Et les Abstentionnistes, dans tout ça ?
Ca y est ! Enfin, Dieu merci, la campagne est terminée !! Enfin, pour certains, celle de 2017 a déjà débuté, sans parler de celle des élections législatives, aussi connues sous le nom de Troisième Tour. Alors, déjà que les deux premiers tours étaient adeptes excessifs du rase-motte, j’ai bien peur des effets du troisième.
Je fais fièrement partie des 20%... Non pas ceux qui veulent une France bleue marine, non, non… Ceux qui veulent « autre chose ». Et je remarque que le combat est déjà mal engagé.
D’aucuns se plaisent à cataloguer les abstentionnistes comme de joyeux glandeurs, d’effrontés décérébrés ou de sympathiques anarchistes, tout juste bon à déplacer leurs séants du canapé pour aller décapsuler une nouvelle bière, ou à railler sur la télé comme une poissonnière-maraichère sur ses salades le dimanche matin sur la grand-place. On les imagine, en chemise hawaïenne, se complaisant dans un nihilisme sans faille, où les concepts même de Cause, de Politique, de Choix, sont autant de raison de retourner sous sa couette, là où il fait bien meilleur que dehors.
Pardonnez-moi, mais je doute largement que la majorité des 20% de ces élections réponde à ce gentil cliché. Je ne voudrais en aucun cas me désigner représentant de l’Abstentionnisme, mais je me vexerais qu’on veuille délibérément m’enfermer dans une telle boite. Car oui, en politique, de tous les bords, on préfère ridiculiser « ceux-d’en-face » et les faire passer pour ignares, plutôt que d’imaginer qu’ils aient un discours cohérent, ou, en tout cas, nourri d’un minimum d’arguments et de réflexions.
Je ne voudrais pas non plus reprendre la somme des réflexions, justement, que j’expose dans mon article précédent. Je vais tout de même revenir brièvement sur la question des chiffres, tellement drôle que j’en pouffe encore sur mon clavier. Questions : pourquoi, oh pourquoi ne comptabilise-t-on jamais les votes blancs et abstenus, au Grand Total Délibérateur ? Qui a fait ce choix ? Est-ce réellement démocratique, ou représentatif ? Je pose toutes ces questions parce que, bizarrement, si les votes blancs et/ou abstenus étaient comptés, aucun des deux finalistes n’auraient eu la chance d’obtenir une majorité, même à 50.01%. Je me trompe ?
Je fais volontairement l’amalgame entre ‘blanc’ et ‘abstenu’. L’abstention est évidemment une absence totale de choix, quand le blanc veut exprimer une alternative : « aucun des candidats, même s’ils sont légitimes, très beaux, très bling-blings, très amincis, très au fait de leur combat, même s’ils sont tribuns, comiques (volontaire ou pas !), ou taciturnes, aucun ne me plait ou semble avoir la même vision que moi ». Voter blanc veut dire quelque chose dans la théorie, mais dans la pratique, ça ne rime malheureusement à rien, pour des raisons que j’ignore. Autant pédaler dans la semoule avec un vélo 36 vitesses : il est performant dans la théorie, mais dans la pratique les 36 vitesses ne servent à rien. Donc, parce que je refuse de rentrer dans ce petit jeu à mon sens franchement dénué de moralité démocratique, je me revendique abstentionniste.
Je doute également que, dans leurs ultimes soubresauts de rassemblements électoralistes, les concurrents de l’Elysée aient vraiment voulu entendre les voix des 20%. Bon, c’est vrai, j’admets, ce serait ironique de vouloir représenter l’ensemble des abstenus, mais leurs messages ne sont pas illisibles pour autant. Et leurs revendications sont réalistes, claires, voire même humanistes. Les candidats PS et UMP n’ont pas fait d’effort de ce coté là, j’en reste persuadé.
Que faire, à partir de ce constat ? Personnellement, je vais suivre les élections législatives avec beaucoup d’intérêt : observer ce théâtre de gens, payés pour nous représenter, se batailler des sièges pour le rayonnement de leur parti, je trouve ca particulièrement intéressant (voir le paragraphe de mon précédent article sur les Assemblées françaises), d’autant plus que la place du FN dans le débat politique n’aura jamais été aussi forte. Ce serait cocasse, tout de même, une opposition d’extrême droite, non ? Desproges aurait adoré l’idée, de son vivant. Lui-même disait, à l’occasion de l’avènement de Mitterrand, qu’il était désormais très tendance d’être de droite, puisqu’un artiste se doit d’être de l’opposition.
Ce qui est sûr, c’est que malgré le changement promis par François Hollande, élu par la Nation (enfin, 51% des 45 et quelques millions d’inscrit moins les blancs et moins les 20%, soit 9 millions de personnes), certaines choses ne changeront jamais. Le pouvoir en place sera hué par l’opposition, ce qui représente pour moi le pire paradoxe de la démocratie : le concept démocratique veut que l’opposition puisse s’exprimer, mais son expression bafoue de fait le choix de la majorité, puisqu’elle refuse de prendre en compte ce choix, le jugeant incompatible avec les intérêts du peuple ou du pays. Les riches seront toujours riches et cachés et protégés, les pauvres seront toujours présents, et les moyens pour les accompagner de moins en moins efficaces et alimentés. Les caisses de l’Etat verront leurs fonds s’agrandir de plus en plus, immigration ou pas, augmentation du pouvoir d’achat ou pas.
Je ne dénigre aucun parti, aucune formation politique, au contraire : si elle existe, c’est parce que des citoyens et leurs représentants choisis font le choix d’exprimer leurs opinions et leurs désirs. Je regrette juste le mode d’expression, et la façon d’entretenir des échanges avec leurs « opposants », encore que je trouve le terme très militaires, quand il devrait être emprunt de diplomatie.
Aujourd’hui, je reste persuadé, convaincu mordicus, que si l’on souhaite changer de destin, si l’on souhaite prendre une autre direction pour sa vie, ce n’est pas en confiant la tâche à autrui que le miracle pourra se produire. Même si on le choisi, un maître reste un maître, et son rôle est de nous maintenir dans notre rôle d’esclave. Et aujourd'hui, je sais que je ne suis pas le seul à le croire...
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