Des petits trous, des petits trous... en pleine jungle (7)
Nous avons vu, et pour certains cela a pu représenter une surprise, que contrairement à ce qui est communément acquis, Henry Ford a bel et bien été l’inspirateur d’Hitler, l’a précédé et largement dépassé dans la virulence de son attaque antisémite, qui a duré des années dans son magazine particulier, ou son livre nauséabond, jamais interdits de vente aux USA. Logique de penser qu’il aurait pu aussi inspirer les camps de concentration, lui qui avait fait de ses usines des endroits particulièrement surveillés où les travailleurs et leurs familles étaient soumis à de sempiternels contrôles. Henry Ford se méfiait de ses propres ouvriers comme un raciste se méfie de tout étranger. Sa dérive raciste l’amena aux pires thèses eugénistes, dont il fut le héraut aux Etats-Unis bien avant qu’Hitler ne s’en empare, en pleine grande dépression. Un épisode particulier de sa vie est révélateur du fond de sa pensée, celle d’un homme voulant modeler les autres selon ses propres critères et leur imposer jusqu’à ces goûts personnels pour les repas, la musique ou la danse folklorique par exemple. Cet épisode incroyable, s’est passé en Amazonie, bien loin de Detroit, et j’ai toujours été surpris d’en entendre fort peu à son propos. C’est pourquoi je vous propose aujourd’hui de vous en parler. Bienvenue à Fordlandia, un paradis devenu enfer.
Rien ne peut mieux montrer le Fordisme et son racisme sous-jacent que l’incroyable expérience ratée de Fordlandia, le résumé à lui tout seul de la pensée d’un capitaliste xénophobe. Fordlandia préfigure d’autres excès, ceux que commettront les nazis dans les camps. En 1929, Henry Ford, est déjà bien implanté dans l’industrie automobile (son modèle T vient juste de s’arrêter après 19 ans de production ininterrompue, déjà remplacée par la Type A). Il a démontré que sa force était dans l’organisation méticuleuse de la production, lui, l’inventeur du travail à la chaîne, et il désire alors se lancer maintenant dans la production de caoutchouc naturel, celui de l’Hevea brasiliensis, pour produire des pneus, et ne plus être ainsi redevable à GoodYear ou à Firestone, Uniroyal, Goodrich, Armstrong ... Pour cela, il décide de créer de toutes pièces en pleine Amazonie une unité de production, constituée de plantations gigantesques et d’une usine de collecte et de traitement de l’hévéa, entourée des habitations pour les tavailleurs recrutés sur place. "Couvrant plus de 10 000 km2, Fordlândia se situait le long de la rivière Tapajos, près de la ville de Santarém, dans l’État du Pará, à environ 960 km de l’embouchure de l’Amazone." nous renseigne Wikipedia. Ses ouvriers seront donc recrutés dans des tribus d’indiens d’amazonie, la plupart déjà "seringueros".
Le projet fou d’Henry Ford va être un fiasco total, en raison même du racisme inhérent au projet initial. Ford va en effet s’entêter à vouloir reproduire en pleine jungle une usine copie parfaite de celle de Détroit : avec cafetaria à hamburgers obligatoire, et non de la nourriture locale, des horaires calqués sur ceux de l’Amérique et non sur la température extérieure et d’autres détails qui révèlent un mépris total pour les populations autochtones, étroitement surveillées par des badges numérotés qu’elles sont obligées de porter en permanence (et une gestion rigoureuse de leurs numéros !). Un système qui devait logiquement déboucher sur un usage de machines Hollerith, comme celles installées à la maison mère, mais dont il m’a été impossible de trouver trace dans les documents sur Forlandia : on peut soupçonner le climat d’être à l’origine de l’absence sur place de ce genre d’engin, trop lourd et consommant trop d’électricité. "The plantation’s cafeterias were self-serve, which was not the local custom, and they provided only American fare such as hamburgers. Workers had to live in American-style houses, and they were each assigned a number which they had to wear on a badge– the cost of which was deducted from their first paycheck." Les maisons construites pour les travailleurs recrutés et les responsables sont sur un modèle typiquement US, inadapté aux pays tropicaux.
Evidemment, rien n’ira comme prévu : l’après midi ; la température est telle que les autochtones recrutés refusent de travailler : les voilà déclarés "fainéants" et "indisciplinés" selon la direction :" Ranking the people they encountered in degrees of "savagery" and "tameness," Ford managers projected their white supremacist fantasies onto the bodies of the "tropical" people they needed to produce their product. From a tour of villages he had been sent to inspect, one labor recruiter sent a telegram which read, "Even if they were tame they are lazy and undisciplined."
Rien ne marcha vraiment comme prévu, et les médecins sur place servirent surtout de surveillants : l’univers concentrationnaire nazi n’était pas loin. Ford avait l’obssession des maladies, et ne faisait que mettre en place ce qu’il avait écrit aux USA sur l’eugénisme et sa pseudo-science. Il s’appuiera donc sur les médecins pour surveiller la prétendue "fainéantise" locale : "Mirroring the Brazilian eugenics movement’s obsession with disease and sanitation, the American managers at Fordlandia lived in a constant state of fear of "the tropics," which included its people and its ecology. Hospital visits and inoculations were compulsory, as was the wearing of shoes (to guard against hookworm). Doctors played an increasingly significant role in the management of workers on the plantation ; the hospital was the place where sick workers were distinguished from the "just lazy" ones : the latter were fired". La société Fordienne idéale à besoin de gardes-chiourmes, ses sujets étant déclarés irresponsables par essence même, racisme oblige, et ce seront les médecins qui s’en chargeront. Exactement comme dans les camps de concentration allemands dix années plus tard, où les médecins feront la loi, à juger apte au travail ou bon pour le four crématoire.
Ford souhaitait en faire clairement en pleine jungle des esclaves et non des travailleurs, pour 11 heures de travail par jour, comme à ... Detroit : "Every colonial administration has its own idea of what it means to "tame savages." In Ford’s case, the measurement was clearly capitalist work discipline. A "tame" worker wore shoes, lived on the plantation, returned to work the day after being paid, and worked for 11 hours through the heat of the day." Leur faisant porter obligatoirement des chaussures, par obsession des microbes, un point frisant le ridicule, dans un endroit où les champignons proliférent entre les orteils à une vitesse phénoménale. Les cadres de l’entreprise y laisseront eux-mêmes des doigts de pieds !
Très vite, autour du site, c’est une ville complète qui est apparue au bord de la jungle : "Ford employees from the U.S. were relocated to the site, and Ford built an American-as-apple-pie community in the middle of Amazonia. Fordlandia had a power plant, a modern hospital, a library, a golf course, a hotel, and rows of white clapboard houses with wicker patio furniture. As the town’s population grew, businesses followed, including tailors, shops, bakeries, butcher shops, restaurants, and shoemakers. It grew into a thriving community with Model T Fords driving along the neatly paved streets." Une indispensable église aussi, avec une autre obsession Fordienne : les chants et la musique américaine... obligatoires eux aussi. Ford est persuadé d’apporter la civilisation aux "indigènes" : il a exactement quatre siècles de retard sur Hernan Cortes. Ford évangélise... le capitalisme, tout simplement, au bord de la forêt vierge. C’est de la pure folie ! C’est Fitzcarraldo !
En fait de paix, la ville devint vite un enfer, note le New-York Times : "That blueprint may have worked in Ford’s River Rouge plant in Dearborn, Mich. It most emphatically did not work in the jungle. Instead of a miniature but improved North American city, what Ford created was a broiling, pestilential hellhole of disease, vice and violence, closer to Dodge City than peaceable Dearborn." La prohibition sévère et réprimandée de l’alcool déclarée par Ford n’améliora pas les choses, et encore moins la diète imposée arbitrairement, censée lutter contre la malaria : "Prohibition was supposed to be rigorously upheld, but after a day spent hacking at the encircling jungle, the workers headed to the bars and bordellos that sprang up around the site. Knife fights erupted ; venereal disease was rife. Along with prohibition, Ford’s other rules were also resented, particularly the imposed diet of brown rice, whole-wheat bread and tinned peaches. When a new cafeteria was introduced in place of waiter service, the men rioted, destroying the mess hall and wrecking every vehicle on the property."
A Forlandia, autre dada du seigneur des terres, on pouvait danser, mais que sur de la musique folklorique américaine ou écossaise (la célèbre "Scottish") marches, mazurkas, polkas, et rien d’autre : Ford avait déclaré que le jazz, cette "musique de nègres", avait été inventée par des juifs, et l’avait martelé à plusieurs reprises dans son torchon : tel l’article "Jewish Jazz - Moron Music - Becomes our National Music—the Story of Popular Song Control in the United States," dans le Dearborn Independent, August 6, 1921". Ford avait alors inventé de toutes pièces la conspiration juive contre le monde. Elle culminera avec la parution en 1921 ; également dans le même torchon, des fameux "Protocoles des Sages de Sion", pourtant démontés point par point l’année précédente par Lucien Wolf dans son "The Jewish Bogey and the Forged Protocols of the Learned Elders of Zion". Ford continuera longtemps à en extraire des citations sur le prétendu "péri juif", qui deviendra la panacée hitlérienne et celle de Vichy. Le jazz, pourtant, chantera parfois les louanges de Ford et sa Tin Lizzie... A Büchenwald, à Auschwitz, et dans d’autres camps, étrange rappel, un orchestre de détenus sera imposé par les nazis : sur les partitions... des marches, des mazurkas, des polkas.. pour la "Fête des Moissons", à Maidanek, on jouera en même temps de la mitrailleuse... au son de "Alte Kameraden" , une marche. Primo Levi, dans "Si c’est un homme", décrira parfaitement les scènes d’orchestres jouant pour accompagner les éxécutions...
Les horaires de travail eux-mêmes étaient d’une profonde idiotie : la reproduction à l’identique des journées de Detroit et l’usage de pointeuses (en pleine jungle !), par exemple, démontrait l’inanité de la réflexion des directeurs de Ford-Brésil. " Of course, the company had scheduled the whistles at 5:30, 6:00, 6:30, 7:00, 11:00, 11:30 am ; noon ; 3:30, 4:00, 4:30, 5:00, and 5:30 pm." Les décideurs Fordiens avaient par exemple oublié qu’en climat tropical humide, tenter de donner du sifflet pour rythmer le travail était impossible : "In an exchange of letters with steam whistle manufacturers, a manager expressed concern that the company had not yet found a whistle that could withstand a tropical climate, or that was loud enough for workers on all sides of the plantation to hear it". Un sifflet inaudible, et des cartes à pointer inutilisables, les travailleurs étant incapables de respecter les horaires imposés, trop calqués sur ceux de Detroit : "And what good is punching time cards if time is not uniformly understood ? As one manager put it, "Owing to the fact that our daily labor is punching time cards, it is imperative that time signals be controlled. Otherwise the hours of operation are not uniform throughout the plantation." Des travailleurs indiens dont certains ressemblaient comme deux gouttes d’eau à des prisonniers de camp de concentration, uniforme à rayures compris....
Ford n’était pas le seul à penser ainsi. En fait, à ce moment là, en Europe, tout le monde rêvait de colonies, et d’aucuns rêvaient surtout d’y créer surtout leurs rêves ou leurs utopies eugénistes : "For Europe and North America, the vastness of South America was a focus for romance, discovery and potential profit, and also a canvas on which to paint a new world according to individual belief. Elisabeth Nietzsche, the sister of the philosopher, plunged into the jungles of Paraguay in 1886 intent on creating her own vegetarian Aryan republic, spurred on by the anti-Semitic effusions of Richard Wagner. Theodore Roosevelt predicted the great river system could be harnessed to create “populous manufacturing communities.” Nelson Rockefeller thought the 4,000 miles of the Amazon might be cut into canals".
La surveillance des ouvriers indiens n’était en fait pas tellement différente de celle des ouvriers de Detroit : "In kind, "taming savages" was not unlike what Ford did in Detroit : there, the company required male immigrant workers to study English and have their homes and wives inspected before they could qualify for the five-dollar-a-day wage. Social control is a necessary part of making people perform alienating wage labor." La paix sociale, si nécessaire aux profits capitalistes les plus élevés... A Fordlandia pourtant, lassés des brimades, des obligations et des punitions, les travailleurs se révoltèrent dès la seconde année, en 1930, en s’attaquant en priorité à ce qu’ils avaient le plus mal vécu. La révolte arriva au prétexte d’attendre désormais en file (indienne ?) les repas : "A strike in December 1930 revealed the depth of disgust the workers felt toward the highly controlled living arrangements on the plantation. The strike began when workers in the cafeteria were told they would have to wait in line for their food, rather than have it served at their tables". Les indiens s’en prirent systématiquement aux symboles de leur oppression, selon eux : "Targets of destruction during the strike included the cafeteria, all the time clocks, the punch card racks, and all the trucks".. Les camions Ford furent jetés des pontons directement dans l’Amazone. A Treblinka aussi, on se révoltera, le 2 août 1943. La répression y fut atroce.
A Fordlandia, la réponse de Ford ne se fit pas tarder : il fit envoyer l’armée brésilienne, ficher et photographier tout le monde : "In response, the company called in the Brazilian military, which arrested more than 30 "ringleaders." Following the strike, Ford required its workers to be photographed when they were hired, and agreed to a police proposal to create passports for all workers, which contained their fingerprints and previous police records". Les travailleurs de la république Fordienne avaient besoin désormais d’un passeport dans leur propre pays : c’était bien une dicature, et la préfiguration de ce que certains vivraient des années après en Europe. De véritables camps de travail. Ford appelant cela... ses usines de l’étranger.
Lassé par ces "sauvages", Henry Ford décida d’abandonner du jour au lendemain Fordlandia à son sort et à la jungle, et tenta encore de s’installer 80 km plus loin, à Belterra, en 1934, là où ses voitures ne s’enlisaient plus, paraissait-il. Sur une brochure ventant l’école du nouveau village de travailleurs créé, Ford ressortit son racisme incompressible en affirmant qu’il avait apporté la civilisation dans le secteur, en citant... Tarzan : "Shades of Tarzan ! You’d never guess these bright, happy healthy school children lived in a jungle city that didn’t even exist a few years ago !" Et recommença aussitôt son délire de société idéale à ses yeux : les garçons furent habillés en scouts, les filles habillées de blanc : "Required uniforms were provided by the company : "Boys wore outfits similar to Boy Scouts and girls neat white pleated skirts and white blouses. The decision to provide uniforms to those children who could not afford them was defended by one manager who noted, "It is our opinion that the psychological effect on the morale of all the children justifies the expenditure." Working from a textbook called Moral Education : My Little Friends, children studied Portuguese, geography, Brazilian history, arithmetic, and geometry. Described by one writer as a "children’s paradise," the residents of Belterra learned American folk dancing, an obsession of Henry Ford’s, and were entertained by Ford-made motion pictures". L’endoctrinement au plus jeune âge... présenté comme le Paradis. Fordlandia et Belterra présentaient en fait tous les aspects d’endoctrinement et d’esclavage des futurs camps de travail nazis. C’est à Belterra qu’on retrouvera les fameux badges siglés Ford et CFIB (pour Companhia Ford Industrial do Brasil), marqués de numéros tels que B9148 ou C1932... une numérotation qui n’est pas sans rappeler celle qui sera mise en place à Auschwitz et dans les autres camps 11 années plus tard ; oui, il y avait bien tous les germes des camps de concentration dans l’enfer de Forlandia ! Jusqu’à la numérotation Hollerith !!!
Un paradis en uniforme (ici la visite de Vargas) qui eût une fin rapide. A chez IG Farben, l’usine Buna bombardée était celle qui avait comme production principale le caoutchouc synthétique, produit industriellement depuis 1929 en Allemagne, par synthèse du butadiène et du styrène. A un prix inférieur au caoutchouc naturel, dont les cours s’effondrent. "In 1942, Belterra produced its biggest yield : 750 tons of rubber, far below Ford’s 38,000-ton projection. Three years later, the automaker announced it would sell the concession—a US$20 million investment—back to Brazil for $250,000. "Our war experience has taught us that synthetic rubber is superior to natural rubber for certain of our products," the automaker said at the time". En 1946, Ford arrête brutalement les frais, et se retire d’Amazonie, laissant les vestiges de sa folie colonisatrice, son réservoir d’eau perché, et les indigènes devant le vide restant. Ne restait plus que des maigres bâtiments et un ponton vide. Les maisons furent détruites, l’église abandonnée. L’échec total : "The Ford Motor Company invested $20 million in Fordlandia. In 1945 it was sold to the Brazilian government for $244,200". Selon certains dont Greg Gandin, professeur à l’Université de New-York, Ford avait surtout manqué de bons conseils et de spécialistes du milieu : "Ford was obsessed, among other things, by Thomas Edison, soybeans, antiques and order. He hated unions, cows, Wall Street, Franklin Roosevelt and Jews. He also, fatally, despised experts. Ford’s Amazon team had plenty of able men, but as Grandin observes, “what it didn’t have was a horticulturalist, agronomist, botanist, microbiologist, entomologist or any other person who might know something about jungle rubber and its enemies” — the lace bugs and leaf blight that laid siege to the rubber trees, the swarms of caterpillars that left areas of the plantation “as bare as bean poles.” L’homme si sûr de lui qui préconisait l’avènement de la race supérieure avait été vaincu... par des insectes et des araignées ! Tout le résumé du fascisme dans cette incroyable prétention à vouloir diriger le monde et réduire la diversité et la richesse humaine à un groupe de fanatiques seul.
Etrangement, les désirs de paradis sud-américains de Ford résonnèrent chez d’autres. Chez notamment Paul Schäfer, simple ambulancier dans la Wehrmacht, et sa sinistre Colonie Dignidad. Découverte en 2005 seulement, ce qui ne laisse toujours pas d’intriguer. D’autres Forlandias ont dû exister, au Chili ou en Argentine notamment, avec Peron, ou au Paraguay et en Bolivie, où d’autres fanatiques s’étaient réfugiés à l’effondrement des rêves de "Reich de mille années". En Argentine, notamment, où le doute subsiste sur le rôle joué par la CIA. Notamment en ce qui concerne Otto Albrecht Alfred von Bolschwing, un agent reconnu de la CIA qui ne s’est vu privé de sa citoyenneté américaine qu’en 1981. C’était pourtant bien un ancien SS, qui avait lancé les pires pogroms en Roumanie, ceux de l’ignoble Garde de Fer à Bucarest, mais à qui on avait pourtant accordé le titre de citoyen des USA en 1959. La décision américaine de 1981 eut des répercussions ailleurs : Klaus Barbie fut extradé de Bolivie deux années plus tard, en 1983. C’est ainsi que l’ on a appris de la bouche même de Allan A. Ryan, Jr, le directeur de l’OSI (pré-CIA) que si Barbie avait réussi à s’échapper et rejoindre la Bolivie, c’était grâce aux services secrets US dont il était l’agent lui aussi. Ryan fit scandale encore en brisant le secret des "rat lines", ces circuits de fuite balisés par l’OSI vers l’Amérique du Sud : "rat lines" from Europe-escape routes that apparently served several purposes". Von Bolschwing connaissait aussi parfaitement Adolf Eichman, capturé en 1960 en Argentine par les israëliens au nez et à la barbe de la CIA. Après Barbie, il y eût aussi la révélation du cas de Robert Jan Verbelen, devenu également agent de la CIA après guerre. L’homme fit moins de bruit que Barbie, et pourtant : c’était l’homme à la tête du sinistre "De Vlag Veiligheidscorps", une milice belge pro-nazie ayant assassiné Alexandre Galopin, le directeur de la Société Générale de Belgique, et qui avait projeté d’assassiner aussi des ministres belges. A son tableau de chasse, on attribuait également le meurtre de 101 résistants belges et de deux pilotes américains capturés qu’il avait torturé... L’homme avait été condamné à mort par contumace à la libération en Belgique : jugé pour cinq autres meurtres en Autriche en 1965, il avait été acquitté ! A sa mort, en 1991 à Vienne, il était toujours porte-parole de groupes néo-nazis !
Tout cela, ce n’était rien encore avec ce qui attendait les américains le mardi 6 juin 2006, date à laquelle les archives secrètes de la CIA ont été révélées, démontrant que les USA savaient pertinemment où était Eichmann, et l’avaient ouvertement protégé ! Personne, sauf les israéliens, ne voulait en fait capturer Eichmann, et encore moins... les allemands : "à Bonn, on redoutait que le criminel en exil ne fasse des révélations explosives sur Hans Globke, qui, comme Eichmann, avait servi au bureau nazi des Affaires juives. Or Globke était devenu le conseiller à la sécurité nationale du chancelier Konrad Adenauer. Mais, “ce n’était pas qu’une affaire ouest-allemande. Globke était le principal point de liaison entre le gouvernement de Bonn, la CIA et l’OTAN. Selon Naftali, ‘Globke était une bombe à retardement pour l’OTAN’”, rapporte The Guardian." Dans un pareil jeu de billard à trois bandes.... on comprend beaucoup mieux maintenant... comment un assassin nazi avait aussi bien réussi à traverser les mailles du filet aussi longtemps. Eichmann, l’architecte de la déportation, celui qui avait mis sur pied le recensement raciste de 1939, sera.. finalement pendu, le 1er juin 1962. Eichmann s’était retranché jusqu’au bout dans le rôle de l’employé de bureau au courant de rien. Argument honteux : incapable d’assumer la responsabilité de ses actes, il avait plaidé... non coupable ! Ford aura lui une attaque en regardant un film sur la libération des camps...
Eichmann, évadé miraculeusement d’une prison américaine après guerre aurait-il bénéficié d’une aide provenant d’anciens admirateurs d’Henry Ford, l’homme à qui Hitler devait tout ? A n’en point douter, à savoir enfin ce qu’il en était advenu en Argentine !!! Eichman, celui qui avait affirmé à son procès que le nombre de juifs morts était plus élevé que celui annoncé au départ : "Six millions. Quatre dans les camps d’extermination et deux par fusillades collectives". Il ajoute : "D’après Himmler, le chiffre n’est pas exact, il est trop faible"... Demain, nous reviendrons une dernière fois sur Henry Ford et ses méthodes, avant d’aborder la fin de notre enquête sur les cartes perforées et comment elles ont donc changé l’histoire..
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