Élections américaines : ça chauffe pour les « Démocrates »
L'échéance des élections présidentielles qui auront lieu aux États-Unis en novembre commence à produire des frémissements qui présagent d'une ébullition prochaine dans le camp des bleus et, pour que son parti conserve l'accès aux manettes, le "POTUS" (President of the United States) doit la jouer fine pour donner à ses concitoyens confiance dans ses capacités à garantir un avenir serein aussi bien à l'intérieur du "sanctuaire" territorial que dans l'ensemble de l'empire confronté à de fâcheuses anicroches. La crise au Texas résultant de problèmes d’immigration clandestine et de sécurité des frontières érode lentement ses choix en matière de politique intérieure, et les démêlés des forces américaines basées en Irak et en Syrie contre des "terroristes" irréductibles déstabilise la politique américaine dans la région, ce qui se traduit par des critiques virulentes de la part des républicains. Ces deux grosses épines dans le pied de Biden amènent à se demander si le parti au pouvoir est en mesure de l’emporter lors des prochaines élections.
Après que le gouverneur du Texas, Greg Abbott, ait annoncé son intention d'ériger de nouvelles clôtures en fil de fer barbelé le long de la frontière, malgré la récente décision de la Cour Suprême, il a immédiatement obtenu le soutien de 25 États républicains et de l'ancien président américain Donald Trump. Or, selon le rapport des douanes et de la protection des frontières des États-Unis, un total de 2 475 669 personnes venant du Mexique sont entrées illégalement aux États-Unis en 2023. Ce chiffre représente une augmentation de plus de 40% par rapport à 2021 et de 4% de plus qu'en 2022.
Suite aux critiques et aux scandales provoqués par les positions xénophobes de Trump, le candidat Biden s’était présenté comme celui qui restaurerait l’honneur et le respect de la fonction présidentielle en apportant sa pierre à la construction d'un système d’immigration juste et humain.Mais, depuis qu'il a pris ses fonctions, sa politique d’immigration et de sécurité des frontières a conduit à 7,5 millions d’entrées illégales dans le pays, dont 6,2 millions le long de la frontière sud-ouest en particulier le long de la route Ciudad Juarez – El Paso, l’une des routes les plus empruntées par les immigrants. La migration clandestine vers l’État du Texas a provoqué une inflation, une crise du logement et des problèmes de sécurité. De plus, cela a contraint les autorités de l'état, des Républicains conservateurs inquiets, à renforcer les effectifs de contrôle. Or, selon un rapport de juin 2023 du Pew Research Center, près de 47 % des Américains considèrent l’immigration clandestine comme un problème important dans le pays (70 % chez les électeurs Républicains et 25 % chez les Démocrates. Cette réalité constitue un handicap pour le camp Biden sur les questions d’immigration à l’approche des élections, et du coup, pour limiter l'impact de cette question épineuse, Biden a pris les devants en déclarant qu’il était prêt à fermer la frontière si le Congrès adoptait un projet de loi bipartite l'y autorisant.
Côté Moyen-Orient, depuis le 7 octobre, plus de 150 attaques auraient été lancées contre des soldats américains, dont une attaque de drone sur la base militaire Tower2 en Jordanie, qui a fait 3 morts et 34 blessés. Sans fournir d'éléments concrets, Biden a attribué l'attaque à des milices soutenues par l'Iran et déclaré : "Nous répondrons au moment et au lieu de notre choix". Cette déclaration digne d'un diplomate qui veut faire plaisir à tout le monde signifie que des représailles limitées auront peut-être lieu un jour, mais que le modus vivendi général avec l’Iran n’est pas menacé.
Outre l'engagement par procuration dans la guerre en Ukraine et les fanfaronnades autour de Taïwan, qu'il s'agisse d'une manipulation par le Pentagone ou d'une manœuvre de Netanyahu, la guerre menée par Israël contre Gaza a braqué les projecteurs sur l'implication des États-Unis dans les conflits du Moyen-Orient alors que l'équipe du président actuel faisait tout pour détourner les regards de ce guêpier et de cette région du monde qui leur a fait perdre la face plusieurs fois.
Les critiques républicaines sur la réponse de Biden aux attaques contre les forces américaines présentent cette position comme un signe de faiblesse d'interventions de la période "Trump" comme l'assassinat du général iranien Qasem Soleimani. Reste à savoir quelle serait l'action de Trump au Moyen-Orient s'il réintégrait l’arène politique sur la base isolationniste qu'il arbore et qui devrait se traduire, si la cohérence a encore un sens dans les discours, par un abandon de la volonté d'hégémonie mondiale. Quoi qu'il en soit, les tensions au Moyen-Orient persisteront probablement jusqu’aux élections, ce qui n'arrangera pas les affaires des Démocrates présentée comme calamiteuse par ses adversaires qui ne présentent pas pour autant une stratégie alternative.
Un récent sondage Harvard CAPS/Harris indique que Trump devancerait Biden de 7 points en cas de face-à-face (48 % àcontre 41 %), ce qui laisse en attente les 11 % d'indécis dont les voix vont devenir très convoitées, ce qui donnera lieu à des surenchères de démagogie des deux côtés, et c'est déjà entamé. Comme l'a déjà évoqué un article sur ce site les efforts de campagne des démocrates pour attirer les jeunes électeurs se traduisent par la pêche aux soutiens de célébrités populaires comme Taylor Swift, susceptibles de jouer le rôle d'"influenceurs". Des enquêtes suggèrent que l'influence de Swift pourrait influencer les jeunes électeurs. Newsweek a publié un entrefilet indiquant qu'une personne interrogée sur cinq avait déclaré qu'elle voterait pour un candidat à la présidentielle soutenu par cette faameuse Taylor Swift, 34 ans.
Par contre, de nombreux jeunes désapprouvent la gestion de la situation à Gaza par le gouvernement actuel, et en particulier son soutien inconditionnel à Israël devant la Cour internationale de Justice. Selon un sondage du New York Times Siena College, environ les trois quarts des personnes âgées de 18 à 29 ans expriment leur désapprobation concernant la manière dont Biden a géré l’attaque israélienne sur Gaza.
L’administration Biden évolue dans un terrain miné par les questions de politique intérieure à propos de l'immigration et les contradictions de sa propre politique étrangère au Moyen-Orient, et ces deux brûlots seront les pierres d’achoppement des prochaines élections. On attend la stratégie des Républicains pour capter la part des 11 % qui leur manque.
29 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON