Enfant roi et théorie du genre : un mélange explosif
La collision est inévitable. Elle a déjà commencé. D’une part le règne de l’enfant roi est solidement installé. Aujourd’hui tout tourne autour de l’enfant. La famille nucléaire a glissé du centrage sur les parents en tant que pôle de référence réelle : géniteurs, protecteurs. nourrisseurs et éducateurs, au centrage sur l’enfant en tant que projet hypertrophié et harassant.

Le règne de l’enfant-roi
Les signes de ce règne sont nombreux. D’abord le petit nombre d’enfants engendrés par les couples. Un, deux, voire trois enfants contre six, sept, huit ou plus il y a un siècle ou deux. Moins d’enfants signifie que la perte d’un seul est un risque plus grand pour l’espèce aujourd’hui qu’hier. L’enfant est donc plus valorisé, avec des recherches pédagogiques pointues, des livres et jeux éducatifs représentant un réel créneau économique, une place de chaque individu plus grande au sein de la famille. Le nombre de divorces, l’enjeu que sont les enfants en cas de séparation, les familles recomposées ou monoparentales, accentuent le fait que l’organisation des adultes tourne non pas autour d’un projet familial moribond mais autour des enfants. Sans parler des questions scolaires accaparantes, des activités parascolaires chronophages, des dangers de la société moderne - de la rue à internet.
L’enfant-roi est au centre de la société. Son pouvoir d’achat direct ou par l’entremise parentale en est un indice économique, sa volonté souvent moutonnière de faire élire tel produit formaté à la Star’ac en est un indice culturel, l’aggravation des questions sexuelles en terme de répression ou de libéralisme en est un indice moral. En tant qu’enfant-roi les limites qui prévalaient se sont effacées. Ces limites provenaient en partie de la grandeur de la fratrie. Une famille nombreuse oblige à trouver une place limitée et à y exceller, à respecter une hiérarchie d’âge, à avoir des préférences, des affinités ou des alliances hors de l’omniprésence parentale. A un ou deux enfants par couple cela n’existe plus et l’on se trouve dans une polarisation parents-enfants extrême.
Les relations se construisent alors sur un modèle unique et sur un même rapport de force pendant toute l’enfance et l’adolescence. Les seules aires de repos sont extra-familiales. Elles n’offrent donc pas la même solidité que celles tissées au sein de la famille. On voit des adolescents traitant leurs parents en copains, et les parents accepter cela pour éviter d’être une fois de plus en conflit, puisqu’il n’y a pas d’autre dérivatif que cette relation monolithique. L’enfant-roi a le pouvoir au sein de la famille. Il dicte ses règles, ses horaires, ses envies, sans être trop contrarié. Il n’apprend pas ses limites ni la hiérarchie naturelle des âges ou de la chronologie de l’apparition et de l’expérience. Il croit tout savoir comme ses profs ou ses parents. Il n’est plus humble et donc ne sait plus apprendre.
Le genre, ou l’illimité des possibles
Sur ce tableau arrive la théorie du genre, qui dit en résumé ceci, dans la foulée de Simone de Beauvoir : le genre sexué n’est pas un déterminisme, c’est un choix individuel. Cela signifie que l’on décide si l’on est une femme ou un homme. Cette théorie étant appliquée sur des cobayes enfants, on laisse ceux-ci disposer de leur identité dès l’âge de quatre ou six ans, comme s’ils étaient adultes et surtout comme s’ils avaient les moyens de choisir.
Or pour choisir il faut des références : qu’est-ce qu’être homme, qu’est-ce qu’être femme ? Où sont ces références si justement on les nie et si les parents ou les adultes ne les incarnent pas ? Le choix que l’on donne aux enfants est simplement impossible. Impossible et profondément perturbant et ne peut que déboucher sur une inhibition et une forme de castration du pouvoir par l’excès même de ce supposé pouvoir (trop de choix tue de choix). Il y a en effet excès - le fait de demander à un enfant de six ans de choisir son genre sexué - alors pourtant qu’il n’y a pas de magie dans la baguette de pouvoir, c’est-à-dire pas de représentation possible puisqu’il n’y a plus de référent.
Dans les crèches dites « égalitaires » on fait jouer les garçons avec des poupées et les filles avec des camions. C’est tout ce que l’on a trouvé pour donner des représentations masculines et féminines. Ce ne serait que caricatural et dérisoire si ce n’était en même temps profondément destructeur des structures anthropologiques qui façonnent l’humanité depuis des millions d’années. Le choix de références qu’impose la société féministe aujourd’hui est le camion ou la poupée, ou encore l’hétérosexualité ou l’homosexualité. Cela se comprend aisément quand on écoute la ministre des droits des femmes (et pas des hommes) Najat Vallaud-Belkacem, la Robespierre féminine, qui dit aux filles que l’égalité c’est faire maçonnes, et aux garçons c’est faire puéricultrices (vidéo ci-dessous). Tout ceci est posé en terme de « droits ». La théorie du genre est particulièrement perverse et dangereuse en ce qu’elle évacue toute notion de contrainte.
La stupidité et l’enfermement idéologique éclate ici au grand jour. Pourquoi y a-t-il plus d’hommes maçons que de femmes ? C’est d’abord une question de force physique, puis de conditions sociologiques où traditionnellement l’homme qui s’exile pour trouver du travail là où il y en a. En Norvège, ce genre de programme volontariste qui visait à mener les femmes dans les travaux du bâtiment a totalement échoué, et le gouvernement à fermé les subventions aux idéologues du genre.
L’explosion à venir ou le réveil des hommes
L’enfant-roi sans limites, se gouvernant sans plus d’autres balises qu’un rapport de force - soumettre ou être soumis - et la théorie du genre conférant un supposé pouvoir illimité sur soi - celui de choisir d’être femme ou homme, indépendamment de la biologie et de ses contraintes - se sont aujourd’hui rencontrés. Deux concepts fonctionnant sur la suppression des limites, la dénégation des formes collectives d’identité et les marqueurs catégoriels, et donnant tout pouvoir à l’individu. La seule limite est aujourd’hui la sanction pénale du comportement puisqu’il n’y a plus de morale normative.
Le risque à venir est que les garçons tenteront un jour de reconquérir ce qui a toujours fait leur identité : la force. Les hommes ayant comme fonction essentielle dans l’espèce la protection - les femmes ayant fondamentalement celle de la reproduction - on ne pourra faire l’économie de cette quête d’identité puisque les référents du choix seront annulés, voire criminalisés comme pour les comportements masculins.
On peut certes dire que la société moderne offre davantage de possibles que la préhistoire. L’homme peut être protecteur ou protégé, guerrier ou nounou, etc. Oui, c’est vrai, et cela a toujours été. Mais la construction intime et la puissance individuelle ne peuvent faire l’économie de schémas simples comme celui du héros.
Le réveil du masculin pourrait être très explosif. Quand surviendra-t-il ? Dans ce siècle probablement. Ce réveil, sans l’éducation masculine qui doit être donnée aux hommes pour organiser leur force, pourrait être dévastateur. Il est possible que d’autres cultures contribuent à ce réveil car les hommes ne sont pas partout aussi soumis à la féminisation qu’en occident. Ce réveil pourrait se produire par une augmentation de la criminalité masculine spécifiquement orientée contre les femmes, perçue comme cause de leur limitation dans une projection des frustrations, ou par une modélisation sur des représentations extrêmes allant jusqu’au fascisme ou un retour aux bandes violentes. Le fascisme s’est développé à une période où les pères étaient manquants : morts à la Grande guerre, émigrés, dans les mines, entre autres. Des images compensatoires extrêmes se sont développées. Ce n’est pas par hasard qu’aujourd’hui, époque de pères manquants, Vincent Peillon, ministre de l’éducation, parle d’imposer une nouvelle religion laïque et se réfère à un modèle aussi extrémiste que Robespierre.
Le réveil des hommes pourrait aussi se produire par un refus du couple et du partage avec le féminin - aujourd’hui déjà, près de 20% des hommes de cinquante ans n’ont pas d’enfants ou n’ont jamais vécu en couple selon l’Insee en France. Enfin on pourrait aussi assister à une grande dépression masculine, à une sorte d’implosion : les hommes, moralement et socialement castrés et inutiles, sans projet et sans plus d’image positive d’eux-mêmes, deviendrait la cause d’un enrichissement démesuré des psychiatres et thérapeutes en tous genres, d’échecs scolaires et professionnels, et d’une démission sociétale à grande échelle. C’est déjà le cas. Le déficit d’hommes responsables aujourd’hui est le signe que l’implosion a commencé. Mais comme une supernova se contractant sur elle-même avant de s’expanser brutalement, on peut encore avoir le rebondissement et l’explosion.
On voit ici un peu mieux l’enjeu de la déconstruction des théories misandres féministes. Mes discussions avec des femmes divorcées, assurant l’éducation des enfants, et dont l’ex-mari est devenu fantomatique, m’amènent à poser une question brutale et sans complaisance : où sont les hommes ? J’y reviendrai.
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Image2 : film Le démantèlement ; 3 : film Alamar ; 4 : Garde de fer fasciste.
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