Diffusion de nouveaux documents de la Commission sur le 11/9 : Seule l’interview de Sibel Edmonds a été totalement censurée !
Le site Cryptome.org a récemment publié toute une série de documents contenant les rapports de la Commission d’enquête du 11-Septembre sur les interrogatoires (interviews) qu’elle a menés en 2003 et 2004 dans le cadre de ses investigations sur les attentats. Il était déjà notoire après la sortie du rapport officiel en août 2004 que celui-ci ne contenait qu’une fraction des témoignages et interrogatoires menés par la Commission. L’un cas les plus flagrants était celui de l’ex-traductrice du FBI Sibel Edmonds dont le témoignage n’apparaissait tout simplement pas dans le texte final.
Sibel Edmonds saisit l’occasion de la diffusion de ces nouveaux documents début janvier 2011 pour s’étonner, à juste titre, du traitement « de faveur » dont elle continue de faire l’objet : en effet, comme vous allez le lire dans son article ci-dessous, le texte de son interview est tout simplement censuré dans sa totalité, et elle est la seule dans ce cas. S.Edmonds a aussi relevé d’autres anomalies liées au traitement de son témoignage. Lisez plutôt.
L’ex-traductrice du FBI, Sibel Edmonds, dont le témoignage devant la Commission du 11/9 a été totalement censuré.
L’interview censurée de manière "exceptionnelle" par la Commission sur le 11/9
De nouveaux fichiers de la Commission sur le 11/9 publiés par le site Cryptome.org
La semaine dernière, le site d’information de John Young, Cryptome.org a commencé à diffuser des documents relatifs aux interviews conduites par la Commission sur le 11/9, qui sont ainsi rendus publics pour la première fois. Le 3 janvier, Cryptome a posté un rapport de la Commission sur mon interview (le tristement célèbre « cas Sibel Edmonds ») judicieusement intitulé « Sibel Edmonds à nouveau censurée ». Quand vous ouvrirez le fichier PDF, vous verrez immédiatement pourquoi Cryptome a choisi de l’appeler ainsi. L’ensemble du document, j’entends par là réellement l’entièreté du document, a été censuré (blacked out), je dirais même, effacé (whited-out). Cela m’a pris moins d’une minute pour parcourir l’ensemble du fichier, c’est-à-dire pour tourner les pages blanches les unes après les autres. Au début je ne fus pas spécialement surprise. Dites ! On m’a qualifiée de personne la plus muselée et « sensible » (classified) de l’histoire des USA, avec le « privilège du Secret d’État invoqué par deux fois, bâillonnant tout le Congrès pour la première – et unique à ce jour – fois de son histoire, avec des centaines de pages censurées dans les rapports du DOJ-IG (Department of Justice, Inspector General)… Et donc, comme je le disais, cela ne m’a pas surprise au début. Pourtant, après quelques instants passés à contempler les pages blanches, j’ai commencé à cliquer et à parcourir les autres fichiers (des interviews de la Commission sur le 11/9), et voilà ce qui m’a vraiment étonnée :
Bien que quelques passages aient été effacés ici ou là, et dans certains cas, cela concernait une part importante du texte, il n’y avait pas de fichier où l’ensemble de l’interview (ainsi que le rapport sur l’interview) avait été entièrement coupé. La mienne était donc la seule a avoir connu ce privilège et cet honneur ! Pourquoi ? Je veux dire, allons, nous parlons ici d’interrogatoires d’agents spéciaux du FBI en charge de l’antiterrorisme, d’officiers de la CIA avec de hautes responsabilités au sein du Renseignement concernant tout spécialement la délinquance et la lutte antidrogue, du directeur du National Intelligence Council (Bureau national du Renseignement), du chef du contre-espionnage de la NSA et du SIGNIT Support, des analystes Senior de la CIA… Malgré cela, aucune de ces interviews n’avait été effacée entièrement. Aucune. Faites-le pour moi, vérifiez par vous-mêmes. Le document contenant mon interview par la Commission sur le 11/9 se trouve ici, les autres sont ici, ici, ici, ici ou encore ici…et vous pouvez consulter l’ensemble des autres documents publiés par Cryptome à cette adresse, et si vous voulez il s’en trouve des milliers d’autres ici.
J’ai envoyé un email à M. Young pour avoir son avis et lui ai demandé s’il avait remarqué lui aussi cet intéressant phénomène. Il a confirmé mes observations et nous partageons la même conclusion : cette interview en particulier a été effacée (redacted) de manière tout à fait exceptionnelle.
Ensuite, je suis repartie du début, en cherchant cette fois le lieu où s’étaient déroulées les interviews conduites par la Commission sur le 11/9. Pourquoi ? Eh bien parce qu’avec le DOJ, le FBI, le Département d’État, et le DOD (Department of Defense), les membres de la Commission ont insisté pour m’interroger dans un SCIF (Sensitive Compartmented Information Facility), une salle spécialement aménagée pour les informations sensibles. On m’a placée dans une de ces forteresses sans aération hautement "claustrophobisantes" pendant plus de trois heures. Le personnel de la Commission m’a expliqué que c’était à cause « du caractère extrêmement sensible et secret des informations de Mme Edmonds. » Encore une fois, aucun des responsables de haut niveau du contre-terrorisme, des officiers et agents de la CIA, des analystes seniors (du moins ceux dont j’ai parcouru les interviews jusque-là) n’a dû livrer ses informations dans un de ces SCIF, ni même dans une salle sécurisée (cleared room) – ils ont des spécialistes qui viennent et déclare la salle ou le bâtiment « sûr » (free of bugs). Quand vous consultez le document contenant mon interview (ici), regardez au tout début de la page, la rubrique « lieu » (location), et voyez ce qui y est mentionné. Me concernant, cela indique « GSA SCIF. Maintenant, si vous deviez consulter tous les autres fichiers et vérifier les lieux où se sont déroulés les autres interviews, vous ne trouverez pas de SCIF, mais des lieux comme les bureaux la Commission sur K. Street (la salle de meeting habituelle), ou bien les salles de réunion normales ou les sièges des différentes agences gouvernementales.
Un autre point intéressant qui m’est apparu plus tard concerne la longueur du texte de mon interview censuré par la Commission. Je sais que j’ai passé au moins trois heures là-dedans, et d’ailleurs cela est confirmé en tête du document. Je sais aussi que je n’ai pas perdu de temps à parler des aspects concernant mon emploi ou ceux relatifs au « lancement d’alerte » (Whistle Blowing), et je leur ai dit de demander ces informations aux IG ou aux différents bureaux du Congrès. J’ai parlé pendant plus de trois heures, répondant à des questions, et mettant par écrit pour les enquêteurs de la Commission sur le 11/9, sans pause, sans aucune interruption, sans même un moment pour une discussion informelle (side conversations). J’ai déjà pratiqué la transcription d’interrogatoires, et j’ai tapé de nombreuses pages de conversations téléphoniques enregistrées lorsque j’étais traductrice au FBI ; j’ai aussi préparé quantité de rapports basés sur des interviews, et je sais qu’il est parfaitement impossible de transcrire ou de rapporter un interrogatoire ininterrompu de trois heures, en particulier le mien, en moins de dix à douze pages (écrit petit !). Mais au total, le nombre de pages censurées diffusées par la Commission sur le 11/9 est d’environ cinq. Qu’ont-ils fait d’autre à mon interview, en plus de le censurer ? C’est ce que j’appellerais « envoyer le tout dans un trou noir pour ne jamais le retrouver ». Je me demande ce que les médias US ont à dire à ce propos ; en particulier ceux qui ont pris part à ces coupes et à cette censure dans ce cas particulier. Vous avez une idée ?
Sibel Edmonds
Sur son blog, le 6 janvier 2011
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