Des femmes sexistes ? Damned !
Lui s’habille toujours pareil. Sombre et sobre. Bleu foncé. Le même costume pendant un an. Exactement le même. Il n’a changé que de chemise et de cravate. Il s’appelle Karl Stefanovic. Il est co-présentateur de l’émission « Today » sur la télévision australienne Channel Nine.
Discrimination (négative) vestimentaire ?
Elle s’appelle Lisa Wilkinson. Elle est co-présentatrice de Today. Elle joue sur les couleurs et les styles vestimentaires. Se change pour chaque émission. Du bleu, du rouge, du clair, des lignes, des décolletés. Mais cela ne plaît pas. Elle reçoit des critiques récurrentes sur ce qu’elle porte à l’antenne.
Lui, un an pareil, est invisible. « Personne n’a rien remarqué. Tout le monde s’en fout », dit-il. Pas une critique sur son look à l’antenne, pas une remarque pendant un an. Différence de traitement, donc, disent-ils : elle critiquée, lui pas. Et différence de traitement suppose sexisme misogyne ou discrimination, selon la pensée unique.
« Tout est parti d'un discours prononcé par sa co-présentatrice à l'Australian Technology Park à Sydney le 25 octobre 2013. Dans son texte, Lisa Wilkinson avait notamment évoqué les critiques récurrentes dont sont victimes les femmes journalistes concernant ce qu'elles portent à l'antenne, donnant des exemples précis la concernant. »
C’est pour dénoncer ce sexisme qu’il a porté, volontairement, le même costume. D’abord pendant une semaine. Puis pendant un an. Il ajoute :
« Moi, je suis jugé sur la qualité de mes interviews, sur mon épouvantable sens de l'humour, en gros, sur la façon dont je fais mon travail, a expliqué le présentateur. Alors que les femmes sont assez souvent jugées sur ce qu'elles portent et sur la façon dont elles sont coiffées, a regretté Karl Stefanovic. »
Mais il pourrait, sans le vouloir, démontrer la discrimination à l’égard des hommes, ou sexisme misandre. Car où est le sexisme : dans les critiques sur la présentatrice ? Ou dans le désintérêt pour la manière dont l’homme existe : identique, triste, répétitif ?
Quatre solutions
Pourquoi les femmes se changent-elles si souvent ? Pourquoi faut-il un autre habit chaque jour, chaque émission ? Pour qu’elle séduise le public, pour faire fraîche. Alors qu’on s’en fiche que l’homme ne fasse pas frais et que son costume banal pue le bouc au bout d’un an. Pas même une critique pour montrer qu’on l’a vu.
En réalité c’est l’homme que l’on traite différemment de la femme. La femme est regardée pour ce qui la caractérise depuis la nuit des temps : sa beauté, sa présentation. Les femmes, dans leur majorité, l’on voulu depuis toujours. La liberté vestimentaire est un élément de liberté qu’elles ont repris à leur compte et endossé. Les slutwalkeuse, les « salopes », ne font pas autre chose que de se différencier par l’habillement quand elles défilent en vieux soutiens-gorges et en collants troués. A chacun son sens de la beauté.
Aujourd’hui cela devient une cause de récrimination. Merci les gorgonnes. Mais heureusement je propose des solutions. Quatre, à choix.
La première : on pourrait lancer une pétition demandant que cesse la discrimination dont sont l’objet les hommes à l’antenne. On veut des hommes habillés en pyjamas à fleurs et en veste couleur gazon parsemée de vraies pâquerettes. On veut des cravates aussi larges que le thorax du monsieur. Des chemises à trous. Des tongs mauves et rouges, des chaussettes en poils de chameau. Des lunettes jaune citron et des mèches pourpres et grises sur l’arrière de la tête, ou une perruque frisée différente tous les jours. Une demi moustache et une demi barbe, en diagonale, sur les côtés opposés du visage. On veut des hommes libres, de la fantaisie. On veut des présentateurs hommes traités comme les femmes. On veut des hommes qui existent, donc qui sont critiqués. Halte à la discrimination sexiste contre les hommes ! Houuu !
La deuxième solution : s’il est encore critiqué sur la qualité de ses interviews, et elle pas, c’est peut-être qu’il n’y a rien à dire de son travail à elle. Ce qui n’est pas forcément bon signe. Elle est peut-être mauvaise. Proposition : elle ne fait plus d’interview et se contente de sourire en regardant la caméra, pendant toute l’émission. Très vite les critiques en viendront à la qualité de son travail, rétablissant ainsi une égalité de traitement avec son co-présentateur.
La troisième solution : rien ne l’oblige à se changer à chaque fois. Elle pourrait porter tous les jours une robe sombre et longue, type victorien du XIXe siècle, ou un habit traditionnel du Moyen-Âge. Avec ça, on ne voit plus la femme comme un corps pouvant séduire mais comme un objet foncé dans la panoplie sociale. Comme les hommes, quoi. Blague à part, les costumes traditionnels ont du charme et se portent sans problème de manière répétitive.
La quatrième, la plus radicale : si elle n’est pas contente elle peut changer de boulot. Il y a de la place dans la rubrique faits divers du Quotidien de l’éleveur du Queensland, dansLe Magazine des collectionneurs d'oreilles de kangourous, ou dans les supermarchés de banlieues. Assise derrière sa caisse, habillée en blouse verte ou orange, cheveux tirés, personne ne la remarquera. A sa place, sur le plateau de Today, on mettra des femmes plus jeunes, plus jolies, plus fantaisistes, plus drôles, plus fun.
On voudrait refuser cette différence de traitement sous prétexte de non-discrimination alors que la différence est voulue, endossée par les femmes elles-mêmes dès lors qu’elles jouent sur leur look (habits, cheveux, maquillage, accessoires). Dès qu'une femme joue sur ce registre elle entre en compétition avec d'autres. Et elle prend le risque de la critique. Et pourquoi ne critiquerait-on pas ? On mélange allègrement les notions et le sens des mots. On mélange critique et sexisme. On se trompe. A moins que la nouvelle religion d’Etat interdise toute critique. L’époque est bête et ces récriminations féminines récurrentes sont plus proches du réflexe conditionné victimaire que d’une pensée riche et nuancée.
Cette différence de traitement n’est ni du sexisme ni de la discrimination au sens négatif du terme. D’abord Lisa Wilkinson est toujours à l’antenne, elle n’est pas exclue. D’autre part cette différence découle du comportement même des présentatrices à l’antenne, en général.
Mais ce n’est pas tout. J’ai gardé le meilleur pour la fin : selon la journaliste, ce ne sont pas des hommes qui font le plus de critiques. Ce sont des femmes.
Ciel, des femmes seraient sexistes à l’égard d’autres femmes et les flingueraient ? Horreur ! Elle les jugeraient sur leur apparence ? Les regarderaient comme des objets ? Damned !...
Après le prétendu sexisme d'un ingénieur de la mission Philae, sommet de bêtise, celui de la télé australienne. Pfff...
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