Des Machines et des Hommes. Les hommes sont devenus superflus. Pire, ils encombrent...
Les Machines seraient-elles devenues les ennemis des Hommes ? Elles envahissent notre espace vital, se rendent indispensables. Et surtout rejettent l'Homme...
Au début, les machines ont envahi les campagnes et les paysans sont devenus ouvriers. Aujourd’hui, les machines chassent les hommes de l'industrie. Même les pays à bas salaires où les entrepreneurs délocalisent leurs industries connaîtront le même sort car les machines sont toujours plus puissantes, plus rapides, plus nombreuses et moins chères. De plus elles ne font jamais grève, ne paient aucune charge sociale et sont « licenciables » sans indemnités ! Même dans les services, les machines remplacent de plus en plus l'humain également (DAB, distributeurs de billets SNCF ou avion, autoroute, etc.) rejetant au chômage de très nombreux employés.
Aujourd'hui, l'alpha et l'oméga des « économistes distingués » - la très vénérée croissance économique - n'est plus synonyme de création d'emplois. Elle n'a plus besoin d'hommes supplémentaires puisque les gains de productivité obtenus par les machines et les ordinateurs suffisent.
Et pourtant... Depuis toujours, les hommes étaient une richesse : on faisait des guerres, des razzias pour s'emparer des hommes, les réduire en esclavage pour exploiter leur force de travail. De même l'immigration combinée à l'esclavage a créé et fait la richesse des États-Unis. Mais tout s'est inversé. Le fric et l'énergie dépensés pour acquérir des hommes servent maintenant à les repousser... Les seuls immigrés que l'on admet sont ceux qui acceptent un salaire inférieur au coût d'une machine ou ceux suffisamment qualifiés pour qu'une machine ne puisse pas encore les remplacer. Ce dernier critère est valable aussi, bien entendu, pour les autochtones. Et même ce dernier territoire se réduit comme peau de chagrin. Chaque matin, en arrivant au boulot, un technicien haut de gamme se demande si un robot, une machine, un logiciel plus performant que lui n'aura pas pris sa place...
Les politiques connaissent ces évidences, mais ils les taisent, se gargarisant des emplois créés dans quelques secteurs encore à l'abri de la machine pour mieux dissimuler tous ceux qui disparaissent. Puis on arrange les statistiques, on alloue quelques poignées de figues aux plus démunis de façon à préserver la paix sociale. On organise des formations qui apportent aux « superflus » des compétences déjà dépassées sitôt acquises par l'évolution des machines. Mensonges et fausses promesses s'efforcent de camoufler leur impuissance pour ne pas désespérer le peuple. Un peuple assisté est un peuple docile...
Et les humains reculent toujours plus devant l'inexorable montée des machines intelligentes, des robots, des logiciels. Pour garder leurs revenus, ils s'évertuent à « travailler plus pour gagner plus », mais pour garder leur emploi, ils acceptent de gagner moins...
Pourtant, pendant longtemps, les progrès du machiniste entraînaient la suppression des tâches pénibles, la diminution du temps de travail, un enrichissement de tous, tant du patron que des ouvriers, une amélioration continue des conditions de travail et du confort de vie. C'était un modèle vertueux. Qui a disparu... A présent, les machines poussent toujours plus les hommes dehors et laissent les autres, ceux qui ont la « chance » d'avoir encore un job, travailler comme avant. Et certains politiques – Macron par exemple – ont l'impudence de faire encore l'apologie du « travailler plus » ! Il reste du travail, mais plus assez pour tous si on ne le partage pas car on est loin d'en créer autant qu'il n'en disparaît. La redistribution des richesses à travers le salaire est dépassée.
A qui profite ce surplus de productivité fourni par les machines, les robots, les logiciels intelligents ? Uniquement aux propriétaires des machines. Les « patrons » version économie financiarisée ont abandonné toute pudeur : le PDG d'Alcatel-Lucent ne part-il pas à la retraite avec 14 millions d'euros en récompense de son principal fait d'armes : avoir lourdé des milliers de salariés ! Mais le capitalisme, dans sa bêtise congénitale, coupe la branche sur laquelle il se vautre : au lieu de distribuer plus de salaires pour donner du pouvoir d'achat aux consommateurs, il utilise toutes les ficelles, toutes les magouilles (travailleurs détachés, délocalisation, etc.) pour payer moins. Avec ce résultat : plus les machines sont nombreuses et efficaces, moins il y a d'hommes susceptibles d'acheter leurs produits ! C'est du Ford à « K Pî près » comme disent les matheux, à l'envers.
Et le capitalisme est tellement stupide que le chef d'entreprise qui serait conscient de ce paradoxe et voudrait en conséquence augmenter les salaires de ses collaborateurs serait rapidement sorti du circuit par la sacro sainte « concurrence libre et non faussée ». Ses clients iraient acheter ailleurs les produits moins chers. Et même ses salariés achèteraient les produits meilleur marché de la concurrence ! C'est un cercle vicieux.
Chaque pays fait ce qu'il peut pour contenir son chômage, et les entreprises sont contraintes soit de licencier, soit de produire plus. Mais comme les nationaux n'ont plus assez de fric pour acheter ces produits, l'entreprise est contrainte d'exporter. Exporter ! Le mot magique. Mais à l'échelle de la planète, il n'y a pas d'exportation. Les Martiens ne sont pas encore des clients solvables... L'appareil productif capitaliste pousse toujours plus la production, mais parallèlement il appauvrit voire laisse dans le dénuement les clients potentiels de ses produits, réduisant d'autant ses débouchés ! Toujours cette vision à court terme de la mondialisation financière. Ainsi de plus de plus de richesses profitent à toujours moins de personnes. Creusant ainsi le fossé des inégalités avec les risques de troubles sociaux qui en découleront fatalement...
Si les gains de productivité réalisés grâce aux machines, aux robots, aux logiciels servaient à tous plutôt qu'à enrichir toujours plus quelques-uns, la surproduction cesserait, la société s'apaiserait et le saccage de la planète ralentirait.
Comment récupérer le bénéfice de ces gains de productivité ? La réponse est pourtant simple : taxer les machines au niveau de ce qu'auraient coûté les charges sociales des salariés qu'elles remplacent. Et redistribuer cet argent aux salariés, aux retraités, à toute la population en fonction de critères de moyens et de besoins à définir.
Ça a un nom ça : c'est le revenu universel !
Lecture utile sur ce sujet : "Proteus" de Louis Raffin
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