Dépenses de santé : la franchise met les assurés à contribution
Il l’avait annoncé, il l’a fait. Une franchise sera prochainement instaurée sur le remboursement des médicaments. Mesure pragmatique et logique, elle n’en demeure pas moins injuste si les autres acteurs de la santé ne sont pas, eux aussi, appelés à contribuer au redressement des comptes.
Les annonces ne se sont pas télescopées. Le tempo a été soigné. La revalorisation du tarif de la consultation des médecins généralistes est intervenue le 1er juillet. Les géants européens du médicament Roche et Novartis ont publié fin juin leurs résultats. Sur le seul premier semestre 2007, ils enregistrent des profits records respectivement à 5,8 et 5 milliards de francs suisses. Le paysage est moins idyllique pour le Français de base, qui sera prochainement appelé à acquitter une franchise de 0,50 € sur le remboursement de sa boîte de médicament et sur les actes paramédicaux. Elle sera toutefois plafonnée à 50 € par an et par assuré. Enfants et bénéficiaires de la CMU seront exclus du dispositif. À cet égard, le Collectif interassociatif des usagers de la santé ne manque pas de pointer le fait que seuls les patients, et eux seuls, vont devoir mettre la main à la poche.
Cette franchise qui, selon R. Bachelot, devrait générer 850 millions d’euros d’économies, suscite déjà ce qui pourrait bien être, la polémique de l’été. De nombreuses voix, dont Martin Hirsch, s’étaient préalablement élevées, pour s’inquiéter des conséquences, en particulier pour l’accès aux soins des personnes les moins favorisées. Si des mesures d’accompagnement sont prévues pour les plus pauvres, la mesure reste problématique pour les fameux 7 % des Français qui ne sont pas à la CMU, mais qui ne sont pas assez aisés pour avoir des mutuelles. Certains redoutent qu’ils ne se fassent plus soigner que lorsqu’ils seront encore plus malades ce qui, paradoxalement, sera plus coûteux. Le Haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, avait suggéré une sorte de « bouclier sanitaire », en limitant, comme cela se fait en Allemagne, la charge incombant au patient à un maximum de 3 % de leurs revenus. Nicolas Sarkozy ne l’aura que très partiellement écouté.
S’agit-il d’un premier faux pas de Nicolas Sarkozy ou, pire, des limites de son système de fonctionnement, à savoir une incapacité à appréhender globalement, avec suffisamment de recul les problématiques ? L’envers en quelque sorte du séduisant décor d’une action politique rapide et décidée ? La question, légitimement, se pose. Sans sombrer dans un procès d’intention, il sera intéressant de voir si Nicolas Sarkozy dispose ou pas, dans les mois qui viennent, des ressources et moyens suffisants pour corriger le tir. Pour passer de l’intervention chirurgicale urgente au traitement curatif, puis préventif. Bref, pour élaborer une véritable politique de santé publique.
Les problèmes sont nombreux et complexes. Le défi est tout aussi politique qu’intellectuel et sociétal. Assurer le renouvellement des personnels médicaux et paramédicaux, leur offrir des perspectives, garantir l’accès aux soins (économique ou géographique), sauver la recherche française et ne pas faire des dépenses publiques de santé une vache à lait pour quelques-uns...
La liste est longue et source de migraines. Il ne suffit pas d’être partout et d’être classé parmi les hommes de la planète les plus élégants. Il faut aussi et surtout apporter des réponses et esquisser des chemins. Dur boulot que d’être président.
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