Ecotaxe : La révolte des esclaves ?

Enfin ! Oui, enfin une mesure courageuse de la part du gouvernement de M.Ayrault dans le sens de la recherche de l'intérêt général. Je n'ai au départ suivi que de loin la révolte des "bonnets rouges" que je trouvais sympa, car le peuple en lutte a toujours raison (ce n'est pas Che Guevara qui a pondu cette maxime ?). Mais en y regardant de plus près, les choses sont plus complexes.

Donc le gouvernement a voulu taxer les poids-lourds en application d'une directive européenne pour obliger les patrons de boîtes de transport à prendre leurs responsabliltés. Car un camion ça pollue et ça défonce les routes, chacun constate les dégats sur les routes départementales engorgées en semaine par ces véhicules. Or le contribuable n'a pas à payer pour les dégats causés par les Thénardier du bitume : oui je mets en cause les chefs d'entreprise, pas leurs pauvres salariés condamnés aux cadences infernales. Chacun sait que le code du travail n'est pas appliqué dans ces milieux, que de malheureux routiers triment 70 heures par semaine pour des salaires minables... 

Or les manifs relatées par les medias montrent des routiers en colère et des gens arborant un bonnet de père Noêl pour s'indigner des conséquences sur l'emploi de l'éco-taxe... il y a eu des incidents, car le peuple révolté sait montrer les dents. Mais sommes-nous vraiment dans une logique de contestation sociale ? Hélas non. Pour le coup Mélenchon avait raison en qualifiant de révolte d'esclaves ce mouvement. Acculés face au risque du chomdu et aux pressions de salaires à la baisse de leurs patrons véreux les routiers sont descendus dans la rue, et ralentissent les nationales ce week-end. Pas pour améliorer leur niveau de vie et celui de leurs enfants, juste pour survivre, ce que chacun peut comprendre. Mais il n'y a aucune vision collective à long terme dans cette "révolte". La pollution, les accidents mortels causés par les camions, les routes abimées... ce n'est pas leur problème immédiat.

La Bretagne s'appauvrit et perd des entreprises. Les taxes et les impôts n'y sont pour rien. En plus de la concurrence liée à la mondialisation où le salarié français est en concurrence avec le polonais et le chinois il y a le problème de la situation géographique armoricaine, région restée très rurale, loin des grands axes européens et sans aéroports internationnaux par exemple. On cherche bien à en construire un à Nantes... avec les réactions hostiles que chacun sait. Après tout est question de rapport équilibré entre économie active et préservation de l'environnement : vaste question...

Mais revenons aux bonnets rouges. Leur révolte rappelle celle des partisans de la "manif pour tous"... sans intérêt à long terme. Un million de pingouins dans la rue pour empêcher les gays de se marier. On ne comprend toujours pas en quoi la vie privée de ces gens concernaient les échappés du figaro-magazine ? Je précise que je ne suis pas de "gauche" et que les clivages politiques me donnent la nausée. Les citoyens réfléchis sont au-dessus de ces bêtises. Car oui, les raisons de descendre dans la rue sont nombreuses : droit à l'emploi pour les jeunes, à l'accès au logement, défense des retraites ou même lutte contre la délinquance : verra-t-on un jour des milliers de marseillais descendre dans la rue pour exiger la fin de la main-mise de la pègre sur leur cité ? 

A défaut de lutter pour de vrais problèmes concernant toute la collectivité ce sont des révoltes d'aigris, de dépressifs et de serfs qui émergent depuis quelques années. Sus aux "pédés", aux écolos et aux radars ! Pas terrible... ils ont pourtant dû en uriner de bonheur les courageux dézingueurs de radars de voie rapide ; à bas ce gouvernement qui veut empêcher les tarés de pousser leur véhicule à 180 km/h au risque de tuer et de polluer ! On a les révoltes que l'on peut à défaut de changer la société. Et surtout de changer soi-même en roulant avec responsabilité.

Finalement les gens qui déferlent dans les rues rendent le gouvernement Ayrault-Hollande sympathique (ceux qui me connaissent un peu vont se marrer de ces propos !). On ne fait pas une révolution sociale ou patriotique avec une masse de beaufs égoistes acculés par la peur ou la contrainte. Facile à dire ? Puisque des patrons voyoux profitent de la misère des bretons nationalisons les transports ou divisons par deux le coût du fret ferroviaire : utopique ? Tout est une question de volonté politique, de recherche de l'intérêt du plus grand nombre ou de celui de quelques uns. Cela dépasse les clivages politiques. Le général De Gaulle en son temps a su travailler avec les communistes pour relancer l'économie française. Lui rendre hommage c'est bien, agir serait encore mieux.

Pour conclure je vous invite à une pensée posthume pour le pauvre radar sans défense défoncé par des "rebelles" de bistrot devant les journalistes. Une fois votre larme versée vous penserez au coût pour le contribuable de sa réparartion. Les crétins qui l'ont massacré paieront-ils ? Il parait qu'ils luttaient contre la pression fiscale ! Une question se pose : Le port du cerveau est-il compatible avec le bonnet rouge du père Noêl ?