DSK : Quel impact sur la campagne de Hollande ?
Après un JT sur TF1, un livre-plaidoirie de Ivan Levaï, une biographie sur fond de complot, DSK a décidé de revenir sur la scène publique en tant qu'économiste à Pékin.
Cette sortie, qu’il savait médiatisée, à 4 mois des élections présidentielles, ne risque-t-elle pas de parasiter la campagne du candidat Hollande ?
Qu’il l’accepte ou pas, DSK a désormais une image ternie dans l’opinion.
Or, chaque fois qu’il se met en scène, il est attaqué, et ses anciens amis socialistes tombent systématiquement dans le piège en prenant sa défense, plus ou moins fermement.
Ainsi, quand Benoît Hamon dit "Foutez la paix à DSK", il se moque des citoyens de gauche et de tous ceux qui ont été choqués par les révélations des affaires de ces derniers mois. N’est-ce pas plutôt à DSK de cesser de se donner en spectacle et de permettre au candidat du PS de mener - sans pollution inutile- une campagne qui s’avère déjà plus difficile que prévu ?
C’est à se demander quelles sont les motivations profondes de cet homme de gauche.
DSK est-il un véritable socialiste soucieux du succès de la gauche en 2012 ? Le citoyen de gauche que je suis a le droit de poser (et se) la question, après avoir observé les événements qui se sont déroulés depuis le 14 mai 2011 et leur médiatisation, entretenue par M. Strauss-Kahn lui-même.
Pour cela, le premier réflexe est de revenir sur son parcours politique. Il ne sera nullement abordé ici la vie privée de DSK, ni les affaires en cours.
Quelques actions « phares » de DSK au cours de sa carrière politique
Plafonnement de l’ISF à 70% en 1988 quand Rocard propose 85%
« En 1988, le gouvernement Rocard rétablit l’impôt sur la fortune (ISF). Mais, pour éviter les évasions fiscales, il décide d’en limiter le montant, de façon à ce que cet ISF ne dépasse pas 85% des sommes déclarées. Par le biais d’un amendement, certains socialistes, emmenés par le jeune Dominique Strauss-Kahn, réussissent à ramener ce plafonnement, ancêtre du bouclier fiscal, à 70%."
Source : le jdd
Coup de pouce de DSK à Tapie
« La Cour des comptes, qui enquête sur l’affaire Tapie, détient une lettre embarrassante de Dominique Strauss-Kahn, que révèle Mediapart : à l’époque ministre des finances, c’est lui qui, en 1999, lors de la privatisation du Crédit lyonnais, donne la garantie que l’Etat gardera à sa charge le litige avec l’ex-homme d’affaires. La décision, qui s’est avérée ruineuse pour les finances publiques, n’a pas respecté la procédure légale. »
Source mediapart
Le régime des stocks options
« ..Dès l’automne 1997, « les bons de souscription de parts de créateurs d’entreprise » – stock-options, en français… – bénéficient d’une fiscalité allégée, mais simplement pour « les sociétés de moins de sept ans ». Un an s’écoule, et en 1998, c’est désormais pour « les sociétés de moins de quinze ans. En janvier 1999, Dominique Strauss-Kahn croit désormais l’heure venue : toutes les stock-options, désormais, même celle des patrons du CAC 40, seront imposées à 26 % – et non plus à 40 %... »
Source fakirpresse
Les privatisations
"En deux années de Ministère de l’économie et des finances sous le gouvernement Jospin, DSK a convaincu cet ancien trotskiste de privatiser un nombre impressionnant de grandes entreprises :
Air France, 1999, ouverture du capital.
Autoroutes du sud de la France (privatisation partielle)
Crédit lyonnais, 12 mars 1999 (décret)
France Télécom, 1997, ouverture du capital, 42 milliards de FF.
o Octobre 1997 : mise en bourse de 21 % du capital
o Novembre 1998 : mise en bourse de 13 % du capital
Eramet, 1999.
GAN, 1998.
o 1998, ouverture du capital.
o 2000, suite.
CIC, 1998.
CNP, 1998.
Aérospatiale (EADS), 2000, ouverture du capital. "

Alors, DSK homme de gauche réformateur du capitalisme ou homme de droite réformateur du socialisme pour servir les intérêts du capital ?
Dans le numéro du 30/03/2009 de marianne2, on peut lire sous la plume de Philippe Cohen :
« Lamy et DSK ne sont pas des socialistes qui veulent réformer le capitalisme, mais bien plutôt des capitalistes qui, depuis vingt ans, ont réformé le socialisme.
La preuve ? Pascal Lamy a joué un rôle essentiel dans le tournant de la rigueur de 1982-1983,
qui a vu François Mitterrand tourner le dos à toutes ses promesses d'autre politique.
.. DSK a la réputation, lui, d'être « plus à gauche ». Mais en réalité, on imagine assez mal une institution comme le FMI accepter le magistère d'un homme qui n'aurait pas fait ses preuves auprès de la communauté des élites mondiales.
…Ces preuves, Strauss-Kahn en a abondamment fournies dans son parcours ministériel.
Article complet ici
Lamy et DSK ont d'ailleurs l'objet d'une pétition lancée par des socialistes appelant à leur exclusion du PS pour leurs vues ultra libérales. ICI
Après l’échec aux primaires PS de 2007, une ascension stupéfiante
Après son échec cuisant aux primaires du PS de 2007, au profit de Ségolène Royal (24 % de suffrage contre plus de 60% pour SR), DSK a réussi un exploit, en devenant en moins de 3 ans, LE seul candidat possible du PS à la présidentielle de 2012. Comment expliquer cette ascension hors du commun ?
La réponse est dans cet article de Nicolas Beau du monde.fr de mai 2011 : C’est par "l’inquiétant pouvoir des communicants"
"A la manœuvre, "la bande des quatre", ces communicants d'Euro-RSCG qui ont créé pour Strauss-Kahn une formidable ceinture de chasteté médiatique. Comparés à ces spin doctors, les Pierre Charon et autres Franck Louvrier, les hommes de Nicolas Sarkozy, font figure d'enfants de chœur."
Leurs noms : Ramzi Khiroun, l’homme à la Porsche, Stéphane Fouks, Gilles Finkekstein et Anne Hommel qu’on a vue en compagnie des Strauss-Kahn lors de leur retour de New-York le 4 septembre.
« Avec la montée en puissance de Strauss-Kahn dans la course à la présidentielle, la communication politique a pris la profession en otage. Un article complaisant est publié sur le voyage du patron de VSD en Afrique ? Euro-RSCG, qui vient de refaire la maquette de l'hebdomadaire, a pesé de tout son poids. Un livre médiocre sur les relations de Strauss-Kahn avec les femmes paraît chez Plon, signé d'une inconnue nommée Cassandre ? A peine l'ouvrage imprimé, un argumentaire assassin sur les erreurs de l'auteur est envoyé dans les rédactions par Euro-RSCG. Le message est clair : les rapports de Strauss-Kahn avec les femmes sont un non-sujet. »
..
« Lorsque le mari d'Anne Sinclair s'est fait prendre dans une aventure avec une fonctionnaire du FMI, c'est à nouveau la force de frappe d'Euro-RSCG qui a tenté de recoller les morceaux. C'est Ramzy Khiroun, l'homme à la Porsche et conseiller d'Arnaud Lagardère, qui a confié à un journaliste de Paris Match, propriété du même Lagardère, le rôle de témoin capital. Il s'agissait de constater qu'Anne Sinclair n'en voulait pas à son époux volage. »
Quelle conclusion s'impose ?
1) Que DSK a trop investi dans la conquête du pouvoir pour y renoncer. Cette ambition pourrait rendre secondaire à ses yeux le destin immédiat du Parti Socialiste. En homme intelligent, il voit sans doute plus loin que 2012. Un échec du PS ne peut que lui redonner la légitimité de revenir dans la course, renforcé, incarnant la "dernière chance" de la Gauche. Quel serait son intérêt à aider Hollande ? Aucun. Il est celui qui a fait son chemin sans lui.
Sacrifier le PS même si cela doit faire rempiler Sarkozy ? Il a bien pris la direction du FMI avec le soutien de ce dernier.
2) Que la médiatisation à outrance dont il est l'objet (et le sujet) ne peut que faire du tort au PS.
En effet, plus il sera présent en filigrane dans la campagne présidentielle, plus son image ternie atteindra le PS et ouvrira des brèches pour des attaques violentes de la droite qui va jouer à fond l'amalgame DSK=PS=Moralité douteuse. Un premier signe que DSK est le talon d’Achille de la gauche ? : ICI
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