Des faux cils et des marteaux
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La vie des partis me semble être un de ces mystères insondables qui me renvoient, allez savoir pourquoi, à Wilhelm Reich et son orgone insolite. Par quel chemin tortueux, par quelle énergie souterraine, les Verts, notre représentation politique la plus proche de l’utopie et de l’esprit libertaire, sont allés chercher une dame qui conçoit toute conversation comme un préalable - hélas obligatoire - à une mise en examen. C’est vrai que nos jeunes écolos ne le sont plus depuis longtemps, mais enfin ils gardent tout de même un esprit espiègle, une malice, un je ne sais quoi d’immaturité et de naïveté militante qui les place à cent lieues de ce discours lourd et pesant de leur candidate à la présidence de la république. Si humour existe chez Eva Jolie, il se situe dans l’au-delà de l’involontaire : elle déclare qu’après tout elle voudra bien de François Hollande comme premier ministre, débarrassé entre temps de ces conseillers archaïques.
Ou alors, j’ai tout faux : Les verts ne sont pas à l’image de Cohn Bendit ou de Cécile Duflot certes difficiles à manier mais souvent souriants et toujours spirituels, mais ressemblent à cet éloge à la lourdeur, à cet hymne au dogme que symbolise si bien dame Eva.
A mon sens, Dany le rouge passant au vert ne renie pas son sourire espiègle de jadis face aux CRS, et le Larzac reste toujours le terreau initiatique de José Bové. Si je tends l’oreille à ce qu’ils disent c’est que leur histoire est faite de désirs, de luttes sociales, de transgressions et pas de procédures judiciaires et de mises en examen.
Certes, il faut débusquer les fraudeurs, punir les nantis de leur fâcheuse habitude de se croire tout permis, c’est forcement jubilatoire de penser que parfois certains d’entre eux sont sanctionnés. Mais enfin (comme dirait Gaston Lagaffe), c’est pas non plus un titre de gloire héroïque que de les poursuivre aux tribunaux de la République.
On entend dernièrement qu’Eva Joly n’est pas « politique ». Dans ce cas, ceux qui l’ont choisie ne le sont pas non plus.
Dit autrement, on a certes besoin d’une justice aveugle, mais certainement pas de partis malvoyants.
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