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Accueil du site > Tribune Libre > Et Zidane, c’est du poulet ?

Et Zidane, c’est du poulet ?

C’est écrit sur tous les prompteurs, dans tous les éditos : on est à la veille de l’Apocalypse, la faute aux poulets d’Asie. Les temps sont à l’affolement. Alors, avant d’y laisser toutes nos plumes, rions un peu !

Déjà une nouvelle peur panique à l’horizon !

Après les terroristes incontrôlables, les ouragans force 5, la vache folle, voici venu le temps des volailles menaçantes !

Les poulets attaquent la Terre, et la Terre tremble, la Terre numérote ses abattis : combien de boîtes de comprimés, combien de masques pour se protéger, combien d’écoles à fermer, combien de métros à supprimer, combien de vaccins à produire pour éviter qu’on ne disparaisse, sans le goudron, mais avec l’odeur des plumes, des plumes de ces satanés poulets malades, trop malades !

Les interviews des spécialistes se succèdent, tous plus alarmants les uns que les autres, tous annonçant des chiffres astronomiques, bilan supposé d’une épidémie, d’une pandémie pardon, jugée, par presque tous, inévitable. Des millions de morts, des dizaines de millions de malades, des milliards dépensés pour sauver les meubles, enfin ceux qui pourront être sauvés !

C’est l’Apocalypse, donc, venue d’Asie, comme souvent, d’Asie du Sud-Est, comme le SRAS. C’est une sorte de fin du monde, qui arrive en caquetant, qui vient d’un des mets les plus consommés au monde, le poulet, servi dans tous les fast-food, dans toutes les cantines, rôti ou tandoori, un poulet qui, une fois cuit, d’ailleurs, ne présente plus aucun danger, malade ou pas.

C’est donc à nouveau l’hystérie à venir qui fait entendre son gong, l’hystérie portée par les médias, qui en font déjà beaucoup, et ne vont pas, on peut leur faire confiance, s’arrêter en si bon chemin. Après avoir réussi à nous faire croire que l’équipe de Chypre pouvait sérieusement nous barrer la route de la coupe du Monde en Allemagne, ils n’auront aucun mal à nous convaincre que l’hiver qui s’annonce pourrait bien être celui de la plus grande épidémie de grippe qu’on ait connue depuis l’espagnole, de 1918-1919 !

Nous faire peur, les journaux s’y connaissent. Qu’ils communiquent sur la délinquance, la météo ou les maladies infectieuses, ils s’y entendent en termes d’effets faciles, d’accents appuyés et de roulement de tambour, ils n’ont pas leur pareil pour paralyser, angoisser, agiter tout spectre, aussi bancal soit-il, pourvu que le spectateur ou le lecteur frissonne de crainte, soit soudain saisi d’horreur devant le péril qui s’avance, inexorable, et raide comme la mort !

L’essentiel est que le résultat soit là : une peur panique, une hystérie complète, qui conduit tout un chacun à constituer des stocks de médicaments, par exemple, ou à vider les rayons de supermarché, comme on l’a vécu lors de la première guerre du golfe, qui devait provoquer une pénurie de sucre, de pâtes, de je ne sais quelles denrées essentielles.

L’époque est à la trouille. On gouverne facilement un peuple qui tremble, on le manipule aisément, on arrive plus aisément à lui faire avaler des couleuvres. Fussent-elles de la grosseur de poulets enrhumés.

L’époque est à la pétoche. Entre les écrivains qui ne voient d’autre avenir à l’espèce humaine que la disparition, la fin, l’extinction ; les politiques qui ne voient pas d’avenir dans le pays autre que le repli sur soi pour lutter plus efficacement contre les dangers qui guettent aux frontières, dans les banlieues, de l’autre côté du couloir ; et les experts en tous genres, spécialistes du climat, des OGM, ou des virus très virulents, qui nous garantissent un futur proche de la fin, il n’y a pas de quoi pavoiser, pas de quoi rire, pas de quoi se sentir en sécurité.

On se mettrait bien le dernier CD de Patrick Sébastien, pour se détendre un peu, retrouver la forme, le sourire ou la foi, ou juste un peu d’allant, mais on se demande quand même si cette fois-ci, ça va suffire, si cette fois-ci, on va s’en sortir.

Et puis, la seconde d’après, on se dit que c’est pas possible, non, on peut pas finir comme ça, écouter Patrick Sébastien, c’est pas possible, ça va quand même pas si mal !

Ces poulets, c’est quoi, juste de la volaille, pas grand-chose ! Et puis c’est pas la première fois qu’on égrène le chapelet et que tout continue, c’est pas la première, c’est pas la dernière.

Les vaches hier, les poulets aujourd’hui, on n’en est pas à une folie près. Les oiseaux de mauvais augure sont devenus légion, ricanant, pépiant, glougloutant qu’il fait meilleur rester chez soi, bien enfermé, bien protégé, bien calfeutré, loin de la menace qui guette, dehors, qui attend, soi-disant, qu’on pointe le bout de notre nez, pour nous moucher une fois pour toutes.

Tu parles ! Les mêmes veulent nous faire croire qu’on n’a pas une équipe capable de gagner la prochaine Coupe du Monde ! Et Zidane, c’est du poulet ?

Lilian Massoulier


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14 réactions à cet article    


  • sergeï (---.---.26.165) 15 octobre 2005 15:21

    Ah, ah ! Pas mal votre article : je l’ai fait lire par la madame qui lit les textes imprimés : elle avait pas l’air de se tordre les boyaux : il faudra inventer un logiciel qui comprend l’humour. Bon, sur le fonds, je suis à la fois d’accord et pas d’accord avec vous. Je pense qu’il ne faut pas rentrer dans les psychoses et les délires de la presse : je n’ai jamais cessé de manger de la barbaque, même pendant la période de vache folle. La grippe du poulet ne m’empêche pas de dormir mais je ne pense pas pour autant qu’il s’agisse d’un risque imaginaire. On reproche assez, aprés coup, aux différentes autorités de ne pas avoir vu venir pas mal de coups foireux (amiante, sang contaminé, canicule etc...) qu’on ne va pas leur reprocher de prévoir, pour une fois, un truc qui pourrait arriver...evidemment, si ça n’arrive pas, on sera tenté de dire que c’était bidon...un peu comme le bogue de l’an 2000. Je pense qu’il faut laisser les gens responsables faire leur boulot en arrière plan, et continuer comme si de rien n’était... Quant à la presse, il faut se dire que si elle joue à nous faire peur, c’est que, d’une certaine façon, nous y trouvons aussi une sorte de plaisir : les gros malheurs, surtout quand ils ne touchent pas dans notre quotidien, nous rassurent sur nos petits. ca parait paradoxal, mais pourtant, c’est bien ainsi que ça fonctionne : sinon, pourquoi nous repaitre tous les jours à 20 heures de ces images épouvantables ? personne ne nous oblige ! Nous sommes des victimes bien consentantes. Si on nous passait à cette heure des infos régionales, genre patelins où il ne se passe rien d’autre que la foire au jambon où la messe du dimanche matin, ça nous gonflerait assez vite : l’être humain est ainsi fait : le malheur (des autres)fascine.


    • Mathieu2 Gwilherm 15 octobre 2005 18:35

      Lilian Massoulier : « une nouvelle peur panique », « l’hystérie portée par les médias », « une peur panique, une hystérie complète », « C’est donc à nouveau l’hystérie », etc...

      Sergueï : « les psychoses et les délires de la presse »

       ??? Vous êtes sûrs que vous n’êtes pas en train de vous taper un délire en couleur ? Les médias n’ont jamais déclaré les propos que vous leur reprocher, je crois que c’est vous qui délirez : « Des millions de morts, des dizaines de millions de malades, des milliards dépensés pour sauver les meubles », je crois que les médias ont rappelé qu’il y avait eu 20 morts en Asie, il faudrait vérifier. Mais ces millions de morts dans quel média précis les avez-vous entendu ?

      Concernant l’équipe hexagonale, effectivement le danger de devoir passer par les barrages a été réel toute la soirée, en fonction du score Eire-Suisse, donc là encore je ne pense pas qu’ils aient éxagéré.

      Concernant la délinquance, regardez le très intéressant reportage d’Envoyé Spécial sur l’économie souterraine de jeudi dernier, c’est la première fois que des journalistes abordent cette question donc on peut dire que les médias n’abordent presque jamais la délinquance. La plupart des faits délinquant ou criminels qui se passent en France ne font même plus l’objet d’un entrefilet dans le journal local depuis longtemps !

      Quant aux beaufs que vous évoquez, ils ne sont pas si bêtes que vous l’imaginez...

      Les médias nous informent et quelquefois nous désinforment, surtout quand l’idéologie s’en mêle... mais sur ces sujets je ne vous suis pas !


      • sergeï (---.---.26.165) 15 octobre 2005 22:30

        Mais c’est écrit partout !!! : la presse reprend le récent rapport de lOMS qui établit une comparaison, en terme de dangerosité avec la grippe espagnole de 1918 qui a fait quand même 50 millions de mort. C’est pour celà que je dis que le risque potentiel n’est pas inventé mais qu’il ne faut pas en faire une psychose qui a pour l’instant conduit à dévaliser les pharmacies du médicament « tamiflu ». Pour ma part, quand je parlais de délire de la presse, c’était pour évoquer une tendance générale à amplifier les peurs, réelles ou imaginaires, et pas particulièrement ce sujet. Et puis, le texte de Lilian est, à mon avis, avant tout un texte d’humour, pas un texte polémique sur la presse ou sur le prix du poulet...


        • JL (---.---.231.177) 16 octobre 2005 15:13

          Ni sergueï, ni Lilian ne se « pêtent un délire ». Soyons un peu réalistes sur la soupe quotidienne que nos médias favoris nous servent à longueur d’année. La peur fait vendre les journeaux et regarder la télévision, donc pour les médias, c’est une bonne façon de gagner de l’argent. Si celà est efficace, c’est surtout parce qu’ils s’appuient sur des faits et des risques réels, si bien que le fond de l’histoire ne peut être remis en cause. Oui ! il y a un risque de pandémie lié à la grippe du poulet ! Ce qui est génant c’est la manière d’en parler des médias. On voudrait affoler tout le monde qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

          On peut contester cette idée de manipulation médiatique et continuer à regarder la télé comme si de rien était. Personnellement, je pense que celà ne fait pas de mal d’essayer de prendre un peu de recul et de sortir des médias traditionnels pour se faire une idée sur la question. AgoraVox est très bien pour celà. Je vous conseille également :

          Farenheit 9-11, le film de Mickael Moore, qui malgré une vision très partisane, à l’intérêt de montrer que les médias américain pratiquent également avec brio la politique de la peur.

          La société de la peur, livre de Christophe Lambert (pas l’acteur !), chez Plon, qui nous explique très bien comment notre société s’est progressivement mise à avoir peur au cours des 20 dernières années. On n’est pas obligé d’être d’accord avec le discours un peu trop libéral, mais le fond est bon.


          • (---.---.150.130) 16 octobre 2005 17:48

            On ne meurt qu’une fois smiley


            • (---.---.7.127) 17 octobre 2005 10:00

              Petite remarque : depuis plusieurs semaines les articles sur la grippe aviaire sont systématiquement dans le palmares Agoravox. Dans ce cas précis, contrairement à la TV ou à la radio, le lecteur choisit bien le sujet sur lequel il va s’informer. Apparemment risque rée ou pas, exagéré ou pas, on aime bien jouer à se faire peur.


              • Martine Schwarts (---.---.149.126) 17 octobre 2005 10:59

                Merci Monsieur Massoulier, moi ça m’a fait rire (second degré : tout le monde comprend pas... dommage). Vous avez raison : « une bonne nouvelle n’est pas une nouvelle » disait le big boss de CNN. Je partage tout à fait votre point de vue : nous vivons une mise en scène permanente de la peur. Et ça marche du feu de dieu. Moi non plus, je ne me laisserai pas abattre. ALors, mort aux vaches... euh, non mort aux poulets... Euh, finalement les poulets et les vaches (folles ou pas) n’y sont pour rien. Alors mort aux cons ! Et vive Zizou !


                • Mathieu2 Gwilherm 17 octobre 2005 11:58

                  Merci Martine mais je comprend l’humour, pas la peine de me faire passer pour un idiot ! Je renouvelle ma question : ces millions de morts dans quel média précis les avez-vous entendu ? PS : encore hier sur Europe1, le journaliste a bien précisé que la grippe aviaire, qui devrait d’ailleurs plutôt s’appeler peste aviaire, est inoffensive pour l’homme quand la viande est cuite.


                  • sergeï (---.---.4.102) 17 octobre 2005 16:04

                    A la BBC, pas plus tard qu’hier soir, le « big chief » sanitaire du Royaume Uni a annoncé, sans sourciller (flegme oblige)que si l’épidémie atteignait le pays, cela entrainerait au moins 50 000 décés au pays du chat qu’expire. Infos reprise dans toute la presse. En faisant une simple règle de trois pour toute l’Europe... Bon mais inutile de continuer sinon je me prète au jeu que je prétends dénoncer...


                    • (---.---.20.123) 17 octobre 2005 17:15

                      Le poulet bientôt classé comme arme de destruction massive ? 10 à 100 Millions de morts selon l’OMS, c’est pas du poulet. Et dire qu’il suffit d’un simple oeuf pour fabriquer une telle arme. C’est terrifiant. On doit déjà se méfier des valises abandonnées, et maintenant des mémés et pépés qui nourrissent les pigeons ? Et même de la brave ménagère de moins de 50ans qui achète sa douzaine d’œufs à la supérette du coin ? De toute façon, le nuage de Tchernobyl n’a pas passé les frontières, dixit le gouvernement, les oiseaux migrateur ne passereaux pas non plus.


                      • Malek (---.---.76.135) 17 octobre 2005 17:19

                        Est-ce bien l’oeuf qui a fabriqué l’arme... ?


                        • Sylvio (---.---.229.7) 17 octobre 2005 18:37

                          J’ai l’impression d’assister ce moment à une politique de la peur qui croit au fur et à mesure qu’on se rapproche de 2007 :
                          - Terrorisme imminent en France (thème abordée par Sarko puis maintenant Chirac)
                          - Insécurité (thème récurant depuis 2002 voir avant)
                          - Grippe aviaire (comme enoncé ci-dessus)
                          - Dérèglement climatique
                          - etc.

                          La politique de la peur a été utilisé par Hitler et Bush pour se faire élire. Ajouté à ceci un peu de propagande comme le fait Sarko à passer dans tous les médias, chaque JT et même dans nos mails (je ne crois pas qu’il ai un jour ou je n’entend pas parlé de lui) et en mélangeant bien on obtient les neo-dictateurs, systèmes qui sont le fruit d’alliance de grands groupes de médias, de groupe politique, de lobby, d’alliés étrangers, etc. Il ne faut pas être parano certe, mais il faut quand même un peu ouvrir les yeux des fois, la politique de la peur est tellement facile à utiliser et donne rapidement de bons résultats malheureusement ethiquement quoi de plus méprisable que d’effrayé le peuple (et donc le rendre stressé, moins productifs, plus renfermé) pour imposer ses idées.


                          • Sylvio (---.---.229.7) 17 octobre 2005 18:41

                            J’oubliais une autre peur bien évoqué dans le spam de sarko :
                            - La peur du chomage et de la crise économique « La France affronte une crise économique et sociale particulièrement grave » (1ere ligne du spam de Sarko)


                            • (---.---.63.227) 18 octobre 2005 22:55

                              J’ai lu votre article et je me suis « retrouvé » dans le valeurs de la vie. J’ai cru « sentir » les valeurs qui me portent et qui sont les miennes. Alors gardez cette optique et « voyagez » dans les méandres de cette sociètè toujours en construction comme vous le faites !!.... C’est un encouragement à vous mettre « à la plume » car vous résumez bien la situation !!... Bon courage et à bientôt de vous lire !... SINCEREMENT !!!.... OXOLF

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