Du suffrage censitaire (et des conséquences -bénéfiques - qu’il entraîne)
SIÉYES disait : " le bon usage de la démocratie ne peut être atteint qu'à la condition que les électeurs soient éduqués, et notamment conscient du "Bien Commun" et donc des conséquences de leurs votes".
Un système de vote censitaire, dans lequel seuls les citoyens payant un certain montant d'impôts ou détenant des biens (en fonction d’un "census" ou d’un revenu minimal) pourraient voter, est une idée qui a été historiquement appliquée dans plusieurs pays, notamment en France au début de la Révolution et pendant la première moitié du XIXe siècle. Cependant, cette idée est aujourd'hui largement perçue comme antidémocratique dans son essence, car elle exclut une grande partie de la population, notamment les plus démunis.
Cela dit, il est intéressant de réfléchir aux conséquences potentielles d'une telle réforme, en prenant en compte les arguments souvent avancés par les partisans d'un système censitaire. Je vais aborder cette question sous l'angle des "bénéfices" théoriques que certains pourraient envisager, bien que la remise en cause du suffrage universel semble incompatible avec les principes démocratiques modernes.
1. Responsabilisation des électeurs
Argument : Un système censitaire pourrait inciter les citoyens à s’impliquer davantage dans la politique et la gestion publique, car seuls ceux qui participent activement à l'économie, notamment par le paiement d'impôts, auraient le droit de voter. Cette approche suppose que les personnes investies financièrement dans la société seraient plus responsables et informées dans leurs choix électoraux.
Conséquence théorique : Les électeurs ayant un certain niveau d'impôts ou de patrimoine pourraient être perçus comme plus "compétents" pour choisir les dirigeants, car ils auraient un intérêt direct à préserver et améliorer la stabilité économique du pays.
2. Réduction de l'impact des électeurs non informés
Argument : Un système censitaire pourrait théoriquement limiter l'influence des électeurs jugés mal informés ou désintéressés de la politique, en restreignant le droit de vote à ceux qui sont censés avoir une meilleure connaissance des enjeux économiques et politiques.
Conséquence théorique : Cela pourrait mener à des décisions plus rationnelles et réfléchies, basées sur des critères économiques, car seuls ceux qui « contribuent » à la richesse nationale par leur travail ou leurs biens pourraient participer au processus de décision.
3. Stabilité et longévité des gouvernements
Argument : En limitant le droit de vote à ceux qui ont un intérêt tangible dans la prospérité du pays, on pourrait encourager la stabilité politique. Les gouvernements seraient plus susceptibles de prendre des décisions prudentes sur le plan économique et fiscal, afin de préserver les intérêts de cette élite payant des impôts ou possédant un patrimoine.
Conséquence théorique : Le retour à un système censitaire pourrait éviter les politiques populaires mais coûteuses qui sont souvent adoptées en période de crise électorale ou pour satisfaire des électeurs moins impliqués économiquement.
4. Réduction des inégalités de vote
Argument : Dans certaines théories du censitaire, on pourrait envisager qu’il apporte une forme de rééquilibrage des inégalités de vote, en donnant plus de poids à ceux qui sont directement investis dans la création de richesse nationale, par opposition à ceux qui pourraient bénéficier uniquement d'aides sociales sans y contribuer.
Conséquence théorique : Cela pourrait empêcher certains groupes de pression, comme les populations les plus démunies ou celles dépendant largement des transferts sociaux, de faire pencher les élections vers des politiques qui ne sont pas viables sur le long terme, par exemple en favorisant des dépenses publiques excessives ou des promesses non financées.
5. Favoriser les réformes économiques à long terme
Argument : En donnant le droit de vote à une portion de la population plus riche et investie dans l’économie, les élus pourraient se sentir plus obligés de mener des politiques qui favorisent la croissance économique à long terme, y compris des réformes structurelles parfois difficiles à accepter par une majorité d'électeurs pauvres, comme des réductions de dépenses publiques ou des hausses de fiscalité.
Conséquence théorique : Cela pourrait potentiellement conduire à des politiques économiques plus soutenables à long terme, car les électeurs influents seraient directement affectés par la santé financière du pays et des réformes plus rigoureuses.
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