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Décadences…

Au delà des aléas politico-économiques que vit le monde occidental, se dessine dangereusement le spectre de l’évidence en tant que modèle de pensée, de gouvernance et de gestion. Conformité et conformisme, parfois prenant le masque du progrès, toujours celui du lieu commun et, plus rarement celui d’un soi-disant dépassement culturel ou sociétal, semblent désormais déterminer les mécanismes que nos sociétés ont choisi pour invariablement se recroqueviller, contester, imaginer ou rêver. 

 Plus rien ne semble nouveau, plus rien n’appelle l’innovation, plus rien ne stimule une pensée technique autonome. Tous les indicateurs de ce que l’on pourrait appeler - pour faire simple - dépassement, sont au rouge. L’économie ronronne dans ses certitudes destructrices, la géopolitique explicite le déjà vu et le déjà fait du XXe siècle, l’art dans toutes ses variantes se décline au passé dans la nostalgie des temps plus ou moins périmés, tournant le dos à Bertrand Hell : dans le monde hypercontrôlé qui est le nôtre nous dit-il, le rôle de l’artiste consiste à nous donner accès à la turbulence, d’être au service de la perturbation et non d’une institution ou du marché… 

 Le discours politique se flétrit, devient calomnie, un sauve qui peut panique qui n’hésite pas à déguiser Mikis Theodorakis, le fameux compositeur de Mauthausen en antisémite notoire rien que pour dégrader, par association, l’image de l’opposant du moment. Qui n’hésite pas non plus, pour amuser la galerie, à décrire des voyages imaginaires à Fukushima, offense suprême envers un peuple en souffrance. On est loin du serment si élégant de Mandela qui, malgré des situations bien plus dramatiques, s’était juré de ne rien dire d’inconvenant sur les autres, et cela en aucune circonstance. Le coût pour le discours politique lui-même de ces libelles et de ces mensonges devient insupportable, tandis que ceux qui les profèrent n’ont même pas conscience de leur travail de sape et continuent à discourir sur des valeurs, mais pas de celle de leur Rolex.

 La contestation sociale tourne le dos aux phénomènes innovateurs - pourtant inédits et robustes - et retourne aux modèles qui ont fait la preuve de leur inadaptabilité chronique : préserver devient un tonneau des Danaïdes, dont les trous sont soigneusement préservés par ceux-là même à qui l’on quémande le changementParallèlement, le sentiment de Paul Jorion - largement partagé -, que le système actuel est condamné génère, devant les compromis et les accommodements, du désespoir. Va toujours par le chemin le plus court disait Marc Aurèle, car c’est celui de la nature. Or aujourd’hui, le sentiment que tout hoquette, que les décisions frontales et innovantes ne sont pas entendues, enlève l’espoir et réduit tout volontarisme militant. S’installe ainsi une défiance structurelle à tout ce qui, de près ou de loin, s’identifie à un pouvoir.

 L’innovation se protège par des brevets réducteurs (mais hautement rémunérateurs) qui l’emprisonnent, l’argent ne sert qu’à brimer les peuples et les Etats, le goût du risque, de l’inconnu, de l’aventure - pourtant nécessaires pour affronter les enjeux essentiels et existentiels qui nous talonnent -, se perdent dans les limbes des acquis.

 L’art de l’anticipation, de l’analyse, de la prévision se donnent comme horizon les bulletins semestriels boursiers, et les grandes crises, qu’elles soient politiques (Syrie) économiques (Europe), géopolitiques (Mali, Sahara) ou en devenir (environnement, énergie, eau) sont scrutées comme une découverte entomologique faute de savoir, vouloir et pouvoir les affronter. D’acteur, on devient observateur, scrutateur de ses propres incapacités et de ses propres échecs, répétant à l’infini des paroles, des gestes, des « solutions » qui ne font que perpétuer, accumuler et aggraver les problèmes.

 Le nombrilisme sociétal, économique, technologique, culturel, politique, artistique est de plus en plus étalé au grand jour, les outils et soubresauts utilisés à la fin du XXe siècle comme cache misère désormais s’estompant. La volonté politique vacille entre l’entêtement borné démuni de toute imagination et des exercices visant à contourner, à louvoyer, à remettre à plus tard l’affrontement, le choix, des dépassements nécessaires et libérateurs.

 Quant aux réseaux sociaux, malgré leur volonté pluraliste et polymorphe, ils se transforment souvent en lieux massifs d’auto gratulation, propageant désormais l’isolement sociétal d’une part, la répétition autiste et excluante de l’autre.

 En d’autres temps, l’Histoire identifiait ces signaux régressifs et paniques comme ceux d’une décadence. Lorsque les protagonistes d’un monde deviennent des agents chaotiques, bloquant tout dépassement voire toute évolution, la régression devient inévitable.

 Aujourd’hui, même les outils et les hommes capables d’identifier cette perte massive de sens font défaut : certains de nos philosophes, du moins ceux qui s’expriment audio visuellement, préférant partir en croisades multiples, précédant ou s’incorporant aux armées dites de la paix. Kenneth Pomeranz écrivait au sujet des théoriciens qui perpétuent notre sommeil agité en réinventant des nouveaux barbares (ou attardés) : le choix que font aujourd’hui certains « spécialistes postmodernes » d’abandonner la comparaison interculturelle pour se concentrer presque exclusivement sur le caractère contingent, particulier et peut-être inconnaissable à connaître de moments historiques, rend impossible ne serait-ce que d’aborder la plupart des grandes questions de l’histoire et du monde contemporain.

 Un des éléments constitutifs de la notion même de décadence consiste à ce que tout discours innovant (si et quand il existe) soit inaudible, suspect et systématiquement victime d’autodafés et autres bûchers, qui, pour faire écho à Kant qui définissait l’homme civilisé comme pouvoir exercer les politesses et les conventions sociales, prennent aujourd’hui des formes plus subtiles, mais pas moins efficaces ni moins expéditives.

 Marché cynique et morbide, dirigeants incultes et inélégants jettent ainsi au feu, au nom d’une croyance (pourtant cent fois prise à défaut) des peuples entiers, générant misère et désespoir tout en discourant éthique et progrès. 


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21 réactions à cet article    


  • luluberlu luluberlu 2 juillet 2012 13:07

    enfin un commentaire qui cultive.


  • Leo Le Sage 2 juillet 2012 10:30

    @Michel Koutouzis/auteur
    Michel Koutouzis
    Vous dites : "On est loin du serment si élégant de Mandela qui, malgré des situations bien plus dramatiques, s’était juré de ne rien dire d’inconvenant sur les autres, et cela en aucune circonstance"
    Un grand homme celui là. On n’en fait plus de nos jours...
    Il a eu le courage de divorcer de Wendy, sachant qu’il est sous le feu de la rampe. Chapeau !

    Vous dites : « le goût du risque, de l’inconnu, de l’aventure - pourtant nécessaires pour affronter les enjeux essentiels et existentiels qui nous talonnent -, se perdent dans les limbes des acquis. »
    EXACTEMENT : c’est même vital pour pouvoir innover !

    Vous dites : « D’acteur, on devient observateur, scrutateur de ses propres incapacités et de ses propres échecs, répétant à l’infini des paroles, des gestes, des « solutions » qui ne font que perpétuer, accumuler et aggraver les problèmes »
    C’est certain que lorsque l’on force un boulon abimé à rentrer il est certain que même en mettant un boulon tout neuf, ce dernier ne rentrera pas.

    Là ce n’est plus le boulon qu’il faut changer mais la machine et les outils pour mettre les boulons... smiley

    Vous dites : "Quant aux réseaux sociaux, malgré leur volonté pluraliste et polymorphe, ils se transforment souvent en lieux massifs d’auto gratulation, propageant désormais l’isolement sociétal d’une part, la répétition autiste et excluante de l’autre"
    Et curieusement on n’en parle pas beaucoup. Or, ce sera un très sérieux problème de société dans le futur.
    On en voit déjà les prémices aujourd’hui...

    Vous dites : "Marché cynique et morbide, dirigeants incultes et inélégants jettent ainsi au feu, au nom d’une croyance (pourtant cent fois prise à défaut) des peuples entiers, générant misère et désespoir tout en discourant éthique et progrès"
    Belle phrase qui résume tout aussi bien la réalité d’aujourd’hui...

    J’ai toujours apprécié vos propos d’une rare élégance. Même lorsque c’est violent, on voit votre volonté d’essayer de discourir sans vulgarité ni violence.

    Je suis effectivement d’accord avec vous que nous sommes dans une ère de décadence, qui comme chacun le sait se terminera forcément mal...

    Comme la majorité des peuples de ce monde si petit, que nous appellons Terre ne sait pas quels sont les enjeux qui nous attendent, nous autres personnes un peu mieux informés nous sommes peu écoutés... Il est clair que si des philosophes en mal de senssations fortes préfèrent la violence à la négociation [un reportage sur Arte avait montré que khadafy était un redoutable négociateur] on comprend et on est plus enclin à pardonner la faute des petits, bien que cela ne doit pas être une habitude.

    Je ne comprendrais jamais qu’une personne qui est détentrice du pouvoir de l’enseignement, puisse béatement encourager l’attaque d’un pays d’Afrique.

    Je suis peut-être trop gentil ? (On me le dit souvent. Qu’importe...)

    Thanks !


    • reprendrelamain reprendrelamain 2 juillet 2012 10:33

      Très bon article qui me donne une pêche d’enfer pour commencer la semaine…


      • Thorgal 2 juillet 2012 11:06

        @Michel Koutouzis : C’est bien, il faut le dire et tu le fais très bien !

        Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? ...


        • Taverne Taverne 2 juillet 2012 11:42

          Excellent. Et, hélas, très juste...


          • benedicte_gab 2 juillet 2012 11:55

            Notre histoire, comme celle de toute « civilisation » est celle d’une dégénérescence, c’est ce que le terme « décadence » couvre en fait. Les cultures, présentes et passées, se prétendant « civilisées » n’ont jamais été que des tyrannies érigées et dirigées par une caste d’individus mus par un fantasme de toute-puissance et d’immortalité, mettant le plus grand nombre en servage et les privant de leur droit à l’existence, érigeant l’arbitraire en valeur suprême, se coupant du mouvement de la vie, et de la Vie tout court.
            Par essence, une « civilisation » vise à créer un monde clos, figé, rigide, ayant pour objectif de se reproduire et perpétuer à l’identique de façon mécanique pour que la caste dirigeante puisse se donner l’illusion d’être « toute-puissante », de tout contrôler.
            La conséquence est la dégénérescence, parce que le mouvement de la vie, est un mouvement en perpétuelle transformation, liée tant au mouvement propre à chaque chose qu’aux innombrables interrelations. Ce qui caractérise un environnement stérile est l’absence de vie, et c’est ce vers quoi tendent toutes les civilisations à la stérilité.
            La nôtre est la pire, parce qu’elle détruit physiquement tout ce qui est vivant, elle est un véritable cancer, ayant érigé la psychopathie, la démence, le déni de la réalité et du vivant en valeurs supérieures, et que c’est « valeurs » sont revendiquées en quelque sorte par tout un chacun dans cette société, et pas seulement par les tarés de la caste dirigeante et de ses castes vassales.
            De ce fait je ne suis pas optimiste sur un changement, qui supposerait une prise de conscience d’une partie significative de la population de l’enfermement dans des croyances, dogmes, fantasmes qui l’amènent à croire que la vie se limite à cette vie de comateux sous perfusion dans cette cage et qui vivant dans la peur refuse d’ouvrir la porte de cette cage ce qui lui permettrait de prendre conscience que la Vie, la Réalité sont bien au-delà de ce qu’elle peut imaginer.
            Il va falloir attendre que les conséquences de l’effondrement du système soit dramatique pour une majorité des gens, et encore, quand on voit le résultat des élections en Grèce, moins lamentable que celui des élections françaises, mais qui ont toutefois abouti au « non-changement », il n’y a pas de quoi être optimiste.
            Je sais que c’est un peu brouillon et pas très clair, mais ce sont des pages et des pages qu’il me faudrait écrire, ce qui serait un peu long pour un commentaire, et puis pour être honnête, je ne m’en sens pas vraiment le courage :)


            • luluberlu luluberlu 2 juillet 2012 12:06

              et sans doute avez vous autre chose à être.


            • luluberlu luluberlu 2 juillet 2012 12:02

               ..Kant qui définissait l’homme civilisé comme pouvoir exercer les politesses et les conventions sociales, il est clair que la définition a évolué.Et peut être faut il a l’honnête homme aujourd’ui, s’incivilisér ou se sylviliser.....wait and sea.


              • lanatur lanatur 3 juillet 2012 00:31

                j’aime bien cette idée de se sylviliser...


              • mozee mozee 2 juillet 2012 12:10

                La seule décadence, c’est ce catastrophisme ambiant, qu’on sent comme l’odeur du rat crevé sous la maison dans presque toute la production d’information institutionnelle. A mes yeux elle n’est que l’exhalaison de la putréfaction du « modèle occidental » issu la génération post-seconde Guerre mondiale.
                Où sont les réponses dans votre sombre discours ?
                On aurait pu évoquer par exemple le mode de fonctionnement des logiciels libres, qui ne s’enferment pas dans un système de « brevets réducteurs (mais hautement rémunérateurs) », qui permet de mutualiser l’innovation, et qui progresse, lentement mais sûrement, vers d’autres domaines, les arts picturaux, la musique entre autres. C’est un début, et ce n’est qu’un exemple : tout problème doit trouver sa solution, car nous n’avons pas le choix.
                Haut les coeurs !


                • morice morice 2 juillet 2012 12:34

                  Je suis très réticent à l’utilisation du terme décadence, bien trop utilisé par la droite en histoire, comme cette accusation ridicule de la fin de l’empire romain en raison d’un relâchement des mœurs, car ceux qui ont écrit ça étaient alors les pères-la-pudeur du pays.


                  Je parlerai plutôt de laxisme, et d’une baisse des valeurs morales plutôt, d’un individualisme renforcé par l’éducation qui fabrique des personnes qui n’ont plus aucune idée de ce qu’est servir un Etat, par exemple. 

                  Le fonctionnaire qui se sacrifie, voilà la pièce manquante du puzzle, par exemple.

                  que les contestataires soient devenus poujadistes s’explique aussi par cette forme d’égoïsme : c’est moi d’abord, les autres je m’en fous.



                  La crise actuelle est simple : c’est une crise de civisme.

                  • Daniel Roux Daniel Roux 2 juillet 2012 12:52

                    S’il y a de bonnes réponses aux questions que posent l’auteur, la bonne question est plus rare.

                    Avec tous les progrès techniques, médicaux, conceptuels, vivons nous mieux notre humanité que les chasseurs cueilleurs pré-néolithiques ?

                    D’après les nombreuses données connues sur la santé, la nourriture, l’intégration sociale, la réponse est clairement « NON ».

                    D’où la question qui tue : « Tout ça pour ça ? » et la constatation évidente : « Plus on a, moins ça va. »

                    "..que l’on ne s’y trompe pas (Salhins M. 1976) : Les temps heureux de cette société de chasseurs-cueilleurs se terminent. Heureux parce que ces gens n’étaient pas du tout misérables. Heureux parce que la prodigalité du milieu manifestement n’entraînait ni famine ni souci du lendemain... âge d’abondance ! "

                    http://educ-envir.org/ euziere/science/article.php3?id_article=307


                    • soimême 2 juillet 2012 14:57

                       Rien de nouveau, en 1918 Oswald Spengle annonçait déjà la couleur, et ne proposait rien pour y remédier !

                      Le Déclin de l’Occident (Der Untergang des Abendlandes) est un essai en langue allemande publié en 1918 (pour la première partie) et 1922 (pour la seconde) par Oswald Spengler. L’auteur y développe une synthèse historique qui rassemble tout à la fois l’économie politique et la politique, les sciences et les mathématiques, les arts plastiques et la musique.

                      Ce qui pouvait être déjà décelable à cette époque, aujourd’hui cela pris la forme aujourd’hui d’une septicémie mondiale !

                      Il est étonnant que peut de gens se rencontre comment 14 Juillet 1914 n’a pas été entendue, < 14 Juillet 1914>  : Appel de Jaurès contre la guerre. Et entre le 16 Juillet et le 5 Aout 1914, nous sommes réellement rentrer dans la décadence qui ne fait que ce confirmé de jour en jour !

                      Pour moi, la décadence, c’est la guerre de tous contre tous, et nous sommes en trains d’atteindre un nouveau point d’orgue aujourd’hui !

                       


                      • soimême 2 juillet 2012 19:49

                        @ Morice, La crise actuelle est simple : c’est une crise de civisme.
                        A lire tes baveuses on comprend d’où viens la source du Mal.


                        • Frabri 2 juillet 2012 23:38

                          Ces décadences du vieux monde de gauche et de droite sont secondaires.

                          Le plus important c’est- qu’un nouveau monde est en gestation.

                          http://www.google.fr/search?hl=fr&source=hp&biw=&bih=&q=%22nouveau+monde+en+gestation%22&meta=&oq=%22nouveau+monde+en+gestation%22&gs_l=firefox-hp.12...8350.21577.0.25388.28.19.0.9.0.0.169.2555.1j18.19.0...0.0.xAP6 MQaOT70

                          Où et quand va t’il naître ce nouveau monde ? ? ? Dieu seul le sait


                          • loco 3 juillet 2012 00:15

                              Bonsoir

                                    j’aimerais, pour ma part, savoir ce qui vous amène à parler de « décadence »

                                    s’agit-il de performance économique ? d’écologie ? de liberté individuelle ? de façon de vivre ensemble ? d’estime de soi, d’équilibre personnel ? soyons fous, de bonheur ?

                                    en un mot, êtes vous, réellement, vraiment malheureux ? ou seulement par procuration ? réellement menacé, ou simple spectateur d’un film catastrophe ???

                            • alinea Alinea 8 juillet 2012 13:36

                              Il serait intéressant de savoir pourquoi, dans les faits, chacun semble chercher désespérément la reconnaissance : les réseaux sociaux deviendraient des clubs élitistes qui ne cherchent pas plus que ça à s’agrandir ; les riches à accumuler ; les écrivains, musiciens et autres artistes, à trouver gloire et argent.
                              Un travail de fond, un travail d’approfondissement, manque.
                              L’immédiateté, la vitesse imposées par un système qui rend chacun d’entre nous, si possible, consommateur, a bien embrouillé les esprits.
                              L’abondance a été un rêve, voire un but, alors que c’est dans le manque que l’on devient ingénieux.
                              L’occupation à plein temps du temps de nos enfants, en interdisant l’ennui, interdit le sentiment de manque, donc atrophie l’imaginaire.
                              La pensée unique qui nous fait croire que tout est possible ou tout est permis, ne donne que peu de limites, celles-ci pourtant étant indispensables à l’exercice de sa liberté.
                              L’esprit critique, l’esprit de contradiction reste à un niveau très superficiel, et ce terreau nécessaire à la création, donne une création très superficielle.
                              Notre civilisation est vieille ; beaucoup de choses essentielles ont été dites, qui restent, et l’on s’étonne de découvrir que des vérités soient « éternelles » !
                              Pour réinventer autre chose, on n’a trouvé que la technologie !
                              C’est peu nourrissant, la technologie.
                              Il me semble, qu’accepter de faire marche arrière, reprendre tout ce qu’on a jeté naguère pour avancer dans l’enthousiasme, accepter les fondements essentiels, et qui nous manquent, ne serait pas une mauvaise idée.
                              Mais cela est tabou.
                              Voir : « on ne va pas revenir au temps de la bougie » ; « revenir en arrière est impossible »...
                              Pourtant, quand on marche dans la montagne et que l’on se trouve dans un cul-de-sac, plein de ronces et d’épines, face à une paroi rocheuse ou à un précipice, retourner sur ses pas est vital.


                              • easy easy 8 juillet 2012 22:31


                                Si un moteur de recherche pouvait nous exposer toutes les fois où le mot ’décadence’ a été utilisé au long de l’Histoire, nous verrions très probablement qu’il a été conjugué au prèsent depuis 100 000 ans


                                Votre élégie se fonde sur des dysfonctionnements de notre système alors qu’ils n’ont pas forcément à bien fonctionner
                                 
                                Exemple

                                Les jeunes disent en ce moment et en raison du chômage qui les frappe plus particulièrement, « Un pays qui ne peut pas donner du travail à la jeunesse est décadent ».
                                Une telle assertion semble juste aux yeux de la plupart de nos contemporains qui croient que le travail doit être donné.


                                Or, « Donner du travail » aurait semblé être une expression complètement absurde et décadente pour les gens du village d’Astérix.
                                A leur époque, il ne venait à l’idée de personne de demander du travail. Chacun créait son activité de subsistance et ne l’attendait de personne. Pour Astérix, ’donner du travail à quelqu’un’ aurait semblé signifier ’imposer du travail à quelqu’un’. Servage alors. Ce qu’il n’aurait accepté ni pour lui ni pour ses copains. Selon lui, il n’y a qu’aux Romains qu’il était bon de donner du travail.


                                Vous regrettrez que nous n’osions plus faire de comparaisons culturelles.
                                Si, si, on peut.
                                On peut comparer notre culture de 2012 avec celles qui étaient les nôtres en 1950, en 1850, en 1750, en 1450, en 250...
                                Ce sont là nos oignons, nos salades et c’est par rapport à notre passé et nos turpitudes que nous devons nous comparer
                                 
                                Ce qui nous est interdit depuis 50 ans, c’est de comparer notre culture actuelle avec celle des autres habitants du Monde.

                                Lorsque nous avions tous les droits de nous comparer aux autres, Kant disait que « La nature n’a doté le nègre d’Afrique d’aucun sentiment qui ne s’élève au-dessus de la niaiserie ».


                                Vous considérez -sans en être conscient sans doute- qu’à partir du moment où nous ne pouvons plus affirmer notre supériorité, où nous ne pouvons plus nous comparer qu’à nous-mêmes, nous sommes en décadence. Vous regrettez l’époque où le seul fait de pouvoir dénigrer les autres nous rassurait sur nous-mêmes.

                                (Je signale qu’au moment où paraissait Robur le conquérant, Jules Verne et les siens utilisaient déjà des inventions faites par les nègres. Je parle d’inventions déposées en bonne forme à l’INPI)

                                Ceux qui dépriment de se retrouver obligés de se comparer à eux-mêmes et qui ne voient pas que dans leur propre maison il y a des jeunes qui peuvent faire mieux qu’eux, sont ceux qui refusent de leur laisser des responsabilités.

                                S’il fallait être fier de ses enfants on ne devrait pas l’être en les comparant à d’autres enfants qui leur serviraient de marche-pied mais seulement par rapport à soi.


                                • Leo Le Sage 8 juillet 2012 23:39

                                  @Par easy (xxx.xxx.xxx.174) 8 juillet 22:31
                                  Vous avez toujours des idées intéressantes à developper.
                                  J’ai aimé votre :
                                  "(Je signale qu’au moment où paraissait Robur le conquérant, Jules Verne et les siens utilisaient déjà des inventions faites par les nègres. Je parle d’inventions déposées en bonne forme à l’INPI)"

                                  On sait que des abus ont eu lieu dans le passé et encore de nos jours...
                                  Je me demande même si ce n’est pas pire de nos jours, abstraction faîtes des la traite des nègres ?

                                  Pourquoi ne pas écrire des articles de temps en temps... ?
                                  Cela relèverait le débat.
                                  Non ?

                                  Encore Merci et bon courage.


                                  • easy easy 9 juillet 2012 09:16

                                    Bonjour Leo le Sage

                                    Vous le savez, ce qui aura rendu les monothéismes si délirants et terrifiants, c’est seulement le fait qu’ils exhortaient aux rassemblements autour de quelque représentant exploitant l’effet de masse pour censurer.

                                    Chez les païens grecs, les sibylles nomades et même la Pythie rattachée à Delphes énonçant de leur bouche des prophéties soit pour leur propre compte en prophétesses, soit pour le compte d’un dieu prédicateur, ne censuraient jamais. Les païens n’ont jamais conçu d’entreprendre une guerre pour servir quelque dieu, les leurs n’attendant rien des hommes. Eux qui étaient très soucieux d’éviter qu’un triomphateur s’enivre d’hybris détestaient donc les monothéismes où un dieu exigeant prétendait tout ramener à lui seul et ont toujours préféré la diversité. 

                                    Plutôt que former une meute, je préfère les défaire en ramenant chacun à ses pénates.




                                  • Leo Le Sage 9 juillet 2012 09:23

                                    @Par easy (xxx.xxx.xxx.174) 9 juillet 09:16
                                    Vous dites : « Chez les païens grecs, les sibylles nomades et même la Pythie rattachée à Delphes énonçant de leur bouche des prophéties soit pour leur propre compte en prophétesses, soit pour le compte d’un dieu prédicateur, ne censuraient jamais »

                                    Vous savez je suis nul en histoire... [quelque part c’est honteux...]

                                    Vous dites : « Plutôt que former une meute, je préfère les défaire en ramenant chacun à ses pénates »

                                    Excellent...

                                    Je reviens cet après midi ou ce soir sur AV...
                                    [Je vais juste voir quelques commentaires et peut-être les commenter]
                                    regardez aussi ma page AV... et surtout mes commentaires...
                                    Je pense que vous y trouverez votre bonheur...

                                    Je lis toujours vos commentaires tant que c’est possible...

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