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Accueil du site > Tribune Libre > Entre bonheur et travail, il n’y a qu’un pas

Entre bonheur et travail, il n’y a qu’un pas

En France, environ 2 salariés sur 10 seraient menacés de burnout à cause d’un travail où ils ne s’y sentent pas heureux. Cependant, certains salariés ne veulent pas quitter leur entreprise car ils s’y plaisent. Cela prouve bien que le travail et le bonheur sont compatibles.

L’étymologie du mot travail vient du latin Tripalium qui désigne un instrument de torture utilisé par les romains.

Durant la première moitié du XXème siècle, le Taylorisme et le Fordisme ne tiennent pas compte du bien-être des salariés et préconisent la production à tout prix. Charlie CHAPLIN nous montre dans « Les Temps Modernes », la difficulté du travail à la chaîne et la réalité confondante des burnout.

Après la Seconde Guerre Mondiale, les mentalités commencent à changer. Le système de management évolue. Psychologues et sociologues ont montré que les systèmes de management utilisés jusqu’alors n’étaient pas efficaces. Le salarié 1 est motivé dans ce qu’il fait. C’est l’environnement de travail qui le démotive.

Aussi, certaines entreprises 2 ont réussi à concilier bonheur 3 et efficacité.

 

 

Des salariés heureux ? Ça existe !

 

André GIDE 4 a dit « La première condition au bonheur est que l’Homme puisse trouver joie au travail. Il n’y a vrai joie dans le repos, le loisir, que si le travail joyeux le précède ».

Cette citation nous éclaire sur le fait qu’il y a une relation relativement proche entre le bonheur et le travail.

De plus en plus d’entreprises comprennent cela. En 2013 déjà 42 % des employés disaient qu’il faisait bon travailler dans leur entreprise et un salarié sur deux affirmait être optimiste quant à l’évolution de sa situation professionnelle.

En France, certaines régions ont une qualité de vie au travail élevée, notamment dans l’Ouest. Les mieux classés sont la Corse et la Bretagne, La moins bien classée est l’Île de France.

Pourquoi donc associer Bonheur et Travail me direz-vous ? La réponse est simple : tout le monde y gagne !

Une citation de Laurent GOUNELLE 5 dit : « La vocation des entreprises n’est évidemment pas d’assurer le bonheur de leur salariés. Mais elles ont tout intérêt à leur donner les conditions de bonheur et d’épanouissement. Le management par le stress a atteint ses limites : Il use les gens et bride leurs créativité  » 6.

En disant cela il explique clairement qu’une entreprise ne peut garantir à 100 % le bonheur de tous, mais si les conditions de travail y sont favorable, les salariés seront plus motivés et donc créatifs.

De nombreuses entreprises (bien que toujours minoritaires) préconisent « La performance par le bonheur » comme le souligne Alexandre GÉRARD 7.

Le bonheur apparaît comme un véritable moteur pour une entreprise. Elle voit ses salariés donner le meilleur d’eux-mêmes et augmentent son chiffre d’affaire ainsi que son nombre de clients.

En effet, les salariés sont plus dévoués, plus productifs. On observe également que l’entreprise devient plus attractive, notamment lors de son recrutement. Il y a également une nette diminution du nombre de turnover et d’absentéisme.

Il faut savoir que l’absentéisme représente 42 temps plein pour 1000 salariés. Ce qui n’est pas négligeable. C’est pour cela que le management est mis à l’honneur, pour permettre le bien-être et l’efficacité des salariés.

 

 

Un système de management plus adapté

 

« L’Humain doit avoir une part fondamentale. Toutes les boites ne peuvent pas créer ce type de poste, mais tout le monde peut avoir de la bienveillance. Plutôt qu’un phénomène de mode, il faut que ce soit une prise de conscience » affirme Florelle MOIRE, une Chief Happiness Officer 8.

Une prise de conscience, en effet, pour certaines entreprises qui du jour au lendemain, suite à un système de management trop lourd, avaient observé en leur sein, des burnout ou dans le pire des cas, des suicides.

D’après Isaac GETZ 9, « L’organisation actuelle des entreprises pousse deux tiers des salariés français à être démotivés ».

C’est pour cela que de nouveaux systèmes de management sont mis en place avec, par exemple, les entreprises libérées. Inventées par Isaac GETZ, elles font disparaître toute hiérarchie pour permettre aux salariés d’avoir le pouvoir dans les décisions et le futur de l’entreprise et donc, d’avoir un droit de regard sur le pourquoi de leur travail.

La plupart des dirigeants pense que la santé et le bien-être sont des préoccupations majeurs mais tous ne sont pas prêts à adopter un système de management aussi lourd.

Pour ceux qui, malgré tout, sont soucieux des conditions de travail de leurs salariés, il reste des conseils de management simple à mettre en place pour le bonheur au travail : respect de tous, autonomie des salariés, reconnaissance du travail pour tout le monde, travail d’équipe et communication entre collègues, mais surtout une forte dynamique de confiance dans l’entreprise.

Une petite augmentation de salaire suffit-elle à remotiver les salariés ?

La réponse est sans appel. Selon un sondage mené par l’IFOP 10 seulement 4 % affirment être heureux grâce à leur rémunération contre 64 % pour le bien être résultant d’un bon management. (Liberté, autonomie, conditions de travail, relations interpersonnelles).

Certaines entreprises vont jusqu’à créer un nouveau poste appelé Chief Happiness Officer ou CHO.

Florelle MOIRE, CHO à Intuiti explique qu’elle possède « une place centrale dans l’entreprise. [Elle] veille à ce que tout se passe bien pour la vie en communauté et aussi à destination des clients ».

Créer un poste spécial représente un investissement pour l’employeur. Ce CHO, présent plus souvent dans les jeunes entreprises, est chargé du bonheur des salariés.

Pour cela, Il réalise toutes sortes d’actions allant de l’apéritif entre collègues jusqu’au cours de sport le midi.

 

 

Envie de se détendre ?

 

Comme en convient Florelle MOIRE, toutes les entreprises ne peuvent pas se permettre de créer un poste comme le sien. Mais avec ou sans CHO, certaines poussent leur management un peu plus loin.

En plus du respect, de la confiance et de l’autonomie, les salariés ont droit aussi à différentes activités qui contribuent à leur bonheur.

 

Comme des séances de sport, par exemple. Avec un coût pour l’employeur de 100€ la séance. Mais cet investissement amène des bienfaits non négligeables.

En effet une simple action comme un cours de yoga ou de gym permet de faire tomber la hiérarchie, d’être plus compétitif, de forger l’esprit d’équipe et de réduire l’absentéisme. C’est ce qu’on appelle un retour sur investissement.

 

D’autres sont prêt à mettre jusqu’à 1000€ par an et par salarié pour que ceux-ci soient heureux dans leurs espaces de travail ouvert et design.Ils réalisent des sorties, des apéritifs et même des séances de massages.

Un autre exemple d’action est l’ajustement des heures de travail pour que le salarié puisse réaliser sa passion. Les employés qui bénéficient de ces arrangements sont reconnaissants envers leur employeur et travaillent autant, voire plus que s’ils avaient fait une journée complète.

Avec toutes ces actions diverses, en plus d’un bon management, les employés sont productifs, sereins et ne changeraient pas d’entreprise pour 1000€ de plus par mois.

 

Malgré l’origine du mot travail, de nombreuses entreprises prennent conscience de l’importance du bien-être de leurs salariés.

Grâce à un système de management adapté, celle-ci nous prouve que le travail et le bonheur sont bien compatibles.

 

Pauline MAINGOT et Samuel SAULNIER

 

 

Notes de bas de page

 

  1. D’après l’INSEE, un salarié est une personne qui travaille sous un contrat pour une autre unité institutionnelle et qui est rémunérée.
  2. D’après l’INSEE, une entreprise est une unité de production de biens et de services qui possède une autonomie de décision.
  3. Dicophilo.fr défini le bonheur comme un état de satisfaction complète caractérisé par sa stabilité et sa durabilité.
  4. André GIDE est un écrivain classique du début du XXème siècle. Il fonde notamment la Nouvelle Revue Française. Il reçoit le Prix Nobel de Littérature en 1947.
  5. Laurent GOUNELLE est un ancien consultant en relations humaines. Des entreprises lui confient des missions de formation et de conseil autour de l’amélioration des relations humaines ou l’épanouissement au travail. Il est aujourd’hui un écrivain qui mêle analyse de l’entreprise et développement personnel.
  6. Cette citation de Laurent GOUNELLE est visible dans Liaisons sociales magazine paru en Janvier 2012. Il s’agit d’un dossier écrit par Sabine GERMAIN et Rozenn LE SAINT.
  7. Alexandre GÉRARD est le PDG de Chronoflex, une entreprise libérée de Saint-Herblain en Loire Atlantique. Il a fait le choix d’une entreprise libérée en 2010. Une présentation de son entreprise est visible dans le documentaire Tout Compte Fait du 27 février 2016 sur le thème « Le bonheur est-il possible au travail ? »
  8. Chief Happiness Officer, ou directrice du bonheur, est un métier dont l’objectif est de créer des conditions qui vont favoriser le bien-être des salariés. Ce métier est en plein expansion en France.
  9. Isaac GETZ est un docteur en psychologie, économiste, auteur et professeur à l’ESCP Europe (École Supérieur de Commerce de Paris). Il est l’inventeur du concept de l’entreprise libérée.
  10. Sondage visible sur France Inter et publié le 26 avril 2016. Le titre du sondage est « 75 % des français heureux au travail ».

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10 réactions à cet article    


  • Nicolas_M bibou1324 5 octobre 2017 10:53

    Ok, petite question. Quel est le pourcentage de salariés qui continueraient à travailler s’ils avaient gagné le jackpot à l’euro-million ?


    Se sentir bien au travail est une chose. Ce qui nous pousse à travailler en est une autre. Et pour facilement 90% des gens, c’est le besoin d’argent. Le travail, même s’il est plaisant, est donc une contrainte. Une contrainte dont facilement 90% aimeraient s’affranchir s’ils avaient le choix.


    • Indelocalisable Indelocalisable 5 octobre 2017 11:25

      @bibou1324 moi et sans aucune hésitation. Le 90% n’est pas un donnée factuelle mais une opinion. Le travail n’est pas plus une contrainte que de manger, dormir ou élever ses gamins. On essaie dans ces temps macroniens de détruire l’image du travail au travers de celle du patron. Heureusement la réalité est toute autre, quand on sort des postures idéologiques.


    • Buzzcocks 5 octobre 2017 11:50

      Votre article parle d’entreprise high tech ou avec des cadres qu’il faut chercher à retenir car le cout de formation est élevé pour ce type de personnel.
      Mais pour les grouillots, vigiles, caissiers, manutentionnaires, ça m’étonnerait fort qu’un employeur investisse dans des cours de yoga pour que ses salariés se sentent bien. On a vu avec le reportage sur Lidl sur France 2, là, on « cartouche » les employés. 


      • Le421... Refuznik !! Le421 5 octobre 2017 18:11

        @Buzzcocks
        Et c’est 90% des entreprises, petites ou grandes.
        Je n’ai jamais vu une boîte faire du social avec ses employés.
        Je ne sais pas ce qu’est un treizième mois, un chèque vacances ou ticket restaurant, un comité d’entreprise, etc...
        Je suis resté cinq ans dans une boîte à Souillac sans voir la Médecine du Travail.
        Un jour, le toubib est venu faire dépanner une télé.
        Je lui ai dit le reste.
        Et on nous dit, les « gauchistes » que nous vivons dans un monde de bisounours !!
        Feignants, cyniques, extrémistes et fouteurs de bordel maintenant.
        Grève générale !! Putain oui !!


      • gogoRat gogoRat 5 octobre 2017 11:55

        « Tout d’abord : c’est quoi, le travail ?
         Il y a deux sortes de travail :
        premièrement,
         déplacer de la matière sur ou près de la surface de la terre ;
        deuxièmement,
         demander à d’autres personnes de le faire.
         
         La première sorte est désagréable et mal payée ;
         la seconde est agréable et hautement payée.
         
         La deuxième sorte de travail est susceptible d’extensions infinies :
         il y a non seulement ceux qui donnent des ordres,
        mais aussi ceux qui donnent des conseils quant à ce que l’on devrait donner comme ordres.
         
         D’habitude deux sortes opposées de conseils sont donnés simultanément par deux organisations humaines différentes ;
         c’est ce qu’on appelle la politique.
          
        La compétence exigée pour cette sorte de travail n’est pas la connaissance des sujets à propos desquels on donne le conseil,
         mais la connaissance de l’art rhétorique persuasif et de l’écriture,
        c’est-à-dire de la publicité.
          
        [...] il y a une troisième classe d’individus,
         plus respectée que n’importe laquelle des classes de travailleurs.
         Il y a des gens qui, par la propriété de terres, peuvent faire payer à d’autres le privilège d’obtenir la permission d’exister et de travailler »

        ...

        cf : In praise of idlness de Bertrand Russell


        • straine straine 5 octobre 2017 13:09

          Assimiler travail et activité pour pouvoir monter une mayonnaise assaisonnée du syndrome du larbin, mâtiné par l’obsession d’une pseudo morale de la culpabilité judéo-chréti(en)ne ......
          Pathétique smiley
           :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: ::
          À titre personnel, il ressort des 640 commentaires de l’article de moderatus [AgoraVox que pourrait-on améliorer ?] :
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           :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: ::


          • Le421... Refuznik !! Le421 5 octobre 2017 18:15

            @straine
            Tout le monde peut devenir modérateur - comme moi - en publiant un certain nombre d’articles.
            Pour moi, c’est un bon principe - que j’ignorais totalement d’ailleurs !! - qui permets d’éviter que les « poseurs de bouses permanentes » ne viennent dézinguer le site, ce qu’ils font joyeusement et en bande sur certains auteurs. Je sais de quoi je parle !!
            Laisser la porte ouverte trop facilement fait que n’importe qui peut entrer et dévaliser le magasin...


          • Le421... Refuznik !! Le421 5 octobre 2017 20:13

            @Robert Lavigue
            Je regardais le nombres d’interventions sur mes deux articles et j’ai fait un parallèle avec le ramassage de cèpes de ce matin. ( Excellents, merci !!  smiley )
            Cette réflexion m’est venu à l’esprit :
            Les articles, c’est comme les champignons.
            Ce sont sur les meilleurs que les limaces s’entassent et bavent !!

            Bien à vous !  smiley

            PS : Même pas mal...


          • Aristide Aristide 6 octobre 2017 10:36

            Le salariat est caractérisé par trois conditions essentielles, la première est la condition de travail au sens où le salarié doit effectuer des taches, taches pour lesquelles il est rémunéré ce qui constitue la seconde condition. Mais alors qu’elle est donc la troisième condition : la subordination.


            On pourrait s’étonner que cette troisième condition soit complètement absente de ce discours lénifiant sur le travail et le bonheur. Que nenni, il s’agit d’une stratégie huilée de spécialiste en RH dont le but est de vous vendre une vision expurgée de cette contrainte indépassable qui pèse sur le salariat.

            Sur les taches, le travail donc, l’entreprise peut arriver à améliorer les conditions de travail afin de mieux entourer le salarié, prévenir les accidents, veiller à son confort relatif, ... enfin tout ce qui est largement connu de tous les salariés. Il n’en reste pas moins que le travail fatigue ...

            Pour ce qui est de la rémunération, le problème devient un peu plus tendu, même si la reconnaissance de la compétence existe, il est connu aussi de tous que l’employeur n’attache pas les chiens avec des saucisses et que donc ce sujet de bonheur est encore plus ... discutable sur ce point.

            Voilà maintenant le lien de subordination, aussi pesant quelque soit le niveau hiérarchique, il est assez discutable pour le moins de sa compatibilité avec ce que l’on nomme le bonheur. La subordination est mise en place par de multiples voies, les résultats du commercial, les contraintes budgétaires du chef de chantier, les délais pour le chef de projet, les cadences pour l’ouvrier à la chaîne, ... enfin tous ces outils qui aboutissent immanquablement au stress, à la crainte de la sanction.

            Enfin, il faut avoir une imagination assez ... hors sol pour croire un instant que le bonheur peut se conjuguer avec le mot travail salarié. Il faut avoir une certaine expérience de travail salarié pour comprendre comment des cranes d’œufs spécialisés en RH croient faire passer un message aussi peu crédible. Il y a bien quelques salariés qui pleurent devant leur lettre de licenciement en arguant de leur fidélité, de leur investissement personnel, .. enfin tous ces mots creux qu’on leur a inculqués pour dissimuler la contrainte première du salarié : il est le subordonné de son employeur.

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