En Afghanistan, les américains redécouvrent la Lune (1)

Des munitions d’origine diverses, mais aussi stupeur : certaines cartouches étaient marquées WOLF, 7.62 x 39 : douze des trente chargeurs récents saisis provenaient en effet d’une entreprise américaine qui a pignon sur rue et site internet actif. Avec ses slogans d’enfer : "Cheaper than Dirt"...Enfin, quand on dit américaine, c’est un plus compliqué que ça : la firme est russe d’origine, fabrique ses cartouches à Tula et possède une antenne aux USA, à Placentia. ( c’est en Californie). Une firme qui fournit en priorité Tactical Response, une société fondée en 1996 et dirigée par James Yeager, qui était il n’y a pas si longtemps à Bagdad le responsable des huit commissaires américains chargés de surveiller les élections. Un mercenaire, dans toute sa splendeur. Auparavant, dans les années 90, il avait travaillé pour les services des narcotiques, devenant une véritable... barbouze : "January 1992 through May 1996 James Yeager worked with various Drug Task Force units as well as many local Departments’ Narcotics squads buying and selling illegal narcotics in an undercover capacity. He specialized in deep cover operations, used fictitious names, and moved frequently. (...) He made hundreds narcotics buys and sales during this period and still continues to work in short duration operations as needed." A noter que l’homme se vante d’avoir vendu un jour de la drogue... Il est un de ces nombreux mercenaires ayant déjà eu des liens avec la CIA envoyés à Bagdad pour se remplir les poches, et revenir aux Etats-Unis pour continuer à le faire. Sur un des clichés de son site, il pose fièrement devant l’entrée de Bagdad immortalisée par les deux gigantesques sabres, pistolet à main. L’homme a oublié un détail dans son propre panégyrique : le 20 avril 2005, par son comportement, il a été à l’origine d’une tuerie à Bagdad. Celle de ses collègues, une belle bavure. L’homme en a produit depuis sa version toute personnelle, qui n’explique évidemment pas pourquoi il a été démis de ses fonctions là-bas. "Yeager has used the publicity the incident created to shamelessly promote himself as an expert in the world of private security contracting. Yeager has recently released a DVD titled ’High Risk Civilian Contractor’ in which he claims to be able to ’Advance your fighting skills and readiness to levels only attained in Combat Zones’. Yeager was a 12 year law enforcement officer with no military background or combat experience whatsoever, and the only time he was involved in a hostile situation in Iraq his peformance was abissmal." Ces fameux mercenaires US, dont ceux de Blackwater ou de Dyncorp, ou d’Aegis et dont on a vu les effets dévastateurs sur la population dans la capitale irakienne.
En 2006, le calibre 7.62x39, celui de la Kalachnikov, étant devenu rarissime aux USA, les prix des cartouches avaient doublé et WOLF USA s’était retrouvé au bord de la faillite. Mais les Etats-Unis avaient sauvé l’entreprise en commandant pour 298 millions de dollars de cartouches pour la police afghane, incluant des balles Wolf. Une histoire révélée à l’origine par le Daily Telegraph, décidément autre monument de la presse papier : "The Daily Telegraph can disclose that Pentagon chiefs have asked arms suppliers for a quote on a vast amount of ordnance, including more than 78 million rounds of AK47 ammunition, 100,000 rocket-propelled grenades and 12,000 tank shells - equivalent to about 15 times the British Army’s annual requirements". Près de 80 millions de cartouches et 100 000 roquettes pour RPG-7, soit, comme le dit le journal, 15 fois les besoins de l’armée anglaise !!! Outre que les russes, ce jour-là, le 22 mai 2006, prenaient la revanche de leur déculottée passée, une question venait à l’esprit : était-ce bien raisonnable d’acheter, outre des balles, des roquettes anti-char pour attaquer des Talibans qui en sont totalement démunis, de chars ? Etait-ce raisonnable, connaissant le peu de fiabilité de la police afghane, ou leur entraînement torché à la va-vite par des mercenaires américains de mettre une telle quantité d’armes entre leurs mains, sachant que les défections et les reventes étaient choses coutumières ? Des troupes entraînées notamment par Bernie Kerick, aux bien sombres histoires derrière lui, l’ancien sauvageon devenu premier flic de New-York grâce à son grand ami Rudolph (Guliani), balancé sur décision présidentielle américaine ministre de l’intérieur par Intérim de l’Irak (on croyait rêver !) ?
L’explication donnée par l"administration Bush sur ces achats laissait plutôt pantois : "The Bush administration is said to want the deal because of worries that the next president could be a Democrat, possibly Hillary Clinton, who may abandon Afghanistan". En ce cas, pourquoi un tel ammoncellement de cartouches ? Pourquoi une telle démesure ? N’était-on pas plutôt en train d’alimenter de façon pléthorique un marché parallèle qui a toujours existé à Kaboul ?? Quel président pouvait prendre un tel risque ? Que voulait-on faire en inondant le pays de cartouches qui se révélèrent être pour la plupart défectueuses, car datant pour certaines de plus de cinquante ans ? Sur le site internet de Wolf, on trouve toujours référence à une munition de 7,62 fabriquée en Serbie. Une munition sans âge, fabriquée depuis toujours "in the same factory that made military 7.62x54r ammunition for the former Yugoslavia". Aujourd’hui classée "gold"... "Wolf ammunition of Russia sells this under their premium "Gold" label and it is also sold under the Privi Partizan label. There is no difference in the ammunition. It is currently available and the least expensive with a reloadable case at this time."
L’année dernière, apprend-t-on seulement aujourd’hui aussi (c’est étrange combien depuis l’arrivée d’Obama les informations sur l’Afghanistan ne sont plus les mêmes !) lors d’une autre bataille d’ampleur à Wanat, les américains avaient déjà fait de bien étranges découvertes : après avoir compté leurs blessés (20) et leurs morts (9 !), et ratissé le champ de bataille ou traînaient encore quelques Kalachnikovs de type AMD 65 (trois exactement), des modèles particuliers, hongrois, ils s’étaient mis en tête d’aller visiter le poste de police afghan le plus proche : dedans, pour 20 officiers de police, il y a avait une dotation de plus de 70 fusils-mitrailleurs. Tous des AMD 65. Or ce modèle-là, d’origine hongroise, était resté parfaitement inconnu jusqu’ici en Afghanistan. Sauf aux mains de personnes bien précises qui appréciaient sa compacité : "An increasing number of western mercenaries, including contract employees of Blackwater Worldwide who are serving in the latter two countries, use highly modified AMD-65s rather than conventional 5.56 mm based rifles". Des gens tels que....James Yeager. Les bonnes vieilles 7,62x39 plutôt que le calibre Otan... de 5,56x45, une dérivé de la .223 Remington (celle de l’AR-15 et du M-16 du Viet-Nam).
Une arme jusqu’ici Inconnue en Afghanistan... enfin, jusqu’au jour où les américains ont décidé d’en doter la police afghane... Une dotation à la louche, sans même tenir de registres. Mais cela, le NYT ne le savait pas en annonçant fièrement le 15 juillet 2007 l’achat des fameux AMD-65 par les USA : "In Afghanistan, the United States has selected the AMD-65, a short-barreled Hungarian Kalashnikov copy with a forward hand grip and futuristic muzzle, as the standard weapon of the Afghan police. It has received most of its projected 55,600 AMD-65s via its foreign military sales programs, according to data provided by Combined Security Transition Command-Afghanistan". Résultat, deux ans après : sur les 247 000 armes livrées aux forces de sécurité afghanes entre décembre 2004 et juin 2008, près de 87 000 n’ont pas été répertoriées, c’est à dire que leur numéro de série n’a pas été noté. Par ailleurs, il n’y a pas plus de traces des 135 000 armes données par les membres de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), dirigée par l’Otan. Dans l’incroyable brochure de propagande éditée par le Combined Security Transition Command de Kaboul, "The Enduring Ledge", à la mise en page digne d’un débutant sous Publisher, le général afghan Bismullah Mohammadi, ancien Mujahadin de l’Allliance du Nord de Massoud, parle fièrement en 2009 de l’équipement de ses soldats : "Right now, we have good equipment and good weapons. We have right around 30,000 M4s and M-16s, about 2,000 up-armored HMMWVs, and we have received some helicopters"and some airplanes." Déjà toutes oubliées les milliers de Kalachnikovs "empruntées" par l’Otan au stocks de la guerre du Kosovo et venues par les avions de Victor Bout ? Elles auraient déjà toutes disparues ? Ou sont-elles donc passées ? Effectivement sur la photo de couverture, on montre des soldats afghans s’entraînant avec des M-16A2 américains, et non pas les fameuses AMD 65. pourtant, un peu plus loin dans le magazine, les fameuses Kalachnikovs sont toujours présentes, pour un usage un peu particulier : un policier afghan désireux de regarder sous un véhicule s’appuie sur son arme, canon en terre. Il faudra revoir l’entraînement, à défaut de changer d’armes... Kerick aurait aussi sévi en Afghanistan ? Dans la même brochure, le général David McKiernan, l’ancien commandant en chef des forces de l’Otan, prône le "respect" des civils afghans en prenant comme exemple le fait de circuler plus lentement dans les rues. "Demonstrate respect and consideration for the Afghan people, their culture, customs, and religion. Avoid insults, inappropriate gestures, unnecessary brandishing of weapons, and aggressive driving that Afghans may perceive as offensive, threatening, or reckless". Un énorme changement, il est vrai, en comparaison de ça ou de ça. Voire ça. L’effet Obama, sans doute, mais survenu trop tard pour lui : c’est désormais Stanley A. McChrystal qui le remplace.
Une fuite organisée à grande échelle d’armes existe donc. Or, on ne peut pas dire qu’on ne pouvait pas s’en douter : en 2003, exactement la même erreur avait eu lieue en Irak !! "Similarly, in Iraq (which once had its own Kalashnikov plant, built with Communist help) the United States scrounged or purchased more than 185 000 Kalashnikov-style rifles and light machine guns for Iraqi security forces from 2003 and 2006, according to the special inspector general for Iraq reconstruction". Avec... le même résultat, comme j’avais pu vous en entretenir à l’époque ici-même : "les mitraillettes évaporées sur 3 ans représentent le 1/3 de ce qui aurait été distribué. 19 millards de dollars ont pourtant été accordés depuis 2003 à la sécurité de l’Irak par le Congrès américain. Sur ces 19 miliards, les armes en représentent 2,8. Une belle somme. Sur ce qui reste encore, le général Petraeus a dû reconnaître qu’il n’en avait livré que les 2/3. Aujourd’hui, il manque donc plus de 9 milliards de dollars, envolés ou plutôt dérobés sur place. Pendant ce temps, bien sûr les attentats redoublaient dans l’ensemble du pays". Et là encore , c’était exactement le même scénario : "La révélation est de taille : l’armée américaine a fait avec Al-Saffar ce qu’elle a fait dans d’autres domaines, à savoir le recours à une entreprise privée... sans exiger en retour de contrôles sur les livraisons. Aucun contrôle : on tombe de haut ! " Au total, entre Irak et Afghanistan, on en est au score de plus d’’un demi-million d’armes diverses évaporées. Qu’on ne me fasse pas croire que l’on recherche la paix, avec pareille gabegie !
Là également, on avait mis en cause des responsables, et remonté déjà bien haut : "Irakien, donc, le responsable présumé des détournements ? Ça tombe bien, ça évite de parler, par exemple, de American Logistics Services, devenu depuis Lee Dynamics International, qui a touché un contrat de 11 millions de dollars pour construire 5 entrepôts d’armement en Irak, en béton, et les gérer. Depuis, l’armée américaine a suspendu leur contrat. À l’arrière même des entrepôts, on trouvait de simples containers de bateaux appartenant à Al-Assan, qui y faisait là son commerce à ciel ouvert d’armes détournées. « Plein de camions sortaient sans aucune autorisation », note un responsable local de l’approvisionnement de la police irakienne. On y rencontrait dès 8 heures chaque matin la colonelle Levonda Joey Selph, de l’armée américaine. Venue pour prendre le thé, sans doute, les Irakiens étant les maîtres en la matière. L’individue est aujourd’hui ciblée par une enquête de l’armée sur ces activités délictueuses. Le hic, c’est que c’est une adjointe directe du général Petraeus, le grand responsable des armées en Irak, chargé de veiller au bon fonctionnement de la nouvelle armée irakienne"... qu’on ne tourne donc pas autour du pot : tout le monde le savait : "But by far the most alarming charges involve the laxity of controls over the weapons distributed to Iraqi security forces. After government reports indicated serious problems with accounting for the weapons — raising the possibility that they’ve gone to the black market and are being used to attack U.S. forces — the Pentagon’s inspector general, Lieutenant General Claude "Mick" Kicklighter, launched an investigation" . L’enquête de Kicklighter ? On ne l’a jamais vue ! (a t-elle été enterrée depuis, car on possède nulle trace de ses conclusions !).
En réalité, ça fuit de partout... si bien qu’il se produit un phénomène sidérant : l’armée américaine a beau demander davantage de munitions et en commander à tire-larigot, ça ne suffit pas. Si bien qu’il faut aussi taper dans les stocks destinés aux civils : c’est le cas vers 2007 en tout cas, ou comme le précise un armurier de DesMoines, dans l’Iowa, il ne lui reste plus rien et on ne peut trouver de 7,62,le calibre de l’arme devenue en peu d’années la favorite des chasseurs américains ! "There are millions of rounds backordered because the war has put such a demand on the manufacturers," said Lana Ulner, manager of Rapid City, S.D.-based Ultramax Ammunition, a distributor for several manufacturers. "In some cases, it can take eight to 12 months." Même chanson chez des policiers du Milwaukee.... Idem dans le Montana ! En 2007, c’est la pénurie de balles qui guette tous les USA !!! Connaissant le pays, on est au bord de l’émeute !!!
Car les chiffres bruts, officiels, sont sidérants : "The Army’s demand for small caliber ammunition has soared from 426 million rounds in 2001 to 1.5 billion rounds in 2006, according to the Joint Munitions Command at the Rock Island Arsenal in Illinois’". L’armée US a dépensé en 2006 1,5 milliard de cartouches !!! Près de quatre fois plus qu’en 2001 !!! On sait que les soldats américains ne tirent pas, mais "arrosent", mais à ce point là... en fait, on n’en n’avait aucune idée précise, jusqu’à ce 5 mai dernier, où une enquête révélait que pour chaque irakien "combattant" tué, les soldats américains avaient utilisé 250 000 balles !!! Oui, vous avez bien lu !!! "By some estimates, U.S. forces expended nearly 250,000 bullets for every Iraqi insurgent that they killed. As Andrew Buncombe reported in The Independent, a London newspaper, on Sept. 25, 2005, the United States was even forced to import bullets from Israel to meet the increasing demand." Bien évidemment un tel chiffre conduit directement à une remarque : ce ne sont pas les balles tirées, mais celles achetées par le Pentagone... 250 000 balles par tué "terroriste", "insurgé" ou "taliban" ??? Ce n’est plus une simple entreprise de coulage, c’est une gabegie d’ordre étatique !
Le 5 mais 2007, Bush demandait encore une rallonge au Congrès de 508 millions de dollars. Son but ?Acheter des munitions supplémentaires ! "The Bush administration told Congress on Friday of plans to sell Iraq about 400 million rounds of small arms ammunition, 170,000 grenades, demolition explosives and other military gear and services valued at up to $508 million". Selon lui, c’est à la demande express du gouvernement irakien : "the Iraqi government had asked for up to 100 million rounds of both M855 5.56mm and 7.62mm ammunition for small arms, as well as about 200 million other bullets." Selon lui, toujours, c’est pour renforcer la police irakienne :"the package would help Iraqi forces "sustain themselves in their efforts to bring stability to the country and prevent overflow of unrest into neighboring countries". Evidemment, nul bilan n’est dressé au préalable sur l"usage des millions de dollars précédents... partis en fumée ou dans les poches de quelques uns. En août, un peu gêné d’avoir à demander une telle rallonge, il propose sa nouvelle version des faits : s’il y a autant de munitions chez les Taibans, c’est que ça vient par camions entiers... d’Iran. "This year, many truckloads of small arms and explosives direct from Chinese government-owned factories to the Iranian Revolutionary Guards have been transshipped to Iraq and Afghanistan, where they are used against American soldiers and Marines and NATO forces. Since April, according to a knowledgeable Bush administration official, "vast amounts" of Chinese-made large caliber sniper rifles, "millions of rounds" of ammunition, rocket-propelled grenades (RPGs), and "IED [improvised explosive device] components" have been convoyed from Iran into Iraq and to the Taliban in Afghanistan". C’est évidemment pure propagande : les américains n’arriveront jamais à le démontrer ni à le prouver, même en collant grossièrement des étiquettes "made in Iran" (rédigées en anglais !) sur certains obus saisis... Même parmi les membres du gouvernement, tous ne sont pas convaincus. Parmi ceux-ci Robert Gates, qui se doute bien d’où elles viennent véritablement ! "Secretary of Defense Robert Gates insists there is "no evidence as yet" that Tehran government officials are involved in shipping weapons to Iraq for use against U.S. forces, a judgment that seems to hinge on the view that the Revolutionary Guards are not part of the "government." Robert Gates, qui ne croit pas à une implication indirecte de l’Iran sera le seul à garder son poste lors de la formation du gouvernement Obama. C’est un aveu... et un fort désaveu à la fois.
Mais ça ne suffit pas encore semble-t-il. Alors le gouvernement US va mentir un peu plus encore en affirmant que quelque part, c’est sûr, on a trouvé des fusils très spéciaux qui prouvent l’implication de l’Iran : "according to the official, who has seen it. Some items show Iran has made "urgent" requests for "vast amounts" of Chinese-made sniper rifles, apparently exact copies of the Austrian-made Steyr-Mannlicher HS50 which the Vienna government approved for sale to Iran’s National Iranian Police Organization in 2004 (ostensibly to help customs officers police Iran’s long and sparsely populated mountainous borders". Le fusil aurait tué 170 soldats, descendus par des Snipers, qui, on le sait tirent tous au Dragunov SVD, à Bagdad (même les américains !). On attendra quelques mois pour apprendre que c’était complètement bidon : "There was little official American reaction to the discovery of the sniper rifle cache in February. In March, Steyr-Mannlicher claimed that U.S. authorities had yet to ask it for help in tracing the weapons, a simple matter of checking serial numbers, or even letting Austrian technicians examine the rifles. The Americans never approached the Austrian firearms firm. On March 29, Vienna’s Wiener Zeitung quoted U.S. Central Command spokesman Scott Miller as admitting, No Austrian weapons have been found in Iraq." Les autrichiens gardent la trace des armes qu’ils vendent, et de leurs acheteurs eux : ce n’est pas le cas des Etats-Unis, pris à leur propre piège de propagande !
A bien regarder aussi, le coup du fusil "spécial" avait déjà été tenté : le 7 octobre 2001, et donc très peu de temps après le 11 septembre, le New York Times sans s’en apercevoir avait aussi servi de tambour aux appels à l’attaque de l’Irak et à "mouiller" un peu plus Ben Laden. Dans un article assez abracadabrantesque signé James Dao, qui racontait que les hommes de Ben Laden disposaient "depuis les années 80" d’un fusil d’un calibre supérieur ( du 50 !) spécial pour snipper. Un fusil américain réputé, le concurrent du Dragunov : le Barrett. Le rapport émanait d’un certain "Violence Policy Center". "In the late 1980’s, an American-based agent for Al Qaeda, the terrorist network led by Osama bin Laden, shipped to Afghanistan 25 military-style rifles capable of shooting down helicopters, piercing armor or destroying fuel tanks from long distances, according to a report by a gun control organization". Le gag, c’est que ce que proposait ce centre pro-Bush allait dans le sens d’une demande d’Henry Waxman, le monsieur propre du Congrès, désireux d’interdire la vente du monstre au grand public US. "TheViolence Policy Center, a Washington-based group, plans to circulate the report on Capitol Hill in the coming week to encourage support for legislation that would require buyers of .50-caliber rifles to be licensed by the federal government. It would also ban the sale of armor-piercing ammunition and prohibit the export of the weapons to civilians. Similar licensing rules apply to buyers of machine guns. Such legislation has been introduced in recent years by Representatives Henry A. Waxman, Democrat of California, and Rod R. Blagojevich, Democrat of Illinois".
Le rapport reposait sur les dires d’un interrogatoire (déjà ?), celui d’un égyptien, Essam al Ridi, présenté comme le "pilote" de l’avion de Ben Laden, accusé d’avoir attaqué en 1998 l’ambassade US au Yemen. Selon le rapport, 25 fusils Barrett avaient été achetés cette année-là par Ben Laden : or ça représentait 1/5 de la production de l’usine. Une usine, qui, interrogée n’avait RIEN répondu : suivre les achats de 123 pièces par an ne doit quand même pas être aussi difficile que ça, même chez les particuliers (fortunés, le modèle 95 est vendu 6370 dollars pièce, chaque balle revenant à 5 dollars) ! "The report says Barrett Firearms Manufacturing Inc., based in Murfreesboro, Tenn., made only 123 of the guns in 1988 — meaning a purchase of 25 rifles would have represented a fifth of its sales that year". Al Ridi avait effectivement trouvé un jet pour Ben Laden dans les années 90. il l’avait tout simplement acheté aux Etats-Unis, dans les surplus de l’armée, et reconditionné : "But in 1993 some of bin Laden’s people got in touch from Sudan with a request — would al-Ridi get them a plane ? Al-Ridi found one that fit their requirements — an old, surplus U.S. Air Force jet — and flew it to Sudan". Arrêté en 2001, Al Ridi avait effectivement témoigné : mais pour sauver sa peau, il avait choisi de "tout dire", condamnant quatre autres de ces coreligionnaires... mais sortant lui-même libre, après avoir raconté... tout ce qu’on lui demandait de raconter. Y compris la fable des fusils Barrett. Relâché, sans aucune accusation contre lui, il était devenu camionneur longue distance, son cursus l’empêchant de retrouver un job de pilote aux USA ! Encore une fable de plus : on n’a jamais saisi de Barrett chez les Talibans ou chez les membres d’Al Quaida ! Pour mémoire, le jet de Ben Laden était un Sabreliner T-39A. "The T-39s, military versions of the twin-engine Sabreliner built by North American Rockwell, had been used by the Air Force since the late 1950s to transport generals and VIPs. The jet Ridi purchased was being overhauled at Van Nuys airport, so Lowrey trained the Egyptian in a borrowed T-39. Ridi bought the plane from a Southern California broker, using funds from Al Qaeda to pay for the aircraft and the repairs. Ridi told Lowrey and Americans working on the T-39 that he planned to pilot the craft for wealthy Egyptians". A deux reprises au moins, le gouvernement américain a tenté de vendre la même salade des "fusils spéciaux". Et Ben Laden, dans les années 90, se baladait en jet et non à dos de mulet.
Armes, trafic, mensonges éhontés et désinformation. Il serait grand temps donc de jeter un œil plus précis sur le circuit de livraisons de ces armes achetées par les américains et qui tuent leur propres soldats : c’est ce que je vous propose de faire demain, avant de revenir sur le plus célèbre des livreurs de cartouches.
Documents joints à cet article











111 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON