Des écoles de journalisme dépendantes des grandes entreprises
Pour joindre les deux bouts, les écoles de journalisme sont en proie aux mêmes difficultés financières que la presse. Le CFJ, vivier de journalistes pour la presse écrite et Internet, radio, télévision fait notamment appel à Créadev, la société d'investissement de la famille Mulliez (Auchan, Décathlon, etc.). Fabrice Daverio, directeur du CFPJ (Centre de perfectionnement des journalistes) affiche sans complexes sa vision dans son livre au titre évocateur "Et si je gagnais plus de thunes !"
Dans le domaine de la formation des journalistes, la frontière entre information et communication est depuis longtemps franchie. Il suffit de saisir "Information" et "communication" dans Google pour afficher dans les premiers résultats, des pages qui associent sans aucune discrimination. Soit, les écoles de journalisme renommées (CFJ et CFPJ, IPJ, CPJ, etc.) malgré le cout élevé de la formation pour les élèves, ont besoin de financeurs pour la formation initiale qui ne remplit pas leurs caisses. L’article du « Canard Enchainé » daté du 19 juin 2013, indique un nouveau virage vers la perte d’indépendance par rapport au marché. En effet, de grands groupes commerciaux ont investi dans les écoles de journalisme renommées, optimisant leurs charges fiscales et prêts à instiller aux jeunes étudiants, une saine vision libérale du monde. Le CFPJ, (Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes) n’est plus, depuis octobre 2012, qu’une marque du groupe Abilways, un regroupement des sociétés Edition, formation, entreprise (EFE), Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ), Institut supérieur du marketing (ISM) et ACP Formation (marchés publics). Abilways a pour principal actionnaire, depuis l’an dernier, la société d’investissement de la famille Mulliez (Auchan, Décathlon, etc ;) qui se nomme Creadev. Reste a prouver que ce lien de dépendance financière n’influence pas d’une manière ou d’une autre le contenu de l’enseignement, censé garder une distance avec la doxa libérale.. On peut en douter quand on sait que le directeur général adjoint du CFPJ, un certain Fabrice Davério, passé par l’Oréal et LVMH, est l’auteur de l’inoubliable ouvrage "Et si je gagnais plus de thunes " .
Un objectif qui n’est pas précisément inscrit dans les priorités d’une école de journalisme, censée aiguiser l’esprit critique mais sans mettre les doigts dans le pot de confiture.
Ne parlons pas des écoles qui mélangent allègrement journalisme, communication et production comme l’ISCPA qui possède des écoles à Paris et Lyon, antenne du groupe de gestion IGS. Les frontières sont ici abolies sans même prendre conscience de la séparation irréductible entre un travail d’information exigeant rigueur et éthique et celui de communicant, qui consiste à manipuler l’attention.
« Le devoir d’irrespect » et la liberté d’expression, supposés être les grands principes fondateurs du journalisme d’enquête , s’arrêtent là ou commence le tiroir-caisse selon les termes du Canard Enchaîné. Rappelons que la Charte d'éthique professionnelle des journalistes impose à chaque journaliste cette règle : "Refuse et combat, comme contraire à son éthique professionnelle, toute confusion entre journalisme et communication"
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