Edwy, sois bon !
Ce matin là, ce n’est pas si fréquent, j’ai été ému aux larmes par le bouleversant papier écrit par Bruno Roger Petit sur ‘’Le Plus’’ du Nouvel Obs. D’ordinaire, les chroniques du BRP de la Hollandie me sont indispensables pour me donner l’énergie nécessaire afin de lutter contre une envie quasi irrépressible d’aller me recoucher.
En effet, plus que la profession de foi d’un candidat aux élections désireux de s’approprier ma voix, ces billets provoquent immanquablement en moi une montée d’adrénaline, cette hormone guerrière qui accélère les battements de mon cœur et la circulation sanguine vers mes muscles atrophiés par des siestes prolongées.
Aussitôt après, le cortisol se met en branle, convertit mon gras en sucre et mon corps se charge en un carburant qui ne doit rien au gaz de schiste.
Au début, je me suis dit, ce gars là doit avoir un membre de sa famille retenu en otage au Kazakhstan gardé par un cerbère ressemblant comme deux gouttes d’eau à l’acteur belge Gérard Depardieu. Une vision d’horreur en quelque sorte, susceptible de déstabiliser un reporter de guerre aguerri.
Mais peut être ne connaissez vous pas BRP ? Voici comment on le présente sur ‘’ la Blog Team de Sport 24’’ : « Journaliste rebelle, Bruno Roger-Petit est un charmant garçon… qui déteste qu’on lui marche sur les pieds ! Ex-présentateur des journaux télévisés de France Télévisions, il anime aujourd’hui « Langues de sport », chaque matin entre 10h et 12h, sur Europe 1 Sport. Amateur d’anecdotes et fin connaisseur de l’histoire sportive, Bruno Roger-Petit dispose d’un regard impertinent et sans concession sur le football, sa discipline favorite. Il a choisi le blog Team de Sport24 pour diffuser ses bonnes idées sur l’Euro et l’équipe de France. A déguster sans modération »
C’est donc, n’ayons pas peur des mots, un journaliste ‘’Tout Terrain’’ qui, quand il ne distribue pas des tracts du parti hollandais ou ne se transforme pas en brosse à reluire présidentielle, d’où l’acronyme doublement méritée de BRP, apprend le français à Ribéry.
Comment un gaillard de cet acabit avec carte de presse waterproof, rebelle attesté, sensible des pieds, à l’écriture lyrique d’un greffier de justice en vient-il à s’émouvoir de la sorte devant le traitement que Médiapart fait subir au Ministre du Budget dont nous avions relaté dans un billet précédent la mésaventure horlogère ? (1)
J’avoue avoir eu quelques hésitations avant de me décider à vous infliger ce passage aussi fastidieux qu’une lecture d’un exploit d’huissier de justice. Mais cela vous aidera le jour ou on viendra vous saisir le robot multifonction acheté à crédit pour votre épouse afin qu’elle ne s’ennuie pas en attendant votre retour du bistrot :
« Considérant que l'affaire, engageant le ministre d'un gouvernement de gauche, peut avoir de graves répercussions sur le cours de la vie publique, considérant qu'il ne s'agit pas de football ou d'activités liées à des affaires de partis, considérant que le FN pèse par trop sur la vie politique et fait son miel de ces affaires interminables, considérant que rien n'est plus terrible que le supplice de la goutte d'eau médiatique pour les proches d'une personne mise en cause (quelles que soient les fautes, réelles ou supposées de celle-ci) pourquoi ne pas publier, sans attendre, l'ensemble des documents qui ont permis à "Mediapart" d'établir qu'il existe une information concernant Jérôme Cahuzac qui méritait d'être portée à la connaissance du public »
Et pour conclure, cette poignante supplique , « Chers amis de "Mediapart", compte tenu des enjeux, pour une fois, faites une exception. Une petite exception. Renoncez au feuilletonnage, aux effets de manche pour prétoires télévisuels, au storytelling de l'info 2.0 : s'il vous plait, les preuves, c'est maintenant »
Attendu qu’un si gentil garçon qui considère à tout propos et à chaque début de phrase mérite de notre part, tout bien considéré, un tant soi peu de considération, nous considérons en l’espèce qu’il serait inconsidéré de le déconsidérer, même si nous sommes à juste titre sidérés par ce considérant. A noter, que l’orthographe de ce participe présent, peut être reconsidérée.
Pour résumer , BRP implore son ami Ewdy ‘plenel’ de compassion, le patron de Médiapart sur l’air d’un vieux rock des Chaussettes Noires ‘’Edwy sois bon ! Alors que faut-il retenir de ce morceau de bravoure journalistique ?
Que l’acharnement et les méthodes de Médiapart étaient hautement estimables quand il s’agissait de ministres de droite et qu’alors les amis de BRP demandaient instamment au pouvoir de'' respecter l'indépendance des médias et la liberté d'expression qui sont des fondements de notre démocratie républicaine''. Non mais !
Mais, Bruno Roger, c’est petit, de demander à Plenel le Robespierre de la presse d’investigation, le Fouquier Tinville du web d’envisager une exception, si minime soit-elle. Notre bon Edwy, doit faire marcher sa petite entreprise et saucissonner ses révélations pour faire cliquer le chaland curieux avec son petit doigt et sa carte de crédit.
Néanmoins, compte tenu de l’immense chagrin que provoque chez toi ce suspense insoutenable, et de ma sensibilité exacerbée, je compatis et suis prêt si tu me le demandes, à cirer quelques pompes que tu n’aurais pas eu le temps de lustrer toi-même.
Je suis même assez doué en flagorneries puisque je suis capable, contre une petite rétribution, de m’extasier devant les compressions de César, les monochromes d’Yves Klein ou les colonnes de Buren.
En attendant, je reprends avec toi ce doux refrain « Edwy sois bon, sois bon ! » en espérant que notre duo saura l’attendrir, comme le boucher le fait d’une escalope, et que j’aurais donné envie à ceux qui ne te connaissent pas encore d’aller découvrir ta vie, ton œuvre parce que tu le vaux bien.
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