En amont des problèmes de société
« ...Il est si beau l’enfant, avec son doux sourire,
Sa douce bonne foi, sa voix qui veut tout dire,
Ses pleurs vite apaisés,
Laissant errer sa vue étonnée et ravie,
Offrant de toutes parts sa jeune âme à la vie
Et sa bouche aux baisers !...
extraits, »Lorsque l’enfant parait« , Victor Hugo »

Mais un personnage important, une autre odeur, une voix à la sonorité grave, une force, une présence plus rugueuse, qui pique !... Oui souvent quelqu’un interfère.
De cette relation étrange et étrangère naitra un sentiment de culpabilité à l’endroit du père qui aura inconsciemment une incidence sur le développement de la personnalité de l’enfant...comme un écho dans le temps.
Deux perspectives ancestrales qui naitront et se développeront au rythme des deux hémisphères gauche et droit du cerveau de l’enfant et qui, dans le meilleur des cas s’harmoniseront.
Plus tard, dans les premières confrontations avec le monde, celui de l’école principalement, l’enfant manifestera peut-être un sentiment d’incomplétude, "je ne peux pas", "Je ne suis pas capable," je ne suis pas assez ceci ou cela. Le manque, la vacuité.
Pour contrebalancer, compenser et répondre, il développera une agilité psychosomatique. Il manifestera sans doute des trésors de séduction. Le petit acteur érotisera les relations, théâtralisera ses émotions. Sa capacité à communiquer prendra la forme de l’empathie. La survivance de cette étape, dans l’inconscient, rend compte de l’importance de la composante féminine dans l’humain. C’est l’expression du caractère hystérique, l’émanation naturelle du cerveau droit. Rien à voir avec le pathos du même nom.
L’hémisphère droit gère l’espace, l’intelligence globale, l’intuition, le sens artistique. Surtout, chaque information nouvelle passe par lui. C’est déstabilisant, il est donc le siège des affects négatifs. et d’essence naturelle.
Retrouvons les mondes anciens, pour en mesurer les effets.
Remontons aux racines les plus fécondes de notre "nouveau monde"
Ce sont des sociétés qui vivaient au rythme de l’hémisphère droit.
au sacré pour les peuples primitifs. Les archétypes, figures originelles de notre humanité, prennent vie dans ce monde animiste de la parole, ils y sont désignés, observés, ressentis et vécus de l’intérieur, en un mot incorporés. Les peuples de la tradition avaient certainement réalisé l’une des plus intéressantes symbioses homme-nature et même la symbiose homme-homme. Ils se considéraient comme appartenant à la nature, ils n’avaient pas la prétention de la maitriser. Ils ne possédaient rien et n’avaient de droit sur rien.
Au début du XXe siècle, des interrogations nombreuses demeurent sur le devenir de notre monde, quand les bonnes intentions humaines sont confrontées à de puissants systèmes qui absorbent sans compter les ressources terrestres et les énergies humaines. A l’instar de chronos dévorant sa progéniture, la culture matérialiste œuvre aveuglément pour mettre un terme à l’humanité. Les mouvements écologiques modernes sont une résurgence de cette vision du monde, ils interviennent tardivement, comme après une catastrophe irréversible.
Mais que s’est-il passé ?
Si l’on questionnait l’hémisphère gauche ? Celui ci gère le temps, le langage, le calcul, la pensée analytique, les savoir-faire, les procédures. Bref, tout ce qui rassure. Il est le siège des affects positifs. Il est d’essence culturelle.
le comprend aisément ce caractère obsessionnel est en adéquation avec la composante masculine humaine. Nous reconnaissons les conquérants, les dominateurs, les gestionnaires, les maitres du monde d’hier et d’aujourd’hui. Le monde appartient à celui qui le prend !
Nous arrivons à la civilisation occidentale porteuse à tort ou à raison de tous les maux du monde. Voici le mariage de l’hémisphère gauche, le génie Grec avec la culture judéo-chrétienne. D’autres civilisations vont se développer au cours de l’histoire, selon les puissants préceptes du cerveau gauche, des sumériens aux égyptiens, en passant par les mayas, de la Chine de Confucius à l’Inde des yogis.
Elles ont toutes développé une réflexion philosophique très riche, construit une littérature originale, codifié le droit, elles ont pour la plupart été de très grandes civilisations urbaines, impliquant des connaissances théoriques et pratiques très importantes, elles ont su modifier l’environnement et le maitriser au profit des hommes. Les grandes découvertes et la conquête des mondes inconnus, depuis le XV ème siècle jusqu’à nos jours, ont un lien avec l’expression du caractère obsessionnel. Notre civilisation hémisphère gauche a su, en un temps très court de l’histoire de notre évolution, permettre un bond prodigieux à l’humanité elle a su aussi, parallèlement, en se dédouanant des impératifs de survie de l’espèce, créer tous les outils de sa propre destruction, et avec elle de la planète entière. La culture a prévalu sur la nature, la civilisation sur la tradition. Le gâchis est consommé.
Ce n’est pas un hasard si nous découvrons aujourd’hui les facultés oubliées du cerveau droit, et que notre salut tient probablement dans la création d’une civilisation qui saurait associer de façon optimale les capacités de nos deux cerveaux.
Peut-être faudrait-il concilier intelligemment les deux mondes.
Le modèle japonais est plus complet et plus équilibré, il est millénaire et synthétique.
La culture nippone possède un double système d’écriture.
Dans une même phrase, le japonais associe un mode digital conventionnel, l’Iragana, et le mode analogique des Kanji chinois. Ce système laisse une grande place au vide et crée le sens et la vie.
Cette culture intègre les deux hémisphères du cerveau. Cela explique en partie que les japonais ont assimilé et maîtrisé en très peu de temps la science, la technologie et l’économie occidentale, au point d’être aujourd’hui les leaders mondiaux dans tous ces secteurs.
Le Japon est, encore aujourd’hui, extrêmement ritualisé, le sens du sacré pénètre tous les gestes du quotidien et anime la nature toute entière. Les arts martiaux, le Zen, la calligraphie, la peinture au lavis, la musique, le théâtre Nô, ou encore l’Ikébana, l’art de l’arrangement floral sont des manifestations d’une notion essentielle.
Ainsi l’homme reste relié, ici et maintenant, à tous les êtres vivants passés, présents et à venir, dans tout l’univers.
Le pouvoir de l’éducation ?
Cela dépend des enfants et de leur entourage. Si l’on ne perçoit pas que leur conduite est dictée par une fragilité intérieure, si on les contraint à changer de modèle, ils renforceront leurs défenses. Il faut les aider à comprendre qu’ils vont mal, quand ils vont mal, sans leur faire la morale ni s’instituer " psychologue ", mais en établissant les limites de l’insupportable : " Là, tu vas trop loin, tu piétines mon espace vital. " C’est en posant, sans agressivité, ses propres besoins, qu’on a le plus de chance de donner à l’autre le désir d’évoluer. Mais il faut rester patient et accepter qu’il ne sera jamais parfait. On ne peut pas changer radicalement la personnalité initiale de l’enfant.
Cela suppose une sérieuse formation d’éducateur et de pédagogue...et dans un autre monde.
Nature et cultures, traditions et civilisations
Références Carl Gustave Jung, Claude Lévi-Strauss, Gaston Bachelard, Lucien Israël.
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