Egalité et solidarité : des idées obsolètes ?
Au travers de discussions diverses, j’ai pu me rendre compte que pour bon nombre de citoyens, les idées défendues par l’aile gauche du Parti socialiste et par le Parti communiste français apparaissent comme obsolètes. La gauche française est considérée comme la plus archaïque du monde par ses homologues de droite et l’on ne cesse au PS de parler rénovation. D’où vient ce sentiment que la gauche n’est plus en phase avec son époque ?
Un premier élément de réponse peut être trouvé en comparant la vision du travail défendue par les hommes politiques de droite et de gauche. Pour la droite, elle est très claire : « Travailler plus pour gagner plus ! » Et l’on comprend ainsi aisément que pour l’UMP notamment, la notion de travail est indissociable de la notion d’argent, et en est même l’élément moteur. Et c’est sûrement quelque part la raison des récentes victoires de la droite. Elle a compris qu’il fallait donner un sens au travail et que le rôle nourricier de l’emploi devait être mis en avant. Ainsi, on travaille uniquement pour manger. Et devant l’absence d’alternative proposée par la gauche sur cette question pourtant centrale, on s’est enfermé dans cette vision uniquement nourricière du travail renforcée par les problèmes du chômage et de la précarité.
La gauche, quant à elle, enfermée dans ses querelles fratricides et rongée par le clanisme, n’a pas su faire l’analyse de ce phénomène - qu’elle n’a d’ailleurs peut-être pas perçu - et a donc laissé une espèce d’individualisme au travail se développer, les valeurs de solidarité et d’égalité étant dès lors reléguées au second plan.
Et si le travail n’était pas seulement une affaire d’argent. Et si chaque emploi revêtait à nouveau une valeur collectiviste. Je ne travaille pas pour moi ni même pour mon employeur mais pour la société entière. Le blé que je sème et récolte ne sert pas uniquement à me nourrir mais à nourrir les autres. Le pain que je fais cuire ne sera pas uniquement l’élément moteur de mes bénéfices mais aura aussi une valeur sociale. Et c’est dans cet oubli d’un travail solidaire que la gauche pêche depuis des années. Car, quand on y regarde de plus près, un des principaux reproches faits à la gauche est celui de donner une impression de laxisme et de faire la part belle à la société des loisirs en opposition à la société du travail prônée par la droite républicaine.
En fait, la véritable rupture à gauche ne serait-elle pas celle qui consiste à opposer à l’UMP, une vision différente du travail ? Comment le travail peut-il permettre à notre société de vivre, de prospérer et de progresser ? La droite a su y donner sa réponse. A la gauche de plancher sur cette question pour casser cette image de « gauche paresseuse ». Et alors, on pourra revoir de vraies confrontations de fond, deux véritables choix de sociétés s’opposer.
Par ailleurs, cette rénovation des idées de gauche devrait dès lors s’accompagner d’une profonde réflexion du patronat français (que l’on targue souvent des mêmes maux que la gauche : conservatisme, immobilisme, archaïsme). Les chefs d’entreprise devraient dès lors montrer l’exemple, se montrer solidaires et plus collectivistes.
Le titre de cet article est volontairement provocateur car je crois malheureusement que, quoi qu’il arrive, les conservateurs tournent toujours en ridicule ceux qui veulent changer les choses de manière humaine. Beaucoup de Français sont pour un monde plus juste mais beaucoup y voient là une utopie. Et aujourd’hui, cette utopie apparaît comme obsolète tout comme les idées qu’elle véhicule : solidarité, humanisme et égalité. La faute à une gauche qui n’a pas su réfléchir à une possible valeur ajoutée du travail !
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