Décevant Pierre Carles
S’il fallait résumer en un mot le dernier film de Pierre Carles, Fin de concession, ce serait celui-ci : frustré.
Justement, Pierre Carles est devenu frustré lui aussi. C’est clairement ce qui ressort selon moi de ce dernier film (en date), car Pierre Carles est arrivé en fin de cycle, il en est conscient et ça le rend triste. Triste de n’avoir su se renouveler, il nous sert en effet les mêmes trucs que dans Pas vu pas pris. Ce qui était subversif et original il y a 15 ans est devenu convenu et ringard aujourd’hui. Mais telle la mouche qui s’entête à se taper la tête sur la vitre parce qu’elle voit du soleil et du ciel dehors, Pierre Carles continue avec les mêmes méthodes, les mêmes personnalités, en se rendant compte que cela ne sert à rien.
C’est d’ailleurs la conclusion que je tire de ce film : on ne peut rien contre les médias, qu’on soit dans le système ou hors-système comme Pierre Carles. Ils sont tellement puissants qu’ils vous récupèreront tôt ou tard, comme Jean-Marie Cavada récupère de main de maître ce cher Pierre Carles dans son propre film. Tout ce que l’on peut faire, selon moi, c’est d’attendre que les gens ne les regardent plus, et pour cela il faut compter sur l’effet Internet et la qualité médiatique que nous pouvons y développer.
Quant à l’introspection de Pierre Carles, seul intérêt du film selon moi, devient malgré tout insupportable au bout de la énième fois que Carles se met ainsi en scène. Ce qui fonctionnait à merveille dans Enfin pris !ne marche plus. Ses propres amis, sa productrice, ou un cinéaste gauchiste lui expliquent que son film n’a pas grand intérêt… Mais il le diffuse quand même. Par besoin d’argent ? De reconnaissance ? Difficile à dire, ou à comprendre.
Le seul progrès qu’on peut noter, c’est dans la maîtrise du buzz préalable au lancement du film. En effet Carles a su distiller avec le plus grand talent des extraits piquants de son film (avec Montebourg, avec Mélenchon), dont se sont emparés les télés et magazines, ce qui lui a assuré une promotion importante et totalement gratuite, là où ses précédents films avaient été largement ignorés par les grands médias, et pour cause. Cela dit nous étions 5 dans la salle, une des deux seules de Paris à projeter le film.
En tout cas, ce film ressemble à un suicide en règle, tant Pierre Carles y démontre par A + B que son travail est devenu fade, répétitif, et sans grand impact positif ou négatif sur ses cibles préférées. Au moins, quand il filme Bourdieu il ne se regarde pas le nombril constamment comme dans Fin de concession. J’espère pour lui que ce film sera salutaire et que Carles renaîtra de ses cendres, car pour moi il est fini. Pierre Carles est mort, vive Pierre Carles !
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