Européennes la |L|E|F| réagit à chaud
La gauche anti libérale n'a pas reçu le statisfaicit de l'électorat anti système et opposé à la technocratie Bruxelloise. Les partis dominants ont fuit les débats plutôt gênants et les médias ont fait avec leurs moyens intellectuels, simple comme à l'accoutumé.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH424/Sergiy_Lebedynskyy_2-0df16.jpg)
Je réagis ici avec très peu d'information, car me documentant, je me suis épuisé à revoir les sempiternels constats que chacun des représentants des partis font. Ces constats ne sont ni plus clairs, ni plus sincères que leurs propositions de campagne. Et finalement il m'a semblé que sans autre informations que les scores supposés, je pourrai ainsi aller un peu plus loin au fond de moi chercher ce que j'ai à dire.
Le premier point est qu'il n'y a pas eu de campagne électorale. Les grands partis institutionnels sont à la manoeuvre en Europe et coresponsables d'un bilan européen qu'ils savent de plus en plus impopulaire. L'électorat a, peu à peu, pris conscience, et comment ne pas le faire avec des taux de chômage aussi élevés, que ces politiques faisaient mal le job qui leur était confié. Aussi ce fut la "pédale douce" dans les médias, peu d'interventions et de meeting, peu d'émissions d'explication et de sensibilisation, et surtout peu de têtes d'affiche connues se sont mouillées pour venir parler aux français. Ils ont mêmes fui certains débats de crainte d'être confrontés à leur propres responsabilités. Habitués qu'ils sont à se déresponsabiliser, que dis-je à "servir la France" ils ont tous cette faculté de se surestimer quelles que soient leurs erreurs, leur incompétence ou leur compromission. Ils usent de techniques validées : rester entre soi, s'exposer ou se cacher, entretenir une estime de soi et de son rôle qui frise le narcissisme.
Donc pas de têtes connues, pas de discours clairs, peu de couverture médiatique laissaient présager peu d'électeurs. Ce ne fut pas le cas, même si 1 électeurs sur 2 ne s'est pas déplacé, la participation a été meilleure que celle annoncée. Il est à parier que l'abstention est bien plus forte dans les rangs des partis traditionnels. Comment des électeurs PS/UMP (générique c'est à dire inclus modem, udi, etc..) sans candidats connus, sans programme intelligible, pourraient se déplacer en masse pour dire "on continue" ?
Les autres électeurs se sont donc plutôt plus mobilisés pour cette élection et c'est en cela que ces résultats sont sans pitié pour ceux qui s'opposaient à la politique libérale européenne. Donc défection dans les rangs des sociaux démocrates et mobilisation des anti libéraux.
Deuxième point l'électorat anti libéral en France choisit le FN. Ce ne sont pas des fascistes qui votent pour le FN. Le potentiel maximum du FN a été atteint aux municipales soit 10% de moins que lors de ces élections. De plus déjà aux municipales, une partie de l'électorat manifestait leur ras le bol anti oligarchique en votant FN et non pas leur adhésion à des thèses racistes. Voila donc un parti d'extrême droite qui capitalise sur le rejet du système politique actuel, c'est près de la moitié de leurs voix. 15% des Français qui actuellement votent FN n'ont pas peur des émigrés, n'ont pas peur que leurs fils se féminisent, apprécient de ne plus avoir à faire des sourires innocents aux postes de douane, etc....
Ils votent pour une tête de liste connue, un discours simple et compréhensible, un opposant déterminé (ce qui n'est d'ailleurs pas le cas mais c'est un autre sujet qui pourrait s'intituler : l'électeur français aime à se faire entuber et je reste poli).
Je ne dirai pas que ce résultat a été servi sur un plateau par les médias car dans ce cas il ont fait une grosse erreur.
Le FN n'est plus le croquemitaine fasciste, je suis même sur que Marine Le Pen n'est même pas raciste. Tous les remugles d'extrême droite livrés par son père ne sont qu'un fonds de commerce qu'elle utilise et le fait fructifier justement parce qu'elle n'est pas "infectée". Le fascisme aujourd'hui est au pouvoir depuis plus de 20 ans, caché derrière des potentats comme "l'individu se suffit à lui même", "concurrence libre et non faussée", "le travail est une vertu","ouverture des marchés". Le FN ne me fait pas peur, François Hollande, Laurent Fabius et François Copé m'effraient.
Au pire donc, je préfère voir des opposants au GMT, aux directives laxistes sur les travailleurs détachés, plus nombreux.
Troisième point et pour introduire le point suivant, c'est la mixité de l'électorat. Les partis en France ne répondent plus aux attentes des électeurs qui naviguent selon les sujets, le type d'élection, l'actualité d'un parti à l'autre. On pourrait parler d'opportunisme électoral car ils font fi du fond (présupposent-ils qu'il ne sera pas respecté ?) et votent selon leur impression du moment, désorientés, terriblement influencés par les médias (au sens large, l'image, le son, la posture).
Enfin c'est la répartition des voix anti système qui fait pâlir. L'échec électoral de ceux qui ont fait le plus de meeting, le plus de travail pédagogique, mis leur leader devant, le Front de Gauche. Quelle campagne, quel tribun (Toulouse), quelle clarté face à Copé. Quel travail depuis plus de 2 ans pour informer, dénoncer, alerter sur ce qui ce trame à Strasbourg et surtout à Bruxelles.
Le Front de Gauche paye dans ces premières véritables élections nationales depuis les présidentielles son orthodoxie politique. Il n'est pas perçu comme un opposant fiable. Le Front de Gauche n'est qu'un tout jeune parti d'opposition. il y a de cela un an le Parti de Gauche émettait des propositions constructives et responsables dans le cadre d'une majorité parlementaire au pouvoir. Je force le trait, mais les représentants du PS sont toujours tutoyés, font toujours des erreurs, bref sont toujours considérés comme des renégats qui pourraient revenir dans le troupeau et non comme des adversaires atlantistes et libéraux redoutables.
Entretemps un homme de gauche, Dieudonné est lâché aux chiens ("vous me faites honte" disait Badinter aux siens) et je suis sur que les 10% de bonus du FN viennent de là. Le schéma droite/gauche est toujours là bien ancré dans la tête de JL Mélenchon comme "un marché libre" dans celle des autres. La gauche aujourd'hui c'est d'abord l'anti libéralisme, l'anti productivisme, l'anti système "entre soi" en tout premier. Le rejet de l'autre n'est qu'en fin de liste car facilement convertible. Faites venir l'autre dans de bonnes conditions, fini le problème. Eradiquez la peur, les pressions sociales, le chômage..... plus ou peu de racisme qui est en premier un manque de confiance en soi face à l'adversité, une crainte énorme.
L'erreur est de rechercher un accord avec des écologistes de Marché, car eux en matière d'anti libéralisme ont de sérieux progrès à faire. C'est aussi de complexifier son discours pour entretenir une illusion d'union avec le PC. Les municipales ont été un top et un très mauvais signal aux électeurs anti système c'est évident. Ensuite au compromis sur le nucléaire imposé aux présidentielles, s'ajoute ici le compromis sur l'euro. Car c'est bien celui qui a dit clairement "non à l'euro" qui sort vainqueur et nous le savions tous. Une position à la Lordon était bien plus compatible avec un discours anti Europe libérale que le discours complexe du "on le garde mais".
Donc je le dis haut et clair et cela n'engage que moi, c'est ce parti illisible, ce parti (et non pas le communisme) qui a écoeuré tous ses électeurs et les a tous perdus excepté ceux qui n'ont plus la force de s'en échapper, c'est le PC qui coupe le Front de Gauche de sa base électorale légitime, des anti libéraux avant tout, des républicains humanistes ensuite. C'est le PC qui est au Front de Gauche et non pas l'inverse et le Front de Gauche ne doit pas incuber indéfiniment les contradictions où les petits calculs de certains dirigeants du PC.
Enfin, si Jean Luc Mélenchon excelle dans son domaine, si son discours à Toulouse m'a bluffé, il n'est pas suffisant. A être seul il pêche dans les domaines qui ne sont pas les siens. Le contact avec les autres, avec le peuple, il le fantasme mais il en est loin. Je l'ai croisé 3 ou 4 fois dans ma vie et toujours cette froideur (des fois plus), un quidam n'a aucune valeur pour lui. Combien cela coute de voix de ne pas serrer la main d'un type qui vous félicite sur le quai d'une gare ? parfois beaucoup plus que celles gagnées dans un meeting comme Toulouse (en l'occurrence cette fois ci ne t'a rien couté mais ce n'est pas à refaire j'en suis persuadé).
Ce n'est pas un reproche, il faut d'autres personnages chaleureux, populaires, qui s'adressent aux électeurs pas toujours politisés, d'autres comportements. Gagner les deux, par les meeting et les contacts répétés. Les assises militantes supposées du PC ne pèsent pas lourd dans les élections, la preuve aujourd'hui.
La clarté, la lisibilité du discours et la crédibilité sont primordiales pour capter les voix de ceux qui doutent et rejettent le système. Ne jamais laisser le doute s'immiscer.
Je ne mettrai aucun lien ici car ce ne sont que des réflexions personnelles qui ne cherchent à convaincre personne. Seuls les bien intentionnés dans le sens ceux qui sont intéressés à réfléchir sur ces résultats y trouveront leur compte. L'interview de Frédéric Lordon "refaire une monnaie commune" n'est pas accessible hors abonnement Médiapart c'est le seul lien que je jugeais utile d'ajouter. Frédéric Lordon n'a apparemment pas sa place, ou peu de place au Front de Gauche, sa ligne aurait permis au FdG de dire lui aussi un "Non à l'euro" bien plus constructif et capter ainsi d'autre voix que celles de ses "afficionados" historiques qui malgré tout lui assure une base fidèle et constante 7%.
En conclusion et pour rester optimiste, les futurs députés FN se battront contre le GMT aux cotés de ceux du Front de Gauche et croisons les doigts pour qu'ils réussissent à empêcher cet autre traité d'allégeance au Marché "libre" après le TSCG. Ces élections en France disent clairement "non à l'euro".
Les jeunes se sont massivement désintéressés et une de mes filles m'indiquait qu'avec ses amis ils se sentaient honteux de ne pas avoir bougé dimanche. Le FN ne fera plus 25% lorsque ces jeunes vont se mobiliser et ils vont le faire car sur leurs tablettes et leurs Iphone le FN au pouvoir, c'est la honte !
Aux prochaines élections présidentielles le FN aura du mal a dépasser sa base réelle entre 17 et 20% (pronostic - de 15% car je crois à une gauche radicale plus ouverte qui saura attirer ceux qui veulent "autre chose").
En Europe les voix de gauche progressent (Siriza en Grece est en tête)
Quant à l'image de la France, Sarkosy et Fabius s'en sont chargé bien avant ce scrutin, il n'y avait plus rien à défendre.
Courage
PS : Voir des publications douteuses sur l'Ukraine dans Ensemble ne nous aident pas non plus.
Je viens d'entendre Eric Coquerel tenter de réunir les partis de gauche hors gouvernement ne permettra que d'approcher les scores du PS (12%). Est-ce cela votre objectif ? continuer dans une opposition droite/gauche avec une union de la gauche anti libérale à 10 voir 12% ? Notre but ne doit pas être d'être les premiers de la gauche mais les premiers pour changer beaucoup de choses : les mots d'abord, les objectifs ensuite (le volume d'eau contaminée de Fukushima s'accroit tous les jours) et surtout les mauvaises habitudes clientélistes (la promotion, la sélection). Changer en France et rayonner ensuite. Il faut se rapprocher des électeurs pas de Nouvelle Donne (qui a fait son plein à Paris et dans les milieux branchés), pas des écologistes comme José Bové qui vont d'autant plus décrédibiliser le mouvement. Les éléments des ces divers partis viendront le moment venu, d'autant plus qu'ils sont éduqués politiquement et sauront voir ce grand pari réalisable (Bové doit gêner bon nombre d'écologistes). J'ai le sentiment que la propagande des médias vous touche aussi. Votre action est bien trop mesurée, timorée quoi qu'ils en disent. Imaginez l'impact si nous avions au dernier moment détourné la manifestation du 28 avril vers l'élysée et attendu d'y être reçu (voir l'article sur ce blog après la manifestation vers Bercy, ce que je disais s'avère juste). Il faut changer le cadre dirait Lordon et surtout ne pas oublier que les règles sont faites par eux.
enfin du Lordon tout de même : http://blog.mondediplo.net/2008-11-30-Cette-Europe-la-est-irreparable
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