En finir avec la French déprime
Vue de l'extérieur et notamment d'Outre-atlantique, la France apparaît saisie d'un mal vivre. Un étonnant mélange de nostalgie et de peur de l'avenir, de sinistrose ambiante entretenue par pouvoirs publics et médias. La douce et belle France ne doit pourtant sombrer ni dans le défaitisme ni dans les jérémiades du déclin mais regarder le monde comme le champ de tous les possibles.

"Les Français vont vraiment mal" s'inquiétait début juillet le New York Times. Pas vraiment décidés à faire table rase de leur passé glorieux, les Français ne croient plus dans les lendemains qui chantent.
Le malade n'est certes pas totalement imaginaire au regard du taux de chômage et de la désagrégation du tissu industriel mais, mieux vaut en rire. Comment expliquer sinon que les Français soient parmi les peuples les plus pessimistes au monde devant les Irakiens ou les Afghans ? La dernière mode des pseudos élites parisiennes consiste à affirmer que notre jeunesse, privée d'avenir n'aurait pour seule alternative que de partir. La belle affaire. A moins que ce ne soit un moyen détourné pour tenter de déculpabiliser, en les noyant dans la masse, les exilés fiscaux.
Les voyages forment la jeunesse. On ne peut effectivement qu'inviter jeunes et moins jeunes à voyager et à essaimer à travers le monde mais non pas sous la forme d'un exil punitif mais sous celle d'une expérience enrichissante dont ils feront bénéficier notre société à son retour. Un peu comme du temps des colonies quand les expatriés de retour sur le sol de la mère patrie ramenaient dans leurs valises du soleil et des couleurs, des multitudes de souvenirs et de la joie de vivre.
Ce n'est ni plus ni moins ce que préconise l'éditorialiste du New York Times lorsqu'il écrit que "Les jeunes Français ont besoin d'aller à l'étranger, de travailler, de voyager, de voir comment les choses peuvent fonctionner dans différentes cultures et différents pays qui ne sont pas régis par nos bonnes vieilles règles - et ensuite ils pourront revenir pour réinjecter l'énergie et l'enthousiasme nouvellement acquis afin de faciliter la réconciliation des Français avec cette réalité mondiale que la France a rejetée depuis bien trop longtemps".
Certes, nous vivons une période marquée par un réel vide politique mais la société civile doit prendre le relai et pallier à la médiocrité de la classe politique actuelle qui hélas dépasse nos frontières. La déprime française est avant tout le résultat d'une sclérose, d'une endogamie à tous les niveaux économiques, politiques, médiatiques et culturels. Il convient dès lors d'ouvrir portes et fenêtres pour renouveler l'air et faire entrer du sang neuf c'est-à-dire l'exact contraire de ceux qui voudraient faire de notre pays une citadelle assiégée.
"Aujourd'hui, pour paraphraser Churchill, la France ne doit craindre que ses propres peurs, qui l'empêchent de voir le monde tel qu'il est, riche d'opportunités nouvelles avant d'être source de menaces" écrivait ainsi dernièrement dans les colonnes du Monde Jean-Marie Guéhenno, professeur à l'université Columbia (New York).
Questions opportunités justement, la revue Esprit dans son numéro de juin, se penche sur "la mondialisation par la mer". L'occasion de rappeler que les océans ont toujours été des espaces d'aventures humaines et de conquêtes et qu'ils restent l'avenir de l'homme.
L'iconoclaste Jean-Luc Mélenchon est l'un des rares hommes politiques à avoir saisi que l'avenir de la France passe par ses façades et ses territoires maritimes exceptionnels. Dommage que la brutalité de son message politique noie cette pensée pertinente. La période estivale doit cependant nous offrir l'opportunité de la méditer.
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