Elections Européennes : entre urgence écologique et urgente réforme des institutions
La gravité de la situation écologique et les défis du XXIe siècle qu’elle suppose doivent être placés au coeur des débats et des politiques Européennes à conduire. Ce qui implique aussi une réforme des institutions portée par une voix forte de l'écologie, hors toute combinaison politicienne.
Parmi la priorité des priorités pour l'Europe, c'est l’urgence écologique
... "Il faut créer, d’abord en Europe, par une vague d’information et de pédagogie nouvelle sans précédent, fondée sur un langage mobilisateur non agressif, une dynamique, plus forte que toutes les autres, une hégémonie culturelle à la Gramsci, faisant de l’écologisation l’impératif vital. C’est possible "... Hubert VEDRINE, ancien ministre des Affaires étrangères (extrait d'une chronique fait à la revue "REPORTERRE le quotidien de l'écologie" le 23 Mars 2019)
La gravité de la situation écologique et les défis du XXIe siècle qu’elle suppose doivent être placés au coeur des débats et des politiques Européennes à conduire. Comme les découverts écologiques se sont ajoutés d’une année sur l’autre à l’instar des déficits publics des Etats qui se cumulent dans la dette, la dilapidation du capital naturel commence de plus en plus tôt. Or Les difficultés financières et économiques de l'ensemble des pays de l’Europe dans une compétition mondiale transcontinentale suicidaire qui sont à la fois reliées aux difficultés d’approvisionnement en énergie, à la menace du réchauffement climatique, au décalage entre les ressources disponibles et la croissance démographique, et à l’effondrement de la biodiversité ne peuvent être désormais éludés des choix politiques, et ce à tous les niveaux, mais surtout quand il s’agit de l'Europe.
L'urgence écologique ne pourra s'imposer efficacement à partir d'un seul Etat, aussi puissant ou influent soit-il.
Il est évident qu'au sein de l'espace Européen de plus de 500 millions d'habitants (près de 800 millions si on y ajoute les pays hors U.E, dont la Russie) et à fortiori à l'échelle mondiale, même si la France devenait toute seule un îlot de vertu écologique, ce qui serait bien, mais ne changerait pas grand chose si les autres pays ne corrigeaient pas les actuelles trajectoires destructrices... Par exemple : avec des émissions de 356 millions de tonnes de CO2 en 2017, bien que ce soit encore beaucoup trop, la France est très loin du reste des pays de l'UE qui cumule 4,399 milliards de tonnes, de la Chine 10,975 milliards de tonnes , des USA 6,234 milliards de tonnes, l'Inde 2,466 milliards de tonnes, la Russie 1,692 milliards de tonnes, ou même de l'Allemagne 799 millions de tonnes.
L'union Européenne reste le troisième plus gros émetteur de Gaz à effet de serre, ainsi que pour la consommation d'électricité et le second plus gros consommateur de pétrole.
L'UE est donc le troisième plus gros émetteur de gaz à effet de serre derrière la Chine et les États-Unis, suivie par l'Inde et la Russie. Cet ordre est le même pour la consommation d'électricité, mis à part la Russie qui devance légèrement L'Inde, avec dans l'ordre en GW-H /An pour la Chine 5 920 000, les USA 3 913 000, l'UE 2 771 000, la Russie 1 065 000, l'Inde 1 001 191.
Pour la consommation pétrole en 2014, avec 12 527 milliards de barils jours, l'UE est seconde derrière les USA 19 035 milliards barils jour et la Chine 3eme avec 11 051 milliards barils jours, l'Inde 3 846, la Russie 3196 ( https://www.planetoscope.com/petrole/209-consommation-mondiale-de-petrole.html ).La consommation mondiale de pétrole a continué à connaître une solide croissance : +1,8 % de 2016 à 2017, après +1,6 % de 2015 à 2016 et +1,9 % de 2014 à 2015. Sur dix ans, la croissance moyenne annuelle est de 1,2 %. À ce rythme, la consommation pourrait passer le seuil symbolique de 100 millions de barils par jour en 2019.
Nous sommes ainsi loin de la trajectoire de l'accord de Paris pour rester sous les 2 °C, qui exigerait une diminution drastique de nos émissions. Depuis le début du siècle, la Chine en particulier connaît une croissance exponentielle de ses émissions de CO2 parallèle à sa croissance économique soutenue (entre 7 % et 10 % par an). Le pays carburant en grande partie au charbon, l'énergie la plus polluante, ses émissions ont logiquement explosé.
Si ces chiffres doivent être mis en rapport avec la population de chacun des pays, on obtient alors un classement tout différent. Quatre monarchies pétrolières arrivent en tête. Les pays très peuplés, comme la Chine, arrivent finalement beaucoup plus loin dans le classement en terme de rejet par habitant. Mais avec l'explosion démographique de nombreux pays Africains et asiatiques et les besoins correspondant, fussent-ils très faibles en regard de ceux des pays riches ou émergents, ce qui compte ce sont les rejets globaux, dont il faut tenir compte, ainsi les émissions mondiales de CO2 ont triplé entre 1970 et 2017, et la tendance ne semble pas s'inverser... ( La population Mondiale ayant doublé )
Un nombre croissant de données montre de façon irréfutable que les changements climatiques récents résultent essentiellement de l'activité humaine, dont le mode d'influence est certes complexe. Qu’il s'agisse de ce que nous consommons, des types d'énergie que nous produisons et utilisons, du lieu où nous vivons, du pays, ville, périphérie ou zone rurale, riche ou pauvre, de notre âge, jeunes ou vieux, de notre nourriture et même de la mesure dans laquelle femmes et hommes jouissent de l'égalité des droits et des chances, nous sommes entrés dans une nouvelle ère que les Scientifiques dénomment « ANTHROPOCENE », où l'homme est devenu une force géologique. Nous vivons désormais dans l’ère post-croissance économique sur une Terre à l’agonie de par le seul effet du nombre. A quoi servirait-il, par exemple, de vouloir imposer plus de sobriété énergétique, ce qui est souhaitable et absolument indispensable, si le nombre de producteurs - consommateurs, aux appétits en nombre d’esclaves mécaniques particulièrement gourmands en énergie, dont de plus en plus en terres rares, ne cesse d’augmenter...
La crise économique et sociale à laquelle sont confrontés tous les Etats est la conséquence de l’aggravation de la situation écologique et des spéculations boursières qui nourrissent des politiques monétaristes où les Etats ont totalement capitulé face aux marchés Financiers et aux agences de notation, perdant même leur droit d’émission de la monnaie... Mais,il y a plus grave encore. Avec la raréfaction des ressources et la disparition programmée de certaines espèces, la loi de l'offre et de la demande s’applique maintenant aux richesses naturelles. Ainsi, des Etats, tel la Chine ou des pays du golfe, via les banques et des fonds d'investissements qui échappent désormais à tout contrôle du pouvoir politique des Etats Européens, achètent d'immenses zones naturelles riches en espèces animales et végétales qui sont ainsi menacées. Monétarisées et financiarisées, ces réserves sont ensuite transformées en produits boursiers spéculatifs. Il est urgent que l'Europe se prémunisse contre de tels risques qui concernent déjà un nombre important de ses territoires.
Face à l'urgence écologique, sous prétexte d'une meilleure efficacité, des "écologistes" (ex Verts) rejoignent la liste LREM ou d'autres, mais ne servent-ils pas plutôt de caution à des combinaisons politiciennes loin de l'urgence écologique ?
A l'occasion des élections Européennes du 26 Mai 2019, Pascal DURAND Ex éphémère secrétaire national des Verts, actuel Député EELV et Pascal CANFIN ex Ministre Vert de HOLLANDE ont rejoint la liste de LREM (liste d'Emmanuel MACRON). ils se placent ainsi dans la certitude d'une élection facile et d'une impuissance assurée pour cinq ans au prochain parlement.
Sans préjuger de leur convictions et de leur bonne foi, ils rejoignent toutefois la cohorte des prix du concours LEPINE de l'opportunisme "Vert" : François DE RUGY, Barbara POMPLILI, Jean Vincent PLACE, Emmanuelle COSSE, Denis BAUPIN, sans compter Cécile DUFLOT recasée à Oxfam France et tant d'autres qui, dans des législatures précédentes, n'hésitèrent pas, pour leur confort personnel, à déserter le parti politique qui leur avait mis le pied à l'étrier, sous couvert d'écologie. Cette faiblesse est désolante. Et méprisante pour ceux qui résistent et agissent pour convaincre des nécessités d'une réelle "transition écologique" .
Ces ralliements ne doivent pas faire illusion : Excepté quelques résultats non négligeables obtenus par Nicolas HULOT : abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, de l'A 45, sortie du glyphosate en trois ans (bien qu'il ne pu le faire acter par la loi), fin de l'exploitation d'hydrocarbures en France, les 20% de bio dans les cantines scolaires, mais aussi la fiscalité écologique, après 15 mois, impuissant pour pouvoir agir et conduire les actions qu'il envisageait, impuissance due essentiellement aux forces de résistance que furent certains Ministres et les lobbies présents autour d'Emmanuel MACRON, par le coup d'éclat que l'on sait, il préféra démissionner.
Exemple Français récent de l'impuissance écologique des "ralliés"
Au delà du dire, il y a surtout le faire sur la base des critères environnementaux. Et de ce point de vue, dans les faits ce n'est pas Mrs CANFIN ou DURAND, qui pèseront lourd au sein du parlement Européen s'ils ne sont pas d'accord avec leurs colistiers lorsque les intérêts des puissants lobbies des chasseurs et des agriculteurs de la FNSEA primeront sur ceux de la préservation de la biodiversité et la lutte contre les OGM, ou des intrants chimique tel le glyphosate. En France Mr. DE RUGY a t-il eu une quelconque influence, quand Emmanuel Macron reporte à la "Saint glinglin" la sortie du glyphosate, désactive les instruments de protection du paysage et du cadre de vie, autorise le tir des oies et des loups, un comble ! le grand contournement autoroutier de Strasbourg, la privatisation des centrales hydrauliques, déremboursement probable de l'homéopathie, obligation vaccinale... Le plus grave est la neutralisation de la régulation par le citoyen : suppression de l'enquête publique et du commissaire enquêteur pour certains projets où l’enquête publique est remplacée par une procédure de participation du public par voie électronique, les ICPE (éoliennes, fermes à 1000 vaches...), suppression des tribunaux administratifs pour l'éolien, réduction du pouvoir des architectes des bâtiments de France, régionalisation (fragilisation) des sites classés au titre de la loi de 1930...
Mrs. DURAND, CANFIN et les autres ne feront rien d'autre que d'être au prochain parlement Européens, y compris malgré eux, des collaborateurs fidèles auxiliaires des dictats ultras libéraux au service d'intérêts économiques dévastateurs de la planète... Et bien qu'ils s'opposent à la réactivation du TAFTA (traité économique Europe - USA) ils passeront inaperçus auprès de leurs colistiers de LREM très largement favorables à ce traité.
A la place des combinaisons politiciennes, c'est l'urgence écologique qui doit primer au prochain parlement Européen
Tête de liste "urgence écologie" aux élections Européennes du 26 Mai 2019 du Mouvement Ecologiste Indépendant de l'ancien candidat aux présidentielles Antoine WAECHTER et Génération Ecologie de la Députée et ancienne Ministre Delphine BATHO, Comme l'indique le philosophe, auteur de plusieurs ouvrages sur l'écologie, Dominique BOURG, il faut :
"le respect des limites de la planète qui implique de sortir du mythe de la croissance et de la prééminence de l’avoir sur l’être.
la priorité absolue à la lutte contre le réchauffement climatique et l’extinction des espèces, la déforestation et la mort des océans.
la reconnaissance des droits des animaux, l’abolition des modes d’élevage et de pêche industriels, mais aussi l’instauration de droits pour la nature dans son ensemble.
la fin de tous les écocides et la poursuite pénale des éco - criminels.
le respect des paysages et du cadre de vie de chacun, le refus de la standardisation et l’organisation dès à présent de la résilience des territoires.
la libération urgente des institutions démocratiques de l’influence des lobbys et de la corruption
la justice climatique et la lutte contre les inégalités sociales et environnementales.
la définition d’un nouveau modèle de société dont les valeurs et l’organisation reposent sur l’harmonie entre l’Humanité et la nature ".
Changer les institutions Européenne est aussi une urgence de survie de l'U E et une nécessité pour l'urgence écologique si on veut éviter un effondrement rapide et brutal
Dans un monde multipolaire transcontinental au bord de l'effondrement, comme le théorisent les collapsologues Pablo SERVIGNE et Raphaël STEVENS dans leur livre "Comment tout peut s’effondrer, petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes " (Seuil), et pour répondre aux urgences de l'écologie, telles qu'elles sont évoquées par Dominique BOURG, il n'est plus possible que l'UE continue de fonctionner comme elle fonctionne aujourd'hui, où ce sont les "Eurochrates" de Bruxelles et les lobbies qui imposent leur vision et leurs intérêts aux effets économiques dévastateurs pour la planète.
l'Europe ne doit pas être une addition de lutte et d'intérêt entre les pays de l'union sur des bases de concurrence nationaliste et populiste. Il faut une réelle gouvernance démocratique et en finir avec la commission Européenne et des commissaires inamovibles pendant cinq ans, bien qu'ils ne représentent pas leur État et soient indépendants, ils sont désignés par des chefs d'Etat parfois en transit au gré des fluctuations de politique intérieure. Egalement, le conseil Européen et le conseil de l'Union Européenne n'auraient plus lieu d'être. Il faut un seul exécutif issu des élections réellement démocratique du parlement Européen, éventuellement le chef d'Etat Européen aux pouvoirs limités élu directement ou indirectement au suffrage universel serait simplement chargé de veiller au respect des institutions et de représenter l'UE sur la scène internationale. L'exécutif (gouvernement de l'Europe) devrait être issu de la majorité du parlement Européen.
Si les organismes autres que ces trois organes de gouvernance actuels peuvent être maintenus, encore faudrait-il pour mieux intégrer la notion d'Europe fédérale qui veille au respect des cultures et particularismes régionaux (tout en se préservant des dérives nationalistes régionales). Il faut revoir le statut du comités des régions pour en faire une réelle assemblée démocratique aux compétences délibératives sur les questions régionalistes ( langues, territoires, culture...)
Il faut réformer le traité de Lisbonne et abroger l'article 123 de ce traité qui interdit aux Etats de l'union d'emprunter directement auprès des banques centrales, tout en maintenant une autorité de contrôle, dont la mission pourrait rester confiée à la BCFE afin d'éviter des dérives inflationnistes. Cela permettrait aux Etats d'économiser annuellement des dizaines de milliards d'euros d'intérêt versés aux banques privées (https://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/mais-ou-sont-passes-les-centaines-184037) .
Par ailleurs, la mission de la banque Européenne d'investissement (BEI) doit être refondée et ne servir qu'à "la transition écologique"...
Pour sa protection, tout en développant des politiques de maintient de la paix dans le monde, l'UE doit mettre en place une défense Européenne, ce qui suppose la dissolution de l'OTAN et se passer ainsi du parapluie militaire Américain.
Avoir réaliser une monnaie commune Européenne (où tous n'adhèrent pas)tout en laissant libre les états de s'organiser sur le plan fiscal et économique, comme ils l'entendent, peut relever d'un non sens qu'il faut corriger par une vraie homogénéisation fiscale et plus de cohérence au niveau Européenne concernant la fiscalité locale. Il faut également accompagner l'homogénéisation fiscale par une réelle homogénéisation sociale.
Il va de soit qu'une nouvelle gouvernance Européenne doit veiller à ce que les Etats de l'Union ne favorisent pas des politiques familiales natalistes, ce qui ne veut pas dire pour autant qu'il faille encourager des vagues migratoires. A cet effet, auprès des pays pauvres, l'Europe doit cesser de maintenir des "kleptocraties" locales pour piller leurs ressources naturelles. Elle doit engager auprès des populations des actions fortes de soutien éducatif, écologiques, de manière à ce que les campagnes puissent nourrir les villes et non l'inverse, et des échanges économiques équilibrées.
Sur le plan international, la lutte tous azimuts contre le terrorisme islamique des égorgeurs de Daech et consort doit passer par des relations normales d'Etat à Etat avec l'Iran et le gouvernement Syrien de Bachar Al- ASSAD. Une cohérence Européenne devrait interdire à chacun des Etats de l'Union de permettre le retour des Djihadites qui doivent être remis aux gouvernements des pays où ils ont sévis (Syrie, Irak et autres). Le traitement des jeunes enfants doit également se faire dans une meilleure cohérence entre les Etats de l'Union.
Pour conclure
Pour faire face aux défis de l'urgence écologique, mais pas seulement, si on veut, à minima, retarder l'effondrement de nos sociétés thermo - industrielles, Le futur de l'Union Européenne ne passera pas par des additions de replis identitaires et nationalistes populistes de ses Etats membres, mais par une entité Européenne forte et cohérente, respectueuse de ses particularismes d'Etat...
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