Destruction de la langue française : Blanquer continue le travail
Depuis son adoption de en 1994, la loi Toubon relative à la langue française n'a cessé d'être mise en cause. De la ratification du protocole de Londres supprimant l'obligation de traduire les brevets en français (2007) jusqu'à la loi Fioraso (2013) qui permet l'enseignement en anglais dans l'enseignement supérieur, en passant par les multiples décisions moins visibles mais tout aussi nuisibles (absence de sanction en l'absence de traduction en français dans la publicité, développement de cours en anglais au collège et au lycée…), toute une politique consciente de marginalisation du français au bénéfice de l'anglo-américain est mise en place par les gouvernements successifs.
Le rapport "Propositions pour une meilleure maîtrise des langues vivantes étrangères, oser dire le nouveau monde" remis le mercredi 12/09/2018 va davantage dans ce sens, en généralisant, sous couvert d'apprentissage « des » langues, l'enseignement de et en anglais dès le plus jeune âge.
Le rapport propose ainsi notamment de (http://www.education.gouv.fr/…/propositions-pour-une-meille…, page 64) :
- « Inscrire l’anglais comme langue obligatoire dans le parcours de tous les élèves, en langue vivante 1 ou 2. »
- « Augmenter le niveau attendu des élèves en anglais oral, à la fin des cycles 3 et 4. »
- « Dès le primaire, et particulièrement en anglais, travailler la musicalité, la phonologie
et l’accentuation de la langue. »
Cette évolution est encouragée par les instances patronales. Les dirigeants du MEDEF se sont ainsi illustrés, comme Ernest-Antoine Sellières (l'anglais comme langue de l'entreprise) ou Laurence Parisot (souhaitant que tous les petits français apprennent l'anglais, ce qui serait bon pour l'économie).
Au delà de la pression des milieux économiques, c'est aussi le signe de soumission politique aux Etats-Unis. Nombre de dirigeants français, passés et présents, sont en effets des « young leaders », récipiendaires du prix de la Franch-American Foundation : Emmanuel Macron, Najat Vallaud-Belkacem, François Hollande, Edouard Philippe, Valérie Pécresse, Cédric Villani, Laurent Wauquiez, Pierre Moscovici... On ne s'étonne plus dans ces conditions de l'aplatissement de notre pays par l'intermédiaire de ces « carpettes anglaises » (du nom du prix d'indignité linguistique remis chaque année).
Combinées à une intense propagande médiatique, le recul sans cesse plus grand de la place du français dans l'enseignement, et plus largement dans la vie quotidienne, professionnelle ou personnelle, rencontre de moins en moins d'obstacle.
A peine quelques jours après s’être offusqués de l’enseignement de l’arabe à l’école les élus de droite, qu’ils soient LR, RN ou DLF on omis de s’indigner de la généralisation de l’anglais à tous les étages du système éducatif.
Pourtant cette politique de destruction n'a rien de rationnel ni d'inéluctable. Le linguiste Claude Hagège, les philosophes Michel Serres et Edgar Morin ou l'économiste suisse François Grin (auteur d'un remarquable rapport totalement ignoré sur l'enseignement des langues : voir en fin de texte) ou encore le professeur d'anglais Bernard Cassen ont montré toute l'inanité tant économique qu'humaine d'une politique basée soi-disant sur les nécessités et le « bons sens ».
Face à cette inféodation, une politique de diversification des langues enseignées est possible et souhaitable. Sur la base d'une dizaine de langues, compte-tenu de la taille des établissements scolaires, il est parfaitement envisageable de proposer une initiation à plusieurs langues à l'école primaire et de garantir une offre continue tout au long de la scolarité jusqu'au baccalauréat.
A travers cette politique, le ministre souhaite également recruter davantage de locuteurs natifs, ce qui constituera un moyen supplémentaire de contourner le recrutement statutaire au sein de l'Education Nationale !
A l'heure où le Royaume-Uni a quitté l'Union Européenne et où le russe, le chinois, l'arabe ou l'hindi prennent davantage d'importance au niveau international (sans compter la présence du japonais, de l'espagnol ou du portugais), généraliser l'anglais, et ce dès l'école maternelle, ne répond à aucun impératif éducatif, économique, social ou culturel, mais traduit une abdication face à l'empire américain.
Il y a urgence à l'insoumission francophone !
Quelques textes à méditer :
- sur les vertus (douteuses) de l'enseignement précoce des langues, mais prétexte à l'enseignement de et en anglais : https://www.agoravox.fr/…/enfin-un-peu-de-bon-sens-dans-l-1…
- sur le site Mémoire des luttes, les réflexions de Bernard Cassen (coresponsable du livret francophonie de la France Insoumise) : http://www.medelu.org/Un-enseignement-en-anglais-dans et http://www.medelu.org/Soyons-resolument-modernes-des
- Manières de voir (hors série du Monde Diplomatique) « La bataille des langues », février-mars 2008 ; https://boutique.monde-diplomatique.fr/…/97-la-bataille-des…
- le rapport Grin : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/…/054000…/index.shtml
- le livret Francophonie de la France insoumise : https://avenirencommun.fr/livret-francophonie-politique/
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