Déjeuner en paix !... Les voies pour la sortie du confinement, au journal du matin !
J’ai mis la radio et fait le café, mis les tartines à griller. J'attends qu'elle se réveille et qu'elle se lève enfin. Il fait froid ce matin. Je souffle sur les braises pour qu'elles prennent. J’ai nettoyé la vitre du poêle. Elle était toute noire de la veille.
Puis j'ai regardé par celle du salon.. Il y a eu à l'aube un coup de blanc sur la campagne. Tout est beau !
En Avril ne te découvre pas d’un fil ! Le pays a la gueule de bois sans même avoir fait la fête ! On a interdit les blagues du premier avril ! Même l’humour a été mis en garde à vue, comme un gilet jaune du commun. Bientôt on interdira par décret au soleil de briller, et les produits solaires, par cause à effet, ne seront plus proposés à la vente.
Qu’est-ce qu’on va faire aujourd’hui ? La même chose qu’hier qui est un jour sans fin ! Sans doute pas un petit pour Noël !…. Comment occuper ce temps libre pendant que l’ankou fait sa Marilyn, en remontant ses jupons, sur une bouche de ventilation, relevant ses fémurs et sa vraie nature ?
J'installe les choses sur la table pour le rituel du matin. Une voisine nous a dit hier que les pandores sillonnaient la forêt, où se cacheraient des résistants, avec encore plus de zèle que les allemands pendant l’occupation.
Mais peut-être qu'elle délire, que je devrais rien dire !... "Occupation" : Un mot que les parents prononçaient en chuchotant, comme traumatisés, encore, à trente ou quarante ans de distance.
Maintenant, je sais comment nous dirons le mot de « confinés », dans quelques années. A voix basse, comme si toujours on nous guettait ! Si le bac a lieu cette année, proposez aux gamins le sujet : « A partir de combien de personnes vivants ensemble dans le même appartement, peut-on considérer que l’enfer c’est les autres ? »
Elle fait la grasse, qu’à cela ne tienne. J’ai mis ma grosse veste en laine.. Le grand réchauffement n’est plus à l’ordre du jour ! Ce truc a réussi en un mois ce que les hommes ne sont pas parvenu à faire en 20 siècles.
« Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre ! » disait Pascal.
Encore un sujet de bac suspendu. Je regarde sur la chaise le journal du matin. Cette fois je ne lui annoncerai pas… La dernière hécatombe ! Plus de 500 morts en France. Plus un mot sur ce qui se passe en Espagne, l’horoscope de la France à huit jours de distance. Mais personne ne peut lire dans les étoiles ou le marc de café !.
Ils parlent de remettre en route la voie sacrée, du coté de Verdun, de lever des taxis vers la Marne. Je sirote mon café en rêvant ! Les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent. Je ne lui parlerai pas de ce qui me vient en tête. . Des milliers de milliards sur la table pour conjurer le malheur. J’ai juste sorti pour elle les confitures de mûres qu’on a fait en Septembre.
L’étiquette se décolle et me reste dans les mains. Rien n'est immortel sur cette terre. Je la regarde longuement en songeant, ne sachant pas ce que l'avenir nous prépare. Plus de sport, c’est fini. Je passe la page des obsèques. Sur inter, beaucoup de conseils, des tutos comme s’il en pleuvait. On explique comment on peut triompher du confinement, rester zen, en se faisant plaisir en mangeant !
Les journalistes font de leur mieux pour survivre, eux aussi. Mais prennent leur distance, font leur petite bafouille chez eux, se mettent à l'abri. Ils ont renoncé à l’économie pourrie et donnent des cours de cuisine, sans même avoir le master pour ça ! On le voit, la guerre donne très vite des galons de général à ceux qui savent y faire, qui se lancent en avant sabre au clair.
Le monde n'est pas si mauvais, au fond ! Plein de bonnes intentions. Je me demande pourquoi j’ai des ballonnements. Est-ce que c'est comme ça qu’on attend la fin du monde, assis sur le bord d'une table de cuisine ?
Vous pouvez faire partager votre bonheur aux autres, grâce à « snapchat », et même déboucher une bouteille en commun. L’intérêt est que les autres ne voient pas que c’est une piquette. L’inconvénient est que vous ne pourrez trinquer que contre votre écran. Le premier ministre a lancé quelques pistes préparatoires, en vue de conditionnement des foules, pour une sortie éventuelle du projet : « Restez bouclés chez vous ou gare ! »
« Je ne veux voir personne dans les gares ! » Un enfermement qui passe de plus en plus mal !. Le cocooning sent de plus en plus le renfermé, les pieds, la sueur, le linge sale. On sent comme une usure, un agacement chez les confinés de base. J’allais dire les cons finis. Mais la blague a fait florès un moment puis s’est desséchée. Trop vu, trop lu sur les mails, que tout le monde s’envoie, comme des pages jaunies d’un vieux almanach Vermot, une chose pas identifiable pour les nouvelles générations.
L'almanach Vermot, c’était le facebook des années cinquante ! Mais plus lent sur la bande passante, qu’allait à l’époque à l’allure d’une 4 CH Renault...Répondez à l’un, remerciez le, et soyez sûr que le pitre va alors vous harceler trois fois par jour, vous envoyant des tonnes de vidéos hilares de cabots déjantés qui font le beau sur une patte, ou de perruches qui font du rock and roll avec leur maître. Pas le pire ; certains caves qui se rebiffent vident leur cave devant vous en riant !
Votre boite mail explose sous le poids d’histoires de belges, de blondes. Si bien que vous finissez par tout vider, faisant disparaître sans vous rendre compte les messages importants.
Mais qu’est-ce qui est important de nos jours ?
Je vais à la fenêtre, et le ciel ce matin, n’est ni rose ni honnête, pour la peine. Les chevaux au bout du champ ont surgi tout à coup, comme de grands fantômes au galop. Ce n’est pas la même guerre qu’en 14, et il n’y aura pas d’hécatombe pour eux, à Noël .. Voilà enfin un motif d'être content. Tout ne va pas si mal au fond !
Tout est bien….
Les radios répètent en boucle ce qu’on leur murmure à l’oreille. « Pas de pénuries de medocs à l’hosto ! » Ça signifie bien sûr le contraire ! Faut savoir décrypter le petit Edouard Philippe illustré, la pravda officielle, qui s'arrache la barbe, comme un vieux Larousse qui sème à tout vent !.
Le sort des soignants évoque l'admiration. Sans masques, sans tests... On met les gens au garde à vous émotionnel pour les empécher de penser. La voix de Georges Brassens me revient en mémoire, avec son odeur de tabac à pipe : « Comme ces soldats sans armes, qu'on avait habillés, pour un autre destin.. A quoi leur servir, de se lever matin..... Je vous salue Marie »
Des trains pleins de malades se croisent dans tous les sens.. A l’ouest rien de nouveau encore ce matin ! Il manque un général qui serait à Londres, qui organiserait la résistance du pays. Un brouillage en ligne de fond comme une bande son nostalgique.. Et l’appui de la BBC pour envoyer des cadavres exquis, que les amateurs de rébus et de maux croisés tenteraient de comprendre. Ces gens-là étaient dans l’action, faisaient du sport en pleine nature, couraient sur les plages du débarquement.
Hier on les plaignait. Mais ils avaient la chance d’avoir face à eux un ennemi bien vivant, de pas faire la guerre en chaussons ? Je devrais pas dire des choses pareilles ! Peut-être que je suis malade. Je devrais prendre ma température. Je crois que j’ai plus de goût dans la bouche. Je sens plus le parfum du café comme hier. On m'a dit que c'était un signe.
Peut-être que je devrais téléphoner au 15, ou au docteur Raoult à Marseille. Savoir ce qu’il en pense ! N’est-ce pas là bas qu’ils tournaient « Plus belle la vie ! »
J’ai dû rêver trop fort et me mettre à parler tout seul. Elle me dit que je me plains trop souvent.
« C’est que toute analyse dépend du point de vue qu’on occupe ! » me lance-t-elle, prenant son café en riant. Elle me regarde à peine, préférant le spectacle des chevaux. Maintenant en plein dans le soleil !.... Un couple, et le poulain du printemps.
Est ce que les Français parlent toujours aux Français ? »
Elle n’a pas l’air de comprendre et me demande si je veux un autre café. Certains supportent le confinement plus que les autres. Je parle de mon vélo en hiver ! Elle me parle du tandem au printemps. Je suis comme le colonel Zangra, au fort de Belonzio, qui dominait la plaine. Avec le rêve de ses chevaux. C’est triste d’être enfermé chez soi et d’avoir la clé dans la poche, d’être à la fois le gardien et le prisonnier.
Si on nous soumettait au dilemme du prisonnier, sûr et certains qu'on serait libérés tous les deux sur l'heure. N'est-ce pas tout ce qui compte !
« Le premier avril est passé, les imbéciles sont restés !
D’étranges mantras sortis de mon enfance me traversent la tête ! Il y a là une grand risque de dissociation mentale, qui sera pas rebouché en deux jours avec un peu d’enduit. Est-ce pour cela qu’Edouard Philippe, se méfie, qu’il veut relâcher les régions une par une, comme ils l’ont fait pour les ours dans les Pyrénées ?
Les monts d’Arrée seront-ils prioritaires par rapport aux monts du Lyonnais ? Joueront-ils notre sort à pile ou face ?...Ils nous font languir, s’amusent de notre impatience. C’est le principe du désir. Celui égalitaire et républicain du corona qui touchait sans discrimination n'importe quel quidam est rompu !
C’est très grave….. Corona, dit "Covid" pour les intimes, accepterait-il de se faire récupérer sans rien dire, sans envoyer sa deuxième vague d’assaut ?
J’attends le facteur, mon ordre de mobilisation pour le front. « Le désert des Tartares » est sur ma table des chevet. Après tout, ils ont raison. Il faut bien l’admettre ! On ne peut libérer tout le monde en même temps !
La politique, c’est de prévoir ! Imaginons les dégâts qu’occasionneraient Weinstein, Fourniret et Carlos Ghosn, s’ils étaient libérés le même jour que Donald Trump ? Le monde ne peut pas absorber trop de malheur à la fois. C'est la loi du siphon de baignoire.
Bien sûr. Tout est clair ! Tout est très flou en même temps….Me faudrait des verres progressifs, consulter. Il y aurait semble-t-il des régions entières qui resteraient en conditionnelle, d’autres qui auraient des bracelets électroniques. Les vieux auraient des boulets au pied !...Seront-ils obligé de porter un signe distinctif, comme une étoile de covid dont la couleur évoluerait selon l’âge ?….
Des doutes affreux m’assaillent. Les enverrait-on de force dans les EHPAD vidés de leurs pensionnaires, afin de soutenir l’économie, et la santé des actionnaires des fonds de pension américains. Auront-ils seulement le droit d’emmener avec eux toutes les boîtes de conserves qu’ils ont achetées ?
J’aimerais savoir aussi à partir de quel âge on devient un vieux suspect de ne pas vouloir chopper le coronavirus, afin de « lisser » l’épidémie. Il faut en effet qu’une partie de la population attrape la maladie, participe à l’effort national, afin que le virus soit paumé et renonce épuisé, hisse le drapeau blanc !
Une peu comme dans « la balle au prisonnier » où l’on devait toucher tout le monde !
Je préférais jouer à la marelle. Un caillou qu’on lançait dans des carrés dessinés à la craie, et qui représentaient le monde. Terre, ciel, feu !
Le nombre de morts toujours en progression constante ne fait pas plus sourciller, qu’hier le nombre de kilomètres d’embouteillage sur les routes provoquait. On s’accommode donc de la mort des autres, des inconnus la plupart du temps, mais pas à la sienne, surtout en vase clos.
« Est-ce que tout va si mal ? Est-ce que rien ne va bien ? »
Je garderai pour moi ce que m'inspire le monde ! A la Nouvelle Orléans, la mort rouge d’Edgar Poe a profité du carnaval pour danser masquée avec les fêtards. Le confinement est au pouvoir. Cours camarade, covid est derrière toi !…
Certains bien sûr parviennent à rebondir sur la catastrophe, montrant une belle résilience, la transforme en jeu du chat perché.
On en a vu certains dans le Vercors faire du saut à l'élastique au fond des criques. D’autres paraît-il vont vingt fois par jour au supermarché, jouant au chat et à la souris avec les flics.. Voleurs d'amphores au fond des criques.... Le piquant de l’interdit les guide. Peut-être des blasés des pratiques sexuelles en groupe, retournant aux plaisirs de la masturbation solitaire.
« L'homme est un animal" me dit-elle.
Ils ont passé du Bashung, et la chanson dee Stephan Eicher à la radio ce matin sur inter. Mais pas jusqu’au bout. A-t-elle été jugée trop subversive ? ...
Plus rien ne m’étonne sur la nature humaine…
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