrée en guerre de l’Angleterre en affirmant par la voix de sa femme Cherie que ça s’est joué à 49-51% au sein du ministère ! Un Tony Blair qui avait reçu juste avant de prendre sa décision la visite de James Wosley, l’ancien patron de la CIA (de 1993 à 1995), dépêché sur place par Paul Wolfowitz, pour le convaincre. L’équipe de W.Bush n’était pas si sûr que cela de son allié préféré... Et Bush savait, dix jours avant l’attaque, que Saddam était dépourvu de toute arme chimlque ou nucléaire : des documents récemment ressortis le révèlent. Il savait ! Des documents qui révèlent par la même occasion que Blair a bien suivi Bush... comme un caniche. En 2005 ça avait déjà été dit, mais personne n’avait écouté.
GeorgeTenet, qui avait été convié à la réunion, interrogé sur les armes de destruction massives avait alors affirmé que le sujet était "un canard boiteux" : en résumé, Saddam Hussein n’en n’avait pas, très certainement, car la CIA n’avait pas réussi à prouver le contraire. Ce qui n’empêchera pas Colin Powell de clamer l’inverse deux mois après : menteurs, jusqu’au bout ! Un Tenet qui sera poussé à la démission le 3 juin 2004, aussitôt remplacé par un adjoint qui laissera sa place à Porter Goss, faucon parmi les faucons et vieux briscard des coups tordus : il était déjà dans celui de la Baie des Cochons ! A la fin du règne, les régimes se durcissent, on le sait. Tenet, écœuré, dira toute sa morgue dans un ouvrage, "At the Center of the Storm", dans lequel il accusera surtout un homme : Dick Cheney de s’être servi comme de lui comme bouc émissaire dans l’affaire des armes de destruction massives. L’ouvrage lui rapportera quand même quatre millions de dollars...
Tenet avait pourtant appris, bien avant l’offensive, et de la bouche même du ministre de la défense irakienne, Naji Sabri, approché lui aussi par la CIA, que Saddam n’avait plus aucune arme nucléaire, et n’en n’avait jamais possédé non plus. En avril 2006, quatre ans plus tard, on en aura confirmation. Selon les services secrets français, qui avait eu vent de l’intermédiaire de Sabri vivant en France (et s’appelant "Murray") Sabri avait reçu 100 000 dollars pour ses confidences dans un hôtel parisien (*6) . Les américains, comme les français et les anglais, savaient donc tous deux que Saddam était totalement démuni d’armes de destructions massives, selon une source crédible. On comprend mieux le discours de Dominique De Villepin... et encore moins l’attaque américaine ! Kofi Annan avait été lui aussi mis dans la confidence, et savait que Saddam ne mentait pas. Une fois l’Irak conquis, Sabri, qui n’avait pas non plus figuré sur le jeu de cartes des plus recherchés, ne fut jamais arrêté : on récompensait ainsi indirectement son entrevue de 2002. Il vit depuis tranquille au Proche-Orient, dans un lieu que la CIA ne veut pas divulguer... on comprend pourquoi. Avec Izzat Ibrahim al-Douri et Naji Sabri, on s’aperçoit que la CIA avait remonté loin dans l’organigramme des proches de Saddam, et que le premier, soi-disant toujours pourchassé, doit aujourd’hui connaître le même sort envieux que le second. Alors pourquoi donc officiellement continuer à le présenter comme l’organisateur de la résistance irakienne ? Pour servir de repoussoir pratique façon Ben Laden ?
Un projet de sabotage de voitures d’officiels irakiens se rendant en Jordanie avait été envisagé également, pour être rejeté car jugé "trop puéril". Faire sauter des véhicules, depuis les attentats contres les proches de Salvador Allende, un travail fait pour la CIA ! Les troupes prévues, entraînées aux USA avaient été déposées en Jordanie, justement, et on ne voulait pas éveiller les soupçons. La totalité de l’opération avait été révélée tardivement en 2006 dans l’excellent livre de Michael Isikoff et David Corn, intitulé "Hubris". Selon le livre encore, toute la Maison Blanche ne jurait aussi que par les écrits d’une lobbyste de la guerre contre Saddam, Laurie Mylroie, qui, par ses fausses informations, avait endoctriné jusqu’aux services secrets. Or, au début de sa carrière, la même avait fait dans l’apologie de l’œuvre de Saddam Hussein. A peine le Koweit envahi, elle affirmait tout l’inverse : la CIA avait remis à l’administration Bush un rapport préconisant de ne plus suivre ses avis, il n’avait pas été lu. Là encore, le service avait fait son travail consistant à fournir des notes sur des personnes dignes de foi ou non. Et encore une fois, ce rapport ne fut pas pris en compte. Bien au contraire, Paul Wolfowitz citait régulièrement des extraits d’articles de Mylroie (*7) , cette va-t-en-guerre extrémiste ! Tout se passait comme ci la CIA tournait à vide : elle avait beau émettre des avis, les politiques n’en faisaient qu’à leur tête. Pire, infiltrée par des hommes du président, la CIA produisit de plus des rapports n’allant plus que dans le sens présidentiel.
Au final, donc, quand ce n’était pas avec les mensonges débités par les faux militaires invités à la Fox, c’étaient les écrits de cette folle de Mylroie qui servait à appuyer leurs actions délirantes ! Une Fox vilipendée (enfin) par le nouveau pouvoir en place, qui y voit (enfin) une "aile supplémentaire" du parti républicain le plus réactionnaire ! Et tout cela pour rien, en ce qui concerne ce plan infernal de déstabilisation du régime irakien. Au final, en effet, le plan Anabasis fut arrêté à la dernière minute sur ordre du général Tommy Franks, à l’US Central Command de McDill. Ne laissant pas pour autant de répit à Saddam Hussein. Ce dernier, en 1990, à la suite d’une entrevue avec l’ambassadrice américaine April Glaspie avait cru comprendre que son invasion du Koweit ne verrait pas les Etats-Unis réagir. Il était tombé dans un beau piège, celui tendu par le père du Bush au pouvoir jusqu’en 2008 ! Cette fois, on irait inventer à l’ONU des allégations, celles de la détention d’armes destructrices pour pouvoir envahir le pays. Et comme peu de pays s’y opposeraient, dont la France, qui savait précisément elle aussi qu’il n’en avait pas mais ne pouvait indiquer sa source, la seconde chausse-trappe était en place. Anabasis n’avait pu lieu d’être, le piège du mensonge s’était refermé sur Saddam Hussein.
Selon Bob Woodward, qui s’y connaît, c’était donc bien la CIA qui avait manipulé tout le jeu pour la montée vers l’inéluctable invasion de l’Irak, en affirmant auprès des autorités que ses propres actions secrètes seraient quasi inefficaces, ou que l’inaction vis-à-vis de Saddam mettrait en grand danger son réseau d’informateurs, y compris les fameux "rockstars" !! ! Selon Woodward également, la relative amélioration de 2006 en Irak ("The Surge") serait davantage due à des actions spéciales qu’aux renforts de troupe (in "La Guerre de l’intérieur : une histoire secrète de la Maison-Blanche, 2006-2008"). Derrière la manipulation des informations en provenance de la CIA se profile également l’ombre de Karl Rove, autour duquel tournent tous les débats sur les failles de la CIA. Ce Machiavel raté avait accès à ces informations, et en a dispatché ou modifié comme bon lui semblait. En août 2007, pour protéger Bush des atteintes, Rove acceptait de démissionner. Sachant qu’on le surnommait "le cerveau de Bush", on a une petite idée des derniers mois de ce dernier à la Maison Blanche... Rove n’a jamais révélé ses sources de la CIA. En partant, il limitait aussi les dégâts de ce côté là également. En démissionnant, il empêchait les enquêteurs de remonter plus haut au sein de la CIA, et de démasquer les liens entre la CIA et l’administration Bush. On a souvent dit que Rove avait été ce jour là le "fusible" de Bush, il conviendrait aussi de penser à ce qu’il ait pu être avant tout celui de la CIA.
Dès l’été 2002, Bush accordait 700 millions de dollars à l’armée pour se pré-positionner aux frontières de l’Irak... en présentant au Congrès une "rallonge" pour mener la guerre en Afghanistan ! Ce sont bien les faucons au sein de la CIA, emmenés par Cheney et Rove qui ont poussé à l’intervention en Irak, tous en sachant qu’il n’avait rien à voir avec Ben Laden et qu’il ne possédait aucune arme dangereuse ! Et dans ce théâtre malsain, la CIA n’a pas fait que de la figuration !
(1) "In the summer of 2002, Bush approved $700 million worth of "preparatory tasks" in the Persian Gulf region such as upgrading airfields, bases, fuel pipelines and munitions storage depots to accommodate a massive U.S. troop deployment. The Bush administration funded the projects from a supplemental appropriations bill for the war in Afghanistan and old appropriations, keeping Congress unaware of the reprogramming of money and the eventual cost."
(2) "At the core of the plan was a classified training camp established in 2002 somewhere on the Nevada Test Site. Using a fleet of so-called rendition airplanes, the same ones used by the CIA to kidnap and transport terror suspects, dozens of former Iraqi soldiers were smuggled into the U.S. and then taken to the test site for special training. The Iraqis adopted a nickname — The Scorpions".
(3) "On March 10 we got a report saying that the chemical weapons might have remained disassembled and that Saddam hadn’t yet ordered their re-assembly and he might lack warheads capable of effective dispersal of agents.” "Powell and I were both suspicious because there were no pictures of the mobile labs," Wilkerson said. The drawings were constructed from Curveball’s accounts.
(4) "The German official declined but then offered a startlingly candid assessment, Drumheller recalled. "He said, ’I think the guy is a fabricator,’ " Drumheller said, recounting the conversation with the official, whom he declined to name. "He said : ’We also think he has psychological problems. We could never validate his reports.’
(5) "During a private two-hour meeting in the Oval Office on Jan. 31, 2003, he made clear to Prime Minister Tony Blair of Britain that he was determined to invade Iraq without the second resolution, or even if international arms inspectors failed to find unconventional weapons, said a confidential memo about the meeting written by Mr. Blair’s top foreign policy adviser and reviewed by The New York Times.... (...) Mr. Bush talked about several ways to provoke a confrontation, including a proposal to paint a United States surveillance plane in the colors of the United Nations in hopes of drawing fire..."The U.S. was thinking of flying U2 reconnaissance aircraft with fighter cover over Iraq, painted in U.N. colours," the memo says, attributing the idea to Mr. Bush. "If Saddam fired on them, he would be in breach."
(6) "The CIA came close to recruiting Saddam Hussein’s foreign minister, Naji Sabri, to be an American spy. Through a Lebanese journalist, Sabri passed word to the CIA’s station chief in Paris that Iraq had no active nuclear or WMD programs. But senior CIA and White House officials dismissed the intelligence and opposed the effort to recruit Sabri, fearing it would undercut the case for an invasion. The chief of the CIA’s Iraq Operations Group told the Paris station chief, "One of these days you’re going to get it. This is not about intelligence. This is about regime change.".
(7) "An obscure academic, derided as a virtual crackpot by U.S. law enforcement and the intelligence community, greatly influenced top Bush administration officials, who adopted her farfetched theory that Saddam was the source of most of the terrorism in the world, including the 9/11 attacks. But, oddly, this researcher, Laurie Mylroie, had once been a Saddam apologist and had engaged in secret, back-door diplomacy aimed at brokering a peace accord between Israel and Iraq. After Saddam invaded Kuwait, Mylroie developed bizarre allegations about Saddam and terrorism. Her theories were debunked by the CIA and FBI, yet Deputy Defense Secretary Paul Wolfowitz embraced them, cited them in official meetings, and repeatedly pressed the agency and bureau to come up with evidence to substantiate Mylroie’s work."
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