De Victor Jara à Guantanamo, la même CIA (44)
La CIA, une « bande de nazes », alors ? A voir certains ratages manifestes et certaines actions rocambolesques, on serait parfois tenté de le dire en effet. Oh, vous savez, dit comme ça ça à l’air plutôt abrupt. Mais quand on voit, en France, le général Rondot se mélanger les notes ou l’ineffable Yves Bertrand venir littéralement « péter les plombs » un soir à FR3 (lui aussi avec des notes bizarroïdes), on se dit que du renseignement au bidonnage, il y a souvent fort peu, même en plus haut lieu, en France comme ailleurs : les histoires d’avions renifleurs ou de la peinture rendant les avions invisibles, ce n’est pas moi qui les ai inventées, et des services secrets français ont même bûché sur la question, paraît-il. L’épaisseur d’une feuille à cigarette, donc, comme espace, parfois, entre grotesque et élément vital pour la nation, remplie parfois par de véritables escrocs sachant profiter d’un état devenu schizophrène prêt à acheter très cher n’importe quel renseignement. L’histoire, rappelée récemment par la sortie d’un livre d’Aram Roston, « The Man Who Conned The Pentagon » (interviewé ici au Daily show), tout aussi incroyable, est celle d’un programmeur en informatique qui a réussi à faire chanter la CIA pendant des mois, avec de véritables élucubrations, et même à obtenir de sa part des réactions surprenantes à ses dires inventés de toutes pièces : celle d’empêcher des vols transatlantiques européens d’avoir lieu, en décembre 2003, au prétexte de menaces pesant sur ces derniers. Mais l’homme en cachait un autre... sinon d’autres, tous aussi avides que lui, et c’est ce que je vous propose de découvrir aujourd’hui, sur quatre épisodes, rattrapés par l’actualité en plein jour de Noël. Des « nazes », peut-être pas, de sacrés menteurs, à coup sûr.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH200/northwest-flight-253-73dd0c7b40a2afcb_large-9c609.jpg)
L’idée repose en fait sur un mystère qui n’en est plus un. Pour beaucoup, Al-Quaida n’existe pas dans la forme dans laquelle le gouvernement de G.W.Bush nous l’a vendue pendant des années, à savoir une sorte de label distribué à des groupes certes fondamentalistes, qui ont ont assez peu de choses à voir entre eux. Je n’y reviens pas, tout est dans ce magnifique documentaire intitulé "Power of Nightmares" de la BBC, qui revient sur la création ex-nihilo d’Al-Quaida, uniquement pour promouvoir son pendant étatique, à savoir la notion fumeuse de "guerre au terrorisme" qui permet tous les excès à l’intérieur du pays. Selon ce documentaire, donc, Al-Quaida n’existe pas tel qu’on nous l’a présenté (ou plutôt fourgué à coup de Fox News) : cette labelisation de mouvement épars et d’opinions et objectifs sensiblement différents, est bien l’œuvre d’une désinformation entretenue par une guerre au terrorisme qui n’a pour but que de renforcer le contrôle de l’état qui s’y adonne. Pour ce faire, il faut enjoliver et créer dans les esprits la notion d’un Al-Quaida hyper-organisé, utilisant les techniques les plus sophistiquées pour commettre des attentats. Et entretenir également souvent l’idée, de manière à ce que les gens en soient persuadés : d’où les piqûres de rappel régulières... A croire que plus on insistera sur cette prétendue hypertechnicité et plus on arrivera à faire gober une histoire de tours qui s’effondre où celle d’un avion entrant dans un immeuble au ras du sol ! Faire par exemple d’Al-Qaida des chefs artificiers, c’est aussi le bon moyen d’en cacher d’autres, d’artificiers...
C’est ainsi qu’on est arrivé à vendre l’histoire rocambolesque des bombes liquides, qui, lorsqu’elles ont été expliquées dans des procès, notamment en Angleterre, ont révélé qu’elles étaient infaisables en vol, à moins de disposer d’un véritable étal de petit chimiste en cabine, et de conditions de fabrication dignes d’un laboratoire... lors du premier procès des huit comploteurs arrêtés en 2006, les chimistes anglais invités à la barre n’avaient jamais réussi à fabriquer en laboratoire une bombe avec les éléments réunis lors des saisies : le mélange, en TATP (péroxyde d’acétone) comme en HexaMéthylène Tripéroxide Diamine, ou HMTD, était bien trop instable et bien trop difficile à doser ! Comme certains l’ont remarqué avec humour, fallait être sacrément adroit pour y arriver ! Pas si simple qu’en schéma ! Voilà qui nous rappelle un peu les circonstances actuelles !
Chez les inculpés et lors d’une gigantesque rafle, la police anglaise avait trouvé (dit-elle) 400 ordinateurs, 200 téléphones mobiles, 8 000 éléments de sauvegarde, (clés USB, CDs et DVDs), et 6 000 gigabytes de data sur les ordinateurs (150 Mo par machine, ce qui est... peu !) et quelques vidéos, dont celle de déclarés au suicide, dont deux des comploteurs. Au final, il n’y avait que les produits de beauté, dont de l’eau oxygénée les boissons gazeuses (du Tang) un thermomètre de précision et les piles électriques pour être déclarés "éléments de bombe". Le 17 août 2006, la police annonce avoir trouvé dans les bois une "valise" contenant des bombes au HMTD... la photo montrée par la BBC est celle d’un sac poubelle contenant un litre d’eau oxygénée. Sur le papier, il y a effectivement de quoi faire des bombes. Le problème, c’est que les chimistes appelés à la barre, des professionnels de la chimie, n’arriveront pas à en fabriquer une seule ! Alors pensez-donc, en vol !
Aux USA, l’ineffable chaîne qu’est Fox-news en avait fait ces choux gras, de cette théorie de la "bombe Tang", du nom de la boisson gazeuse au départ, car à l’époque, au Homeland Security, sévissait un proche de Bush, Michael Chertoff, qui avait présenté l’arrestation des huit anglais de façon absolument apocalyptique, provoquant le deuxième grand chaos de l’histoire des traversées d’avion entre l’Europe et les USA ! Oubliant également de préciser que les personnes arrêtées n’avaient même pas de tickets de vol, pas non plus de réservation ou même pour certains même pas de passeport ! C’est lui qui avait mené la charge principale, ce proche de G.W.Bush, parlant de plus de "50 personnes compromises" (il en restera 8 à juger), que c’était bien "un plan signé Al-Quaida", que "les plans des bombes provenaient d’une de leurs relations qui aurait rencontré un leader d’Al-Quaida à la frontière afghane", qu’ils préparaient "un massacre de taille inimaginable en visant 10 avions", et que "cela rappelait les dires de r Khalid Sheikh Mohammed, qui avait annoncé attaquer des avions en...1995". Prouvant aussi que ce dernier était surveillé depuis cette époque ! Et révélant aussi qu’un agent du MI6 avait infiltré le groupe depuis des mois !
Au final, lors d’un premier procès, trois seront accusés de tentative de meurtre, pour les autres le jury ne s’entendra pas sur un sentence et un sera carrément acquitté. En appel, en septembre 2009, Abdulla Ahmed Ali, Assad Sarwar et Tanvir Hussain sont condamnés à plus de 30 ans de détention : leur condamnation portait désormais sur la tentative d’abattre des avions. On n’a pas réussi à trouver de bombes, les artificiers ont été incapables d’en faire une qui marche sur les plans saisis, mais bon, c’est l’intime conviction d’un jury populaire (qui voit tous les jours ses soldats mourir en Afghanistan, ne l’oublions pas !).
L’échec fort récent d’une tentative semblant utiliser une technique similaire de mixage de deux produits est là pour renforcer l’idée comme quoi le procédé n’est pas le bon : ce n’est décidément et définitivement pas la bonne méthode ! Car comme par hasard, la même désinformation déjà entendue est de retour en cette fin d’année, avec à nouveau les grands effets de manche et les télévisions qui tournent en boucle sur le sujet. La première annonce de la tentative du 25 décembre dernier était intitulée "pétards dans un vol Amsterdam-Detroit". L’un des responsables de la compagnie minimisant en effet tout de suite le problème : "A l’atterrissage, un passager a causé une perturbation à bord en allumant quelques pétards". Le Monde lui-même titrant la même chose ("Un vol Amsterdam-Detroit perturbé par un passager muni de pétards")... pour l’effacer juste après... de ses tablettes. De simples pétards, on va très vite passer à une "tentative d’attentat"... avec des "flammes" et non plus des "pétards", et des passagers bondissants de leur siège pour ceinturer le terroriste... mais le mot reste dans les caches des serveurs : l’action décrite ne semble pas avoir eue l’ampleur qui sera décrite dans les jours qui vont suivre... on a certes découvert des explosifs, mais leur mise en œuvre, voire même le moment de leur déclenchement (au-dessus de l’Alantique on tue davantage, logiquement !) est tellement étrange qu’on se pose rapidement des questions sur cet acte absolument rocambolesque. Huit ans après, un Reid bis ? Aussi maladroit, sinon davantage ?
Car la machine habituelle s’est déjà emballée, en oubliant très vite l’histoire d’origine : celle de son prédécesseur, Richard Reid, ceinturé le 21 décembre 2001 à bord du Vol 63 d’American Airlines (par un journaliste de Canal +) dans un vol avec la même tentative avortée d’explosion. Reid, relié paraît-il à un ordinateur déniché au Pakistan sous le nom d’Abdul Rauff... qui serait plutôt le fameux Rachid Rauf, ce "boulanger-chimiste" qui avait échappé à la police pakistanaise en demandant d’aller faire sa prière... ou d’aller manger un hamburger, selon la version officielle assez changeante, et qui ne donne plus signe de vie depuis qu’on l’a annoncé lui aussi "Prédatorisé"... Richard Reid, qui avait tenté de prendre l’avion à Roissy, sans aucun bagage, en réglant en liquide comme notre jeune nigérian (1800 euros !) et avait été entendu tellement longtemps la veille par la police française qu’il avait dû prendre le vol suivant.... Reid, un sans le sou habitué des vols longues distance, et ami de ... Zacharias Moussaoui. Et de Jerôme Courtailler, de St Pierre-en-Faucigny, dans les Alpes, placé lui aussi sur la liste de la CIA des terroristes, et converti à l’islam par Djamel Beghal. Bref, difficile à croire que toute cette faune soit totalement inconnue des services de la CIA ! Ou alors c’est à désespérer de l’agence qui devrait logiquement être la mieux renseignée au monde, vu l’équipement qu’elle possède et son nombre d’agents... des "nazes" ou des petits malins manipulateurs ?
A lire en effet le nombre d’articles le lendemain en revanche sur le "jeune héros ayant sauvé l’avion"... Jasper Schuringa, oh là, on se dit que la machine à gros mensonges a été bien vite remise en marche ! Et à puissance maxi avec le phénomène Schuringa ! Un gars venu sur les plateaux télé raconter qu’il vait dû "sauter au dessus de passagers" restés bien passifs (?) (animation 3D déjà faites à l’appui ! ) et bien indifférents (? ?) pour sauver quasiment le monde, et accessoirement l’appareil d’un embrasement complet, et qui parade deux jours après avec deux petits sparadraps seulement au bout des doigts.... Non, franchement, le story-teller est à nouveau passé par là ! "Le héros du vol 253 s’est brûlé les mains en tentant de déjouer l’attentat " peut-on lire aujourd’hui partout. « Mes mains sont gravement brûlées », a-t-il affirmé depuis à CNN, "ajoutant que même si toute cette histoire l’a secoué, il est heureux d’être en vie", ... en serrant ostensiblement ces deux fameuses mains de sauveteur-héros l’une contre l’autre devant les caméras, et en croisant même les doigts avec vigueur (en oubliant qu’elle avaient des brûlures "graves", sans doute...). Non, décidément, à trop en faire... on finit par mentir effrontément. A citer à plusieurs reprises le mot "suspect", également, ce qui peut aussi paraître surprenant dans sa bouche (il ne travaille pas dans la police, mais parle comme elle !). Surtout si c’est dans la catégorie "héros" qu’affectionne tant le public américain, de deux ans d’âge mental, on le sait. Il fait encore deux prestations, le nouvel héros, et il aura droit à sa place dans un scénario de film façon Vol 93, pour sûr, aux côtés de Bruce Willis ou de Chuck Norris ! Il ne va pas y échapper, c’est évident ! En prime, si Twitter s’en mêle...
Détail à connaître sur la profession de Jasper Schuringa. Il est... metteur en scène et réalisateur, dans le civil... il a signé notamment "The Significance Of Seventeen". Un nanar sur le rôle des songes, des pressentiments et des chiffres bizarres prémonitoires. On ne sait pas si le chiffre 253 fait partie de ses rêves, mais bon... c’est celui du vol en tout cas. Et pas celui de son compte en banque... visiblement ! "Selon des blogs américains spécialisés, ce Néerlandais aurait touché 10.000 dollars pour le témoignage qu’il a fourni à CNN, et ne s’exprimera désormais qu’en échange d’une contrepartie financière." Amusant : quand j’ai commencé à rédiger cet article, c’est plutôt moi qui ai eu un pressentiment, à regarder attentivement ses (fort petites) bandelettes !
Mais cela, bien amené, bien martelé et bien mis en scène aide bien à faire peur et à renforcer les contrôles ! ou à raviver les contraintes ! Ou a viser clairement cette fois.... un autre pays, le Yemen, tant on insiste depuis l’arrestation du jeune kamikaze sur ce pays, précisément ! La BBC pouvait bien titrer le 24 décembre, la veille de l’attentat : "Le Yemen, la nouvelle frontière de la guerre à la terreur".... c’était pile avant la tentative... avec une phrase qui résonne très fort au milieu : "c’est un terrain fertile pour Al-Quaida"... rappelant aussi habilement que plus de 50% des prisonniers de Guantanamo étaient des Yeménites... ce que tout le monde avait oublié ! C’est un peu aussi l’histoire de la BBC annonçant la chute de la tour du WTC7 alors qu’elle est encore debout qui recommence : la veille de l’attentat perpétré par quelqu’un ayant séjourné au Yemen, on affiche un texte affirmant que le Yemen est un repère d’islamistes pro Al-Quaida prêts à faire des attentats !!! Le service de presse de la CIA, a voulu trop en faire, est allé trop vite il semble là... sans oublier les sempiternels joueurs de tambour... républicains, déjà à entonner le laxisme de la CIA façon Panetta et le manque de réaction de Barack Obama... leur vitesse à débouler est plus que suspecte, surtout concernant Pete Hoekstra, l’homme étant plus de connivence avec la branche neo-con subsistante de la CIA.
Car dans l’exemple récent, on retombe sur les mêmes encore une fois : une dépêche d’agence en date du 26 décembre 2009 nous apprenait en effet que "le républicain Pete Hoekstra, qui siège à la Commission du Renseignement de la Chambre des représentants, suggère quant à lui que l’homme aurait pu être en contact avec l’imam américain (qui vit aujourd’hui au Yémen) Anwar al-Aulaqi, également cité dans l’affaire du massacre de Fort Hood (Texas). Il a déclaré à l’AFP que "la question qui devra être soulevée est la suivante : est-ce que cet imam au Yémen a été suffisamment influent pour convaincre des gens d’attaquer de nouveau les Etats-Unis". Or cet Hoesktra, on en avait déjà ici tiré le portrait peu flatteur : c’était celui qui orchestrait la campagne de Rick Santorum... et celui qui avait remplacé Peter Goss : rien que le fait de venir "expliquer" aussi vite la récente tentative d’attentat discréditait cette dernière sur le champ ! Ces gens-là sont toujours à entonner la même trompette !!! Au même moment, on apprenait la mort de l’imam concerné.... abattu par une rafale de missiles Hellfire, tirés d’un drone Predator... au Yemen, bien entendu !!! Pensez-donc, c’est idéal ça : voilà que l’homme qui aurait influencé le militaire américain, cet aumônier islamique qui a tiré sur ses collègues, qui aurait déjà été lui aussi volatilisé : même Tarantino, qui ne rêve que de vengeance dans tous ses films, n’aurait pu imaginer pareil scénario express !
Quant au jeune homme lui-même, auteur de la dernière tentative rocambolesque, plus ratée encore que Reid et sa chaussure de l’enfer, d’il y a 8 ans déjà, il faisait depuis longtemps le sujet idéal pour un kamikaze manipulé : son père lui-même avait averti les autorités américaines de sa possible et fort probable dangerosité ! Ou alors, c’est à croire qu’ à l’ambassade d’Abuja, il n’y aucun service... de la CIA. Ce que personne ne peut croire... à moins que l’ambassade ne possède elle aussi aucune archive : le 6 septembre 2007, cette même ambassade avertissait les américains résidant dans le pays d’une attaque potentielle d’Al Qaida visant leur personne (*1) ! Qu’on ne nous fasse pas croire en 2009 qu’au Nigeria il n’y a plus trace de CIA... et que les vieilles habitudes prises là-bas n’existent plus non plus. L’arrivée au pouvoir d’Olusegun Obasanjo, juste après l’assassinat de Muritala Mohammed le 13 Février 1976, tout le monde s’en souvient, pourtant... comme étant bien l’œuvre de la CIA (*2) ! Un Obasanjo si proche du pouvoir US, au plus haut niveau(*3)... un ami, même, de Robert MacNamara (*4).
"Le père d’Umar, un ancien ministre nigérian et banquier réputé, a également pris contact avec des agences de sécurité étrangères pour qu’elles apportent « leur aide et ramènent Umar chez lui ». L’ancien ministre a ainsi signalé la radicalisation de son fils à l’ambassade américaine du Nigéria, en novembre dernier, " nous apprend aujourd’hui le Figaro : sachant les liens directs entre la CIA est les ambassades US, expliqués en long et en large dans cette longue saga, on ne peut en conclure qu’une seule chose une nouvelle fois : on savait, à la CIA, mais on a laissé faire un gamin... instrumentalisé, sans aucun doute.
Quant au pentaerythritol nitré utilisé par notre bien jeune terroriste... du PETN (ou penthrite), il a déjà été cité car c’était le même matériau que celui qu’avait utilisé le fameux Richard Reid. Qui avait échoué de la même façon, car pour faire exploser ce genre de matériau, il lui faut un détonateur initiateur de déflagration : une simple mise à feu ne suffit pas, car il faut monter rapidement à 175°C minimum ! Sous une couverture, ça semble difficilement réalisable ! Or visiblement, l’homme n’en possédait pas sur lui, de piles ou de détonateur (qui auraient été détectés à Shipol) ! A Londres, c’était du triacetone triperoxide ou TATP qui avait fait partie de l’arsenal des inculpés de tentative d’attentat : celui où il faut un établi de chimiste pour bien doser ! La penthrite est bien plus sujette encore au choc ou à la friction (ou aux décharges électrostatiques !) que le TNT : or on parle ce soir encore dans les journaux télévisés de "vêtements enduits"... ("Selon un témoignage concordant des enquêteurs, cité par la chaîne de télévision américaine ABC, le suspect portait 80 grammes de cette penthrite cousus dans ses sous-vêtements") ce qui ne colle pas davantage à l’organisation d’un attentat à la penthrite portée sur des vêtements ! Notre jeune nigérian a faux sur tous les tableaux, mais il aura désormais le temps de songer à ceux qui lui ont recommandé la méthode, sans doute, avec les années de barreaux qui l’attendent. Des islamistes extrémistes qui conseillent une méthode qui a déjà échoué... ça doit se faire rare, sur le marché, ou alors on a affaire à de sacrés entêtés. Comme aurait pu le dire Audiard, c’est à ça qu’on les reconnaît, sans doute.... un site de crash aérien parle de "crétin de la semaine", remarquez (voir la copie écran en bas de l’article)....
Bref, cette histoire de très jeune convaincu qui clamait partout son radicalisme islamiste, même à sa famille, qui ne l’a pas supporté et l’avait carrément dénoncé à l’ambassade US, et qui se retrouve à refaire la même tentative que celle dont on sait qu’elle ne peut pas marcher, pardonnez-moi, mais j’ai beaucoup de mal à y croire... Les Etats-Unis ont investi dans le pays 70 millions de dollars pour faire la course aux terroristes (*5), utilisent depuis peu des drones armés comme au Pakistan, débusquent au radar sophistiqué les combattants d’Al-Quaida, signifient à leurs employés sur place de faire attention... et auraient mis au panier à leur ambassade même une demande d’un père accusant son fils d’être très certainement d’Al-Quaida, au point de le soupçonner lui-même de préparer des attentats ? A qui va-t-on cette fois essayer de faire avaler ça ? Pete Hoekstra, qui siège à la Commission du Renseignement, connaît obligatoirement des gens de la CIA... et il doit savoir ce qu’il en est exactement de ce cas !
Car de toute façon, on ne peut y croire tel quel pour une raison encore plus simple. Ce matin même, un spécialiste d"Al-Quaida, Jean-Pierre Filiu, auteur du livre "Les neuf vies d’al-Qaida" avait énoncé dans le Figaro un principe majeur vérifiable historiquement. A la question "Faut-il s’attendre à une revendication qui confirme l’appartenance d’Abdulmutallab à al-Qaida ?" il avait répondu clairement : "J’en doute. Al-Qaida ne revendique jamais ses échecs". Or ce soir, bingo, un groupe"de la péninsule arabique" (Al-Qaeda in the Arabian Peninsula (AQAP) a revendiqué l’attentat... au nom d’Al-Quaida. Ne cherchons pas plus loin : il est aussi précisé que cette revendication n’est pas arrivée toute seule sur nos écrans : "Un communiqué découvert par le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE" nous dit le Figaro. Or, vous savez ce qu’on peut en penser de ce site. Enfin pas ici, puisque les deux articles où j’expliquais son très étrange fonctionnement ne sont pas parus, pour les mêmes éternelles raisons ici sur Agoravox, où l’on a pas le droit d’évoquer le nom de son dirigeant... Sur Cent Papiers, vous pouvez allez les lire, et vous apercevoir de la manipulation fondamentale que le SITE exerce sur la communication des islamistes. Ma conclusion est donc simple pour deux raisons, donc : cette revendication est du bidon intégral, et si elle l’est, c’est aussi parce que la tentative elle-même est grotesque et bidonnée. Comme est grotesque la mise en scène des quatre barbus (non, pas les chanteurs !) censés représenter le mouvement de l’Aquap. Une mise en scène avec surimpression de logo... dessiné façon As-Sahab, le studio vidéo censé être celui d’Al-Quaida au Pakistan, et qui pourrait très bien être celui d’Intel Center (voir les deux articles de Cent Papiers, pour les liens IntelCenter et le Memri ou le SITE !).
On ferait bien aussi de s’interroger sur la composition de cet avatar yéménite d’Al-Quaeda, avec un ancien marchand de tapis devenu chef de guerre, Abu Basir Nasir al-Wuhayshi (Nasser al-Wahaishi), ancien de...Guantanamo, libéré en 2007 et remis aux autorités.... saoudiennes pour un camp de "rééducation" paraît-il ! Ici le troisième à droite, avec à ses cotés à l’extrême droite de la photo Said al-Shihri, lui aussi libéré de Guantanamo en 2007 (il y portait le N°372). Abu Hareth Muhammad al-Awfi, lui aussi sorti de Guantanamo (N°333) est au centre gauche, à l’extrême gauche c’est Qassim al-Raimi. Abu Hareth Muhammad Al-’Awfi, le plus poseur des quatre, qui s’est rendu depuis aux Saoudiens, en mai dernier, après que ces derniers aient menacé sa famille. A ce jour, on explique difficilement les liens entre l’Arabie saoudite et ces leaders libérés... avant l’arrivée au pouvoir d’Obama, sur qui est déjà en train de retomber le problème !!!
Dans le journal (anglais) le Telegraph, on trouve cette phase étrange, après tout un article décrivant la similitude complète entre les deux attentats ratés de Reid et d’Abdul Mutallab : "malgré l’échec des deux attentats, la tentative démontre que les supporters d’Al-Quaida sont constamment en train d’inventer de nouvelles façons d’attaquer l’Ouest, avec comme cibles préférées les lignes aériennes" (*6). C’est le même scénario, à la chaussure près, et se serait une "nouvelle façon" de faire ? Ce garçon aurait dû être sur des listes de personnes à surveiller, il l’a certainement été, mais on dit l’inverse, officiellement. Il se retrouve à tenter quelque chose qui a déjà été tenté et a déjà échoué. Et vient d’un pays où l’on cherche à étendre la chasse à l’islamiste radical à coups de drones. Etranges coïncidences, non ?
Ironiquement, une publicité s’affiche depuis hier dans les journaux en ligne US :" la CIA. L’œuvre d’une nation. Le centre du renseignement"... je la fais figurer en bas de ce texte. La maison a vraiment besoin de redorer son blason auprès de ses concitoyens ! Demain, si vous le voulez-bien, nous allons parler téléphonie et moyens de communications au sein d’Al-Quaida. Là encore, ça réserve quelques surprises, avant d’arriver à notre cas spécial, celui qui faire croire à la CIA qu’il avait décrypté quelque chose... qui n’existait pas. L’homme qui a littéralement pigeonné "l’œuvre d’une nation" pendant plusieurs années. On reste dans le mensonge, car nous sommes toujours sur les suites du 11 septembre en effet...
(3) "To track the careers of the high-ranking U.S. policy makers of the 1970s into the present time is to follow a sequence of bizarre coincidences — or perhaps something far more sinister. It is here that Obasanjo’s ties to the "inner circle" in Washington and New York become apparent."
(4) "Ironically, a key actor in the Haiti-CIA saga was none other than Obasanjo’s prestigious colleague at the Leadership Forum, Robert McNamara. Indeed, McNamara was part of a group of U.S. foreign policy elites who met with Aristide immediately after his election, portraying him to U.S. officials as another Fidel Castro — and "vehemently anti-American."
(5) "Yemen is one of the poorest countries in the Arab world with almost half its 24 million people living below the poverty line and an authoritarian government that has failed to win the trust of a substantive part of its own population.This makes fertile ground for al-Qaeda".
(6) "Although both attacks failed, the plots demonstrate that al-Qaeda and their supporters are constantly inventing novel ways of attacking the west, with airlines being their favourite target."
Documents joints à cet article
![De Victor Jara à Guantanamo, la même CIA (44)](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L603xH549/Image_9-6afb0.png)
![De Victor Jara à Guantanamo, la même CIA (44)](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L560xH81/Image_10-3-5f298.png)
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