Déportation : la SNCF n’est pas coupable
Nous sommes dans l’air du temps. Et il est plutôt nauséabond. Il transpire la repentance et la moiteur sale de la pénitence.
On nous dit que c’est pour la justice et pour l’histoire, mais cela nous dirige vers les mêmes anathèmes proférés par ceux qui voulaient la mort de la « gueuze » (la République).
En portant plainte contre la SNCF pour participation à la déportation et en l’affublant de l’expression « crime contre l’Humanité », un élu français (parlementaire européen) a trouvé le moyen de rendre justice à lui-même plutôt qu’aux victimes de la solution finale, au prix du mépris.
C’est en 1992 que Jacques Fournier, Président de la SNCF, ouvre la totalité des archives de l’entreprise sur cette période noire ; cet acte courageux permit de conforter le rôle de notre entreprise publique dans la période 1940-1944.
La SNCF a fait les transports qu’on lui reproche. Elle a acheminé des femmes, des hommes, des enfants vers un destin funeste.
Aurait-elle pu faire autrement ? A-t-elle fait du zèle ? La SNCF était contrainte et réquisitionnée.
En zone occupée, les troupes allemandes contrôlaient étroitement son activité. En zone « libre », la dictature de Pétain avec le régime de « l’Etat français » imposait sa direction. Mise à la complète disposition de l’occupant par la Convention d’armistice inique paraphée par Pétain, elle fut un rouage déterminant dans la déportation.
Il y eut quelques collabos chez les cheminots. Ils furent sanctionnés à la Libération.
Mais la SNCF a eu en son sein de nombreux agents connus et anonymes, qui, l’espace d’un instant, ont agi en héros. Près de 2000 cheminots fusillés ou déportés sont la marque concrète de l’engagement d’une corporation qui a toujours développé une remarquable résistance à l’oppression.
En attaquant juridiquement la SNCF, les plaignants se trompent de cible.
Le travail de mémoire est ainsi remis en cause. Et c’est le souvenir des cheminots qui ont agi contre la répression qui est attaqué.
Cette action judiciaire est le résultat des propos et actes de repentance de certains élus et dirigeants gouvernementaux depuis 1995.
Il eût été préférable de célébrer les 80 parlementaires qui refusèrent de voter les pleins pouvoirs à Pétain en juillet 1940, la Résistance sous toutes ses formes, et de dénoncer ces élites politiques et patronales qui vociféraient « Plutôt Hitler que le Front populaire » !
Ces dernières ressemblent trop à ceux qui, aujourd’hui, voudraient la « réforme du marché du travail », la « suppression du SMIC », la « réforme de la laïcité », et la retraite à la mort... La résistance à l’oppression a encore de beaux jours devant elle. Le devoir de mémoire aussi.
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