Discrimination VS Boycott
Il est des jours où l’effroi envahit le moindre espace, où l’horreur déborde les unes comme une avalanche morbide obture un paysage.
Il est des jours où il ne fait pas bon être l’acteur d’un fait divers, encore moins en province et surtout quand la doxa est mise à mal.
Pourtant, loin d’Haïti, loin des rédactions Parisiennes, il s’en passe des évènements qui bouleversent la compréhension de ce monde.
Il suffit d’un rien, d’une petite étiquette pour que soit renversée la foi en une juste cause.
C’est ce que doit penser, en ces lendemains de procès, Saquina Arnaud, citoyenne ordinaire.
C’est en mai 2009 que cette dernière, militante à la LDH, agissant en soutien au boycott (BDS) des produits "Made in Israël", est interpellée après avoir collé deux autocollants sur des bouteilles de jus de fruits dans un Carrefour de la banlieue Bordelaise.
Suite à la plainte du magasin pour dégradation (?), le procureur de la république poursuit madame Arnaud pour discrimination et provocation à la haine raciale, justement ce contre quoi elle s’est toujours battue.
Non contentes de la disproportion prise par cette affaire, entrent en jeu diverses organisations qui se portent partie civile, la chambre de commerce Franco-Israélienne estime qu’un boycott est une discrimination, en parallèle de Avocat sans Frontières, une officine pilotée par un avocat de renom (?).
Au-delà de toutes considérations polémiques, on peut s’interroger sur cette aventure.
Rappelons nous que le délit d’opinion n’existant pas en France, il paraît étonnant qu’un procureur puisse de son propre chef poursuivre pour une telle broutille, surtout que madame Arnaud avait déjà été condamnée pour des faits similaires mais uniquement pour le délit de dégradation.
La justification de celui-ci étonne encore plus :« L’appel au boycott de produits d’Israël est une entrave à l’exercice d’une activité économique en raison de l’appartenance à une nation. C’est de la discrimination ».
Petite phrase sibylline mais emplie d’insolite confusion qu’on ne peut croire involontaire de la part d’un magistrat qui ne ferait différence entre pays et nation, qui jugerait acquis au territoire Israélien les territoires occupés et les colonies illégales contre lesquelles la communauté internationale s’élève, phrase qui par ailleurs entérinerait une différenciation entre produits Cisjordaniens issus des colonies et Palestiniens.
Laissons là ces réflexions et poursuivons.
Une seconde énigme qui saute aux yeux est la promptitude à réaction d’organisations qui au demeurant n’avaient que peu de chance de faire les manchettes juridiques locales dans une telle affaire, il serait intéressant de connaître la provenance de l’information qui les a guidées vers un procès de quinzième zone dans la France profonde. Si on peut comprendre la réaction d’un organisme commercial qui défend des intérêts commerciaux, de façon cavalière il est vrai (cf article S-O), la présence de cette autre boutique qu’est Avocat sans Frontières interpelle un peu plus.
En premier lieu, il est nécessaire de préciser que l’association Avocats Sans Frontières, ONG Belge demeure totalement étrangère à la susnommée.
Avocat sans Frontières, donc, est une association sans aucune visibilité sur le net, Wikipedia aidant, nous apprenons que cette association est présidée par un certain Gilles William Goldnadel et que dans son intitulé elle propose « d’intervenir partout où les hommes sont opprimés, sans aucun a priori idéologique » et elle prétend avoir pour vocation « la défense des droits de l’homme et la lutte contre toutes les discriminations, en particulier le racisme et l’antisémitisme, la défense de l’individu face à l’arbitraire judiciaire... », bigrement déconcertant lorsqu’on découvre les penchants procéduriers du président autoproclamé et la façon qu’il a d’essorer les droits de l’homme quand il s’agit d’Israël, ce qui se révèle compréhensible quand on sait qu’il est aussi président de l’association France-Israël.
Cette seconde association est le condensé paroxystique de l’humour noir, on peut lire par exemple dans ses objectifs : « France-Israël est une organisation non confessionnelle qui regroupe des personnalités, des hommes et des femmes de toutes tendances politiques républicaines, religieuses ou philosophiques. »
La visite de leur site démontre qu’ils oublient de préciser « du moment que ces hommes et ces femmes ne sont ni de gauche, ni écologistes, ni marxistes, ni musulmans », quant à savoir s’il y a une limite républicaine, il suffit de connaître certains de ses membres pour devenir soupçonneux sur les positionnement politiques extrêmes du président comme tend à le confirmer la fiche Wiki du sieur.
Nous voilà donc revenu au point de départ et à ce procureur zélé. Il nous souvient qu’en son temps un certain Eric Raoult, président de l’ADELMAD et membre honoraire du MIL, émanation du SAC, avait appelé Mme Alliot-Marie à plus de répression contre les manifestations de boycott envers Israël, il citait comme soutien M. Claude Goasguen, ex Occident et membre éminent de France-Israël à l’instar de son ami de toujours Patrick Devedjian. Ainsi, il n’y a plus loin de la coupe aux lèvres pour comprendre comment des gens particulièrement influents auraient pu pousser un procureur à se déterminer dans une affaire somme toute ridicule.
A contrario d’une journaliste célèbre, Mme Arnaud a eu le tort de croire que le droit d’expression est intangible au regard des puissants, surtout quand on titille leur jouet favori, une victime collatérale des liens obscurs noués entre une certaine classe politique avec le pouvoir Israélien et ses antennes Françaises.
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