Etudiants en médecine, pharmacie : urgences ?

La médecine en France va mal : déserts médicaux, des mois d'attente pour avoir les rendez-vous avec les spécialistes, hôpitaux surbookés, des coûts de santé en hyperinflation, des médecins qui ne veulent plus prendre de nouveaux patients, recours systématique à des médecins étrangers venant d'autres cursus, médicaments contestés, amphithéâtres bondés pour des étudiants stressés.
Un plan d'ensemble est donc indispensable pour repenser la santé et les soins aux patients, en appréhendant d'abord la situation actuelle.
Penchons-nous avant tout sur les études de médecine, la base de l'édifice de la santé de notre pays, en laissant parler des étudiants de facultés diverses.
La PACES
La PACES, la Première Année Commune aux Etudes de Santé, depuis la rentrée 2010 est le passage obligé pour tous les aspirants médecins, pharmaciens, dentistes, sages-femmes, kinésithérapeutes et rééducateurs.
Cette première année est sanctionnée par un concours en 2 parties, par des épreuves en décembre et en juin avec un numerus clausus attribué à chaque filière et à chaque faculté.
"Tous les étudiants connaissent stress et angoisse lors de cette première année." On le serait à moins :" 1 étudiant sur 3 admis en deuxième année, difficulté d'avoir sa place dans la filière désirée, pléthore d'étudiants qui choisissent médecine après le bac, numerus clausus contraignant et malthusien, même s'il est en légère augmentation, niveau du concours de plus en plus élévé chaque année, mais pas le même concours d'une région à l'autre. La carte scolaire oblige un étudiant né dans une région donnée à suivre la PACES dans la faculté de sa région".
"Les prépas privées explosent depuis plusieurs années. Des organismes privés proposent un accompagnement des étudiants à + ou - 3000 euros, lors de cette première année, avec des supports de cours optimisés, pour préparer le concours, des cours pour compléter les notions abordées en fac."
"Depuis la création de la PACES une première promotion est sortie et le bilan est sans appel pour bon nombre d'enseignants : en pharmacie l'apprentissage de la chimie est délaissé ; en dentaire pas de moyens de sélection sur l'aptitude manuelle ; les sages-femmes sont noyées sous des connaissances, loin d'être fondamentales pour la suite."
"La filière pharmacie est souvent choisie par défaut par des étudiants n'ayant pu accéder à médecine ou dentaire. Et dans les années supérieures on retrouve absentéisme, redoublements, manque d'implication, de sérieux."
Et c'est sans prendre en compte pour cette première année " une qualité de l'enseignement très moyenne dans bon nombre de facultés, des programmes inadaptés aux défis du 21 ème siècle, un manque d'implication de la part de trop de professeurs ( qui croisent malgré tout des professeurs investis et passionnés), et surtout un manque de financement flagrant."
La 2ème et la 3ème année
La 2ème et la 3ème année sont " 2 années de transitions pour les différentes promotions. La pression se relâche un peu, il n'y a plus de compétition et la solidarité peut même jouer par le biais d'associations auxquelles les étudiants peuvent adhérer : tutorat d'étudiants de ces 2 années engagés pour aider les PACES ; association de solidarité internationale pour envoyer des étudiants pour une courte période dans des pays au contact des populations locales en besoin d'aides ; système de parrainage qui crée des "familles" au sein des promos ( 1 deuxième année a un parrain de troisième année qui a lui-même un parrain de quatrième année...)."
L'externat en 4ème, 5ème, 6ème année
L'externat " c'est le début des contacts avec l'hôpital avec 4 stages de 6 semaines par an dans différents services et le début des gardes, dans le milieu du travail, au contact des patients, du personnel hospitalier, en étant toujours étudiant, d'où la difficulté de gérer les emplois du temps hôpital- cours."
"Les internes et les médecins forment les étudiants. Avec à la fin de la 6ème année la préparation des ECN ( Epreuves Classantes Nationales), c'est-à-dire le concours entre tous les étudiants de France. C'est le retour de la pression, du stress, de la compétition pour avoir le meilleur classement possible pour choisir sa région, sa spécialité."
L'internat (entre 3 et 5 ans selon les spécialités)
"L'internat c'est le commencement des responsabilités, tout le temps à l'hôpital. Il n'y a plus de cours théoriques. L'étudiant travaille réellement en prenant en charge les patients. Il faut aussi prendre en charge la formation des externes pendant leurs stages."
"Les futurs médecins lorsqu'ils accèdent au statut d'interne après de longues années de sacrifices voient la pression augmenter encore."
En parcourant cet état des lieux avec les premiers intéressés, les étudiants, le profane peut donc se rendre compte que les dysfonctionnements patents sont très nocifs, que la pression mise sur les futurs médecins, chirurgiens et autres personnels de santé n'est plus gérable en l'état. Le système doit donc se réformer rapidement, en ne conservant que ce qui marche vraiment et donne satisfaction aux étudiants et à leurs enseignants, les premiers concernés car ils sont appelés à répondre aux besoins nouveaux des patients...
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