Eric Woerth cherche à expliquer le flop monumental de l’action de Nicolas Sarkozy

Le ministre du Budget, Eric Woerth a confirmé, aujourd’hui ce qu’il niait farouchement il y a moins de deux semaines, sur les plateaux de télévision :
Oui, admet-il, l’INSEE chiffre le déficit du budget de l’Etat à 2,7% du PIB en 2007, soit plus de "50 et quelques" milliards d’euros de déficit. Oui, "c’est vrai, le déficit est supérieur à ce qui été prévu, puisque nous avions prévu, tenté d’atteindre un objectif qui était celui de 2,4%".
Alors que les engagements européens de la France lui font obligation d’assainir ses finances, le ministre reconnaît que les promesses du président de la République et du Premier ministre ne seront pas respectées. François Fillon qui déclarait jeudi, au Sénat, que "le projet de loi de finances pour 2009 sera une étape décisive pour le retour à l’équilibre des comptes publics, ce que l’on n’a pas vu depuis trente-deux ans". L’objectif, aujourd’hui ? "2010 si la croissance le permet, 2012 en tout état de cause." Et comme les prévisions de croissance du gouvernement sont tombées de 2,25% (hypothèse sur laquelle est construit le budget) à 1,7%, tout laisse à penser que 2012 relève de la lubie.
Mais, attention, pour monsieur Woerth, pas question de remettre en cause le rôle absolument dévastateur du "paquet fiscal" voté suite à l’élection de Nicolas Sarkozy, pour un coût net estimé à plusieurs milliards d’euros pour les derniers mois de 2007, et 15 milliards en année pleine. Pas question de remettre en cause le dérapage de certaines dépenses pour satisfaire des besoins catégoriels. Pas question non plus d’admettre que cette politique a littéralement accompagné le freinage de la croissance du PIB.
Non, pour le gouvernement, la réponse est simple : le coupable, ce sont les collectivités territoriales.
Mardi, lors des questions au gouvernement, Olivier Dussopt, député socialiste, avait clairement posé le débat : "Le budget voté pour 2008 [a] déjà gelé 7 milliards d’euros, ce qui nourrit des inquiétudes sur les fonds d’investissement à disposition des collectivités locales, sur le nombre d’emplois aidés et sur les dotations, qui se trouvent remises en cause, notamment avec la fin du contrat de croissance.
La diminution de toutes ces allocations versées aux collectivités locales les contraindra soit à faire peser sur les Français une fiscalité locale injuste, due à l’absence de compensation et au désengagement de l’État, soit à choisir, parmi les priorités, celles auxquelles elles devront répondre, ce qui reviendra à créer une France à deux vitesses, dans laquelle les droits et les protections varieront en fonction du lieu d’habitation et des capacités financières de la commune."
Et le ministre de dénoncer "un dérapage des dépenses des collectivités locales de 0,2 point" et "une augmentation du rythme des dépenses des collectivités locales" (au passage, sévère bilan pour les exécutifs locaux de droite...), qui "ne dégagent pas suffisamment d’autofinancement pour financer leurs investissements", c’est-à-dire qui n’arrivent pas à pallier les désengagements de l’État.
Or il se trouve que les budgets des collectivités ne sont aucunement intégrés au budget de l’État, d’autant qu’elles ont l’interdiction formelle de présenter des comptes déficitaires, contrairement au pouvoir central. L’argumentation livrée par le ministre pour justifier le dérapage des dépenses est donc fausse. L’association des régions de France (ARF) et l’assemblée des départements de France (ADF) ont d’ailleurs vivement réagi et dénoncé les méthodes post-campagne électorale du gouvernement.
Ah au fait, petite devinette : à quoi correspond le 0,1% restant dans l’augmentation des déficits publics ? Réponse du ministre : "à un retraitement comptable"...
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