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Accueil du site > Tribune Libre > Et maintenant, au tour d’Allègre !

Et maintenant, au tour d’Allègre !

Ou pourquoi les personnalités de gauche qui acceptent l’ouverture perdent leurs âmes et trahissent tous ceux qui ont cru en eux.
 
L’hypothèse semble se confirmer, selon les toutes dernières déclarations du député socialiste Pierre Moscovici : Claude Allègre serait la dernière prise du gouvernement Sarkozy. Et un de plus, diront certains, non sans amertume…
 
En acceptant de prendre la tête du nouveau ministère de l’Innovation et de l’Industrie, l’ancien ministre de l’Education Nationale du gouvernement Jospin ne fera que rejoindre la cohorte déjà nombreuse de ceux qui ont trahi leurs convictions en cédant aux sirènes de la Sarkozie. 
 
Bernard Kouchner, Eric Besson, Fadela Amara, pour ne citer qu’eux, avaient déjà ouvert la brèche dans l’opposition en acceptant de rejoindre l’équipe gouvernementale au lendemain des élections présidentielles de 2007. Depuis, le premier qui décidément n’en finit plus de renier ses convictions de gauche, vient d’annoncer qu’il voterait UMP aux prochaines élections européennes, et le second, nouveau champion hyper-zélé de la lutte contre l’immigration, est tout simplement en passe de devenir le plus grand expulseur de l’histoire de France.
 
Mais les électeurs de gauche n’en ont pas fini de boire le calice jusqu’à la lie. Il leur faut aussi assister au retournement politique de certains grands journalistes qu’ils aimaient tant à lire. La semaine dernière dans le Nouvel Observateur, Jean Daniel offrait à ses lecteurs un compte-rendu de l’entrevue gastronomique qu’il avait eu avec Nicolas Sarkozy dégoulinant d’obséquiosité et d’admiration à peine déguisée. On apprenait dans le même temps que Philippe Val quittait l’hebdomadaire satirique Charlie-Hebdo pour rejoindre l’équipe de son ami J.L. Hees, lui-même nouvellement nommé à la Direction de Radio France par le Président de la République.
 
Pour tout dire, la pilule est bien amère à avaler pour le quidam de gauche. Comment accepter que des hommes qui ont défendu les valeurs du socialisme, qui se sont fait élire sur des programmes socialistes, qui ont écrit dans des journaux de gauche, puissent être ainsi séduits par un homme qui reste la figure de proue d’une droite dure et décomplexée, celle-là même qui a mis en place le bouclier fiscal au profit de quelques puissants et attise les vieux démons sécuritaires à chaque nouvelle élection ? Comment admettre que des intellectuels, des anciens défenseurs des valeurs républicaines acceptent, par leurs nominations ou leurs billets doux, d’ébranler les piliers de la République que sont la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la presse ?
 
Ces voltes-faces sont lourdes de conséquences car elles apportent de l’eau au moulin de tous ceux qui affirment qu’en France, les élites politiques sont plus préoccupées par la préservation de leurs intérêts personnels que par ceux de leur pays. Ces trahisons journalistiques ne font que confirmer l’idée qu’il existerait en France une collusion honteuse entre le pouvoir et les médias, et que notre démocratie se porte bien mal. Loin d’être une preuve d’ouverture, ces ralliements contre-natures sont le signe que le gouvernement actuel maitrise au plus haut point l’art de diviser et d’étouffer la presse et l’opposition.
 
Mais il faudrait être sourd et aveugle pour ne pas constater que dans les rues ou sur les forums virtuels, le peuple français s’exaspère contre ceux qui s’empiffrent à tous les râteliers alors que lui-même est prié de se serrer la ceinture. A force de jouer à ce petit jeu-là et de ne pas être fidèles à leurs convictions, à force de jouer la carte de l’opportunisme et de retourner sans cesse leur veste, nos élites sont en train d’attiser le sentiment de frustration et de trahison qui prédomine aujourd’hui au sein de la population française. En période de crise historique, voilà qui pourrait vite devenir explosif.

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18 réactions à cet article    


  • Serge Serge 23 mai 2009 10:38

    Le seul aspect positif de l’élection du calife à la présidentielle 2007 est que les « faux-culs,les arrivistes,les carriéristes,et autres opportunistes » qui se disaient « socialistes » ont tombé les masques !


    • Mr.K (generation-volée) Mr.K (generation-volée) 23 mai 2009 10:59

      Seuls les indecis et les laches restent au PS,de peur de faire un mauvais choix.
      Vous ne remarquer pas que seul ceux qui sont en manque de noterieté et de « porte-feuille »
      courbent l’echine et tende l’a....
      Toutes mon enfance mon grand-pere,socialiste espagnole refugié en 38,me l’a repeté :

      « le socialisme est mort en 68 »

      Il avait raison,il n’y a plus de socialisme.


      • le mave 23 mai 2009 11:12

        Il ne va bientôt rester au PS que ceux qui n’auront pas trouvé acheteur ....


        • Linz 23 mai 2009 11:12

          Il est fort probable que sous prétexte d’affaiblir les Socialistes, le Président Chouchou ait à se repentir avant peu d’avoir introduit ce Mammouth dans son magasin de porcelaine.
          Lionel Jospin qui de ce point de vue sait de quoi il parle, pourrait donner au Président Chouchou d’utiles conseils ! 


          • Axior 23 mai 2009 12:50

            Comment parler encore d’alliance contre nature entre PS et UMP ?
            Personne ne se souvient donc des années Jospin, période où l’Etat a le plus privatisé et a préparé la case du service public ? Oublié le bras de fer entre Jospin et les précaires, qui s’est terminé par une aumone de 600 francs qui rappelle sans équivoque cette belle prime de 200 euros que Sarko a mise en place pour calmer le petit peuple ?
            UMP et PS sont deux partis de droite sévère, l’un enrobé de rose et l’autre de bleu, et face auxquels Dupont-Aignant fait figure de dangereux extrêmiste de gauche.
            L’actualité, la vraie, c’est la dérive de TOUTE LA GAUCHE française vers l’ultra-libéralisme. On voit des « dissidents » socialistes créer leur parti pour tenter de récupérer le peu de citoyens qui ont encore les yeux entr’ouverts ; et ça marche, ce nouveau parti s’est octroyé les faveurs du parti communiste.
            Pour information, sachez que le dernier exemplaire de l’Humanité Dimanche (du 20 mai) présente Johnny Hallyday en première page de couverture et contient 4 pages à la gloire de cette crapule qui illustre à lui seul le fléau sarkosiste (plus un petit encart dans la page des programmes TV pour valoriser son émission de Lundi sur France3). De la pub gratuite dans l’HD pour celui qui a menacé de se séparer de la nationalité française si on ne lui baissait pas ses impôts, ce n’est pas halucinant ? Le Hyaric, bien installé dans le fauteuil de Jean Jaurès, ne tendrait-il pas la perche à Sarko sur ce coup là, histoire d’avoir un jour sa part du gâteau ?


            • La Taverne des Poètes 23 mai 2009 15:22

              « La pilule est bien amère à avaler pour le quidam de gauche » : ça tourne Allègre on dirait...


              • leypanou 23 mai 2009 16:35

                L’impression que l’auteur donne est qu’il pense qu’il n’y ait qu’une seule gauche.Pourtant, il me semble évident que la gauche « à la chevènement » est différente de celle « à la Kouchner », elle-même différente de celle à « la Royale », etc, etc.Je dirais même que beaucoup de gens qui se disent de gauche et qui sont encore au PS ont très bien leur place soit au Modem soit même à l’UMP.Je pense en particulier à Manuel Vals ou Dominique Strauss-Kahn.Pour les journalistes et les journaux, c’est exactement la même chose, les analyses par Alternatives Economiques diffèrent de celles de Politis ou du Nouvel Observateur. Quant à Eric Besson, je me demande s’il a jamais été de gauche, mais çà c’est une autre histoire.Encore faut-il s’entendre sur ce que c’est être de gauche.De toute façon, quand on sait que DSK dirige le FMI et Pascal Lamy l’OMC, des personnes encartées au PS, tout est possible au royaume du social-libéralisme.


                • Bobland59 Bobland59 23 mai 2009 17:52

                  Qui a dit que cet allègre fut un jour de gauche ???? Quand on se rappelle les conneries qu’il a faites lorsqu’il est ministre de l’éducation nationale ..... Qu’il aille donc faire le même bordel chez sarko !
                  Il se disait dans le temps ami de Jospin et il a pris une capote, maintenant qu’il est ami avec sarko qu’il fasse donc pareil !!!!!!!!!!
                  Bon débarras, qu’il emmène en même temps des gugusses comme freche par ex, cela fera de l’air ....


                  • Axior 23 mai 2009 18:37

                    Il faudrait qu’il emmène beaucoup beaucoup de gugusses avec lui pour qu’on ait une chance de pouvoir enfin respirer un jour. J’espère qu’il a son permis de transports en commun (ou alors à dos de mammouth)...



                      • Reinette Reinette 23 mai 2009 20:43

                        Claude Allègre abuse-t-il de son autorité scientifique ?

                        Les propos qu’il a tenus en diverses occasions, contestant le rôle de l’activité humaine dans le changement climatique, lui ont valu de sévères réprimandes de la communauté scientifique.

                        Pour Pierre Joliot, professeur honoraire au Collège de France, membre de l’Académie des sciences, et petit-fils de Pierre et Marie Curie : « Comme Claude Allègre, je considère que la contestation des dogmes dominants est souvent à l’origine des progrès de la science.
                        Cependant, si le scientifique à l’intérieur de son laboratoire doit être laissé libre de contester les dogmes qui dominent sa discipline, il doit impérativement s’exprimer de manière responsable et mesurée devant les médias et devant les politiques. La défense de thèses apparemment révolutionnaires est une manière trop facile de conforter sa popularité.
                        L’attitude de Claude Allègre vis-à-vis du changement climatique me paraît de ce point de vue inadmissible. Toute justification tendant à démobiliser les gouvernements, dont les efforts dans ce domaine sont encore très insuffisants, pourrait avoir des conséquences dramatiques pour l’avenir de l’humanité
                        . »


                        • Reinette Reinette 23 mai 2009 20:46

                          Claude Allègre abuse-t-il de son autorité scientifique ?

                          Encore plus sévère, Pierre-Henri Gouyon, directeur du laboratoire UPS-CNRS d’Ecologie, Systématique et Evolution, voit dans les prises de position de l’ancien ministre un manque de fair-play :
                          « Cela fait des dizaines d’années que les chercheurs qui travaillent sur le climat supposent que l’activité humaine est responsable du changement climatique. Mais ils ont attendu patiemment d’en avoir la preuve (rapport du GIEC) avant de le dire. C’est remarquable.
                          Il est inadmissible qu’Allègre remette tout cela en doute pour vendre un livre. Je suis horrifié. C’est du négationnisme écologique : que la même personne nie en bloc les problèmes posés par l’amiante à Jussieu, l’action humaine sur le réchauffement climatique et les problèmes que posent les OGM, ça finit par faire beaucoup. Il est aveuglé par son idéologie. Le danger qui guette tout scientifique, c’est de ne pas accepter qu’on lui dise qu’on n’est pas d’accord avec lui.
                           »


                          • ltrobat ltrobat 24 mai 2009 12:46

                            Je n’ai jamais cru qu’Allègre était un homme de gauche.
                            Quand je disais cela il y a quelques années, mes potes socialistes hurlaient au blasphème et je passais pour un pignouf.
                            Maintenant je me marre...
                            (De même avec Kouchner et Besson dont un ami social-démocrate me chantait les éloges)...


                            • Traroth Traroth 24 mai 2009 14:11

                              Bon. Et bien moi, j’affirme que ces tranfuges sont une excellente nouvelle, peut-être pas pour le PS, mais certainement pour les idées de gauche.

                              Je ne pense pas qu’Allègre trahisse vraiment des idées politiques qu’il aurait pu avoir. Il se rallie au plus offrant, comme le bon opportuniste qu’il est. Bon débarras !

                              Bon débarras, Allègre, bon débarras Kouchner, bon débarras Besson, bon débarras Jouyet, bon débarras DSK, bon débarras Lang, bon débarras Rocard, bon débarras Bockel !

                              Tous ces gens se prétendent de gauche, mais n’exprimaient plus depuis longtemps que des idées de droite, faites de libéralisme, de « problème de l’immigration », de thèmes sécuritaires et identitaires, et ne parlaient jamais de justice sociale, de redistribution des richesses ou d’égalité.

                              Si l’UMP pouvait venir chercher Royal, Delanoé, Fabius, Valls, Peillon, Aubry, Moscovici et Hollande, peut-être même que le PS pourrait redevenir un parti de gauche ? Prévoyez un gros camoin-poubelle...


                              • ltrobat ltrobat 24 mai 2009 16:22

                                Rédacteur de gauche pro TCE et pro censure ?
                                Je suis de gauche, j’ai voté contre le TCE, j’ai manifesté contre l’adoption du Traité de Lisbonne (chez moi devant la préfecture on était 12 ce jour-là).
                                Et pour la liberté d’expression (de toutes les opinions).


                              • jocelyne 24 mai 2009 20:03

                                Allégre de gauche oui il y à 40 ans, depuis non mais il ne fait plus partie du parti socialiste depuis plusieurs années (dixit martine aubry ce soir sur FI)
                                un bouffon de plus quoi


                                • Plus robert que Redford 24 mai 2009 20:22

                                  « A force de jouer à ce petit jeu-là et de ne pas être fidèles à leurs convictions, à force de jouer la carte de l’opportunisme et de retourner sans cesse leur veste, nos élites sont en train d’attiser le sentiment de frustration et de trahison qui prédomine aujourd’hui au sein de la population française. »
                                  Mouais...
                                  Alors pourquoi Besson a-t-il été réélu dans sa circonscription ??
                                  Faut vraiment être con pour reconduire une fiotte pareille après un tel retournement de veste !
                                  Ou bien, lâchement, égoïstement, espérer que la position de « ministre » quelle que soit sa couleur sera plus avantageuse au vulgum pecus local qu’une position de député qui tient ses convictions...

                                  Néanmoins, je partage totalement votre point de vue : vous votez pour quelqu’un en fonction de son programme, des convictions qu’il a affichées pendant sa campagne, d’une simple lettre dans laquelle il se présente parfois, et Hop !! quatre matins plus tart, il passe à l« ennemi » avec armes, bagage et la « légitimité » que votre voix lui a conférée...
                                  Etonnez-vous que la théorie du « tous pourris » fasse florès dans l’électorat après !
                                  Sans compter que la trahison ne grandit pas plus celui qui l’a suscitée que celui qui l’a commise !

                                  Chez les Perses (je crois), quand un transfuge changeait de camp, un émissaire renvoyait sa tête à son camp d’origine !

                                  Une bien bonne méthode, qu’en pensez-vous ??


                                  • Voltaire Voltaire 25 mai 2009 11:39

                                    En se focalisant sur l’aspect « politicien » de cette éventuelle nomination, l’auteur passe à côté de l’essentiel.

                                    La nomination de Mr Allègre pose t-elle un problème au PS ? Probablement pas. Il y a bien longtemps que Mr Allègre gène ce parti, qu’il a d’ailleurs quitté, et le PS doit se dire « bon débarras ». Mr Allègre n’a jamais été une personnalité « politique » du PS, un artisan de son idéologie ou de son projet de société. Il n’a pas valeur de symbole, sauf comme repoussoir pour les fonctionnaires de l’éducation nationale. Son passage au gouvernement du président de la république sera donc sans effet néfaste, car il ne sera pas perçu par l’opinion comme une trahison de celui qui a toujours été un franc-tireur à l’ego démesuré.

                                    Mais le plus important n’est pas là.

                                    Le plus important est le double signal qu’une telle nomination signifierait aux yeux des défenseurs de l’environnement et de la recherche.

                                    Le premier point a été parfaitement décrit par Nicolas Hulot : une telle nomination serait un bras d’honneur aux scientifiques du GIEC qui ont eu le prix Nobel, collectivement, pour leurs travaux sur le climat. Non pas parce que Mr Allègre ne puisse pas avoir un point de vue sceptique vis à vis d’une cause humaine sur le réchauffement climatique, mais parce qu’une telle nomination signifierait que le gouvernement de la France est sceptique vis à vis de cet effet, et qu’il est donc inutile de prendre des mesures pour le contrer.

                                    Le second point a été lui explicité par François Bayrou : nommer Claude Allègre ministre de l’industrie et de la recherche, et donc disjoindre le lien qui existe entre enseignement supérieur, recherche et innovation en instaurant un lien unique entre industrie et recherche, ce serait signifier une mise sous tutelle de la recherche sous la rentabilité économique (chose que ni les US ni le Japon n’a jamais fait, contrairement à ce que prétend Mr Allègre).

                                    On le voit, ce n’est pas l’aspect politicien qui importe, mais le signal politique d’une telle nomination en ce qu’il implique en matière de politique environnementale et de recherche de la part de la France. Et, de façon complémentaire, le signal qui serait envoyé aux communautés de la recherche et de l’environnement. En matière de politique publique, une telle nomination sonnerait le glas d’un processus de Grenelle déjà menacé, et la find e toute possibilité de réforme de notre système d’enseignement supérieur et de recherche en raison de la révolte de l’ensemble de la communauté scientifique déjà méprisée par la Présidence de la République

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