DSK ressort le complot la veille des élections
Le 27 avril, le juge McKeon devait rendre sa décision sur le classement ou pas de la plainte au civil de la plaignante du Sofitel, Nafissatou Diallo, qui accuse DSK de viol, pour cause d’immunité diplomatique de l’ex-patron du FMI, moyen juridique choisi par ses avocats pour lui éviter le procès civil. Laquelle décision a été reportée au 1er mai par le juge.
Le 27 avril, The Guardian publie sur son site « une interview exclusive » de DSK par Edward Jay Epstein, le journaliste américain qui avait déjà lancé la même thèse du complot en novembre dernier. Interview que DSK a réalisée le 13 avril.
Le 27 avril, liberation.fr, après avoir interviewé Edward J. Epstein, publie sur son site de longs extraits de son entretien avec DSK .
Le 29 avril, Epstein sortira un livre, « Three days in May », dans lequel il revient sur la thèse du complot qu’il avait déjà mise en avant en novembre dernier dans la New York Review of Books.
Chorégraphie médiatico-temporelle
Premier constat : La chorégraphie médiatico-temporelle ne fait pas de doute. Il s’agit bien, comme dans l’art de la guerre, d’un encerclement médiatique pour contrecarrer une décision éventuellement défavorable du juge McKeon. A la bonne date. Nous sommes témoins d’une campagne de réhabilitation bis, fondée sur la théorie du complot anti-DSK. Non pas qu’il ne faille pas croire au complot en général. Mais que dans le cas de DSK, et vu ce qu’ont révélé toutes les affaires, cela prête à sourire, comme angle de communication. DSK n’a tout de même pas pas été « comploté » par qui que ce soit pour se jeter sur Tristane Banon ou consommer du « matériel » au Carlton de Lille ou inviter des prostituées au FMI pour faire des photos (a minima).
DSK aurait été placé sous surveillance
Dans son ouvrage, Edward Jay Epstein publie un long compte-rendu de son entretien du 13 avril avec DSK, dont extrait :"DSK affirme que les services secrets français l’avaient placé sous surveillance pendant les semaines précédant l’incident au Sofitel. DSK accuse des personnes dans l’entourage de Nicolas Sarkozy d’avoir intercepté ses communications téléphoniques et de de s’être assuré que Nafissatou Diallo se rendrait bien à la police".
« Les événements ont été ’forgés par ceux qui entretenaient des intentions politiques’ en une tentative de scandale d’agression sexuelle à dimension internationale"
Edward Jay Epstein n’a pas de « preuve formelle »
Dans son interview accordée à "Libération", Ed Epstein revient sur ces révélations et déclare qu’il n’a pas de "preuve formelle" de la surveillance de DSK, mais qu’il est « établi », par les caméras de surveillance, que Brian Yearwood, l’ingénieur en chef du Sofitel, l’observait à chaque instant.
Pas de preuve formelle signifie que nous sommes en pleine conjecture. De plus, nous sommes devant un schéma répétitif, car ce même Edward Epstein avait déjà fait grand bruit en novembre dernier avec la publication d’une enquête accréditant la même thèse du complot contre DSK et publiée dans la "New York Review of Books".
Le New-York Times n’a jamais conforté Epstein dans ses déclarations
Rappelons d’abord les faits suivants, concernant le précédent acte joué par Edward Jay Epstein dans la pièce « DSK victime d’un complot » :
Le jeudi 24 novembre, Robert Silvers, patron de la New York Review of Books, envoyait un e-mail au New York Times pour attirer l’attention sur la publication d’une enquête d’Ed Epstein dans son bimensuel. « L’article va susciter beaucoup d’intérêt en France, et sera publié “dans son intégralité” le dimanche dans le JDD et mis en ligne sur le site de la NYRB le samedi soir » écrivait-il.
Pourtant, Le New York Times n’a jamais fait référence à l’article d’Ed Epstein et le JDD n’en a pas publié la traduction intégrale. Car « les journalistes qui travaillaient sur le dossier trouvaient l’enquête bien trop fragile pour être publiée telle quelle »
« Comment juger une enquête journalistique ? Epstein dit avoir parlé à DSK, Taylor et… Taubmann”, raille Marie-Christine Tabet du JDD sur Twitter . En effet, ce sont trois sources concordantes, Taylor étant l’avocat de DSK et Taubmann biographe et proche de DSK.
« Aux Etats-Unis, Ed Epstein a dit avoir aussi proposé son enquête au Daily Beast qui n’en avait pas voulu, l’estimant insuffisamment sourcée. »
Epstein manie le leurre et n’a aucune preuve
Rappelons aussi qu’à l’époque, après avoir menacé de donner la vidéo de la “danse de joie” des deux employés du Sofitel, Edward Epstein a reconnu ne pas avoir les images. Quant au Sofitel, après en avoir nié l’existence, il a assuré que la scène ne dure pas trois minutes, mais huit secondes sans “danse de joie”. Epstein a expliqué à Rémi Sulmont de RTL qu’il ne l’avait vue que deux fois et sans la chronométrer. Mais pourquoi écrire qu’elle dure trois minutes ? » CQFD.
Source : Ici.
Cet épisode a été un coup d’épée dans l’eau. Mais l’hydre de Lerne ne renonce jamais et que revoilà la même enquête, sous forme de livre. Associée à l’interview de DSK au Guardian et d’Edward Epstein à libération. Peut-être cela aura-t-il plus d’efficacité cette fois-ci ?
Qui est Edward Jay Epstein ? Un ami du biographe de DSK, Michel Taubmann
Voici l’extrait d’un article paru le 22 août 2011 dans entrevue.fr
"Le journaliste Michel Taubmann donne son avis sur ce qu’il s’est passé dans la chambre du Sofitel.
Interrogé par nos confrères de France Soir, le journaliste et écrivain Michel Taubmann, auteur d’une biographie sur DSK, s’est exprimé sur l’agression sexuelle présumée de l’ancien patron du FMI.
« Je suis persuadé, selon les informations que j’ai pu recueillir ici en menant ma propre enquête auprès de diverses sources, que DSK a eu une relation consentie avec cette femme de chambre, une relation qui n’a duré que quelques minutes.
6 minutes sans doute, selon le timeline qui a pu être reconstitué par mon ami le journaliste américain spécialiste des affaires criminelles Edward Epstein. Mais qu’à aucun moment il n’y a eu de violence entre eux. ».
C’est Taubmann qui le dit.
Une sortie médiatique de DSK en plein entre-deux-tours
Comment interpréter cette sortie de DSK en pleine campagne alors que Hollande est donné probable gagnant le 6 mai ? L’on sait que DSK est bardé de communicants et que rien n’est du au hasard.
Dans DSK retour programmé, j’évoquais les efforts de DSK pour retrouver une virginité publique, avec pour objectif non affiché de se réinsérer dans la politique. Au travers de conférences données sur l’économie, notamment.
Il aidait ainsi ses amis à avoir des arguments pour défendre une telle éventualité auprès de François Hollande.
Cette nouvelle sortie médiatique, à l’évidence, vise en priorité à contrecarrer une prise de décision défavorable du juge McKeon et influencer le déroulement du futur procès en civil. Rappelons que le juge Douglas McKeon avait clairement laissé percevoir son scepticisme à propos de la demande en annulation du procès pour cause d’immunité. Lors de l’audience du mois de mars, il avait demandé aux avocats de DSK , une pointe d’ironie dans le ton « Vous me confirmez que pour ce qui s’est passé dans la chambre du Sofitel le 14 mai, M.Strauss-Kahn n’était pas en mission pour le FMI ? »
Une théorie du complot qui souffre d’illogisme
Nous n’aurions pas raté une occasion de mettre en accusation les services de Sarkozy dans cette affaire. Seulement, il faut être logique. Que DSK ait fait l’objet de surveillance, comme sans doute d’autres politiques, par les services secrets français, c’est possible. Et répréhensible.
Mais, d’une part, cela ne prouve pas pour autant un « complot ». Une surveillance avérée ne réduirait pas à néant les révélations qui ont permis de cerner le personnage que la France a failli mettre à sa tête : Du Sofitel au Carlton de Lille.
D’autre part, la théorie du complot brandie par Epstein et DSK lui-même souffre d’un illogisme de base.
Surveillance, possible, complot, non
Car, pour Sarkozy, avoir un DSK pour adversaire aurait été une belle aubaine.
Sarkozy n’aurait eu aucun mal, une fois la campagne bien avancée, à trouver des détails scabreux à laisser filtrer sur DSK, qui n’a pas besoin d’aide pour en acculumer et les fournir à ses ennemis sur un plateau. D’où sans doute la surveillance. Mais organiser un complot si tôt eut été une erreur stratégique. Même pour l’affaire du Carlton de Lille, on ne peut que récuser le complot.
Car une affaire du Carlton de Lille éclatant en pleine campagne eut été plus cinglante. Et elle a été orchestrée d’abord par …DSK lui-même, au vu de la planification élaborée des partis fines et du temps que lui prenait sa vie sexuelle et son organisation.
Sarkozy n’avait qu’à appuyer sur le bouton, au bon moment, donc après les primaires socialistes.
Pourquoi Sarkozy serait-il allé chercher une improbable Mata Hari du Bronx appelée Nafissatou Diallo ?
Et de toutes façons, rien ne peut dédouaner une telle accumulation de comportements déviants, sinon pénalement répréhensibles, chez un homme qui a eu l’audace et l’indécence de vouloir devenir le président de la France, avec de tels comportements. Pourquoi un voyou dans la vie privée serait-il un homme à valeurs sur le plan public ? Comme je le disais à propos de François Hollande, sa force réside dans l’alignement entre ses valeurs, son discours et son image. Et nous avons besoin d'hommes politiques qui aient un minimum d'alignement entre leurs valeurs et leurs actions.
Arrogance et indécence
DSK est le contraire de Hollande sur ce plan. Que DSK poursuive cette campagne de manipulation médiatique pour se trouver des excuses est indécent, en pleine campagne des présidentielles.
« "J'avais prévu d'annoncer officiellement ma candidature le 15 juin et je n'avais aucun doute sur le fait que j'aurais été le candidat du Parti socialiste", confie DSK au journaliste américain Edward J. Epstein, venu l'interviewer le 13 avril au Pavillon de la Reine, un hôtel de luxe parisien.
Il n’avait pas de doute ? Mais pourquoi donc ? Et les débats de la primaire, et la démocratie ?
Sans doute pensait-il que l’argent de son épouse et ses communicants lui auraient assuré une place au sommet de l’état, nonobstant les étapes instaurées par la démocratie.
Voilà ce que le PS a hébergé en son sein. Il serait temps de l’en expurger. Définitivement.
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